Université Sidi Mohammed Ben Abdellah Faculté des Sciences Juridiques, Economiq
Université Sidi Mohammed Ben Abdellah Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Fès. 6ème semestre : 2020 – 2021 Parcours : Economie & Gestion Matière : Relations Economiques Internationales Enseignante : Mme. Nada Moufdi Chapitre 1 : Les théories traditionnelles de l’échange international Semestre 6 Introduction Le commerce international n’a commencé à se développer qu’au XVIII ème siècle avec la révolution industrielle en Angleterre. Durant les siècles précédents, fleurissait la doctrine mercantiliste, qui préconisait de limiter les achats à l’étranger, pour accumuler les réserves en or. En 1776, l’économiste anglais Adam Smith publiait l’ouvrage « recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Cet ouvrage prônait la division et la spécialisation du travail, pour une action plus efficace, et traçait la théorie des avantages absolus : si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur coût, il vaut mieux acheter cette marchandise de ce pays. Aujourd’hui, les économies nationales sont de plus en plus ouvertes sur le monde. De ce fait, il s’avère nécessaire dans toute analyse des phénomènes économiques de tenir compte de la diversité des économies actuelles et des interdépendances s’établissant entre les différents pays. D’où la nécessité d’étudier les relations économiques internationales. En effet, l’étude des relations économiques internationales a acquis une importance primordiale à cette époque où l’économie internationale est soumise à deux tendances contradictoires majeures ayant de fortes implications sur les nations et les populations de la planète. La première tendance est celle de la mondialisation-globalisation accélérée et la deuxième tendance est celle de la régionalisation-segmentation de plus en plus accentué. Ainsi, le cours des relations économiques internationales essaiera d’analyser cette réalité à travers les axes suivants : 1- Les théories traditionnelles de l’échange international 2- Les analyses récentes de l’échange international 3- La balance des paiements 4- Le libéralisme et le protectionnisme 5- L’organisation du libre-échange dans les faits : l’OMC 6- Les accords de libre-échange. Chapitre 1 : Les théories traditionnelles de l’échange international La théorie de l’échange international est l’une des plus vieilles branches de l’analyse économique. Elle s’est développée en Grande Bretagne dès la fin du XVIIIème dans un contexte marqué par le triomphe des idées libérales. Ces dernières prônaient la liberté d’entreprendre et d’enrichissement individuel comme source de bien être collectif. En même temps, cette idéologie défendait l’idée que le libre échange sur le plan extérieur est un facteur d’enrichissement général pour toutes les nations. Ce n’est donc pas un hasard que se soient deux auteurs britanniques qui se trouvent à l’origine de la formulation des premières théories du commerce international en prônant le libre échange comme facteur d’enrichissement des nations. En 1776, l’économiste Anglais Adam Smith publiait l’ouvrage « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations »1. Cet ouvrage prônait la division et la spécialisation du travail, pour une action plus efficace et traçait la théorie des avantages absolus. En 1817, l’économiste Anglais David Ricardo publiait l’ouvrage « Des principes de l’économie politique et de l’impôt »2, où il établissait la théorie des avantages comparatifs. Cette théorie indique qu’un pays a intérêt à exporter et importer des produits, même s’il détient un avantage absolu pour chacun des produits. Il suffit qu’un pays bénéficie d’un avantage comparatif : c’est-à-dire qu’il soit relativement plus efficace dans la production de certains biens. Même si ces théories reposent sur des principes rationnels, elles restent particulièrement valables dans le contexte de la G.B de la fin du XVIIIème siècle. Entre les deux guerres, Heckscher et Ohlin (1933) et puis Samuelson (1950) essaient de dépasser les explications d’Adam Smith et de D. Ricardo. Ils présentent le modèle HOS qui explique le recours à l’échange extérieur par les dotations relatives des facteurs de production entre les nations. Ces trois théories expliquent les échanges internationaux de manière différente. Mais, elles reposent sur deux piliers communs : une définition identique de la nation et le recours au principe des avantages absolus (A. Smith) et comparatifs (D. Ricardo et le modèle HOS). 1 A.Smith, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », 1776, Coll « Idées », Gallimard, Paris. 