Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Volume 4 : n

Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Volume 4 : numéro 2 Revue CCA www.revuecca.com Page 155 Aperçu sur le rôle des banques marocaines en tant que créatrices de liquidité Overview of the role of Moroccan banks as liquidity creators ALAOUI MDAGHRI Anas Doctorant Ecole Nationale de Commerce et de Gestion d’Agadir Université Ibn Zohr Laboratoire en Entrepreneuriat, Finance et Audit (LaREFA) Maroc anas.alaouimdaghri@edu.uiz.ac.ma OUBDI Lahsen Professeur de l’Enseignement Supérieur Ecole Nationale de Commerce et de Gestion d’Agadir Université Ibn Zohr Laboratoire en Entrepreneuriat, Finance et Audit (LaREFA) Maroc l.oubdi@uiz.ac.ma Date de soumission : 07/04/2020 Date d’acceptation : 26/05/2020 Pour citer cet article : ALAOUI MDAGHRI A. (2020) «Aperçu sur le rôle des banques marocaines en tant que créatrices de liquidité», Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit « Volume 4 : numéro 2 » pp : 155 - 170 Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Volume 4 : numéro 2 Revue CCA www.revuecca.com Page 156 Résumé La création de liquidité bancaire est considérée dans la littérature de l’intermédiation financière comme une raison d’être des banques. Ces dernières jouent un rôle important en fournissant la liquidité à travers le financement des actifs non liquides à long terme avec des passifs liquides à court terme. Dans le présent article, nous proposerons des mesures de création de liquidité bancaire en se basant sur l’approche de Berger & Bouwman (2009) et en utilisant les données annuelles des bilans et hors bilan des banques marocaines durant la période 2008-2017. L’objectif est d’étudier combien de liquidité a été créée par le secteur bancaire marocain et comment celle-ci a varié dans le temps. Nous tenterons aussi d’analyser cette dernière par taille des banques et par leur type d’actionnariat. Les résultats trouvés montrent que le secteur bancaire marocain a créé 489,63 milliards de MAD à la fin de 2017 en constante augmentation portée principalement par les grandes banques chaque année par rapport aux 281,23 milliards de MAD de liquidités créés fin 2008. Les résultats démontrent aussi que les activités hors bilan des banques marocaines ne jouent pas un rôle significatif et contribuent très légèrement dans leur création de liquidité. Mots clés : La création de liquidité bancaire ; l’intermédiation financière ; le bilan bancaire ; le hors bilan bancaire ; le secteur bancaire marocain. Abstract Liquidity creation is considered in modern theory of financial intermediation as a raison d'être for banks. The latter play an important role in providing liquidity through financing long-term illiquid assets with short-term liquid liabilities. In this paper, we propose measures to estimate bank liquidity creation based on the approach of Berger & Bouwman (2009) using the annual balance sheet and off-balance sheet data of Moroccan banks during the period 2008-2017. The aim of this paper is to study how much liquidity has been created by the Moroccan banking sector and how it has varied over time. We also try to analyze the Moroccan banks’ liquidity creation based on their size and ownership. The results show that the Moroccan banking sector has created MAD 489,63 billion at the end of 2017 in constant increase carried mainly by large banks every year compared to MAD 281,23 billion of liquidity created at the end of 2008. The results also demonstrate that the off-balance sheet activities of Moroccan banks do not play a significant role and contribute very slightly in their liquidity creation. Keywords: Bank liquidity creation; financial intermediation; bank on-balance sheet; bank off-balance sheet; Moroccan banking sector. Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Volume 4 : numéro 2 Revue CCA www.revuecca.com Page 157 Introduction Selon la théorie moderne de l’intermédiation financière, les banques remplissent deux missions cruciales dans l’économie à savoir la création de liquidité et la transformation de risques (Bhattacharya & Thakor, 1993). En effet, les banques de par leur activité d’intermédiation créent la liquidité. (Diamond & Dybvig, 1983) dans leur travail fondateur, ont permis de concevoir pour la première fois un cadre théorique du processus de création de liquidité et l’ont défini en tant que l’activité bancaire permettant le financement des actifs illiquides par les passifs liquides. De leur part, (Holmstrom & Tirole, 1997; Kashyap, Rajan, & Stein, 2002) expliquent que la création de liquidité est effectuée aussi à travers les activités hors bilan des banques telles que les engagements hors bilan et les lignes de crédit. L’intérêt est devenu de plus en plus grandissant pour les chercheurs ces dernières années vis- à-vis l’estimation