1 Les déterminants du risque opérationnel : Evidence empirique Nsaibi Mariem 1

1 Les déterminants du risque opérationnel : Evidence empirique Nsaibi Mariem 1 , Rajhi Mohamed Taher 2 Département de Finance, Université Tunis El Manar, B. P 248 El Manar II 2092, Tunis Résumé L’étude des facteurs explicatifs du risque opérationnel des firmes bancaires est l’objet de ce papier. A partir d’un échantillon de 1176 incidents opérationnels de 14 banques durant la période 2006–2013, nous essayons d’étudier l’impact des facteurs microéconomiques et macroéconomiques sur la sinistralité des pertes opérationnelles d’une firme bancaire. Les tests de régressions révèlent que l’environnement macroéconomique joue un rôle important dans l’explication des pertes opérationnelles bancaires. En effet, les pertes opérationnelles augmentent dans les pays à un niveau de vie élevé et plus précisément lors des périodes de décroissance économique. Quant aux facteurs microéconomiques, la taille et le lieu géographique de la firme bancaire influencent positivement et significativement le risque opérationnel. En outre, nous notons que les principales sources des pertes opérationnelles survenues durant la période 2006-2013 sont de type «Clients, Produits et pratiques commerciales » et «Exécution, livraison et gestion des processus» qui ont eu lieu dans des lignes d’affaires de nature financière (Financement des entreprises, Activité de marché, Banque commerciale…). Dans une deuxième partie, nous étudions l’impact des mécanismes de gouvernance bancaire sur la gestion du risque opérationnel à travers cinq indicateurs. Les résultats d’estimation dévoilent seulement quatre mécanismes de gouvernance qui ont des effets significatifs sur la gestion du risque opérationnel à savoir : la taille du conseil d’administration, l’application des normes IFRS, la présence du comité des risques et des administrateurs indépendants au sein du conseil d’administration.En revanche, le cumul des fonctions du président directeur général et du président du conseil n’a aucune incidence sur l’atténuation des pertes opérationnelles des 14 banques retenues dans notre échantillon. Mots clés : Risque opérationnel, Bâle II, Approche de Mesure Avancée, gouvernance bancaire, dualité. 1 Doctorante au sein de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis Email : nsaibi.mariem@yahoo.fr Téléphone : 00 216 50 60 12 30 2 Professeur à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis Email : mt.rajhi@gmail.com Téléphone : 00 216 21 10 77 06 2 Introduction Suite à l’occurrence des pertes opérationnelles colossales durant ces dernières années (le cas de l’effondrement de la Barings Bank en 1995, la perte du National Australia Bank en 2001, l’affaire d'Enron en 2005, le cas de la Société Générale et la dernière crise des subprimes en 2007), la prévention des crises bancaires est devenue une priorité pour les banquiers, les gouvernements et les autorités de régulation. Ces scandales bancaires, expliquées par des faiblesses dans les pratiques bancaires de gestion des risques, ont engendré non seulement une mauvaise réputation de l’institution financière, mais plutôt une déstabilisation du système financier dans son ensemble. De ce fait, la seule voie possible pour les institutions bancaires est de préparer leurs fonctions risk-management afin de restaurer la confiance envers leurs actionnaires, leurs clients et les régulateurs et par conséquent garantir leurs pérennités, à long terme, et donc la stabilité du système financier mondiale. En revanche, l’étude des dysfonctionnements opérationnels constitue un défi pour les chercheurs et ce suite à l’indisponibilité des données fiables, en raison de la confidentialité avec laquelle les institutions traitent leurs pertes opérationnelles d’une part et d’autre part, suite à la difficulté de la modélisation du risque opérationnel en raison de l’hétérogénéité de ses origines3 . Bien que ces éventuelles et les scandales financiers, qui ont secoué le monde ces dernières années, aient stimulé la recherche sur les déterminants de ces types de faillites. De ce fait, de nombreuses études empiriques ont été abordées afin d’identifier les facteurs explicatifs du risque opérationnel4 tels que les travaux de : Shih et al (2000), Haturg (2006) Na (2006), Wei (2007) ,Mc Connell(2008), Moosa (2008), Cope et al (2008, 2012), Ammanda (2010), Dahen et Dionne (2010), Chernobai (2011), Imad Moosa (2011), Moosa et Silvapulle (2012), Moosa et Li (2013a,2013b), Ahmad Bello (2013), Christian et al (2015)… La majorité des travaux empiriques ont dévoilé que les incidents opérationnels sont imputables non seulement à des facteurs spécifiques mais plutôt à l’environnement externe dans lequel opère l’institution bancaire. Dans ce cadre, l’étude des déterminants du risque opérationnel fait l’objet du présent papier. La première section s’intéressera à la revue de la littérature traitant les facteurs déterminants 3 Les pertes peuvent être causées par des événements internes (inadéquation des systèmes informatiques) et par des événements externes (catastrophes naturelles ou fraudes externes à l’institution). 