1. Vitale Roccanti, banquier issu d’une vieille famille de l’aristocratie europ
1. Vitale Roccanti, banquier issu d’une vieille famille de l’aristocratie européenne, ouvrit le dossier que lui avait transmis le détective privé. Une photo représentait le milliardaire grec Sergios Demonides en compagnie des trois convives qu’il recevait à dîner. Monty Blake, propriétaire de la chaîne d’hôtels britannique Royal, sa très décorative épouse, Ingrid, et leur fille Zara, qui portait une énorme bague à l’annulaire gauche. De toute évidence, une bague de fiançailles. Les rumeurs d’un rachat consolidé par une alliance des deux familles étaient donc fondées. Si le mariage n’avait pas encore été annoncé officiellement, c’était sans doute parce que Demonides exécrait la publicité. Vitale réprima un juron. V oir Monty Blake arborer cet air triomphant était insupportable ! Ce criminel était responsable de la mort de sa sœur. A cause de lui, il avait perdu à treize ans la seule personne au monde qui l’avait jamais aimé… Aujourd’hui, l’heure de la vengeance avait sonné. Le coup serait d’autant plus rude pour Blake que l’accord passé avec Demonides serait la consécration de sa carrière. Pas question de le laisser remporter une telle victoire. Comment avait-il réussi à attirer le milliardaire grec dans ses filets ? Sa chance inespérée était- elle due uniquement au pouvoir de séduction de sa fille ? Avec sa silhouette menue, ses traits délicats et ses cheveux blond platine, Zara Blake ne manquait sûrement pas d’admirateurs. Cependant, on disait qu’elle était aussi bête que ravissante… Pour sa part, il ne se laisserait jamais tourner la tête par une idiote, aussi séduisante fut-elle. Contrairement à Demonides… Et tant mieux, car c’était une faiblesse qu’il comptait bien exploiter. S’il parvenait à provoquer la rupture des fiançailles, il y avait de grandes chances pour que l’accord entre Demonides et Blake soit remis en question. Ce serait un coup fatal pour Monty Blake, qui avait désespérément besoin de vendre sa chaîne d’hôtels. Vitale réprima un soupir. Il n’avait pas prévu d’assouvir sa vengeance en employant des méthodes aussi ignobles que celles de son ennemi. Mais après tout, Monty Blake le méritait largement. Le châtiment ne devait-il pas être proportionné au crime ? De toute façon, il n’avait pas le choix. S’il voulait punir l’homme qui avait abandonné sa sœur enceinte à son cruel destin, il ne pouvait pas s’encombrer de scrupules. D’autant plus que Zara Blake était une victime expiatoire très acceptable. Il était de notoriété publique qu’elle collectionnait les amants et n’était pas particulièrement sentimentale. Nul doute que la perte d’un aussi beau parti que Demonides lui laisserait des regrets. Mais en digne fille de sa mère, elle devait avoir une pierre à la place du cœur et le cuir aussi épais que celui d’un rhinocéros. Elle se remettrait vite de sa déception. Et si elle en sortait un peu moins superficielle, il lui aurait rendu service. Ne disait-on pas que souffrir forgeait le caractère ? * * * — Je n’arrive pas à croire que tu as accepté d’épouser Sergios Demonides ! s’exclama Bee en considérant sa demi-sœur d’un air effaré. Bien qu’ayant le même père, Bee et Zara n’étaient pas du tout bâties sur le même modèle. Filiforme, le visage délicat mangé par d’immenses yeux lavande et encadré par des cheveux d’un blond presque blanc, Zara ressemblait à une poupée de porcelaine, tandis que Bee avait hérité de l’épaisse chevelure brune, du teint mat et des courbes voluptueuses de sa mère espagnole, première épouse de Monty Blake. Ce qui n’empêchait pas les deux jeunes femmes d’être très proches. En revanche, elles connaissaient peu Tawny, la troisième fille de leur père. Celle-ci était née d’une liaison extraconjugale et sa mère n’avait toujours pas pardonné à Monty Blake la manière très cavalière dont il l’avait traitée. — Pourquoi pas ? répliqua Zara en haussant les épaules avec désinvolture. J’en ai assez d’être célibataire et j’aime les enfants… — Comment peux-tu en avoir assez d’être célibataire ? protesta Bee avec incrédulité. Tu n’as que vingt-deux ans ! Et surtout, tu n’es pas amoureuse de Demonides ! — Eh bien… — Tu ne me feras pas croire que tu l’aimes. Tu le connais à peine, pour l’amour du ciel ! Bee n’avait rencontré Sergios Demonides qu’une seule fois mais les recherches qu’elle avait effectuées sur internet avaient confirmé sa première impression. Le milliardaire grec était un homme beaucoup trop dangereux pour un cœur tendre comme sa sœur. Non seulement c’était un séducteur invétéré, mais il avait la réputation d’être froid et calculateur. Zara releva le menton. — Ça dépend de ce qu’on attend du mariage. Ce