Annales. Histoire, Sciences Sociales Richard Sims French Policy Towards the Bak
Annales. Histoire, Sciences Sociales Richard Sims French Policy Towards the Bakufu and Meiji Japan, 1854-1895 Li Jin-Mieung Citer ce document / Cite this document : Jin-Mieung Li. Richard Sims French Policy Towards the Bakufu and Meiji Japan, 1854-1895. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 57ᵉ année, N. 4, 2002. pp. 1090-1092; https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_2002_num_57_4_280093_t1_1090_0000_2 Fichier pdf généré le 22/03/2019 COMPTES RENDUS 1090 1 - Heather Cox Richardson, The Greatest Nation on Earth: Republican Economic Policies During the Civil War, Cambridge, Harvard University Press, 1997. 2 - Eric Foner, Free Soil, Free Labor, Free Men: The Ideology of the Republican Party before the Civil War, New York, Oxford University Press, 1970. 3 - Eric Foner, Reconstruction: America's Unfinished Revolution, 1863-1877, New York, Harper and Row, 1988. Richard Sims French Policy Towards the Bakufu and Meiji Japan, 1854-1895 Londres, Japan Library, « Meiji Japan Series-3 », 1998, 394 p. L'ouvrage de Richard Sims couvre les dix dernières années du Bakufu (1603-1868) et une grande partie de l'ère Meiji (1868-1914), période de transformation fascinante d'un Japon féodal en un pays moderne, laquelle suscite toujours l'intérêt passionné de nombre d'historiens. Le livre recadre ce contexte historique sous l'angle de la politique française, en prolongeant, à plus long terme, une étude similaire réalisée par Meron Medzini1. Centré sur la politique diplomatique, l'ouvrage de R. Sims traite de tous les aspects des relations franco-japonaises, y compris l'assistance technique, les échanges commerciaux, l'enseignement du français et les influences culturelles réciproques. L'auteur s'appuie sur les archives du Quai d'Orsay, sur des sources japonaises et des publications anglo-saxonnes. L'utilisation d'une riche documentation en langue japonaise est le grand mérite et la force de son ouvrage, accompagnée de notes et de commentaires abondants. Il convient toutefois de remarquer l'absence de certaines thèses non publiées et d'ouvrages français importants2. L'auteur décrit, d'un regard nouveau et synthétique, le faste et le déclin de la présence française au Japon, en filigrane des jeux diplomatiques entre les puissances : luttes pour les influences politique, économique et culturelle, et pour les enjeux territoriaux, la France pour l'Indochine, le Japon pour la Corée. Après la signature des traités en 1858 avec cinq pays occidentaux (États-Unis, Hollande, Russie, Grande-Bretagne, France), le Japon ouvre trois ports au commerce étranger dès 1859: Kanagawa, Nagasaki et Hakodate. Le premier représentant de la France au Japon, Duchesne de Bellecourt, se rend compte des difficultés internes qu'éprouve le régime du Bakufu, devant faire face à deux fronts à la fois : la pression des pays occidentaux pour le maintien de l'ouverture et la lutte contre les partisans de la fermeture du pays. La préoccupation principale des premiers diplomates, comme Bellecourt, consistait à faire respecter les termes des traités. Une des grandes affaires du début fut le bombardement des forts du daimyo de Choshu à Shimonoseki, en septembre 1864, par les forces navales des puissances occidentales, pour punir le daimyo qui faisait obstacle au passage des navires occidentaux dans la Mer intérieure. De cette affaire découle une forte indemnité à payer par le daimyo et le Bakufu, et une convention signée en 1866 sur le tarif douanier uniforme de 5 % pour tous les produits exportés et importés du Japon. Les traités inégaux de 1858, comportant la juridiction consulaire, et la convention de 1866 seront la base des relations du Japon avec les pays occidentaux jusqu'à la fin du XIXe siècle, soit pendant près de quarante ans. Les relations franco-japonaises connaissent une tournure spectaculaire et pittoresque en 1864-1868, à l'initiative personnelle du représentant français, Léon Roches. Homme de caractère, il se démarque de ses collègues, se fait conseiller particulier du shogun, Tokugawa Yoshinobu. Sur les recommandations de Roches, il fait appel à la France pour amorcer la modernisation de son pays. Le Bakufu engage, dès 1865, François-Léonce Verny, avec une quarantaine d'ingénieurs et d'ouvriers, pour construire le premier arsenal du Japon à Yoko- suka. Le Bakufu fait venir également une mission militaire française (au total seize hommes), sous la direction du capitaine Chanoine (futur ministre français de la Défense), en vue d'instruire son armée, mais la mission n'arrive au Japon qu'au début de 1867, au moment où les forces du Sud (Tosa, Satsuma, Choshu) allaient l'emporter sur l'ancien régime. Afin de financer ces projets, Roches et le Bakufu tentent de mettre en place une société française d'exportation et d'importation, avec monopole du commerce de la soie, et d'achat des équipe- COMPTES RENDUS ments militaires pour l'armée shogunale. En témoignage de son enthousiasme envers la France, le shogun envoie