Colloque du 21 mars – Les mémoires, lectures historiques : Rendre hommage, comm

Colloque du 21 mars – Les mémoires, lectures historiques : Rendre hommage, commémorer 2013 Mémoires des conflictualités contemporaines Atelier TCHAD – LIBYE Caroline DELAGE Intervenants : - TCHAD : Commandant Bernard LART Il a été engagé deux fois sur le terrain tchadien : en 1972, en tant que sous-officier, tireur canon sur hélicoptère H34 « Pirate », et en 1984, comme officier responsable de la protection de la base aérienne de N’Djaména. Il a également été envoyé en Mauritanie, Liban, Israël-Palestine, Koweït et ex-Yougoslavie dans le cadre français et sous mandat onusien. - LIBYE : Général VINCIGUERRA Entré dans l’armée de l’air en 1965, il y a servi 35 ans. Il a au cours de sa carrière commandé la base aérienne 726 de Nîmes Courbessac (1991-93), puis été placé à la tête des fusiliers commandos de l’air (1996). En tant que grand commandeur il a fait partie des conseillers proches du chef d’état-major de l’armée de l’air. Il est admis général en 2e section en 2000 et est considéré comme expert en opérations aériennes. TCHAD Mise en contexte Colloque du 21 mars – Les mémoires, lectures historiques : Rendre hommage, commémorer 2013 - Pourquoi un conflit au Tchad ? Il s’étend de la zone désertique saharienne à la savane (partie orientale du bassin du lac Tchad), sur 1,28 million km². Il est en situation de carrefour en matière de climat et de végétation. Il s’agit de la dernière colonie conquise par la France (conquête et pacification de 1900 à 1930), puis intégré à l’AEF en 1910 (frontières fixées en 1936). Félix Eboué fit du Tchad la tête de pont du soutien à la résistance française FFL, entrainant toute l’AEF. Le pays est indépendant depuis 1960 avec pour premier président François Tombalbaye (Parti Progressiste Tchadien, chrétien protestant baptiste). 19821 On note l’existence d’une rébellion endémique par des chefs de guerre multiples, au sein de maquis (3/4 NE du pays, aussi désigné « Dar el Islam », peuplé de nomades musulmans), contre un Sud favorisé au cours de la période coloniale (car plus « utile », plus productif, historiquement peuplé de sédentaires cultivateurs christianisés) et comprenant une chefferie administrative créée de toute pièce par les colonisateurs. Les partis politiques sont plus des partis de cadres que de réels partis idéologiques, ce qui amène le pouvoir à se durcir et à éliminer souvent physiquement les opposants dès le début de l’histoire du Tchad indépendant. > 1ère République 1962 : Le PPT devient parti unique et la constitution est modifiée. Le régime se radicalise. 1969 : 1ère intervention militaire française contre les rebelles du Tibesti (le Frolinat, groupuscule musulman, stoppé par la Légion). L’armée française procure un appui feu aux troupes de l’Armée Nationale Tchadienne. Mais les relations sont tendues avec le chef de l’Etat, qui supporte mal la tutelle française. (à noter qu’il s’agit de la première intervention militaire française en Afrique 7 ans après la guerre d’Algérie). G. Pompidou est PR. 1973 : la Libye intervient au nord pour s’approprier la bande d’Aouzou ce qui déclenche 20 ans de tensions. 1974 : La rébellion s’aggrave (prises d’otages de coopérants et de l’ethnologue française Françoise Claustre pendant 3 ans). Le Frolinat est alors dirigé par Hissein Habré. 1975 : Tombalbaye assassiné, le général Félix Malloum prend le pouvoir, puis Goukouni Oueddei. > Guerre endémique 1976 : Accord de coopération militaire avec la France, qui intervient de nouveau contre le Frolinat, pour le nouveau pouvoir militaire. 1979 : La guerre s’étend à l’ensemble du pays. La capitale est mise à feu et à sang. De nombreuses forces s’affrontent. Hissein Habré est chassé du pays et les autres forces coalisées forment un gouvernement d’union nationale en 1981. Oueddei est soutenu par la Libye. La France permet à Habré de revenir et de s’emparer d’Abéché 1982 : Coup d’Etat d’Hissène Habré (opération Manta déclenchée par F. Mitterrand). > L’ère des dictateurs installés 1983 : Pacification sanglante du pays, régime de terreur qui s’installe. Conflit avec la Libye, au cours duquel la France soutient le régime en place. Une base aérienne est installée à N’Djaména. 1986 : Opération Epervier, déclenchée après le franchissement du 16e parallèle par les forces armées libyennes soutenant Oueddei (protection des ressortissants français, non intervention lors de l’avancée de Déby). 1990 : Idriss Déby ancien adjoint militaire d’Habré, prend le pouvoir et chasse Habré (qui voulait se rapprocher des Etats-Unis), avec le soutien français – services secrets (DGSE, présents de toute façon depuis le début), puis armée (et soudanais). Semblant de démocratie, mais la tyrannie subsiste (malgré les toutes premières élections présidentielles organisées en 1996 par Déby, vainqueur avec 69 % de voix). 