PROBLÈMES THÉORIQUES DE LA TRADUCTION M.EL‐HIMER FPS UCA Face à d’innombrables
PROBLÈMES THÉORIQUES DE LA TRADUCTION M.EL‐HIMER FPS UCA Face à d’innombrables tracas de la traduction, la traductologie va jusqu’à remettre en cause la possibilité et par conséquent à renier la légitimité, de toute opération de translation; Singulièrement quand il s’agit de la traduction, la réflexion commence d’abord par s’interroger sur la possibilité même de cette pratique qu’elle prend pour objet ; bien que la tendance prédominante est de conclure à l’impossibilité théorique du traduire. (Ladmiral, 1994 : 75); Une série d’obstacles insurmontables font que la traduction déboucherait inévitablement sur un échec. M.EL‐HIMER FPS UCA 1. Les contraintes lexicales de la traduction M.EL‐HIMER FPS UCA À supposer que la traduction se réduise à un simple transcodage de mots d’une langue dans une autre, cette opération se heurte, elle même, à d’innombrables problèmes difficiles à résoudre; « aucun lexique n’étant organisé identiquement, la relation entre les termes appartenant aux deux ensembles que constituent le lexique de la langue de départ et celui de la langue d’arrivée n’est pas une application. » (A. Roman, 1986 : 11); L’application est une correspondance qui, à chaque élément de la langue de départ, associe un et un seul élément de la langue d’arrivée et vice-versa; Cette concordance est illusoire; « Tout système linguistique renferme une analyse du monde extérieur qui lui est propre, et qui diffère de celle d’autres langues ou d’autres étapes de la même langue. » (Mounin, 1963 : 73); M.EL‐HIMER FPS UCA L’absence d’un quelconque isomorphisme entre les langues provient également de la distinction des mondes réels à exprimer; D’un côté, les langues ne perçoivent identiquement pas les mêmes objets de la réalité; « Les langues, malgré certaines apparences, n’analysent pas de la même manière une même donnée objective » (Mounin, 1963 : 48); Chaque langue dissèque la même réalité extralinguistique à sa manière; Le même spectre physique de la lumière solaire par exemple ne subit pas le même découpage dans les langues différentes; La nomination des couleurs n’est pas forcément la même dans des langues différentes. Par exemple, le vert, le gris et le bleu portent le même nom en langue amazighe, le nom « Azegza » en l’occurrence; M.EL‐HIMER FPS UCA Nous ne percevons le même monde extralinguistique qu’à travers la couleur et la forme des verres d’une langue particulière; « En bref, nous pensons un univers que notre langue a modelé » (Mounin, 1963 : 49). De l’autre côté, les obstacles à la traduction résident également dans le fait que certains objets et notions à traduire peuvent être absents dans la langue et culture de la langue cible; Mounin (1963) nous fait remarquer que, rien qu’avec la traduction de la nomenclature française du pain, le fossé entre deux mondes est large; Cette nomenclature peut comprendre une cinquantaine de mots : M.EL‐HIMER FPS UCA « la baguette (et la baguette sur plaque), le boulot, la chenille (à La Ciotat), le chemin de fer (à Saint-Chamas), le coupé, la couronne, Yépi, le fendu (le petit, le gros ou le grand), le fil de fer (à Saint-Chamas), la ficelle, la flûte (l’ordinaire, la longue, la ronde, la coupée), la fougasse, le fuseau, la fusée (ces deux derniers ne sont pas synonymes), le gressin, le grichon (à Serres), le kilomètre (à La Ciotat), le longuet, la main, le marseillais, le pain d’Aix, le pain de mie, le pain mousseline (à La Ciotat), le restaurant (et le restaurant sur plaque, le restaurant moulé, le restaurant au ciseau ou charleslon), la rosace, le roulé, le saucisson, le seiglon (à Marseille), la tête d’Aix, la tière, la tresse, la torsade, le tordu, la tomate. » (Mounin, 1963 :65). M.EL‐HIMER FPS UCA Mounin (1963) déclare que ces termes correspondent à des objets qui différent par la matière, le poids, la cuisson, la forme et/ou autres; Cette subdivision nuancée en langue française est loin d’être transposée en arabe; La gamme de la nomenclature de certains objets en arabe n’est pas aussi vaste pour pouvoir répondre à ce besoin de traduction et vice-versa; Inversement, les mondes extralinguistiques ne subissant pas le même découpage linguistique, comment traduire de l’arabe le recueil de nominations associées au désert, au lion à l’épée, aux cérémonies de mariage et de culte dans un autre monde non équivalent; Le traducteur n’a donc qu’à estimer le poids de chaque mot dans la langue de départ et s’efforcer de les convertir en poids équivalents; M.EL‐HIMER FPS UCA Larbaud (1946 : 82) définit le métier du traducteur comme celui d’un peseur de mots; « Il est tout à fait évident que ni une traduction avec un mot étranger synonyme ni un dessin ne sont suffisants pour la description