Analyse de la gouvernance des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) au Sénéga
Analyse de la gouvernance des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) au Sénégal 65 ISSN 1923-2993 Journal of Academic Finance Vol. 12 N° 1 Spring 2021 Analyse de la gouvernance des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) au Sénégal BADA BA, Doctorant en Sciences de Gestion Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) Laboratoire de Finance-Organisation-Contrôle-Stratégie (FOCS) badaba144@gmail.com bada.ba56@yahoo.com Résumé A partir de la grille d’analyse de gouvernance des IMF de CERISE (2005), nous avons étudié le système de gouvernance de quatre réseaux de SFD au Sénégal : la méthode des cas multiples est mobilisée. Cet outil est appelé par ces concepteurs le socle commun de la gouvernance d’IMF qui constitue le minimum pour bâtir une bonne gouvernance. Cinq critères d’évaluation sont proposés sur chacun des six axes de la grille. Une démarche dichotomique a été adoptée. Si le SFD remplit le critère, on lui attribue 1 point ; dans le cas contraire, 0 point. Sur un échantillon de 4 SFD, nous avons obtenu cent dix (110) points comme résultats sur un total de cent vingt (120). Ce qui fait une moyenne 27,5/30 points par SFD soit 91.67% et en moyenne dans le bilan consolidé 5 points pour la dimension « vision stratégique » soit 100%, 5 points pour la dimension « système d’information » soit 100%, 80% pour la « prise de décision », 75% pour les « formations/compétences », 100% pour le « système de contrôle » et 95% pour la « prévention/gestion des crises ». Ce qui dépasse largement la moyenne. Les principaux résultats obtenus montrent une situation satisfaisante dans l’ensemble du secteur. Mais, malgré les profils de gouvernance favorables, les SFD au Sénégal continuent toujours de confronter des dysfonctionnements et crises. Ce qui nous permet de dire que la bonne gouvernance ne permet pas de connaitre des crises mais, permet de les rencontrer et les surmonter au jour le jour. Mots clés : Microfinance, Gouvernance, SFD. 66 BADA BA ISSN 1923-2993 Journal of Academic Finance Vol. 12 N° 1 Spring 2021 Analysis of the governance of Decentralized Financial Systems (SFD) in Senegal Abstract From the analyzed scale of governance of the IMF's CERISE in 2005, we have studied four SFD networks of governance in Senegal: The multiple cases method is mobilized. That tool is called by the inventors the common basement of the governance of IMF that constitutes the minimum to construct good governance. Five criteria of evaluation are proposed on each of the six ways of the scale. A strategic dichotomy has been adopted. If the SFD fills the criterion, one will give it 1 point; in the way round,0 point. On a pattern of 4 SFD, we have got one hundred ten (110) points as results on a total of one hundred twenty (120) points. This gives 27.5/30 point of average per SFD which is 91.67% and in average in the consolidated assessment of 5 points for the size "the strategic version" that's 100%, 5 points for the dimension "system of information" that's 100%, 80% for the "making decision", 75% for "information/competences", 100% for the "system of control" and 95% for the "prevention/management of crises". What increasingly goes beyond the average? The major received results show a satisfying situation in the sector in general. But despite the benefits the favorable governance, the SFD have still been facing some problems and crises in Senegal. This allows us to say that the good governance does not allow knowing the crises but allowing facing with and overcoming them day after day. Key words: Microfinance, Governance, SFD. Analyse de la gouvernance des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) au Sénégal 67 ISSN 1923-2993 Journal of Academic Finance Vol. 12 N° 1 Spring 2021 Introduction L’offre de services d’épargne et de petits crédits pour les populations exclues1 des systèmes financiers classiques (Ahoyo, 2020), officiellement appelée microfinance, s’est développée fortement sur ces vingt dernières années dans les pays en développement. Elle est considérée comme un des outils possibles de l’aide au développement en répondant efficacement et directement aux besoins des pauvres2 pour soutenir leurs initiatives économiques (Diop, 2020). En effet, une multitude de projets en microcrédit a été développée en Afrique, en Asie et en Amérique du sud (Lapenu, 2002).Selon le CGAP3, « la microfinance se définit comme la fourniture d’un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus des systèmes financiers classiques formels» (Pierre,2005).Pour Marc (2000), « elle est l’activité qui consiste à offrir des services financiers à des populations à faibles revenus et, en général, exclus du système bancaire classique. Cette activité est exercée principalement par des institution de