2 D.Ricardo, « Des principes de l’économie politique et de l’impôt », 1817, Flammarion, Paris. Section 1 : La théorie des avantages absolus chez Adam Smith Les économistes classiques et néoclassiques sont partisans du libre échange qui selon eux est favorable au développement des nations : le libre échange est une doctrine économique qui vise à limiter les obstacles à la circulation des biens, des services et des capitaux entre les économies nationales. Pour les partisans du libre échange, l’échange international s’explique par la nécessaire division du travail entre les nations, permettant une production au moindre coût. La division internationale du travail correspond donc à la situation résultant d’une spécialisation de la production au niveau mondial. 1.1. La théorie de l’avantage absolu Dans son ouvrage principal « La recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776), A. Smith élabore sa théorie des avantages absolus. « Le maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui lui coûtera moins à acheter qu’à faire….ce qui est prudence dans la conduite de chaque famille en particulier ne peut guère être folie dans celle d’un grand empire. Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état de l’établir nous-mêmes, il vaut bien mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre propre industrie, employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantages »3. Selon cette théorie, chaque pays doit se spécialiser dans la production et l’exportation de biens qu’il peut produire à des coûts inférieurs à ceux du reste du monde et importer les produits qu’il aurait produits à des coûts plus élevés. Ainsi, A. Smith défend l’idée que la spécialisation qui s’appuie sur les avantages absolus accroît la richesse nationale. Prenons l’exemple de deux pays, le Maroc et la France, vivant en autarcie, c’est-à-dire sans aucune relation commerciale et produisant deux biens, les mixeurs et le vêtement. Supposons que ces deux pays n’utilisent qu’un seul facteur de production, la main d’œuvre, et qu’il ya un rendement constant d’échelle. Représentons la fonction de production ainsi : Tableau 1 : Unité de travail pour produire une unité de bien Mixeur Vêtement France 2 6 Maroc 4 2 3 A.Smith, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », 1776, Coll « Idées », Gallimard, Paris, pp. 257-258. Pour produire un mixeur, cela demande deux employés en France contre quatre au Maroc. De même, pour produire une unité de production vestimentaire (une veste), la France met au travail six employés contre deux au Maroc. Dans ces circonstances, la France possède un avantage absolu dans la production des mixeurs tandis que le Maroc détient le même avantage pour le vêtement. On pourrait traduire cet exemple numérique en disant que la production d’un mixeur requiert moins de main-d’œuvre en France qu’au Maroc ; la productivité dans l’industrie électroménager est donc plus élevée en France, d’où son avantage absolu. Les deux pays gagneraient-ils à faire des échanges et à quelles conditions ? Il est évident qu’advenant un échange, la France exporterait ses mixeurs au Maroc et importerait des vêtements. De fait, en excluant les coûts de transport, il serait profitable à une entreprise française d’échanger trois mixeurs sur le marché marocain contre six vestes et de les ramener au pays. Comme ces trois mixeurs échangés localement ne lui auraient rapporté qu’une veste, l’entreprise dégage de cet échange un profit de cinq vestes. Les transactions de cette nature vont persister jusqu’ à ce que les prix des deux biens s’égalisent dans les deux pays. La France aura tendance à se spécialiser dans la production de l’électroménager et le Maroc dans la production vestimentaire : c’est cela qui constitue le modèle classique d’avantage absolu. 1.2. Critique de la théorie de l’avantage absolu Pour A. Smith, le commerce international ne peut être avantageux que si : - Les nations se spécialisent chacune dans la production et l’exportation des biens pour lesquelles elles disposent d’une productivité de travail plus élevée que les autres ; - Les nations adoptent le libre échange et la libre circulation des marchandises et éliminent tous les obstacles qui entravent les échanges. La spécialisation et la division internationale du travail conjuguée à la liberté des échanges entre les nations répandent l’«opulence générale » et accroissent la richesse de tous les pays. Le marché international, comme le marché national, libéré des obstacles est capable d’orienter les ressources (travail et capital) vers les emplois les plus productifs pour chaque nation, de valoriser les excédents issus de cette affectation et de faire bénéficier les nations échangistes des gains générés par cette valorisation. Cette analyse comporte une limite évidente : un pays qui ne dispose d’aucun avantage absolu dans la production d’un bien est condamné à l’autarcie. De même qu’un uploads/Finance/ rei-chap-1-rectifie.pdf
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- Publié le Nov 01, 2022
- Catégorie Business / Finance
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