Dossier de presse Jeudi 15 octobre 2020 Remise par les autorités françaises d’o

Dossier de presse Jeudi 15 octobre 2020 Remise par les autorités françaises d’objets archéologiques Musée des Civilisations de l‘Europe et de la Méditerranée Dossier de presse « S’en prendre à des sites rupestres de cette façon, c’est très exactement comme si l’on extrayait au marteau piqueur de petits morceaux de la grotte de Lascaux pour les vendre ! » Jean-Loïc Le Quellec Directeur de recherche émérite à l’Institut des Mondes africains Dossier de presse - 15 octobre 2020 4 Préambule 05 06 Saisie et remise des objets archéologiques 09 l’action de la france dans la lutte contre le trafic de biens culturels et la protection du patrimoine en danger 20 Le nouveau règlement 2019/880 du 17 avril 2019 Les circonstances des 3 saisies Le rôle de la douane en matière de lutte contre les trafics de biens culturels Note sur les pièces exposées, échantillon représentatif de la collection Le rôle et l’action du ministère de la culture Le rôle du ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) 22 Les listes rouges ICOM 6 7 9 17 19 23 le Musée des civilisations de l’europe et de la méditerranée 5 Dossier de presse - 15 octobre 2020 Préambule Les objets restitués touchent essentiellement à la préhis- toire et à la paléontologie. Ils forment un lot très impres- sionnant par son volume et par le nombre de pièces, mais pour juger de son importance réelle, il convient de tenir compte du fait que les pièces saisies résultent d’un pillage systématique, et non de découvertes fortuites occasionnelles. Dans tous les cas, il s’agit d’une sélection systématique- ment opérée dans de très vastes régions pour prélever des pièces considérées comme attractives pour les col- lectionneurs. Un choix est donc effectué sur les sites en faveur des pièces les plus volumineuses, ou les plus spec- taculaires, sans aucun égard pour leur valeur scientifique. Par exemple, les sites préhistoriques ainsi exploités sont très généralement des sites de surface, situés en zone saharienne ou présaharienne, où il est particulièrement facile de les arpenter pour s’emparer des pièces les plus visibles. Ce que les pilleurs ignorent, de même que, gé- néralement, le grand public, c’est qu’une fois que ces pièces ont disparu du site, celui-ci perd une grande part de son intérêt, et que les pièces elles-mêmes sont dé- nuées de toute valeur informative si elles ne sont pas précisément documentées. Si l’une des boîtes est rem- plie, par exemple, d’objets taillés pédonculés, un préhis- torien y reconnaîtra sans peine ce que les spécialistes appellent des « pièces atériennes », caractéristiques d’une culture paléolithique typique de la moitié nord de l’Afrique, et appelée « Atérien ». Mais cela ne nous ap- portera aucune information nouvelle: nous savions déjà que l’Atérien existe dans cette région. Par contre une étude détaillée des sites où ces objets ont été prélevés aurait eu des chances de nous informer, par exemple, sur l’usage de ces objets, sur l’organisation sociale des groupes qui les utilisaient, sur leur contexte environne- mental, etc. Mais pour cela, encore faut-il que tous les objets du site restent en place, et qu’ils ne soient pas dé- placés, et encore moins prélevés. Il en est de même pour toutes les pièces préhistoriques présentées ici: elles ne nous apportent aucune information nouvelle, alors que sur leurs sites de provenance, elles auraient pu contri- buer à enrichir notre connaissance du passé. Autre exemple: les haches polies et les meules, dont l’abondance montre que des dizaines de sites ont été «écrémés» pour y ponctionner les objets les plus remar- quables, ce qui rend lesdits sites impossibles à étudier. Nombre de ces haches sont réalisées dans des roches métamorphiques dont les géologues savent souvent identifier la provenance précise, ce qui permet ensuite aux préhistoriens de reconstituer des voies commer- ciales préhistoriques. Mais une fois que ces objets sont sortis des sites, et sans localisation exacte indiquée, cela devient impossible, et ce sont alors des pages entières de l’histoire du pays qui sont définitivement effacées. C’est particulièrement dommageable en ce qui concerne les sites sahariens, dans un milieu particulièrement fragile dont l’évolution est très importante à étudier dans le cadre des changements climatiques sur le long terme. S’agissant des meules, dont plusieurs figurent aussi parmi les objets restitués, on sait maintenant retrouver à leur surface des restes végétaux ou minéraux microscopiques permettant de préciser à quoi elles ont été utilisées… mais une fois que les objets se sont frottés les uns contre les autres dans une boîte, ou bien qu’ils ont été énergi- quement lavés pour les rendre plus « présentables » aux yeux des collectionneurs, cette possibilité disparaît. Le pire concerne les gravures rupestres, dont