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Supplement Moise Timtchueng et al. PAMJ - 35(Supp 2):148. 17 Aug 2020. - Page numbers not for citation purposes. 1 Essay Gestion sécurisée des dépouilles de personnes décédées de la COVID-19 en Afrique sub-Saharienne: et si on laissait les familles enterrer leurs morts? Moise Timtchueng, Clarisse Mapa-Tassou, Patrick Juvet Lowe Gnintedem, Hervé Martial Tchabo Sontang, Mireille Ndoungue, Vivien Meli, Henri René Zambou, Siméon Pierre Choukem, The University of Dschang Taskforce for the Elimination of COVID-19 Corresponding author: Siméon Pierre Choukem, Département de Médecine Interne et Spécialités, Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques, Université de Dschang, Dschang, Cameroun. schoukem@gmail.com Received: 29 Jul 2020 - Accepted: 05 Aug 2020 - Published: 17 Aug 2020 Keywords: COVID-19, inhumation, gestion des corps, législation, Afrique sub-Saharienne, Cameroun Copyright: Moise Timtchueng et al. Pan African Medical Journal (ISSN: 1937-8688). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited. Cite this article: Moise Timtchueng et al. Gestion sécurisée des dépouilles de personnes décédées de la COVID-19 en Afrique sub-Saharienne: et si on laissait les familles enterrer leurs morts?. Pan African Medical Journal. 2020;35(2):148. 10.11604/pamj.supp.2020.35.148.25253 Available online at: https://www.panafrican-med-journal.com/content/series/35/2/148/full This article is published as part of the supplement: PAMJ Special issue on COVID 19 in Africa sponsored by the The Pan African Medical Journal. Available online at https://www.panafrican-med-journal.com//content/series/2/ Gestion sécurisée des dépouilles de personnes décédées de la COVID-19 en Afrique sub- Saharienne: et si on laissait les familles enterrer leurs morts? Safe management of COVID-19 dead bodies in sub- Saharan Africa: could families be allowed to bury their dead? Moise Timtchueng1, Clarisse Mapa-Tassou2, Patrick Juvet Lowe Gnintedem1, Hervé Martial Tchabo Sontang1, Mireille Ndoungue3, Vivien Meli4, Henri René Zambou5, Siméon Pierre Choukem6,7,8,&, The University of Dschang Taskforce for the Elimination of COVID-19 1Département de Droit Privé et Sciences Criminelles, Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, Université de Dschang, Dschang, Supplement Moise Timtchueng et al. PAMJ - 35(Supp 2):148. 17 Aug 2020. - Page numbers not for citation purposes. 2 Cameroun, 2Health of Populations in Transition (HoPiT) Research group, Université de Yaoundé 1, Yaoundé, Cameroun, 3Département de Psychologie, UFR Sciences Humaines, Sociales et Philosophie, Université de Picardie Jules Verne, Amiens, France, 4Département de Philosophie, Psychologie et Sociologie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Dschang, Dschang, Cameroun, 5Equavet Group, Douala, Cameroun, 6Département de Médecine Interne et Spécialités, Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques, Université de Dschang, Dschang, Cameroun, 7Service de Médecine Interne et Spécialités, Hôpital Général de Douala, Douala, Cameroun, 8Health and Human Development (2HD) Research Network, Douala, Cameroun &Auteur correspondant Siméon Pierre Choukem, Département de Médecine Interne et Spécialités, Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques, Université de Dschang, Dschang, Cameroun Résumé La pandémie à Coronavirus 2019 (COVID-19) touche les pays d´Afrique sub-Saharienne depuis le mois de mars 2020. Au-delà des désastres sanitaire et économique causés, se pose un problème psycho- socio-culturel en rapport avec la gestion des corps de personnes décédées de cette maladie; ce problème est susceptible d´entraver la bonne marche de la stratégie de riposte. Au Cameroun par exemple, la gestion actuelle de ces dépouilles ne fait pas l´unanimité. En effet, les restrictions appliquées à l´inhumation, bien que récemment assouplies proscrivent entre autres tout transfert interurbain des dépouilles. A la lumière des considérations culturelles africaines de la personne décédée, des dissensions créées entre les familles et le corps médical, de la législation et des données scientifiques disponibles, cet article analyse les risques et les bénéfices de l´inhumation des dépouilles par les familles. Il propose ensuite des solutions qui concilient la dignité (en laissant les familles enterrer leurs morts dans les domiciles), et la sécurité (en assurant une conservation hermétique et la surveillance d´un officier de police judiciaire). L´application de ces solutions pourraient améliorer la confiance de la population envers le système de santé et contribuer positivement aux stratégies de prévention, d´identification et de prise en charge des cas de COVID-19. English abstract Sub-Saharan African countries have been hit by the Coronavirus 2019 pandemic (COVID-19) since March 2020. Besides the resulting health and economic disasters is the psycho-socio-cultural problem related with the management of corpses of people dead from the disease, which might hinder the implementation of the response strategy. In Cameroon for instance, the current corpse