du montant de liquidité créée par les banques étant donné que cette dernière est considérée comme une fonction essentielle des banques. Dans ce sens, beaucoup de travaux théoriques ont tenté de mettre en avant des mesures permettant d’estimer la valeur de la liquidité créée par les banques. Certains travaux ont mis l’accent sur l’importance de la liquidité créée à partir du passif du bilan bancaire, d’autres se sont focalisées sur l’actif bancaire. (Deep & Schaefer, 2004) ont été les premiers à avancer une mesure de création de liquidité permettant d’intégrer les deux côtés du bilan (actif et passif). Mais le mérite revient au travail fondateur de (Berger & Bouwman, 2009) qui ont suggéré une nouvelle approche permettant d’estimer la création de liquidité bancaire. Ils ont créé des mesures permettant d’englober tous les éléments du bilan tels que les prêts, les dépôts, les autres actifs et passifs et les catégories des engagements hors bilan telles que les garanties, les engagements et les dérivés. En appliquant ces mesures sur secteur bancaire américain entre 1993 et 2003, ils ont montré que la création de liquidité a augmenté tout au long de la période de l’étude et que la majeure partie de la liquidité a été créée par les grandes banques, les banques de détail et les banques récemment fusionnées. Dans ce sens, ce papier cherche à répondre aux questions suivantes : Quel est le montant de liquidités qui a été créées à partir des activités bilantielles et hors bilantielles des banques marocaines durant la période 2008-2017 ? Comment la création de liquidité des banques marocaines a évolué dans le temps, par taille et par type d’actionnariat ? Pour tenter de répondre à ces questionnements, nous avons construit des mesures de création de liquidité en se basant sur l’approche de (Berger & Bouwman, 2009) à partir des données Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Volume 4 : numéro 2 Revue CCA www.revuecca.com Page 158 de bilan et hors bilan des banques marocaines. La période d’étude choisie s’étale sur 10 ans depuis 2008 jusqu’à 2017. Le présent papier est organisé comme suit : la première partie présente une revue de littérature, la deuxième propose la méthodologie et les données, la troisième expose les résultats et la discussion et la dernière partie conclue le papier. 1. Revue de littérature Les théories contemporaines de l'intermédiation financière montrent l'importance du rôle de la création de liquidité à partir du bilan bancaire. (Bryant, 1980; Diamond & Dybvig, 1983) mettent l’accent sur le passif du bilan bancaire. L'activité de création de liquidité est considérée comme un moyen permettant d'assurer le partage de risques (risk sharing) entre les déposants incertains par rapport au timing de leur consommation (Diamond & Rajan, 2001, 2012). (Donaldson, Piacentino, & Thakor, 2015) soulignent la contribution des deux côtés de l'actif et du passif du bilan dans le processus de création de liquidité bancaire. En effet, les banques créent la liquidité à partir de l'actif en octroyant des prêts pour financer les investissements de l'économie. Donc plus la banque détient des actifs illiquides plus la liquidité se crée. De cette façon la banque détient un actif illiquide contre les investisseurs et offre le droit liquide aux déposants de retirer leur argent à n'importe quel moment. (Boot, Greenbaum, & Thakor, 1993; Holmstrom & Tirole, 1997; Kashyap et al., 2002) ont reconnu le rôle des banques dans la création de liquidité à partir de leurs activités hors bilan en l'occurrence les engagements de crédit autres types de crédit. (Deep & Schaefer, 2004) a été la première tentative de mesure de la transformation de liquidité. Nommée "écart de transformation de liquidité" ou encore "LT gap", leur mesure est calculée comme suit : Pour juger de la liquidité des actifs et des passifs, ils ont pris comme indicateurs l’échéance de ces éléments. Les actifs et les passifs à un an au plus ont été considérés comme des activités liquides et les activités hors bilan ont été exclues. Cependant, la mesure n'était pas complète car ils ne considéraient pas les activités hors bilan qui jouent un rôle important dans la création de liquidité. De leur côté, (Berger & Bouwman, 2009) ont avancé quatre mesures de création de liquidité. Pour ce faire, ils ont utilisé une procédure en trois étapes. À l'étape une, toutes les activités au bilan et hors bilan sont classées comme liquides, semi-liquides ou non liquides. La Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Volume 4 : numéro 2 Revue CCA www.revuecca.com Page 159 uploads/Finance/567-article-text-2146-1-10-20200829.pdf

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  • Publié le Oct 05, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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