MEMOIRE Conseiller de stage : Beatrix Voigt Juin 2014 Candidat : Matthieu Chamb

MEMOIRE Conseiller de stage : Beatrix Voigt Juin 2014 Candidat : Matthieu Chambaud Diplôme d’Accompagnateur en Montagne Brevet d’état d’alpinisme Les bienfaits de la randonnée en montagne : du bien-être physique à la connaissance de soi Contenu : Résultats de l’enquête Analyse et mécanismes mis en jeu Application pour l’accompagnateur Mémoire - juin 2014 p.3 Introduction La raison qui m’a poussé à devenir accompagnateur est de pouvoir faire découvrir à d’autres personnes les vertus psychologiques de la randonnée en montagne que j’ai moi même expérimenté, notamment sur des trecks au long cours ces dernières années. Pour réaliser ce passage de témoins dans le futur, il me fallait investiguer, mieux com­ prendre tous les enjeux impliqués, et surtout avoir des avis extérieurs pour ne pas rester sur mon unique point de vue. Dans cette troisième partie du mémoire, l’objectif est de réfléchir aux différents bienfaits (physiques, psychologiques, sociaux) que nous apportent la randonnée en montagne. Pour cela, je me base sur mon expérience personnelle, celle de 200 personnes qui ont répondu à un questionnaire et sur de nombreux ouvrages qui traitent de la randonnée. Le questionnaire a pour but de recenser un certain nombre d’expériences qui cor­ respondent à différents niveaux de bienfaits et d’essayer de voir s’il y a une logique chronologique ou bien si certains facteurs tels que l’âge, la durée des randonnées, les personnes avec lesquelles on marche peuvent influencer ces expériences. Cette partie s’articulera donc comme suit : j’exposerai tout d’abord les résultats de l’enquête ; dans un deuxième temps, je tenterai d’expliquer les différents mécanismes mis en jeu lors de la randonnée en montagne et les bienfaits associés, enfin, j’émettrais des pistes sur des stratégies à adopter en tant qu’accompagnateur en montagne afin de mettre les personnes dans les conditions nécessaires pour accéder au bienfait que je considère comme plus élevé : la connaissance de soi ou comment se retrouver inté­ rieurement et mieux se connaître à travers la randonnée en montagne. Quelques exemples d’application seront décrits pour la chaîne de Belledonne. Diplôme d’Accompagnateur en Montagne - brevet d’état d’alpinisme p.4 1.1. SYNTHÈSE DES RÉSULTATS DU FORMULAIRE 1.1.1 Procédé L’échantillon est composé de 200 personnes qui ont répondu à un formulaire en ligne. J’ai transmis le lien à mes connaissances et sur plusieurs sites de randonnée en montagne (camp to camp, bivouak.net etc....). Les résultats détaillés sont fournis en annexe. Les pages suivantes font état des éléments majeurs qui ressortent de cette enquête. 1.1.2 L’échantillon Les 2 tranches d’âge les plus représentées sont les 25-40 ans et les 40-60 ans, la parité homme / femmes est presque respectée (55% hommes, 45% femmes) Ils habitent actuellement majoritairement en milieu urbain (77 %) dont plus de la moitié près des montagnes. 39 % des répondants ont déjà entrepris un travail de développement personnel (méditation, yoga, psychothérapie). Un échantillon de montagnards «avertis» Les personnes interrogées sont des personnes qui sortent assez régulièrement en montagne pour des activités de randonnée. Près de 60 % d’entre eux randonnent plus d’une fois par mois avec même 35 % réalisant plus de 20 sorties par an. S’ils randonnent classiquement sur une journée (70%), ils sont également 70% à avoir déjà randonné sur une durée supérieure à 4 jours. Pour ceux-là, la durée maximale de leur séjour a pour moitié été sur une semaine, 1/4 sur 15 jours, 10 % sur 3 semaines et encore 10 % sur plus de 3 semaines (avec un record de 3 mois ! ). Ils ont également expérimenté pour 70 % des nuitées en conditions sauvage (bivouac ou cabane non gardée). Pour ceux n’ayant pas fait de treck, c’est surtout par manque de temps ou parce qu’ils redoutent leur aptitude physique. Mémoire - juin 2014 p.5 1.1.3 Les partenaires de randonnée Randonner en petits groupes, pour partager Les personnes interrogés marchent majoritairement à deux ou en petit groupe d’amis (4-5 personnes) Les raisons qui les motivent dans la randonnée en petit groupe (et en duo) sont par ordre d’importance : - le partage «les sensations sont plus intenses quand elles sont partagées» - la convivialité, la souplesse : rythme et compromis plus facile - des échanges approfondis & individuels - la sécurité - la possibilité de moments de solitude & d’intériorisation, - le calme & la tranquillité « mieux apprécier la quiétude la montagne» ils évitent les grands groupes (>10), notamment pour l’inertie, le calme troublé, les rythmes différents, le transport de la société en montagne «on retrouve les mêmes conversations et attitudes du quotidien». Groupe d’amis ou d’inconnus : entre curiosité de l’autre