1994 : Accord trouvé par la Cour internationale de justice de La Haye reconnaissant la souveraineté tchadienne sur la bande nord d’Aouzou (riche en uranium), et donc départ de l’armée libyenne. 2001 : Hissène Habré en résidence surveillée hors du Tchad (à Dakar) et inculpé par le TPI de La Haye (et la justice sénégalaise, qui tarde cependant à réagir) de crime contre l’humanité. Déby réélu à la majorité absolue, mais des fraudes sont dénoncées. 2003 : Guerre au Darfour, crise humanitaire, réfugiés au Tchad. Pays durablement déstabilisé par le conflit au Darfour. Colloque du 21 mars – Les mémoires, lectures historiques : Rendre hommage, commémorer 2013 2006 : Des rebelles (dont le propre neveu de Déby) veulent renverser Déby avec le soutien soudanais (rupture diplomatique avec le Soudan). L’armée française, toujours présente au motif de l’opération Epervier, est dénoncée par les rebelles comme étant intervenue contre eux. 2007 : L’EUFOR Tchad-RCA est déployé sous mandat de l’ONU. L’affaire de l’Arche de Zoé éclate (le président finira par gracier les membres de l’association). 2008 : La capitale est mise en danger par l’approche des troupes rebelles (qui veulent bloquer l’arrivée de l’Eufor). La France envoie des militaires supplémentaires pour la protection de ses ressortissants et sauve le régime de Déby. 2009 : La Minurcat de l’ONU prend la succession de l’Eufor jusqu’en 2010. 2010 : Début d’apaisement avec le Soudan de Béchir. 2011 : Nouvelles élections consacrant Déby au pouvoir. Béchir est accueilli au Tchad et n’est pas arrêté malgré la condamnation de la CPI pour ses crimes (Tchad signataire). Déby est reçu à l’Elysée par F. Hollande. 2013 : Des troupes tchadiennes interviennent au Mali aux côtés de la France. - Les protagonistes locaux et leurs stratégies :  Le pouvoir en place et le président Déby (qui remet depuis 2010 en cause la présence française – car relations normalisées avec le Soudan - et demande des contreparties). Le découpage post-colonial a permis l’établissement de pays très vastes, comme ici le Tchad. Les contrôler suppose des moyens dépassant ceux de l’Etat lui-même, d’où la nécessité d’une intervention extérieure. Déby voudrait prendre ses distances avec la France, mais c’est elle qui lui a permis d’arriver au pouvoir et de sauver son régime en 2006, puis en 2008 alors qu’il était en très mauvaise posture. Il se cherche une légitimité pseudo-démocratique tout en voulant construire une image de leader régional (face au Soudan, au Mali…).  Les troupes rebelles : elles se sont succédé contre Déby depuis son arrivée au pouvoir. > Front uni pour le changement (soutien soudanais), puis Socle pour le changement l’unité et la démocratie, devenu Rassemblement des forces démocratiques, mouvements alimentés par les défections au sein de l’armée et même de la garde présidentielle… Les derniers mouvements rebelles reprochent aux troupes françaises de soutenir Déby en lui fournissant du renseignement (considéré comme « actes de guerre »). On les retrouve au Nord, notamment au Tibesti, peuplé de groupes toubous s’estimant peu considérés par le pouvoir central (et qui ont tendance à se tourner vers AQMI).  le Soudan : il a longtemps abrité la rébellion contre Déby, et déstabilisé la région par les afflux de réfugiés venus du Darfour. Il y a concurrence de leadership entre lui et le Tchad. Mais les relations se sont apaisées (Déby a épousé la fille de Béchir en 2012), Béchir cherchant à donner des gages de bonne volonté (notamment face à une Union Africaine qui le protège du CPI), par un compromis qui dure pour l’instant.  la Libye : hors jeu depuis 2011. Mais le poids de Khadafi s’est fait sentir sur toute l’histoire du Tchad indépendant (Khadafi au pouvoir depuis 1969). Il a souhaité le projet d’ « Etats-Unis du Sahara » ce qui l’autorisait à intervenir dans les affaires du Nord-tchadien (auprès des Toubous), voire à revendiquer certains espaces (Aouzou), provoquant ainsi des crises frontalières (il faudra l’intervention de la CPI de La Haye en 1994 pour la faire cesser). Depuis 2011, le retour au pays de nombreux travailleurs et mercenaires (Touaregs entre autre) a provoqué d’importants transferts d’armes, facteurs de crise. Colloque du 21 mars – Les mémoires, lectures historiques : Rendre hommage, commémorer 2013  On peut s’interroger sur le rôle du Mali, de l’Union Africaine… - Quel fut ici le rôle joué par la communauté internationale ? Comment s’est-elle engagée dans ce conflit ?  uploads/Geographie/ atelier-tchad-libye-469763.pdf

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