que recherche Sergios c’est une femme prête à élever les enfants dont il a la charge… — Les trois enfants de son cousin ? Zara hocha la tête. Quelques mois plus tôt, le cousin de Sergios et son épouse s’étaient tués dans un accident de voiture, laissant trois enfants dont Sergios était devenu le tuteur. Quand ce dernier lui avait avoué que s’il voulait se marier c’était uniquement pour donner une mère aux trois orphelins qui vivaient sous son toit, elle avait éprouvé un vif soulagement. Ce milliardaire caustique l’intimidait beaucoup. Mais en apprenant ce qu’il attendait de sa future épouse, elle avait été rassurée. Ce rôle lui convenait parfaitement. Les enfants — dont le plus jeune avait six mois et l’aîné trois ans — avaient du mal à s’adapter à leur nouvelle vie. Sergios avait engagé plusieurs personnes pour s’en occuper, mais il voulait leur offrir un véritable foyer. Zara avait été très impressionnée par l’intérêt qu’il leur portait. Sans doute en raison du manque d’amour dont elle avait souffert pendant son enfance, elle éprouvait une immense compassion à leur égard. Lorsqu’elle les avait rencontrés, la tristesse qu’elle avait lue sur leurs visages l’avait bouleversée. Pour la première fois de sa vie, elle avait eu la certitude de pouvoir être vraiment utile à quelqu’un. Mais surtout, elle était prête à tout pour réconforter ses parents, dévastés par la disparition de son frère jumeau, Tom, mort quelques années plus tôt. Monty et Ingrid Blake vénéraient leur fils et n’avaient jamais caché qu’il était leur préféré. Zara en avait souffert, mais elle adorait son frère et ne lui en avait jamais voulu. Elle lui avait même souvent été reconnaissante pour ses brillants résultats scolaires, qui détournaient provisoirement l’attention de leurs parents de ses propres échecs. Alors qu’elle avait quitté le lycée sans passer ses examens de fin d’études secondaires, Tom avait intégré une prestigieuse école de commerce dans l’intention de seconder leur père à la direction de la chaîne d’hôtels familiale. Malheureusement, il s’était tué à vingt ans au volant de sa voiture de sport. Depuis l’accident les accès de fureur de Monty Blake étaient de plus en plus fréquents, et si Zara avait accepté d’épouser Sergios Demonides, c’était avant tout pour lui faire plaisir. Depuis toujours elle s’efforçait de gagner l’estime de ses parents sans jamais y parvenir. Ce mariage était l’occasion d’atteindre enfin cet objectif. Quand elle avait donné son accord, elle avait vu pour la première fois de sa vie de la fierté dans le regard de son père. Avec un sourire ravi, il lui avait pressé affectueusement l’épaule en déclarant : — Bravo, ma fille. Cet instant précieux resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Par ailleurs, ce mariage lui apporterait paradoxalement une certaine liberté. Non seulement elle n’aurait plus à craindre les colères de son père, mais elle échapperait aux exigences de sa mère, qui tenait à ce que sa fille soit toujours la plus belle, la plus élégante et la plus admirée. Elle ne serait plus obligée de passer des journées entières à faire du shopping, ni de fréquenter des gens importants dans les endroits où il fallait être vue. Et surtout, elle n’aurait plus à subir les avances de don Juan aussi égoïstes que superficiels, qui ne cherchaient qu’à ajouter une célébrité de plus à leur tableau de chasse. Zara poussa un petit soupir d’aise. Oui, elle serait enfin libre ! Elle pourrait enfin devenir elle- même sans craindre de s’attirer les foudres de son père ni les récriminations de sa mère… — Que feras-tu le jour où tu tomberas amoureuse d’un autre homme ? demanda Bee. — Ça ne risque pas d’arriver, répliqua Zara avec assurance. A dix-huit ans, elle avait eu le cœur brisé. Depuis, il n’avait plus jamais battu pour personne et elle en était ravie. La déception avait été trop cruelle. Plus jamais ça ! — Tu ne crois pas qu’il serait temps que tu oublies ce bon à rien de Julian Hurst ? demanda Bee. Zara eut une moue désabusée. — Je ne crois plus à l’amour. Les hommes sont trop hypocrites. Quand ils n’en veulent pas à l’argent de mon père, ils cherchent juste une aventure d’une nuit. — Et dans un cas comme dans l’autre, ils en sont pour leurs frais… Bee soupira. Contrairement à ce que racontaient les magazines people, qui lui prêtaient une impressionnante collection d’amants, tous les hommes qu’elle rencontrait laissaient sa sœur indifférente. — Au moins avec Sergios, les choses uploads/Finance/ n-849-la-vengeance-de-vitale-roccanti.pdf
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- Publié le Mar 22, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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