Revue économique Théorie de la firme et réforme de l'entreprise Monsieur Yves S

Revue économique Théorie de la firme et réforme de l'entreprise Monsieur Yves Simon, Monsieur Henri Tézenas du Montcel Abstract Economic theory and reform of the firm a survey of property rights theory It is well known since K. Marx, that the appropriation of the means of production plays a capital part in economies. Though it may take different forms it has nevertheless a variable influence on the form and level of the firm performances. The property rights theory endbles the comparative study of different organisations and the analysis of the managerial behavior. The need to adapt the rigths to improve the firm appears therefore clearly. Résumé On sait depuis Karl Marx que l'appropriation des moyens de production a, en économie, un rôle central. Pouvant obéir à différentes modalités, elle exerce une influence variable sur la forme et le niveau des performances des entreprises. La théorie des droits de propriété permet d'étudier sur des bases homogènes les différents types d'organisation. De la firme capitaliste à la firme autogérée, une approche du comportement des managers est tentée. La nécessité d'aménager les droits pour qui prétend réformer l'entreprise apparaît ainsi clairement. Citer ce document / Cite this document : Simon Yves, du Montcel Henri Tézenas. Théorie de la firme et réforme de l'entreprise. In: Revue économique, volume 28, n°3, 1977. pp. 321-351; doi : https://doi.org/10.3406/reco.1977.408326 https://www.persee.fr/doc/reco_0035-2764_1977_num_28_3_408326 Fichier pdf généré le 27/03/2018 THEORIE DE LA FIRME ET REFORME DE I/ENTREPRISE Revue de la théorie des droits de propriété D, epuis que Karl Marx a tranché, peut-on revenir sur la question de la propriété des moyens de production ? On le sait, c'est leur appropriation privée qui fonde le capitalisme et son inégalité fondamentale. Elle est la source de l'exploitation, la clef unique et donc universelle des transformations de fond : il suffît d'abolir la propriété privée des moyens de production pour que le système économique accède à un stade supérieur d'organisation et d'efficacité sociale. Si le diagnostic sur le rôle central de l'appropriation est fondé, le pronostic sur l'unicité du moyen est douteux. Ceci pour au moins deux raisons. L'une est que ce qui est retiré au privé doit être affecté au public. Or ce dernier doit être défini précisément. Intuitivement, il apparaît que propriété d'État, propriété sociale, propriété communautaire ne sont pas synonymes. Ces modes d'organisation ne peuvent être semblables ni dans leurs modalités de fonctionnement ni dans leurs performances. Ces différences méritent d'entrer dans le raisonnement. La seconde raison est que l'exercice de l'autorité ne se superpose pas nécessairement autant à la personne des propriétaires que ne le constatait Karl Marx au vu des entreprises de son temps. La distance entre la propriété et le contrôle qui s'observe dans les grandes firmes capitalistes est peut être aussi le trait marquant de nombeuses organisations, dont les entreprises des divers systèmes socialistes. Revue Economique — N° 3, 1977 21 322 REVUE ECONOMIQUE Aborder cette vaste question sans schémas de référence condamnerait aux approximations idéologiques. Or, il est une théorie disponible pour le faire : la théorie des droits de propriété. Ses concepts, hypothèses et conclusions provisoires permettent de situer le débat à son vrai niveau, et de s'y livrer en des termes sinon neufs du moins clarifiants. La théorie des droits de propriété peut être considérée comme puissamment explicative. En effet : 1. Elle fournit une méthode d'analyse qui s'applique à différents types d'organisations quelle que soit la diversité de leurs caractéristiques (Furubotn et Pejovich, 1972). 2. Elle constitue un cadre général grâce auquel il est possible de réunir en un ensemble unifié une série d'analyses partielles et disparates de l'entreprise. 3. Elle généralise les modèles d'optimisation et permet d'analyser un plus grand nombre de données institutionnelles, en étendant le domaine d'application de la théorie de la production et de l'échange. 4. Elle incorpore les effets de différentes structures de droits de propriété sur le comportement humain (Pejovich, avril 1969) et met l'accent sur les interactions existant entre les structures institutionnelles d'une part et les incitations économiques d'autre part. Des affirmations aussi péremptoires méritent d'être justifiées. C'est ce que nous allons tenter de faire en nous centrant sur les problèmes d'entreprise. I — LA THEORIE DES DROITS DE PROPRIETE ET LA THEORIE DE LA FIRME Après avoir défini le concept et résumé les hypothèses sur lesquelles il repose, nous présenterons une typologie sommaire des droits de propriété et expliciterons l'apparition de la firme. 