UNCORRECTED PROOF À L’AUBE DE L’ÉGYPTOLOGIE HELLÉNIQUE ET DE LA CONSITUTION DES

UNCORRECTED PROOF À L’AUBE DE L’ÉGYPTOLOGIE HELLÉNIQUE ET DE LA CONSITUTION DES COLLECTIONS ÉGYPTIENNES: DES NOUVELLES DÉCOUVERTES SUR GIOVANNI D’ANASTASI ET TASSOS NÉROUTSOS Vassilis I. Chrysikopoulos Introduction Dans le cadre de la recherche poursuivie dans des archives inconnues et des biblio- thèques1, en Grèce et ailleurs, notre effort est centré, d’une part sur la présentation de l’oeuvre égyptologique des scientifiques Grecs et, d’autre part sur la détermination d’éléments permettant de retracer les étapes de la constitution des collections acquises par des Grecs et données ou vendues à des musées européens. On examinera ainsi de nouveaux éléments concernant la vie et l’œuvre de deux figures importantes liées à l’Égyptologie: Tassos Néroutsos et Ioannis Anastasiou, ce dernier plus communément connu comme Giovanni d’Anastasi2. Ioannis Anastasiou ou Giovanni d’Anastasi Une biographie complète sur Anastasiou manque. Pourtant certains aspects de sa vie et de ses activités apparaissent souvent à des articles ou des livres, de manière éparse et uniquement dans le but de démontrer la vérité de tel ou tel argument. Les contribu- tions ainsi apportées jusqu’à maintenant (à titre d’exemple citons par ordre chronolo- gique: Hayes 19383, Warren 19494, Reid 20025) sont sérieuses et ont servi la cause 1 Je tiens à remercier très chaleureusement la directrice de la Bibliothèque Nationale de Grèce, Madame Aikaterini Kordouli qui m’a permis d’étudier l’important dossier d’archives de Tassos Néroutsos et d’en reproduire ici des photos de sa correspondance avec A. Mariette, C. Leemans, H. Brugsch et A. Wiedemann. Grande est notre dette envers le ‘Archive Littéraire et Historique Hellénique’ (E.L.I.A.) basé à Athènes et son président M.M. Haritatos pour la possibilité d’étudier pendant longtemps les archives des Grecs d’Egypte. 2 Sur l’origine du nom d’Anastasiou comme étant le fils d’un certain Anastasios, voir Aik. KARIZONI- Hekimoglou, ‘Komis d’Anastasis. O afanis patriotis’, Makedoniki Zoi 331, (Déc. 1993), 15-7. 3 W.C. HAYES, ‘A writing-palette of the chief steward Amenhotpe and some notes on its owner’, Journal of Egyptian Archaeology 24 (1938), 14-5. 4 W.R. DAWSON, ‘Anastasi, Sallier, and Harris and their Papyri’, Journal of Egyptian Archaeology 35 (1949), 158-60. 5 D.M. REID, Whose pharaohs? Archaeology, Museums, and Egyptian National Identity from Napoleon to World War I (Cairo, 2002), 38. UNCORRECTED PROOF 2 V.I. chrysikopoulos qu’elles défendaient. A cela, il convient d’adjoindre une première biographie, en grec, toutefois, publiée en 19386 par le grec K. Parasyras qui diffère des autres en ce que l’auteur utilise de nombreuses références et fait un effort analytique qui, étant donné la période, est assez poussée mais toujours loin d’être complet. Chr. Hatziiossif en 19807 décrit le commerce européen de l’époque dans lequel Anastasi est un protagoniste indiscutable. H. Schneider, en 19918, exploita de manière ingénieuse les éléments tirés de la correspondance de Reuvens ou de Humbert issue des fonds d’archives relatifs à l’acquisition de la collection d’Anastasi en 1828 par le musée de Leyde. Origine et famille Ioannis Anastasiou était un Grec9 d’origine macédonienne, originaire soit de Thessa- lonique, soit de la ville de Serres. Sa naissance, si l’on se fie au registre officiel des morts de la Communauté Hellénique d’Alexandrie, date de 176510, car son âge à son décès est de 95 ans en 1860, lorsqu’il fut inhumé à Alexandrie au cimetière grec orthodoxe de la ville. Pourtant, la date donnée dans www paraît la plus convaincante et la vérité doit se situer au milieu, entre les 80 ans du www et la datation consignée à Alexandrie11. Sur le père et la mère d’Anastasi, on ne connaît pratiquement rien, si ce n’est que son père était pourvoyeur de l’armée de Napoléon et que, après la défaite des Français et leur départ d’Égypte, il perdit tout ce qu’il avait et mourut peu après. En sus, d’Anastasi est mentionné dans le Who was Who in Egyptology comme «… son of a Damascus merchant». Giovanni d’Anastasi fut un homme très énergique. Devenu consul général de Suède et de Norvège grâce au commerce de céréales qu’il ménait, Anastasi était lié à B. Drovetti, consul général de France et céda à Champollion, en 1828 ses droits de fouille12. Lepsius et la mission prussienne doit sa connaissance à 6 K. PARASYRAS, ‘Komis Ioannis d’Anastasi’, Ekklisiastikos Faros 37 (1938), 3-15. 7 Chr. Hadgiiossif, La Colonie grecque d’Egypte 1815-1830, thèse de doctorat (Inédite), Université Paris IV, Sorbonne, EPHE IV (Paris, 1980) et surtout pp. 113-4, 119 (tableau III), 120 en n. 1. 8 H.D. SCHNEIDER, ‘Egypt outside Egypt: The Leiden Chapter’, in: C. MORIGI-Govi, S. CURTO et S. PERNIGOTTI (eds.), L’Egitto fuori dell’Egitto: Dalla riscoperta all’Egittologia (Bologna, 1991), 391-402. 