management policy is very disputed. In fact, although they were recently made more flexible, the restrictions applied to burials still ban any transfer of dead bodies between cities. In light of the African cultural considerations of dead persons, the disputes observed between the families and the health personnel, the legislation and the available scientific evidence, this article analyses the risks and benefits of allowing families to bury their relatives. It thereafter suggests solutions that reconcile dignity (by allowing families to bury their dead relatives in their homes) and safety (by ensuring a sealed handling and the surveillance by a judiciary police officer). Applying these solutions could improve the population's trust towards the health system, and positively contribute to COVID-19 case prevention, identification and management. Key words: COVID-19, burial, corpse management, legislation, sub-Saharan Africa, Cameroon Essay La pandémie de la maladie à Coronavirus 2019 (COVID-19) représente depuis plusieurs mois maintenant, un problème majeur de santé auquel est confrontée l'humanité toute entière non Supplement Moise Timtchueng et al. PAMJ - 35(Supp 2):148. 17 Aug 2020. - Page numbers not for citation purposes. 3 seulement en raison du nombre de personnes qui tombent malades et de la catastrophe économique qui s'ensuit, mais aussi en raison du grand nombre de décès. La situation mondiale au 25 juillet 2020 indique un total de plus de 16 millions de cas confirmés depuis le premier cas identifié en Chine en fin novembre 2019, et un nombre de décès qui dépasse déjà 640 000 [1]. Devant les ravages occasionnés par cette pandémie, des mesures de riposte en vue de limiter sa propagation ont été prises dans quasiment tous les pays du monde. L´une des caractéristiques communes à ces mesures a été de limiter considérablement les droits et libertés collectives et individuelles. Et dans l´optique de contraindre la population à s´y conformer, des mesures spéciales à caractère pénal ont dû être prises pour prévoir et réprimer le non- respect du confinement, à l´exemple de la France [2]. Au Cameroun par exemple, par une Déclaration spéciale du 17 mars 2020 [3], le Premier ministre rendait publiques les treize mesures de la stratégie gouvernementale camerounaise de riposte. Seulement, alors que la gestion des dépouilles des personnes décédées de la COVID-19 n´était énoncée nulle part dans le document publié après ladite déclaration spéciale, on va observer une confiscation desdites dépouilles aux familles pour être inhumées dans des cimetières publics sans l´accomplissement d´aucun rite funéraire usuel [4]. C´est le 23 avril 2020 que, par un autre communiqué, le Premier Ministre a instruit le ministre de l´Administration Territoriale, en relation avec le ministre de la Santé Publique, «de s´assurer que les personnes décédées des suites du coronavirus soient inhumées dans leurs localités de décès» [5]. L´interprétation littérale de ce communiqué commandait simplement que l´on ne permette aucun transfert interurbain des dépouilles et que la mise en terre se fasse sans délai, contrairement à la coutume de conserver les corps à la morgue pendant un ou plusieurs jours. Cependant, tout ceci a généré des problèmes allant du fait de cacher les malades (de peur de ne pas disposer du cadavre en cas de décès), à la violence contre le personnel de santé et aux tentatives d´exhumer les corps, tout ceci par les familles [6]. A la lumière des connaissances actuellement disponibles, et en prenant l´exemple du Cameroun, cet article fait une analyse des risques et bénéfices de laisser les familles enterrer leurs proches, et suggère des solutions pour assurer une gestion des corps qui concilie sécurité pour la santé publique, et dignité pour les familles et leurs coutumes. Rappel sur le statut juridique coutumier des morts en Afrique: le statut du cadavre diffère selon que l´on se situe sous le prisme du droit civil hérité de la France ou sous une optique de droit coutumier. En France, on considère que «le cadavre n´est pas une personne, ni en survie, ni en continuation de sa propre personne de défunt» [7]. Pour la doctrine majoritaire, la dépouille mortelle est clairement une chose [8], même si on lui reconnait, pour un temps, les attributs d´une personne [9]. La chosification de la dépouille mortelle a pour conséquence d´en faire un objet de peu d´égards, même s´il mérite respect [10]. Quoique la catégorisation du cadavre en chose ne fasse pas l´unanimité [8], elle se fonde notamment sur l´idée qu´en droit civil, la personnalité juridique qui confère aux êtres humains leur qualité de sujet de droit commence à la naissance et s´achève avec la mort, faisant passer le défunt du statut de personne à celui de chose. En Afrique et au Cameroun, la mort n´est pas vue comme la cessation de la vie, mais comme une simple mutation, un changement de uploads/Geographie/gestion-securisee-des-depouilles.pdf
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- Publié le Mar 05, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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