1,1. La définition des droits de propriété Deux auteurs nous éclairent sur ce point. Pour le premier (Pejovich, avril 1969) « les droits de propriété ne sont pas des relations entre les hommes et les choses mais des relations codifiées entre les hommes et qui ont rapport à l'usage des choses ». Il distingue les droits absolus et les droits contractuels. Les premiers concernent tous les membres d'une communauté et leur sont oppo- THEORIE DE LA FIRME 323 sables. Ils sont exécutoires et représentent des principes de comportement que toute personne doit observer. Les droits contractuels ne concernent, eux, que les parties impliquées. Ils n'échoient et ne sont opposables qu'à certains membres d'une communauté. Leur but est d'harmoniser les intérêts différents des membres de la société par l'intermédiaire d'opérations d'échange. Les droits absolus déterminent la qualité et le contenu des accords contractuels. Ces derniers ne pen vent être exécutoires que s'ils ne violent pas les droits, absolus. Le contenu des droits contractuels est, en d'autres termes, contraint par les droits absolus. Pour H. Demsetz (1967), « les droits de propriété permettent aux individus de savoir a priori ce qu'ils peuvent raisonnablement espérer obtenir dans leurs rapports avec les autres membres de la communauté. Ces anticipations se matérialisent par les lois, les coutumes et les mœurs d'une société. Détenir des droits, c'est avoir l'accord des autres membres de la communauté pour agir d'une certaine manière et attendre de la société qu'elle interdise à autrui d'interférer avec ses propres activités, à la condition qu'elles ne soient pas prohibées. « Les droits de propriété permettent à leur détenteur de faire du bien ou du tort aux autres membres de la société, mais pas n'importe quel bien, pas n'importe quel tort. Tout dépend de leur contenu : il est possible de nuire à un concurrent en produisant des biens de meilleure qualité que les siens, mais il est peut-être interdit de l'occire. Dans le même ordre d'idée, un homme peut avoir la permission de tuer un intrus, mais il peut lui être interdit de vendre une production en- dessous d'un prix plancher. Les droits de propriété fixent la manière dont les individus peuvent tirer profit de certaines activités ou être pénalisés par elles. Ils spécifient par conséquent qui doit payer pour modifier les actions d'autrui. La reconnaissance de ces droits conduit à établir une relation assez étroite entre les droits de propriété et les externalités. » 1,2. Les hypothèses La théorie des droits de propriété admet un certain nombre dTiypo- tèses (Furubotn et Pejovich, 1972). 1. Les agents économiques maximisent leur fonction d'utilité et sont motivés par la recherche de leur intérêt individuel quel que soit le système économique dans lequel ils opèrent, quels que soient les droits de propriété dont ils disposent. 324 REVUE ECONOMIQUE 2. Tout individu poursuit ses propres objectifs, mais il est soumis à des contraintes imposées par la structure du système dans lequel il opère. 3. La maximisation du profit ou de la richesse n'est pas l'unique argument de la fonction d'utilité d'un agent économique. Outre les éléments financiers, cette dernière comprend des éléments non monétaires tels que le loisir, les conditions de travail, le temps libre pendant les heures de travail, etc.. (Alchian et Kessel, 1962 ; Becker, 1957). 4. Les préférences d'un individu sont révélées par son comportement sur le marché. 5. L'information n'est jamais parfaite (Stigler, 1961) et les coûts de transaction ne sont pas nuls (Demsetz, 1968). Ces hypothèses sont conformes aux développements de la théorie moderne de l'entreprise, pour laquelle la firme est une organisation dont les membres recherchent leur propre intérêt (ils maximisent leur fonction d'utilité sous des contraintes imposées par les structures orga- nisationnelles) et poursuivent une pluralité d'objectifs différenciés. Détenir un droit sur un actif permet d'utiliser cet actif, d'en changer la forme et la substance, de transférer tous les droits sur cet actif par la vente, de transférer certains droits sur cet actif par la location (Furubotn et Pejovich, 1972). Toute atténuation de la propriété privée affecte la valeur d'un bien pour son propriétaire et par conséquent les termes de son éventuel échange. 1,3. Typologie des droits de propriété A propos de l'entreprise, on distingue les droits de propriété privée et les droits de propriété publique. Les uns et les autres présentent deux variantes selon qu'ils sont ou non atténués (Pejovich, 1971). Cette typologie est assez rudimentaire. Il existe de nombeuses situations intermédiaires. Il y a beaucoup d'autres modalités d'atténuation de la propriété publique et privée que celles qui sont évoquées dans ce paragraphe. En demeurant caricaturale, cette typologie fait cependant apparaître l'essentiel. A. La propriété privée L'exclusivité absolue dans l'usage uploads/Finance/ reco-0035-2764-1977-num-28-3-408326.pdf

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  • Publié le Apv 14, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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