du sémème d’un mot. Même si nous voyons les choses que le mot dénote, nous ne connaissons pas les traits de ces choses auxquelles les indigènes ont l’habitude d’accorder leur attention » (Hattori, in Mounin, 1963 : 180); Même les chiffres qui subissent une subdivision identique prêtent à confusion; Le nombre sept par exemple qui a une grande connotation religieuse dans la culture arabo-musulmane pourrait subir une déformation au cours de la traduction; Dans les Mille et une Nuits, Antoine Galland l’a traduit par le nombre quatre dans « quatre serrures » renvoyant aux sept cadenas qui renferment la cage de la maitresse du génie. M.EL‐HIMER FPS UCA Pis encore, « Les fréquences différentes des termes du texte doivent également être traduites, parce qu’elles sont également significatives si elles sont de l’auteur. » (A. Roman, 1986 : 12); La récurrence d’un mot dans le texte n’est pas toujours fortuite. M.EL‐HIMER FPS UCA 2. Les contraintes syntaxiques de la traduction M.EL‐HIMER FPS UCA Une autre difficulté s’opposant aux manœuvres du traducteur est d’ordre syntaxique; « La syntaxe a fourni des arguments de poids, peut être même les plus difficilement réfutables, contre la possibilité de traduire » (Mounin, 1963 : 251). Il existe une forte corrélation entre la pensée d’un peuple et la structure de sa langue; Il estime que « Quand Masson-Oursel, entre autres philosophes, écrit que « chaque société a pour logique les raisonnements que lui inspire la syntaxe de son langage » — et quand Marcel Cohen reprend cette affirmation pour préciser que « chaque peuple a la logique que révèle la syntaxe de son langage. » » (Mounin, 1963 : 48); Une langue peut négliger ce qu’une autre met en relief, et peut condenser ce qu’une autre divise: M.EL‐HIMER FPS UCA Les difficultés relèvent de l’hétérogénéité des syntaxes de la langue source et cible; Comment peut-on passer deاالسم و الفعل و الحرف « »le nom, le verbe et la particule dans une autre langue ayant au moins huit parties du discours et vice-versa ? Comment établir une correspondance entre une langue qui ne fait du temps que trois divisions,الماضي و المضارع و األمر « »le passé, le futur et l’impératif, et une autre qui en possède plusieurs sans compter le mode et l’aspect ? Comment opérer la restitution des pronoms entre deux langues qui n’en font pas la même répartition ? « toutes les langues possèdent des pronoms, la langue arabe en a moins que la langue française, d’où nécessairement, par là même, une répétition plus grande de ses noms » (1986 : 12); M.EL‐HIMER FPS UCA La question de la catégorie du nombre accentue également la difficulté du transfert entre les langues; Le duel n’a pas d’équivalent dans la syntaxe française; Une réponse à la question « de l’incommensurabilité des langues, et singulièrement de l’interpénétrabilité de leur syntaxe » (Mounin, 1963 : 253), est suggérée par des tentatives d’instaurer des universaux de la syntaxe; « si l’on a toujours pu traduire, en dépit de l’hétérogénéité quelquefois radicale des syntaxes, c’est parce que, sous les différences voyantes entre ces syntaxes, il doit exister des universaux de syntaxe. » (Mounin, 1963 : 252); M.EL‐HIMER FPS UCA 3. Les contraintes culturelles de la traduction M.EL‐HIMER FPS UCA La multiplicité des composantes qui concourent à la formation du sens rend délicat tout transfert véritable d’une langue dans une autre; « Le sens d’un énoncé restait inaccessible, on ne pourrait jamais être certain d’avoir fait passer ce sens d’une langue dans une autre. » (1963 : 21); Pour traduire par exemple l’expression arabe :أشھرمن على نار « علم ,»il faut mobiliser tout un contexte socioculturel qui a concouru à sa création; L’expression est indissociable du processus génératif qui lui a donné naissance; L’expression «مصائب قوم قوم عند فوائد »est intimement liée à la littérature de la poésie; L’expression « مع إن العسر يسرا »est indissociable d’une religion; M.EL‐HIMER FPS UCA La difficulté va crescendo, si nous nous intéressons plus au transfert des culturèmes; Ce mot, forgé par analogie au phonème, morphème, lexème, sémème…, renvoie aux plus petites unités porteuses d’informations culturelles; « L’unité minimale porteuse de cette information s’appelle le culturème. » (Cuciuc, 2012 : 139); Ce concept théorique est défini avec précision et par opposition aux autres dénominations linguistiques qui lui sont proches telles que connotation, allusion, unité de traduction, et autres, par Lungu-Badea (2009); Son transfert présente de nombreuses difficultés puisque uploads/Geographie/ 3problemes-theoriques-de-la-traduction 1 .pdf
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- Publié le Sep 13, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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