QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37 , RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - N° 6970 VE
QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37 , RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - N° 6970 VENDREDI 10 - SAMEDI 11 JUILLET 2015 - ALGÉRIE 20 DA - FRANCE 1,30 € - GB 1£ 20 - ISSN 1111- 4290 LIBERTE LE DROIT DE SAVOIR, LE DEVOIR D’INFORMER Les dix millions d’euros de pots- de-vin frappés de prescription P .9 AFFAIRE ALGÉRIE TÉLÉCOM RÉSULTATS DU BAC 2015 Un taux de réussite de 51,36% P .8 LIGUE DES CHAMPIONS D’AFRIQUE, CE SOIR À PARTIR DE 22H30, AU STADE MESSOUAD-ZEGHAR D’EL-EULMA : MCEE-ESS Grand enjeu pour un derby inéditP .14 Moumen Khelifa introduit un pourvoi en cassation P .9 CONDAMNÉ À 18 ANS DE RÉCLUSION CRIMINELLE “Notre ministère n’est pas celui des pensions et des licences de taxi…” P .10 LE MINISTRE DES MOUDJAHIDINE À ORAN AF AF LES BLOCAGES POLITIQUES ET L’AGGRAVATION DES VIOLENCES ARMÉES MENACENT LA LIBYE DE PARTITION Dialogue interlibyen : les limites de la démarche onusienne P .13 MALGRÉ LES DISCOURS ET LES MESURES “RASSURANTES” DES AUTORITÉS TUNISIENNES Les Occidentaux appellent leurs touristes à quitter la TunisieP .13 Ghardaïa : le gouvernement dos au mur P .2/3/4 et 6 LA GESTION DU CONFLIT EST CRITIQUÉE DE TOUTE PART Makri renoue "le dialogue" avec le pouvoirP .6 REÇU EN AUDIENCE JEUDI PAR AHMED OUYAHIA M Mehenni/Liberté DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL MEHDI MEHENNI Louiza Archives/Liberté Zehani Archives/Liberté AFP Vendredi 10 - Samedi 11 juillet 2015 2 LIBERTE Dossier GHARDAÏA : LE GOUVERNEMENT DOS AU MUR VOYAGE AU CŒUR DE LA VALLÉE DU M’ZAB, AU LENDEMAIN DU MASSACRE À Berriane, sur les chemins de la mort Sur les visages des quelques silhouettes rasant encore les murs, l'inquiétude et la méfiance se lisent sans grand effort. Certains changent constamment de trottoir. Comme pour fuir leur ombre. Même les palmiers, pour ceux qui tiennent encore debout sur les deux abords de la RN1, n'inspirent pas confiance. Quelqu'un peut toujours surgir de nulle part. J eudi 9 juillet 2015. Agglomération de Bellili, à 120 km de Ghardaïa. Une vil- le paisible. Beaucoup de chantiers en construction, mais visiblement à l'ar- rêt. Il est 11h30 et le thermomètre af- fiche les 36° C. L'étendue des terres arides court derrière des montagnes abruptes qui fuient loin, à l'horizon. Rien n'indique qu'à quelques dizaines de kilomètres de là, des cadavres gisent dans des flaques de sang. Des citoyens algériens qui se livrent la guerre et qui meurent dans la douleur. De la sueur coule sur le front de So- fiane, le compagnon de route. L'idée de traver- ser bientôt la ville de Berriane l'angoisse. Le cli- mat est plutôt sec qu'humide. C'est vraisem- blablement le stress qui le fait transpirer. La veille, mercredi, des individus inconnus, à bord d'un 4X4, ont ouvert le feu sur deux Mozabites dans le secteur agricole de Mechata, dans la pé- riphérie de Berriane. Des témoins parlent d'armes de guerre et les deux victimes seraient dans un état critique. “Et si nous tombions face à face avec eux ?”, fait-il part de ses inquiétudes. Sofiane semble avoir une pensée furtive pour sa petite famille. Particulièrement son fils aîné. Il a 11 ans et il vient de réussir l'examen de 6e. Depuis le dé- part d'Alger, il n'a pas cessé de parler de lui. Mais bientôt, l'idée de ne pas porter la typique chéchia mozabite le réconfortera. Cela ne fait pas de lui une cible privilégiée. La plaque d'immatriculation du véhicule aidant, il met ses Ray-Ban, quoique contrefaites, pour bien faire Algérois. Il ne faut surtout pas paraître de la région. Encore moins passer pour un Mo- zabite. Il est 12h30. Sur une plaque qui porte encore les souillures d'une semaine de vio- lences, Berriane souhaite la bienvenue aux pas- sagers. Plutôt drôle. Des pneus et autres objets carbonisés sont encore dispersés, par en- droits, sur la chaussée. “Tu ne trouves pas qu'il y a peu de circulation automobile ? Nous sommes pratiquement seuls sur la route”, fait remarquer Sofiane qui commence à adopter des gestes brusques. C'est la montée d'adréna- line. La ville est d'un silence funéraire. Sur les visages des quelques silhouettes rasant enco- re les murs, l'inquiétude et la méfiance se lisent sans grand effort. Certains changent constamment de trottoir. Comme pour fuir leur ombre. Même les pal- miers, pour ceux qui tiennent encore debout sur les deux bords de la RN1, n'inspirent pas confiance. Quelqu'un peut toujours surgir de nulle part. Il y a quelques jours, quatre Moza- bites qui traversaient cette localité, à l'aube, ont été brûlés au moyen d'un