plusieurs exemplaires se trouvent malheureusement dans ce lot. Il faut bien réaliser que pour obtenir de tels fragments, il faut détruire de larges parties des sites. Pour chaque gravure rupestre ou fragment de gravure récupéré, de nombreuses gravures du site sont irrémédiablement détruites ou endommagées au cours du processus de prélèvement. S’en prendre à des sites rupestres de cette façon, c’est très exactement comme si l’on extrayait au marteau piqueur de petits morceaux de la grotte de Las- caux pour les vendre! Et une fois de plus, l’absence de localisation rend toutes ces pièces inutilisables du point de vue scientifique. En fait, on peut dire que l’une des conséquences du pillage est que des documents riches d’information à l’origine sont subitement transformés en cailloux sans valeur. Il résulte de tout cela que le préjudice causé par ces pil- lages dépasse donc de loin la seule accumulation des objets présentés. Dans ces conditions, la restitution de ces objets revêt une importance toute particulière. C’est en effet une occasion pour informer et sensibiliser le public sur cette forme méconnue de destruction d’un patrimoine qui n’est pas que matériel, puisque les objets doivent être considérés surtout comme des supports d’information sur notre passé plus ou moins lointain. Puisque ces objets ont désormais perdu leur valeur scientifique, alors il convient de retourner la situation et de l’optimiser au mieux pour au moins faire œuvre de pédagogie. Par exemple, ils pourraient être utilisés pour constituer des « coffrets pédagogiques » à destination des écoles, ou monter de petits musées scolaires, afin que les enfants puissent apprendre à reconnaître les principaux différents types d’objets concernés. Des musées communaux, ou des centres d’interpréta- tion à proximité des sites rupestres pourraient égale- ment utiliser certaines de ces pièces à des fins de sensi- bilisation du grand public et des communautés locales. De même, ces objets seraient de la plus grande utilité pour contribuer à la formation de toutes les personnes, fonctionnaires, employés, etc., susceptibles d’être en contact avec des sites ou d’être témoins de pratiques douteuses à leur égard. Pour ma part, je me réjouis d’avoir très modestement pu contribuer aux opérations qui aboutissent aujourd’hui à cette restitution. Jean-Loïc Le Quellec Directeur de recherche émérite à l’Institut des Mondes africains Dossier de presse - 15 octobre 2020 6 Les circonstances des 3 saisies  Réalisée à Marseille le 15 novembre 2005 : les agents de la brigade d'Arles interceptent lors d’un contrôle à la circulation un véhicule conduit par un ressortissant marocain, à bord duquel ils découvrent un chargement de fossiles et de divers objets d'art africain. Le chauffeur ne pouvant présenter les justificatifs de détention ou de transport réguliers de ces marchandises au titre de l'article 215 ter du code des douanes (CD), le service relève une infraction à l’importation en contrebande de marchandises prohibées, et procède à la saisie de 14 018 pièces. Deux jours plus tard, M. Moulet, docteur en biologie et responsable des collections au musée Requien à Avignon expertise les objets et conclue qu'il s'agit d'un ensemble paléontologique d'un intérêt exceptionnel. Le 13 décembre 2005, M. Raimbault, archéologue préhistorien à l'Université d'Aix-en-Provence, confirme l’authenticité du lot en provenance du Maroc, et sa valeur patrimoniale incontestable. Le 18 juin 2007 , l’infracteur abandonne par voie transactionnelle au profit de l’administration des douanes, les pièces archéologiques saisies.  Réalisées à Perpignan en 2005 et 2006 : • Le 8 décembre 2005, les agents de la brigade de Perpignan contrôlent un véhicule conduit par un ressortissant marocain, résident italien, et découvrent plusieurs cartons contenant des pierres polies, des bijoux en pierre et en os et des gravures d'animaux sur pierre. Le chauffeur ne pouvant présenter les justificatifs de détention ou de transport réguliers de ces marchandises, le service procède à leur consignation. 5 jours plus tard, Mme Cretin, technicienne de recherche au service de l'archéologie de la direction régionale des affaires culturelles du Languedoc- Roussillon examine les pièces et conclue que ces objets sont authentiques, d'origine archéologique, les pierres gravées étant les éléments ayant la plus grande valeur. Le service relève une infraction à l’importation en contrebande de marchandises prohibées, et procède à la saisie des 129 objets. L’infracteur étant absent lors de l’audience du 12 juin 2006, par le tribunal correctionnel de Perpignan, le jugement contradictoire est signifié à Parquet étranger le 24 juillet 2007 , qui ne fait l’objet d’aucun accusé de uploads/Geographie/ dossier-de-presse-remise-objets-archeologiques-douanes-maroc 1 .pdf

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