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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/268394916 Qu'est-ce que l'économie numérique ? Article CITATIONS 3 READS 711 2 authors, including: Olivier P. Bomsel MINES ParisTech 42 PUBLICATIONS 71 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Olivier P. Bomsel on 01 December 2015. The user has requested enhancement of the downloaded file. All in-text references underlined in blue are added to the original document and are linked to publications on ResearchGate, letting you access and read them immediately. CERNA, Centre d’économie industrielle Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris 60, bld St Michel - 75272 Paris cedex 06 Tél. : (33) 01 40 51 90 91 / 90 71 Fax : (33) 01 44 07 10 46 E-mail : cerna@cc.ensmp.fr http ://www.ensmp.fr/Fr/CERNA/CERNA Qu’est-ce que l’économie numérique ? Olivier Bomsel & Gilles Leblanc Olivier Bomsel & Gilles Leblanc Qu'est ce que l'économie numérique ? Cerna 2 1. Une nouvelle économie ? Les Technologies de l'Information (TI) apportent dans l'industrie et les services des gains de productivité considérables. Une copie papier de l'Encyclopedia Universalis coûte à son éditeur plus de 2000 F par numéro, le CD Rom lui revient à moins de 10 F, son téléchargement à partir d’un serveur est pratiquement gratuit. Une communication longue- distance facturée il y a dix ans 50 F la minute coûte aujourd'hui quelques dizaines de centimes. Pour certains économistes et consultants américains, la mise en commun des connaissances, sa capitalisation dans l'entreprise à travers le développement de réseaux, l'identification, la collecte, le traitement des informations sur les clients et pour les clients, sont désormais au coeur du processus de création de richesse et signeraient la naissance d'une Nouvelle Economie, dite encore électronique (e-business, e-firms, e-communities) ou numérique (digital economy) 1. Du point de l'économie, on relève en effet des changements importants : • la vitesse des processus d'innovation, de concurrence, d'obsolescence requiert, dans l'entreprise et dans les institutions publiques (réglementation, formation, recherche), des systèmes de veille et de mesure très réactifs, • les mécanismes de formation de prix et de surveillance des marchés doivent être repensés, - et avec eux, ce qui dessinait les frontières des industries, jusqu'alors identifiées par des produits, des métiers, des filières, des marchés, - ainsi que les frontières des entreprises dont les interfaces avec l'extérieur se multiplient et se perméabilisent ; • la régulation financière du capital est soumise à des aléas nouveaux liés aux difficultés de mesure et à la volatilité des actifs, souvent immatériels, • la capitalisation des connaissances dans l'entreprise requiert des protocoles coopératifs systématiques qui redispose les objectifs et les modalités de la participation des salariés au capital. Ces changements sont profonds. Peut-on parler cependant, comme le font ces économistes, d'une Nouvelle Economie ? Vaut-il mieux, par précaution, s'arrêter à l'idée que, du fait d'Internet et des TI, c'est avant tout le commerce qui change et avec lui, dans une vision 1 The Economist (1999). Olivier Bomsel & Gilles Leblanc Qu'est ce que l'économie numérique ? Cerna 3 braudélienne, les formes et les institutions du capitalisme ? Ne s’agit-il, au fond, que d’une phase supplémentaire dans le développement continu des techniques et d’un rattrapage - quelque peu retardé - du rythme séculaire d’accroissement de la productivité ? Le but de cet article est de mettre en perspective ce débat, et de proposer une vision - centrée sur l’industrie - de ce qui change, dans la pensée économique, avec le renforcement de la dimension informationnelle des actifs, le déploiement des réseaux et l'accélération du processus d'innova-tion/obsolescence. 2. Le débat sur la Nouvelle Economie Ce débat prend naissance aux États-Unis qui connaissent depuis 1992, une période de prospérité exceptionnelle. En effet, la croissance annuelle moyenne du secteur manufacturier américain mesurée entre le dernier trimestre 1995 et le premier trimestre 1999 dépasse 4,5%, soit 2 points de plus qu’au cours des années 1950-72 et 1972-95. Cette croissance coïncide avec une quasi disparition du chômage (5,75% de la population en âge de travailler, soit 2,5 points de moins que la moyenne depuis 1970, date de la création de l’indice) et de l’inflation avec, depuis peu, l’apparition d’un excédent budgétaire. En outre, la dynamique se montre résistante : elle traverse sans coup férir deux crises financières régionales majeures (en Amérique Latine et en Asie), et, grâce à une demande intérieure estimée au tiers de la demande mondiale, tire derrière elle le reste de l’économie planétaire (au prix cependant d'un accroissement du déficit extérieur). Les Américains s’interrogent donc sur les fondements de ce phénomène : sous quelles conditions leur croissance pourra-t- elle se maintenir et