et assurer la réus­ site de sa sortie La marche avec des inconnus est mal acceptée (50 % déclare ne jamais partir dans ces conditions). Même s’il y a une curiosité de découvrir l’autre, beaucoup expriment que mar­ cher entre amis permet de connaître les niveaux de chacun et d’avoir une certaine homogénéité et qu’ils sont assurés d’avoir des attentes semblables («personnes qui savent partager les mêmes plaisirs que moi»). C’est aussi l’occasion de «se retrouver sous un autre regard et de mieux se connaître». Randonner seul, pour se retrouver Le cas de la marche solitaire est intéressant : si 38 % déclarent qu’ils ne la pra­ tiquent jamais, une proportion importante la réalise de temps en temps (25%), ou souvent (18%) et même 20 % la plupart du temps. Les raisons qui motivent à marcher seul sont par ordre d’importance : - se retrouver, faire le point, méditer, introspection - pour le calme et le silence - pour apprendre à se connaître, ses limites, prendre des décisions « c’est un moment de défi pour soi-même car on ne peut pas se mentir » - pour aller à mon rythme - pour la discrétion - pour la facilité de rencontrer les autres «Se retrouver seul permet de se tester, d’éprouver ses limites (résistance physique, orientation... mais surtout résistance à la solitude, sang froid face à l’inquiétude ou à la peur.) La solitude en randonnée peut également apporter une grande satis­ faction personnelle (être maître de ses décisions, du chemin à suivre...) et donc un grand sentiment de liberté.» Diplôme d’Accompagnateur en Montagne - brevet d’état d’alpinisme p.6 1.1.4 Spécificité du milieu montagnard et raisons de marcher L’isolement et la grandeur des éléments, spécificités du milieu montagnard Les personnes de l’échantillon déclarent qu’ils ont choisi majoritairement la mon­ tagne pour randonner pour l’isolement, l’éloignement à la civilisation, le retour aux sources. Le deuxième aspect fort les attirant est la grandeur des éléments (27%). Viennent ensuite les aspects du silence, et de la diversité des paysages. Pourquoi cette activité de randonner en montagne ? Les personnes interrogées recherchent majoritairement une relation avec la nature, la beauté des paysages et un temps de détente, de calme. C’est aussi un moment de dépaysement, de divertissement pour (70 % d’entre eux). La randonnée dans son aspect physique / sport est également recherché (64 % déclare beaucoup ou passionnément). Deux aspects a priori bien différents sont ensuite exprimées avec 54 % : le dépas­ sement de soi (défi sportif) et se retrouver intérieurement. Enfin, et c’est assez surprenant, l’aspect social, la convivialité n’est pas déclaré comme essentiel pour 64 % des personnes interrogées. 1.1.5 Les expériences ressentis pendant les randonnées 4 grand types d’expérience détectées Les réponses aux différents types de ressentis (voir annexe) peuvent se diviser en 4 grands types d’expérience qui regroupent plusieurs ressentis qui sont statisti­ quement corrélés. Il y a d’abord l’ASPECT SOCIAL de la randonnée, vécu par 63 % de l’échantillon. Il s’agit d’expérience de partage, de convivialité, d’harmonie avec le groupe dans lequel on peut avoir des moments de confidence. Il y a ensuite l’aspect SENSORIALITÉ / PLAISIRS (redécouverte des sens), vécu par 59 % des individus. Il s’agit là d’expériences mettant en jeu une nouvelle rela­ tion de notre corps à notre environnement extérieur dans lequel les plaisirs sont exacerbés. Le 3ème groupe d’expériences concerne le DÉTACHEMENT, l’effet de coupures, vécu par 60% des individus. Il s’agit des expériences relatant de notre distance au quotidien, avec notamment la notion de temps, de liberté intellectuelle, de masques identitaires nous permettant de vivre l’instant présent. Enfin le dernier groupe d’expériences est celui de type SPIRITUEL, MÉDITATIF, vécu par 43% des individus. Il s’agit d’expériences d’intériorisation forte et de plé­ nitude. Mémoire - juin 2014 p.7 Ces Grands Groupes D’expériences Connectés Les études statistiques montrent que les personnes ayant répondu au type SEN­ SORIALITE ont 5x plus de chance d’avoir répondu au type DÉTACHEMENT De même les gens qui ont répondu au groupe SENSORIALITE ont 5x plus de chance d’avoir répondu au type MÉDITATIF. Enfin, les gens qui ont répondu au groupe DÉTACHEMENT ont 7x plus de chance d’avoir au type MÉDITATIF. Mon hypothèse est qu’il y a une progression d’un groupe à l’autre, on passerait alors d’abord par le groupe SENSORIALITE puis par un DÉTACHEMENT et enfin on pourrait atteindre un état MÉDITATIF. Les facteurs influençant ces ressentis Beaucoup de facteurs (âge, provenance, fréquence des randonnées, partenaires de rando, milieu professionnel, trecks de longue durée, uploads/Geographie/ 2014-06-14-memoire-aem-matthieu-chambaud.pdf

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