4 Le comité de Bâle II en 2001 a définit le risque opérationnel comme étant « le risque de pertes dues à une inadéquation ou à une défaillance des procédures, des personnels, des systèmes internes ou à des événements extérieurs». 3 de la sinistralité des pertes opérationnelles. La deuxième section exposera la méthodologie utilisée ainsi les principaux résultats obtenus. Section 1 : Revue de la littérature La crise des subprimes a fait jaillir le doute sur la méthode dont les institutions bancaires géraient leurs risques de crédit5 et de marché6. Les pertes enregistrées lors de la crise peuvent se comprendre comme une crise classique d’octroi de crédit non maîtrisée. Néanmoins, plusieurs études empiriques ont montré qu’elles sont de nature opérationnelle et plus précisément à des comportements inappropriés, des évaluations erronées d’actifs subprimes, et des pratiques bancaires frauduleuses. En d’autres termes, l’origine des pertes marquées durant la dernière crise sont imputables à des dysfonctionnements opérationnels et non pas au risque d’insolvabilité des clients. De ce fait, la gestion du risque opérationnel est devenue une priorité pour les gestionnaires de risque, les autorités de régulation et les chercheurs. D’importantes avancées dans la compréhension des scandales bancaires ont été abordées et plus précisément l’origine de la survenance des pertes opérationnelles tels que les travaux de : Shih et al (2000), Haturg (2006) Na (2006), Wei (2007), Moosa (2008), Cope et al (2008, 2012), Ammanda (2010), Dahen et Dionne (2010), Hess(2010), Chernobai (2011), Moosa et al (2012,2012b, 2013), Christian et al (2015)…). Cette variété de littérature a été motivée par les répercutions considérables des faillites bancaires sur les différentes parties prenantes de l’institution bancaire et par conséquent sur la stabilité du système financier mondiale. Les facteurs spécifiques à l’institution financière : -Taille comme déterminant du risque opérationnel : La question de la taille de la banque, comme déterminant de la sévérité des pertes opérationnelles, a été évoqué pour la première fois en 2000 par Shih, Samad-Khan et Medapa7. Ces derniers ont étudié la relation entre trois indicateurs de taille et les pertes opérationnelles à travers 4700 incidents opérationnels d’une banque durant une période de cinq ans. Les résultats ont montré l’existence d’une relation non linéaire entre les indicateurs de la taille d’une firme bancaire et l’occurrence des pertes opérationnelles. En effet, le revenu, le 5 Le risque de crédit est le risque d’insolvabilité du l'emprunteur à l'échéance 6 Le risqué de marché est le risque de perte d’ une évolution défavorable des prix actifs financiers sur le marché (taux d’intérêt, cours de change...) 7 Shih, J., Samad-Khan, A., and Medapa, P. (2000), “Is the size of an operational loss related to firm size?” Journal of Operational Risk, 2, 1–2 4 nombre d’employé et le total des actifs sont fortement corrélés avec le montant des pertes opérationnelles. Néanmoins, cette étude a été critiqué par l’étude de Haturg (2004) puisque la variable explicative taille n’explique que 5% des montants de pertes opérationnelles (R2ajusté =5,35%). Il a montré que les pertes opérationnelles ne sont pas expliquées seulement par la taille de l’institution mais plutôt par la cause de l’incident opérationnel. Dans le contexte américain, Chernobai et al (2007) ont analysé l’incidence de la taille de l’institution bancaire sur 1159 incidents opérationnels de 160 banques américaines durant la période du 1980-2003. Les résultats suggèrent que la taille, l'effet de levier, la volatilité de la rentabilité et le nombre d'employés sont les facteurs explicatifs des pertes opérationnelles. Quant au contexte Allemand, Cope et al (2008) ont analysé la faillite de la Baring et celle d’Allied Irish Bank. Ils ont résulté que le revenu brut n’a aucune incidence sur l’occurrence des pertes opérationnelles et il ne reflète pas l’exposition réelle au risque opérationnel. Ce constat a été confirmé par ceux trouvés par: Dahen et al (2010), Moosa et Li (2012, 2013,2015) et Christian (2015)…. Ces derniers ont fait la preuve que la taille de la firme bancaire n’a aucun effet sur la fréquence et la sévérité des pertes opérationnelles. En d’autres termes, toutes les institutions bancaires sont exposées aux risques opérationnels quelque soit leurs tailles. - Les lignes de métier8: De nombreuses recherches ont montré que l’occurrence des pertes opérationnelles dépend de la ligne d’affaire où l’incident opérationnel a eu lieu. Les travaux de BIS-4 ont analysé 177 incidents opérationnels de 27 institutions financières durant la période 2001-2004. Les résultats empiriques ont montré que les banques de détail sont plus sensibles à avoir des pertes opérationnelles extrêmes que les banques commerciales. En d’autres termes, les opérations des activités de collecte octroi de crédit, des opérations de conseils uploads/Finance/ v2-s1-2.pdf

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  • Publié le Oct 10, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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