9 Une confusion couvre l’origine d’Anastasi en lui attribuant parfois une origine armènienne. Une lettre de la commission hellénique d’Alexandrie parle de l’acclamation de la part de la famille d’Anastasi après sa mort de revendiquer la part de son héritage. Pour son lieu d’origine voir, Karizoni-Hekimoglou, Make- doniki Zoi 331, (Déc. 1993), 17-9. Je tiens à remercier le Prof. Euth. Souloyiannis grâce à qui j’ai pu connaître un membre de la famille d’Anastasi à Athènes. Plus particulièrement, il s’agit de sa lointaine nièce, Madame Niovi Mela, qu’elle possède encore aujourd’hui des bizoux que d’Anastasi offrit à des membres de sa famille lors d’une de ses voyages à Athènes. 10 Et donc pas forcement de 1780 comme dans ‘Anastasi Giovanni’, in: Bierbrier (ed.), Who was who in Egyptology, 3rd rev. ed. (London, 1995), 15. 11 Opinion (communication personnelle dont je le remercie) que partage aussi M.M.L. Bierbrier. 12 J.-F. FIECHTER, La moisson des dieux (Paris, 1994), 187; aussi pour statut de consul confirmé de nou- veau par lettre de St Quintius à Drovetti de 1824, voir S. CURTO et L. DONATELLI (eds.), Drovetti Epistolario (1800-1851) (Milan, 1985), 291: ‘quella mummia sia quella che possedeva il signor console Anastasy’. UNCORRECTED PROOF à l’aube de l’égyptologie hellénique  3 Mohamed Ali et concession de fouille à Anastasiou13. Il avait un frère, Petros, mort après lui, donc après 1860 et une sœur dont on ne connaît pas le nom — peut-être Pénélope comme on verra plus bas —, et dont la fille épousa Étienne Zizinia14. On sait que d’Anastasi avait libéré des centaines des Grecs de l’esclavage après l’invasion destructrice d’Ibrahim Pasha dans le Péloponnèse. Parmi ces Grecs, d’Anastasi finit par adopter une jeune fille, Marie, qui, par la suite épousa Vincent Benedetti, consul de France en Egypte de 1840 à 1845. On retrouve plus tard, en 1868, Marie établie à Paris grâce à une lettre du comité d’Alexandrie lui demandant de soutenir la rénovation et l’embellissement du cimetière de la communauté hellénique d’Alexandrie15 où son père était aussi inhumé. D’Anastasi devait avoir un deuxième enfant selon Saint Elme16. De même, on apprend le nom d’une nièce d’Anastasi, Eleni Savvati, par une autre lettre du Comité de la Communauté hellénique d’Alexandrie17. Sa fortune, lorsqu’il disparut en 1860, fut divisée par 40. Le 1/40e de l’immense fortune était laissé à Petros d’Anastasi et un autre 1/40e à son domestique arabe fidèle qui n’a pas laissé apparemment de famille derrière lui après sa mort; ainsi, sa partie 13 Dawson, Anastasi, 159 et n. 4. 14 Bierbrier, www3, 457. 15 Archives «E.L.I.A.», Dossier ‘D’Anastasi’ du 12/24 novembre 1868 (Lettre no 129). 16 Saint Elme, La contemporaire en Egypte (Paris, 1831), 260. 17 Archives «E.L.I.A.», Dossier ‘D’Anastasi’ du 12/24 novembre 1868 (Lettre no 130); toutefois, on ne saurais dire le lien précis de parenté entre les deux. Giovanni d’Anastasi – Portrait à l’huile à la possession de la famille du Comte Benedetti (photo empruntée par la revue alexandrine Panaigyptia 34 (1931). UNCORRECTED PROOF 4 V.I. chrysikopoulos La tombe d’Anastasi au cimetière Grec-Orthodox d’Alexandrie (© Euth. Souloyiannis). UNCORRECTED PROOF à l’aube de l’égyptologie hellénique  5 de la fortune de son maître passa à la communauté hellénique d’Alexandrie18. Anastasi légua aussi sûrement une partie importante de sa succession à la communauté hellé- nique d’Alexandrie. Son côté de bienfaiteur Anastasi le devait à son caractère exceptionnellement vigou- reux et solide qui fit de lui un entrepreneur plein d’humanité. L’attestation la plus ancienne de son nom remonte environ à 1812, date où il est mentionné parmi le noyau des Grecs d’Alexandrie et du Caire qui est venu en Égypte de Grèce en quête d’une meilleure vie. En 1827-1828, le Grec collectionneur avait déjà 16 ans derrière lui «of buying, exchanging and excavating» en Egypte, selon Schneider19. N’oublions pas qu’à cette époque encore peu sont les Grecs jouissant de la confiance de Mohammed Ali qui vient d’acquérir du pouvoir et d’être Vice-Roi d’Egypte. Raison de plus pour la faveur dont bénéficia d’Anastasi qui venait d’une région près de la ville de Kavala du nord de la Grèce, où Mohamed Ali naquit, ce qui constitue en soi un argument de poids à l’avantage du Grec, comme fut le cas pour les Tossizza, Stournari, Zizinia, etc. Telle est l’influence de ces grands négociants grecs d’Alexandrie que, à titre d’exemple ils vendent le coton jusqu’en 1829 en Europe pour le propre compte de Mohamed Ali. Ainsi, à Marseille exportent la maison française «Pastré frères» et les maisons grecques Etienne Zizinia», «Jean d’Anastasi» et «Tossizza frères et uploads/Geographie/ a-l-aube-de-l-egyptologie-hellenique-et.pdf

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