son frère cadet à Paris à l'occasion de l'exposition universelle de 1867, à laquelle le Japon participe. La position de la France ne sera jamais aussi forte au Japon que pendant les années de service de Léon Roches. R. Sims a raison d'affirmer que Roches est le personnage qui a rendu le Japon le plus dépendant du pays pour lequel il servait, en l'occurrence la France. Aucun représentant étranger avant le général MacArthur n'a jamais mieux réussi que lui. Ces liens franco- japonais, intenses et privilégiés, s'effondrent à la chute du Bakufu. La période, qui va de la restauration de Meiji en 1868 à la guerre sino-japonaise (1894- 1895), est dominée par le débat aussi interminable que stérile sur la révision des traités inégaux que le Japon tente d'obtenir avec acharnement. On assiste aussi à la naissance et à l'élaboration d'une politique étrangère du Japon. Dans le même temps, la France voit son influence au Japon s'affaiblir progressivement au profit de l'Allemagne. Entre 1868 et 1895, quatorze représentants français se sont succédé à Tokyo et vingt-huit ministres au portefeuille des Affaires étrangères. Un représentant français restait en moyenne deux ans à Tokyo, tandis que le ministre changeait tous les ans à Paris. Ces diplomates étaient animés d'un sentiment peu sympathique et d'une attitude impérialiste à l'égard du Japon, sauf quelques-uns. Le diplomate occidental le plus marquant et clairvoyant de cette époque fut sans nul doute le Britannique Sir Harry Parkes, qui était resté au Japon de 1865 à 1883, soit dix-huit ans. Les diplomates français faisaient souvent l'objet de critique de la part de leurs ressortissants engagés au service de l'État japonais. Ces derniers connaissaient bien le mode de fonctionnement et les moeurs du peuple japonais grâce à leurs contacts intimes et quotidiens de même que par la longueur de leur séjour. Les représentants étaient confrontés à l'obligation de prendre des décisions difficiles dans l'attente de l'arrivée trop tardive des dépêches du Quai d'Orsay. À la veille de la guerre sino-japonaise, le ministre français au Japon, Sienkiewicz, écrivait : « En Europe, il y a une trop grande tendance à ne pas prendre le Japon au sérieux » (p. 302). Un constat de son propre défaut et de celui de ses prédécesseurs face à un pays qui devait consentir d'énormes efforts pour son émergence. Le Quai d'Orsay favorisait l'influence de la France au Japon, mais il n'a jamais donné d'orientations claires à ses diplomates à Tokyo. La France, alliée de la Russie, qui allait devenir l'adversaire du Japon lors de la guerre russo- japonaise (1904-1905), avait une influence pour ainsi dire marginale, ce qui se traduisit, d'après l'auteur, par un rendez-vous manqué : celui d'une coopération franco-japonaise pendant la guerre franco-chinoise de 1883-1885 à propos de l'Indochine. Dans le domaine de l'assistance technique, en revanche, la France a joué un rôle important. Elle a contribué, de manière substantielle, à la modernisation du Japon. En 1872, par exemple, il n'y avait pas moins de cinquante-huit étudiants japonais en France. Parmi eux, se trouvait Nakae Chomin, qui allait traduire les œuvres de Rousseau en japonais et plaider pour la souveraineté populaire au Japon. La plupart des dirigeants japonais ont fait un voyage d'études aux États-Unis et en Europe. Par ailleurs, le Japon continuait à poursuivre les travaux commencés par les Français. Une quarantaine d'entre eux, sous la direction de Verny, achèvent la construction de l'arsenal de Yokosuka. La mission militaire française, appelée de nouveau, dirigée par le colonel Marquerie, puis par le colonel Munier, participe à la modernisation de l'armée japonaise. Georges Bousquet et notamment Gustave- Emile Boissonnade de Fontarabie, professeur de droit à l'université de Paris, invité en qualité de conseiller juridique du gouvernement japonais, établissent les bases des codes pénal et civil du Japon. Paul Brunát construit une filature modèle à Gumraa. François Coignet se consacre à l'exploitation des mines. R. Sims signale aussi le service rendu par Henri Pelegrin, qui introduisit au Japon l'illumination à gaz dans les rues de Yokohama et de Tokyo (1872- 1874). La plupart des étrangers engagés sont renvoyés vers la fin des années 1870. Les Anglais et les Américains, de même. Dans les années 1880, peu d'experts étrangers se trouvaient au service du gouvernement japonais. Toutefois, Boissonnade poursuit son 1091 COMPTES RENDUS 1092 service jusqu'en 1894, pour un séjour total de vingt et un ans au Japon. L'ingénieur naval Louis-Emile Bertin, nouvellement engagé, dresse les plans de navires de guerre modernes, dont Y Itsukushima et le Matsushima, construits en France, deviennent les pièces maîtresses de la marine japonaise pendant la guerre sino-japonaise uploads/Geographie/ ahess-0395-2649-2002-num-57-4-280093-t1-1090-0000-2 1 .pdf
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- Publié le Sep 09, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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