ARABESQUES LES CIVILISATIONS ARABES Que de cités nous avons fait périr parce qu
ARABESQUES LES CIVILISATIONS ARABES Que de cités nous avons fait périr parce qu’injustes, sont aujourd’hui désertes bien que debout1 ! Que de puits maçonnés, que de palais puissants sont abandonnés ! (Corpus coranique d'Othman 22/44)2. § 43.— Présentation. Si l’on admet que la civilisation est l’ensemble de ce qui caractérise et unifie une société humaine3 , celle des Arabes paraît tout à fait manifeste et caratéristique : le milieu naturel, la langue et les structures sociales en sont les bases. Elle ne ressemble donc à aucune autre et mérite d’être connue et reconnue. L’oeuvre destructice du mouvement dirigé par Muhammad n’en a laissé que des ruines. Un effort de reconstitution et de réhabilitation s’impose donc avec urgence, celle des cultures précédant ce bouleversement. Il n’est pas encore interdit de penser que l’oeuvre mohammédienne a été fondamentalement une tentative de destruction de la civilisation arabe, voire de la civilisation en général, c’est-à-dire l’expression supérieure de l’existence humaine en société, dont l'emblème de ce temps est la ville. En effet, l’islam des débuts ne s’est pas exprimé seulement en tant qu’anti- humanisme, en abaissant avec constance l’être humain, sa grandeur, son originalité et sa liberté : il a veillé à détruire aussi les traditions, les monuments, l’art sous toutes ses formes, la littérature, le fond légendaire, la morale bédouine, l’organisation sociale, tout ce qui constituait l’identité des populations précédentes. Le texte coranique regorge d’allusions aux disparitions de peuples anciens, menace les contemporains des mêmes destinées, et pousse même à la réalisation de ces sinistres desseins4. Il suffit de remarquer que Muhammad n’a jamais fait construire aucun monument5, et n’a jamais projeté aucune réalisation artistique, poétique, littéraire. Il n’a pas encouragé l’activité économique, se contentant de parasiter le commerce6 arabe et l’agriculture des oasis. Il n’a créé aucune institution politique, se contentant d’imposer sa volonté.7 Le refus de construire des monuments, et la malédiction pour ceux qui le font, est un indice des plus manifestes.8 Tel n’était pas son rôle sur terre, et toujours selon lui, de constituer une nouvelle civilisation. C’était donc un projet de barbarie, dès le commencement.9 Ce n'est pas une surprise: il suffit d'observer le niveau des productions artistiques et architecturales d'origine saoudienne! Ce que nous allons observer maintenant, avec des centaines de documents, est une période multi-séculaire de vies individuelles, d'organisations sociales, de productions économiques et culturelles: rien de déplorable et scandaleux comme le proclamait la Tradition Islamique, qui qualifie cette époque de "jahiliyya": le terme évoque l'absence de repère des voyageurs dans le désert, la sensation de perdition.10 Définition de l'« arabité » par M. Rodinson. 11 « Nous pouvons … considérer comme appartenant à l'ethnie, peuple ou nationalité arabe ceux qui: 1. parlent une variante de la langue arab, et en même temps considèrent que c'est leur langue « naturelle », elle qu'ils doivnet parler , ou bien, sans la parler, la considèrent comme telle. 2. regardent leur patrimoine, l'histoire et les traits culturels du peuple qui s'est appelé lui-même et que les autres ont appelé Arabes, ces traits culturels englobant depuis le VIIèime siècle l'adhésion massive à la religion musumane (qui est loin d'être leur exclusivité). 3. (ce qui revient au même) revendiquent l'identité arabe, ont une conscience d'arabité. » Définition de l'Arabe depuis la langue arabe classique, par le dictionnaire de référence d'E. Lane : 1. Un peuple déterminé, ou une nation, par rapport à AJAM. 2. Les habitants des cités ou des grandes villes, ou des cités, et villes ou villages d'Arabie. 3. Ceux qui se sont établis et ont fait leur demeure dans les régions cultivées et ont pris pour patrie les cités et villes ou villages d'Arabie, et d'autres aussi qui sont en rapport avec eux. 4. Dans les dictionnaires et ouvrages de lexicographie, les Arabes du désert au pur parler. 5. (avec la forme AHRAB) ceux qui habitent dans le désert. 6. (id.) ceux qui vont ça et là à la recherche de pâture et d'eau… 1 Le sens est incertain. 2 Il est peu d’extraits de ce livre qui s’affirme plus volontiers destructeurs de toute forme de civilisation ; l’image du puits bouché est particulièrement abominable en milieu désertique. 3 Les définitions du concepts sont multiples; celle-ci est la plus simple à défaut d'être la meilleure... 4 Les exemples sont innombrables, de la destruction des tribus juives à celle des sanctuaires païens, en passant par l’assassinat des poètes ; cf. parties X, XI, XIII, XV. 5 On ne peut pas appeler ainsi la mosquée de Médine, qui est en fait un domicile pour sa famille, et un complexe administratif. 