1 LE SYSTEME AQUIFERE DU SAHARA SEPTENTRIONAL Une conscience de bassin SYNTHESE

1 LE SYSTEME AQUIFERE DU SAHARA SEPTENTRIONAL Une conscience de bassin SYNTHESE DE LA PREMIERE PHASE DU PROJET « OSS/SASS » Rédigée par Marc Bied-Charreton Professeur émérite de l'Université de >Versailles Saint-Quentin en Yvelines (1999-2002) Sommaire 1 Qu’est-ce que le Système aquifère du Sahara Septentrional. Problématique du programme SASS. 2 – Les Objectifs du programme SASS. 3 – Les Résultats obtenus: 3 -1– L’hydrogéologie et la base de données SASS. 3-2– Le modèle SASS. 3-3 - Le mécanisme de concertation et la coopération entre les pays. 4 – Conclusions. La gestion durable du SASS. Annexes : méthodologie du programme SASS, rôle de l’OSS, bilan financier. Cartes et croquis Draft MBC 05/12/02 2 1 – Qu’est ce que le Système aquifère du Sahara Septentrional. Problématique du programme SASS. Les pays de la zone Nord et Sud du Sahara ainsi que ceux de la péninsule arabe sont situés sur des grands bassins sédimentaires qui contiennent des réserves d’eau souterraine considérables. Ces réserves ne se reconstituent que très faiblement et on les appelle des « aquifères ». En Afrique au Nord de l’Equateur on distingue tout particulièrement les bassins de Nubie ( Egypte et Libye), du Tchad (Tchad et Niger), d’Iullemeden (Niger, Mali, Algérie), de Taoudeni- Tanezrouft ( Mali, Algérie), Sénégalo- Mauritanien et celui du Sahara Septentrional, plus communément appelé « SASS », partagé entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye ( source : Ressources en eau communes de la Région de l’OSS, carte dressée par J.Margat, OSS 1995). ( se référer à la carte des bassins et à la carte Michelin) Le SASS occupe une superficie d’un plus d’un million de km2 dans la partie occidentale de l’Afrique du Nord : environ 700 000 km2 en Algérie, 80 000 km2 en Tunisie et 250 000 km2 en Libye. Ce sont des dépôts continentaux dans lesquels on distingue en réalité deux aquifères que l’on va appeler, de bas en haut , le « continental intercalaire »,CI, et le « complexe terminal », CT. La mise en place de ces réserves d’eau s’est effectué pendant les périodes humides de l’ère quaternaire, il y a plusieurs centaines de milliers d’années. Les couches géologiques dans lesquelles se sont constitué ces réserves datent essentiellement de l’ère secondaire ( trias, jurassique, crétacé) pour le continental intercalaire et sont plus récentes (sables et calcaires) pour le complexe terminal. Un écoulement souterrain complexe se traduit par certaines sources et exutoires naturels . Le SASS constitue un énorme réservoir d’eau accumulée dans différentes roches, estimé à 30 000 x 10 puissance 9 m3, qui ne se renouvelle pratiquement pas, la recharge annuelle étant estimée à un milliard de m3 par an. Toute cette eau n’est hélas pas utilisable Il s’agit donc la d’une ressource naturelle non –renouvelable dont l’exploitation est de type minière. Les exutoires naturels sont exploités depuis des temps lointains, ils ont donné naissance à des oasis bien connus dans les trois pays concernés. Depuis plus d’une cinquantaine d’années on a commencé à exploiter cette réserve d’eau souterraine : les prélèvements sont passés de 600 hm3/an en 1970 à environ 2,5 milliards de m3/an dans les années 95-2000 ; ils sont utilisés à des fins agricoles ( irrigation), domestiques ( eau potable et forages pour l’élevage) et industrielles ( exploitation du pétrole, tourisme, divers). Le nombre de points d’eau est supérieur à 7 000 : forages et sources ( 4000 en Algérie, 2000 en Tunisie, 1000 en Libye). On se référera aux graphiques des prélèvements et à la localisation des forages trouver les meilleurs cartes sur ce sujet dans les volumes. Dans les trois pays concernés des administrations responsables de l’eau sont en charge de la gestion de cette ressource: ce sont respectivement l’ANRH (Agence Nationale des Ressources Hydrauliques) en Algérie, la DGRE ( Direction Générale des Ressources en Eau)en Tunisie et la GWA ( General Water Authority) en Libye. Les utilisateurs sont les agriculteurs 3 traditionnels qui cultivent intensément les oasis, ceux qui pratiquent la céréaliculture irriguées, les éleveurs qui bénéficient de points d’eau ou forages, des maraîchers, les habitants des villes situées dans la zone concernée par le SASS, des industries, notamment les exploitants de pétrole, les touristes. En général l’administration fait les investissements nécessaires à la mise à disposition de l’eau, des systèmes traditionnels ou actuels en assurent la distribution, payante ou non. La problématique du SASS, c’est à dire la question essentielle qui se pose maintenant, est celle de la meilleure utilisation