microfinance (IMF) ou des systèmes de financement décentralisé.»4Le terme « institutions de microfinance » appelé Système Financier Décentralisé (SFD) par la loi n°2008-47 du 03 septembre 2008 portant réglementation des systèmes financiers décentralisés au Sénégal s’applique désormais à un vaste éventail d’organisations qui se consacre à offrir des services financiers, au nombre desquelles on peut citer les organismes non- gouvernementaux (ONG), les coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC5), les banques privées commerciales, des institutions non-bancaires, et certaines banques d’Etat (Nsabimana, 2009 ; Urghege, 2009). Certes, la microfinance a fait des preuves au Sénégal mais, elle est aussi émaillée de dysfonctionnements et de crises auxquels sont confrontés les SFD ces dernières années : En effet, les résultats de la supervision des Systèmes financiers décentralisés (SFD) révèlent des problèmes de gouvernance issus de la faible capacité managériale des dirigeants et/ou de pratiques nébuleuses. De plus, les défaillances, voire l’inexistence du contrôle interne sont souvent cumulées à des systèmes d’information et de gestion inadaptés. 67% des risques de gouvernance et de réglementation relevés lors des missions d’inspections 2014 de la DRS6, nombre de SFD7 en 2012 405 et 383 en 2013 soit une baisse de 5.43% , emprunts des SFD en 2012 49087 millions et 43738 millions en 2013 soit une baisse de 10.96%, 116 institutions en difficulté dont 24 sous surveillance rapprochée, 92 sous ouverture de procédures de retrait, départs massifs de clients (0.26% en 2010, 1.78% en 2011, 1.39% en 2012), (R.A.DRS/SFD, 2014), une dégradation persistante de la qualité du portefeuille durant le second semestre 2014 (le ratio PAR : à 30j est passé de 7,86% à 7,66% , 1La notion « Exclus » signifie les personnes qui ne peuvent pas accéder aux services financiers des banques classiques par leurs niveaux de revenus faibles, leurs positions géographiques, leurs manques de garantie enfin leurs statuts très risqués. 2 Selon la banque mondiale, une personne est pauvre lorsqu’il vit avec moins de 2$/jour soit 964 f CFA dans notre contexte. 3CGAP signifie Consultative Group to Assist the Poor.C’est un consortium de 27 agences de développement publiques et 2 fondations privées soutenant le développement de la microfinance. 4Cité par Diop Ch. Mb(2013), l’analyse des déterminants de la viabilité financière des structures financières décentralisées (SFD) au Sénégal, AMS– Africain Management Studies, p.125-160. 5Selon, Jacquier (1999, p.2), une coopec est une institution financière démocratique et à but non lucratif. Elle est organisée et contrôlée par ses membres, qui s’associent pour regrouper leur épargne et se faire mutuellement des prêts à des taux raisonnables. 6DRS signifie Direction de la réglementation et de la supervision. Elle veille au respect de la réglementation du secteur de la microfinance au Sénégal. 7SFD signifie Systèmes Financiers Décentralisés. Ce concept est né sous la loi cadre dite « PARMEC » qui fut adopté au Sénégal sous le numéro 95-03 du 05 janvier1995 et complétée par son décret d’application numéro 97-1106 du 11 novembre 1997 par les instructions du gouverneur de la BCEAO (banque centrale des états de l’afrique de l’ouest) du 10 mars 1998 et par la convention cadre du 4 juillet 1996. 68 BADA BA ISSN 1923-2993 Journal of Academic Finance Vol. 12 N° 1 Spring 2021 à 90j est passé de 6,80% à 5,90%, le ratio d’abandon de créances qui est passé de 0,97% à 2,14% dépassant le niveau maximum de 2013), impayés, faillites, scandales financiers (R.A.DRS/SFD8, 2015). Au second trimestre de l’année 2020 : Un volume d’épargne de 363,1 milliards a été enregistré au cours de la période avec une régression de 0,2% pour une contribution de 2,9% au PIB et 8% des dépôts bancaires ; l’encours de crédit a connu la même tendance baissière que l’encours des dépôts. Il est sorti à 429 milliards avec un repli de 2%, ce qui représente 9,2% des crédits à l’économie et 3,4% du PIB ; la production de crédits des SFD s’est établi à 111 milliards, soit une baisse de 19% ; le taux de crédit en souffrance est ressorti à 6,3% avec une augmentation de 1,6 milliard des crédits en souffrance ; les emprunts ont connu une progression de 5% pour s’établir à 84 milliards ; les fonds propres ont crû de 0,5% pour atteindre 149,9 milliards (N.MFB, 2020)9.Ceux-ci semblent que les enjeux de celle-ci (gouvernance de la microfinance) ne sont pas encore toujours bien maitrisés par les acteurs. Dans un tel contexte, notre préoccupation pour ce travail est d’analyser le niveau uploads/Finance/ sfd-analyse-de-la-gouvernance-des-syste-mes-financiers-de-centralise-s.pdf
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- Publié le Jui 17, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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