6 TIJARAH. 7 Cf. la crise de succession, partie XIX et sur le type de gouvernement, cf. parties X et XII. 8 C'est une tradition très présente dans les mythes bibliques, et repris ici avec acharnement; cf. Corpus coranique 40/26, 26/128. 9 Ceci n’empêche pas qu’il a pu s’ériger par la suite une véritable civilisation arabo-musulmane, certes déficiente à de nombreux égards (notamment moraux, puisqu’elle tente obstinément de suivre les réglementations primitives de l’islam), mais digne d’intérêt, étant enrichie d' apports extérieurs, principalement persans à l’origine. 10 Il ne faut pas traduire par ignorance, comme ce qui est souvent admis: c'est déjà un jugement de valeur qui s'exprime. 11 M. Rodinson, Les Arabes, Paris, 1979. Les sociétés arabes La société arabe sera vue à travers ses deux caractéristiques principales : le nomadisme1 et l’organisation tribale, et par un aspect toujours révélateur du stade de développement de la condition humaine et des communautés humaines : la place des femmes. Il est très remarquable que ce passé arabe, tribal et nomade ait été reconstitué par des non-Arabes, issus de contrées très lointaines.2 § 44. — Les Nomades. C’est avant tout à travers le nomadisme que les habitants de l’Arabie sont perçus par les observateurs extérieurs : le nomade est l’Arabe par excellence3. Il s’agit d’un type de vie et d’un mode de subsistance imposé par les conditions naturelles. Le campement de tentes et le point d’eau semble donc les éléments essentiels de cette vie. Mais c’est une vue trompeuse, puisqu’une grande partie de la population vit dans des villes4. Et c’est dans les villes que se développera l’islam, et souvent contre les bédouins5. Muhammad lui-même n’a de cesse que de proférer critiques et menaces contre les « éleveurs de chameaux ». De nos jours, les bédouins constituent toujours une population à part, aux croyances suspectes et hétérodoxes, que les régimes arabes actuels considèrent avec suspicion et respect. (Jurjani, Livre des Définitions 185).6 al arabi. Le bédouin arabe. C’est un Arabe resté dans l’ignorance.7 1. — Les nomades dans la Bible. La présence arabe est périphérique, pour les Hébreux : ce sont des voisins proches par les coutumes et lointains par l’évolution historique, réelle ou mythique. Le Livre exprime au total un préjugé défavorable pour ces populations, ne serat-ce que par l’affaire d’Agar et Abraham.8 (Livre de Jérémie 3,2).9 Tu t’asseyais pour eux le long des routes comme l’Arabe dans le désert. (Livre d’Isaïe 13, 20). L’Arabe n’y10 dressera pas sa tente, et les pasteurs n’y parqueront pas leurs troupeaux. (Isaïe 31,13). Oracle dans la steppe. Dans les taillis, dans la steppe, vous passez la nuit, caravanes de Dédanites.11 2. — Le mode de vie des bédouins. Tous les sédentaires sont étonnés, attirés et repoussés par le modede vie nomade, qui s’oppose au leur en tout point, d’où de constantes confrontations. La nourritude des nomades. (Pline, Histoire Naturelle 6, 161).12 … Les nomades vivent du lait et de la viande des animaux sauvages. Les autres tribus extraient du vin de leurs palmiers, comme font les Indiens, et font de l’huile avec du sésame. (Ammien Marcellin, Histoire XIV 2 et 6).13 Ce texte est révélateur des préjugés que les sédentaires peuvent concevoir à l’égard des nomades. L’auteur est syrien d’origine et a combattu dans l’armée romaine en Orient : les bédouins sont pour lui avant tout des adversaires redoutés. Nul parmi eux ne met jamais la main au manche de la charrue, ne cultive un arbre ou ne demande sa nourriture au travail de la terre, mais ils vont toujours à l'aventure, à travers les immensités, sans foyer, sans demeures fixes et sans lois. Ils ne supportent pas longtemps le même ciel et ne se plaisent jamais au soleil d'une seule contrée. Tous ces peuples se nourrissent de gibier, de lait en grande quantité, qui est leur principal aliment, de plantes de toute sorte et des oiseaux qu'ils réussissent à prendre à la chasse. La plupart de ceux que nous avons vus ignoraient totalement l'usage du blé et du vin. (ibn Khaldun, Muqaddima I 2).14 Les différentes façons de vivre sont le résultat des différentes façons d’obtenir la nourriture. Il y en a deux façons : hadr15et badw. (...) La population de badw16 a adopté un mode de vie naturelle : l’agriculture et l’élevage. Parmi eux se trouvent des gens qui labourent le sol et sont sédentaires. Ils vivent en petites communautés, villages et régions montagneuses. Leurs habitations sont des tentes en poil et uploads/Geographie/ arabesques.pdf
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- Publié le Nov 05, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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