possible de ce réservoir d’eau dans une optique de durabilité , sachant qu’un certain nombre de problèmes se posent de plus en plus sérieusement : - à force de pomper dans les deux systèmes le niveau de l’eau baisse régulièrement , donc le coût du pompage augmente ; - les exutoires naturels s’assèchent ( sources, puits artésien); - on s’est aperçu que pomper en un lieu avait des répercussions importantes sur le reste de cette réserve. En effet, des études hydro-géologiques montrent qu’il y a des échanges internes entre CT et CI, un écoulement naturel et des connexions importantes entre différents points du bassin chaque fois que le niveau varie quelque part. - l’irrigation des cultures céréalières en milieu aride peut avoir des conséquences graves sur la salinisation des sols et rendre ceux-ci improductifs ; - d’une façon générale le risque de détérioration de la qualité de l’eau et d’accroissement de sa salinisation est grand ; - à tous ces risques viennent s’ajouter des problèmes locaux de drainage des eaux, d’épuration des eaux usées et de mélanges des eaux entre nappes phréatiques oasiennes et nappes profondes. - La gestion de l’eau a toujours été une gestion de l’offre, basée sur un raisonnement uniquement hydraulicien. Aujourd’hui les problèmes de gestion durable et de valorisation économique de cette eau, à court, moyen et long terme , sont à poser de manière concertée entre les trois pays Les responsables des trois pays ont pris conscience de ces risques à la fin des années 60 , et en 1972 un grand programme algéro-tunisien, l’ERES, a permis de faire une première modélisation de l’exploitation de cet aquifère sur la base des prélèvements dans ces deux pays et de prévisions d’utilisation. Vingt ans plus tard, l’Observatoire du Sahara et du Sahel organisait au Caire , en 1992,le premier atelier de travail sur les aquifères des grands bassins, suivi d’un autre atelier en 1994, au Caire également, consacré aux impacts économiques et environnementaux de l’exploitation de ces aquifères. C’est dans le cadre global du programme OSS intitulé « aquifère des grands bassins » que le programme spécifique « SASS » est né après une série de séminaires et d’ateliers régionaux entre 1994 et 1997, appuyés par l’Allemagne, la France, la Suisse, le FIDA et des partenaires comme l’UNESCO, la FAO, l’OACT, l’ACSAD, le CILSS, le CEDARE. Un document de programme a été adopté lors d’un séminaire organisé à Tunis en septembre 1997 à l’issue duquel l’OSS a été chargé de la maîtrise d’ouvrage du programme et de la recherche de financements. 4 En 1998 l’OSS a obtenu l’appui de la coopération suisse, du FIDA et de la FAO pour une première phase de trois ans qui a été lancée officiellement en mai 1999 à Rome avec un appui financier de 1 , 473 M€. Carte Michelin, carte de localisation des bassins sédimentaires page 7 du rapport d’activité, carte de la limite d’extension du SASS, et si possible localisation des forages et points d’eau. 2 – Les objectifs du programme SASS Les objectifs du programme SASS ont été ainsi définis : - apporter une valeur ajoutée aux modèles précédents, notamment l’ERES, en intégrant la partie libyenne et en exploitant les données et études qui se sont accumulées en trente ans ; - faire une évaluation des volumes d’eau exploitables et mettre au point un modèle en associant en permanence les compétences nationales des trois pays et en tenant compte des politiques nationales ; - réaliser une base de données commune aux trois pays destinée à valoriser l’information et être un outil d’ échange ; cette base de données devrait préfigurer un futur « observatoire du SASS » ; - organiser des séminaires thématiques et de formation regroupant les techniciens des trois pays travaillant sur un même système, pour la mise à jour des informations et les échanges d’expériences ; - actualiser les états de prélèvements ; - mettre en place un mécanisme de concertation destiné à institutionnaliser le cadre de coopération créé par le programme , rendre durable les programmes d’actualisation des informations, d’échanges et de suivi et concrétiser la « conscience de bassin » qui a progressivement vu le jour à la suite des ateliers entrepris par l’OSS dès les années 90. - Susciter des réflexions quant à la durabilité de cette ressource, à l’optimisation de son exploitation, aux liens avec la lutte contre la désertification, l’amélioration du niveau de vie des habitants et la coopération régionale. Ce programme a nécessité une coopération de tous les instants entre les trois autorités responsables de l’eau dans les trois pays et la uploads/Geographie/ 2002-synthese-oss-sass.pdf

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