cocktail Molotov ba- lancé dans leur véhicule par des individus in- connus. u souvenir de cet incident, le compagnon de route ne manquera pas de réflexe pour faire monter les vitres. Et n’oublie pas de ver- rouiller aussi les portes. Non loin, une façade calcinée qui porte désormais les couleurs sombres du sinistre témoigne d'un drame humain. Des visages d'âmes damnées semblent encore s'accrocher aux murs dénudés et dire à ceux qui y posent leur regard : “Partez, fuyez au loin.” Entendu. En face, la carcasse d'une voiture saccagée, incendiée et renversée, est abandonnée sur la voie publique. Sur le mur d'à côté, un graffiti en pein- ture rouge baptise le lieu ensanglanté : “Sahl Oued M'zab”. C'est exactement ici que des affrontements d'une violence inouïe avaient écla- té mardi dans la matinée. Deux personnes âgées res- pectivement de 30 et 40 ans ont succombé à leurs blessures. L'une d'elles était père de famille. Place du marché. Enfin un commerçant. Plutôt un marchand ambulant. Une fourgonnette en stationne- ment. Un parasol qui n'ai- de pas à garder les fruits frais. La chaleur va crescen- do pendant que le vendeur s'ennuie de la rareté des clients. Un chien errant tourne autour de lui et ten- te de mordre sa queue. La chaleur et les mouches le font souffrir. À chacun son malheur. Des policiers an- tiémeutes sont abrités sous une bâtisse qui tient partiellement debout. Ils sont une dizaine et ils se déplacent fréquem- ment, recherchant sans cesse un coin d’ombre. Ils sont peu nombreux sur la route nationale traversant la ville. Le plus grand nombre a élu domicile à l'intérieur des quartiers. Une dé- marche dissuasive. À la sortie, Berriane souhaite bonne route à ses visiteurs. Il était temps. Les quelques kilomètres parcourus semblaient être une éternité. La vil- le de Ghardaïa accueille à son tour. 40 km à parcourir. La tension baisse. Le visage de So- fiane retrouve un peu de ses couleurs. La vi- gilance reste de mise. M. M. M. Mehenni/Liberté Les affrontements à Sahl Oued M’zab, à Berriane, avaient fait deux morts mardi dernier. L’ horreur a désormais un visa- ge et ses traits se dessinent aux portes ensanglantées de Guerrara, à 120 km au nord-est de Ghardaïa. À première vue, c’est une ville fantôme où les forces obscures rodent toujours. Leur présence se fait sentir par la peur et la terreur. Le car- nage dont ont été victimes 19 per- sonnes mercredi matin, pèse tou- jours sur la ville. Un climat lourd. Étouffant. À l’entrée, un pompiste renvoie deux automobilistes de la station-service.“J’ai reçu ordre de ne pas servir de carburant. Voici le commandant de la gendarmerie là- bas, dans son véhicule. Il faut lui de- mander l’autorisation”, explique-t-il. À la tête d’une importante file de 4X4 et fourgons blindés, le gendarme en chef est plutôt abordable. Il donne son accord pour ceux qu’il ne soup- çonne pas d’utiliser l’essence pour des usages prohibés, notamment le cocktail Molotov. Le convoi des gendarmes antiémeutes a l’air de se préparer pour une manœuvre. Certains agents grincent des dents. Ils sont visiblement à bout de nerfs. C’est bientôt la fin de la prière du vendredi, heure à laquelle les affron- tements entre Chaâmbis et Moza- bites sont particulièrement redoutés. Les rideaux des commerces sont baissés. Des citoyens affirment que les propriétaires n’ont pas l’intention de rouvrir de sitôt. Au centre-ville, le temps semble être figé. On le de- vine, une seule image hante encore les esprits : l’horreur d’un mercredi noir. Depuis jeudi soir, assure Ha- mou Oujana, membre actif de la so- ciété civile, un couvre-feu a été dé- crété. La gendarmerie embarque tous ceux qui s’aventurent dans la rue au-delà de 22h. “Ce qui s'est passé à Guerrara est ty- pique. C'est une région où la contes- tation n'a pas sa place. C'est une vil- le disciplinée. Ce qu'il y a eu comme morts en une année à Ghardaïa, on l'a enregistré en une seule matinée à Guerrara. Il y a quelque chose qui se joue localement mais qui ne concer- ne pas la région”, soupçonne Dadi Nounou, membre du Comité de coordination et de suivi des Moza- bites (CCS). Au fond de la ville, un quartier déshabillé de ses murs. Il s’agit de haï Mahmoud. 25 familles y ont vu brûler leurs maisons. Elles occupent, un peu plus loin, une école primaire du nom de haï Asmar. Des cris proviennent de l’intérieur d’une salle de cours. Il s’agit d’une mère de famille traumatisée. C’est la plus chanceuse, uploads/Geographie/ 6-6970-9c7410fc-pdf 1 .pdf
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- Publié le Jui 27, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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