servir de tampon aux crises régionales futures ? Quel discours tenir en sorte qu’elle diffuse dans les autres pays ? A Chicago, le 6 mai 1999, Alan Greenspan, Chairman de la Réserve Fédérale (Fed), connu pour avoir, malgré la prudence requise par sa fonction, perçu dès 1996, l’originalité de la dynamique actuelle, réaffirme sa position et affine son analyse 2. S’appuyant implicitement sur une étude de l’US Department of Commerce 3, il reconnaît que les TI sont à l’origine des gains de productivité exceptionnels enregistrés par l’économie américaine depuis sept ans. Ces gains de productivité ont permis des substitutions capital-travail massives sans contrepartie inflationniste (grâce à la baisse des prix accompagnant l'amélioration continue des performances des produits). Ils ont aussi accru la rentabilité du capital, favorisant l’investissement et l’emploi, et valorisé l’épargne placée en bourse, encourageant ainsi la consommation. Principaux risques d’une telle dynamique : 1) une trop forte tension du marché du travail faisant resurgir l’inflation et 2) la saturation des gains de productivité 2 Greenspan Alan (1999a). Olivier Bomsel & Gilles Leblanc Qu'est ce que l'économie numérique ? Cerna 4 entraînant une dépréciation des actifs boursiers et la baisse de la consommation des ménages. De là la nécessité d’étendre rapidement aux autres zones économiques le modèle de croissance et les marchés des nouvelles firmes. Le 16 avril à Dallas et le 2 Juin 1999 à Boston, Greenspan prononce deux fois le même discours sur l'urgence de conclure avec les partenaires commerciaux des États-Unis un accord global de libre-échange 4. La discussion macro-économique L’intérêt de cette analyse, qui couve en fait depuis le début des années 90, est qu’elle met les gains de productivité dans l’industrie au centre du dispositif explicatif de la nouvelle croissance. S’ensuivent alors plusieurs types de discussion. D’abord une discussion macro- économique : l’accroissement des gains de productivité issus des secteurs électroniques, informatiques et télécoms et diffusant au reste de la production non agricole, correspond-il au démarrage d’une dynamique inédite ou à un rattrapage ? Pour Robert Gordon, ce n’est qu’un rattrapage explicable par trois facteurs : l’utilisation de déflateurs intégrant désormais l’informatique, la convexité temporaire de la courbe de croissance qui dope l’indice de productivité, l’explosion de la production et de la productivité dans un seul secteur, celui des biens durables issus de l’informatique 5. Et puisqu’on a vu des accroissements de productivité équivalents ou supérieurs dans la période 1950-1972, il faut donc, pour proclamer la nouveauté du phénomène, attendre d’avoir dépassé les indices des cycles antérieurs. Pour Paul David, il pourrait s’agir d’une accélération de la transition correspondant à la diffusion des TI dans l’industrie 6. S’appuyant sur une analogie avec les moteurs électriques (the computer and the dynamo), David remarque qu’il a fallu plus de vingt ans pour qu’après la substitution des machines à vapeur par des moteurs électriques, l’électrification s’impose à travers de nouvelles formes d'organisation productive, lesquelles ont débouché sur les gains de productivité massifs des années 30. De même, après la « computerisation » des entreprises n’engendrant que des gains de productivité modestes 7 - l'introduction des ordinateurs se fait à procédé constant - émergent désormais des logiques industrielles intégrant les TI dans le projet d’entreprise. Le fait est que sur le fond, Alan Greenspan le reconnaît volontiers, pour irrésistibles que soient les preuves de l’accélération de la productivité par la technologie, la discussion macro-économique sur ce point ne peut être conclusive. En effet, l’originalité des gains de productivité actuels est qu’ils émanent d’un secteur, les TI (télécoms, informatique, médias) : entre 1990 et 1997, la valeur ajoutée par salarié 3 US Department of Commerce (1999). 4 Greenspan Alan (1999b) et Greenspan Alan (1999c). 5 Gordon Robert J. (1999). 6 David Paul (1999). 7 La référence commune est le productivity paradox du prix Nobel Robert Solow qui écrit en 1987, "You can see the computer Olivier Bomsel & Gilles Leblanc Qu'est ce que l'économie numérique ? Cerna 5 augmente de 10,4% par an dans les TI (24% dans le sous-groupe fabricant des biens) contre 0,5% en moyenne dans les autres secteurs, ce qui tire la moyenne globale à 1,4%. Entre 1995 et 1998, les TI ne représentent encore que 8% du PIB mais contribuent à 35% de la croissance du pays 8. En 1998 et 1999, la tendance s'accélère et la productivité annuelle moyenne s'accroît de 3.5%. La croissance est donc fortement anisotrope et par là même beaucoup plus difficile à analyser, au plan macro-économique, que la croissance dite uploads/Finance/ qu-x27-est-ce-que-l-x27-economie-numerique.pdf
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- Publié le Mar 30, 2021
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