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Camera Austria 137 03.2017 1/8 Camera Austria 137 03.2017 2/8 Camera Austria 137 03.2017 3/8 Camera Austria 137 03.2017 4/8 Camera Austria 137 03.2017 5/8 Camera Austria 137 03.2017 6/8 Camera Austria 137 03.2017 7/8 Camera Austria 137 03.2017 8/8 page 10 le quotidien de l’art | vendredi 7 NOV. 2014 numéro 709 exposition Par Cédric Aurelle AURÉLIEN FROMENT : MONTAGE DES ATTRACTIONS Le Plateau, Paris 19e — Jusqu’au 7 décembre Aurélien Froment, les lois de l’attraction Après « Fröbel Fröbeled » présenté au printemps dernier à la Villa Arson à Nice, Aurélien Froment poursuit au Plateau – Frac Île-de-France, à Paris, son projet consacré au pédagogue allemand Friedrich Fröbel, augmenté d’un volet dédié au Facteur Cheval. Avec ce « Montage des attractions », pour reprendre le titre du projet, Aurélien Froment rassemble comme par polarisation deux hémisphères d’un même globe : d’un côté, le pédagogue allemand ayant inventé une méthode d’éducation basée sur la manipulation de formes simples et contenant potentiellement le monde entier dans une boîte à jeux ; d’un autre, l’artiste autodidacte, qui s’est construit seul à travers l’édification de son Palais Idéal, tentative de régurgitation totale d’un monde appréhendé par la vulgarisation des savoirs de son temps. Deux lobes d’un même cerveau donc, contenus dans une tête de Janus présidant à l’organisation de l’espace d’exposition et offrant ses deux visages au visiteur qui peut choisir d’entrer par la face sombre, Le Tombeau Idéal de Ferdinand Cheval, ou la face lumineuse, Fröbel fröbelé. Deux cheminements opposés, au propre comme au figuré, deux parcours dans la pensée sur lesquels insiste l’accrochage du Plateau : là où, à la Villa Arson, le visiteur pouvait se déplacer à la manière d’une boule de flipper dans une boîte carrée, et développer à sa guise l’infini des possibilités offertes par les « dons » de Fröbel (lire le Quotidien de l’Art du 16 avril 2014), l’architecture du Plateau impose un principe de déambulation linéaire : d’une part, le long de ce qui pourrait être les bancs d’essai du laboratoire de Fröbel ; d’une autre, dans les replis de l’antre sombre de Cheval. Les deux parcours débouchent in fine l’un dans l’autre au travers d’une hypothétique membrane, un point de passage quasi cinématographique (ce « montage » des attractions) donnant l’impression d’être aspiré dans un monde en négatif du précédent, autorisant des jeux de renvois et d’oppositions plus ou moins accidentels. De ces lapsus, on retiendra : une table carrée recouverte d’un relief d’argile, un sol, une sédimentation de possibilités présentée en fin du parcours « Fröbel » et qui pourrait être une matière disponible pour remodeler toutes les figures de Aurélien Froment, Fröbel fröbelé. Frac Ile-de-France/ Le Plateau. © Martin Argyroglo. /… Deux cheminements opposés, au propre comme au figuré, deux parcours dans la pensée sur lesquels insiste l’accrochage du Plateau page 11 le quotidien de l’art | vendredi 7 NOV. 2014 numéro 709 Aurélien Froment, Tombeau idéal de Ferdinand Cheval. Frac Ile-de-France/ Le Plateau. © Martin Argyroglo. exposition Aurélien Froment, les lois de l’attraction Cheval, voire prolonger son œuvre ; chez ce dernier, l’image d’une colonne faite d’un cube, d’un cylindre et d’une sphère, soit le vocabulaire fröbelien de base assemblé en objet. Du côté de chez Cheval, Aurélien Froment recouvre de pendrillons noirs tout l’espace, réalisant ce qui ressemble à une camera obscura mettant en abyme le médium avec lequel il rend hommage à un artiste singulier : la photographie. Les sombres plis et replis tapissant l’espace y font écho aux drapés noirs dont se sert l’artiste dans ses photographies pour détourer du Palais idéal les figures blanches de Cheval et les faire flotter dans l’espace d’exposition comme autant de revenants jaillis de l’imaginaire de leur auteur (ce « tombeau idéal »). Une mystique de la révélation, rejouée par l’épiphanie photographique et renforcée par la ponctuation en image des aphorismes de Cheval – « où le songe devient la réalité » – et que tout oppose à Fröbel. Jusqu’à cette instruction première : « Défense de rien toucher », comme un antidote, en référence au pédagogue allemand pour qui l’expérience du monde passe justement par son appréhension tactile. En reprenant avec Fröbel le projet présenté à la Villa Arson, Aurélien Froment, loin de sacrifier aux figures imposées de l’exposition itinérante, saisit cette occurrence parisienne pour remettre son projet sur l’établi de la pensée : on comprend dès lors que Fröbel, loin d’être un simple sujet d’exposition l’intéressant ponctuellement, occupe en fait une place dans sa constellation intérieure, peuplée de personnages (Paolo Soleri, l’auteur d’Arcosanti, Giulio Camillo et son Théâtre de la mémoire que l’on avait vu à la Biennale de Venise 2013…) et dont il ré-agence les arborescences au gré de ses projets. En greffant ici un nouveau rameau sous les traits de Ferdinand Cheval, Aurélien Froment applique les lois de la physique à des systèmes de pensée dont il reconfigure les éclats à chaque exposition. AURÉLIEN FROMENT : MONTAGE DES ATTRACTIONS, jusqu’au 7 décembre, Le Plateau, Place Hannah Arendt, 75019 Paris, tél. 01 76 21 13 41, www.fraciledefrance.com Suite de la PAGE 10 Journal des Arts 25.04.2014 1/3 Journal des Arts 25.04.2014 2/3 Journal des Arts 25.04.2014 3/3 La Republique de l’Art 14.05.2014 1/4 de Patrick Scemama EN SAVOIR PLUS ACCUEIL EXPOSITIONS ENTRETIENS/PORTRAITS MARCHÉ LIVRES DVD L’esprit et le temps LE 14 MAI 2014 Connaissez-vous Friedrich Fröbel, ce pédagogue allemand du XIXe siècle, qui est le fondateur des fameux « Kindergarten » (« les jardins d’enfants ») ? Il a mis au point une méthode novatrice qui permet aux enfants de s’instruire et de s’amuser en manipulant des formes en bois très simples telles que des cubes, des prismes, tablettes et autres petits bâtons, à partir desquelles ils peuvent réaliser un nombre incalculable de figures. Cette méthode a été largement utilisée par la suite et elle tient entièrement dans une boîte qui en contient elle-même plusieurs petites autres dans lesquelles se trouvent ces éléments qui sont comme les ancêtres des jeux de constructions (il a appelé cela lui-même des « Spielgaben », « dons de jeux »). Il y a quelques années, un livre de Norman Brosterman, Inventing Kindergarten, a aussi permis de rapprocher les créations graphiques de ces homes d’enfants – donc les créations issues de cette méthode – de celles des peintres, sculpteurs, architectes et designers du XXe siècle identifiés comme La Republique de l’Art 14.05.2014 2/4 pionniers de l’art moderne. Dès lors, la figure de précurseur de Fröbel s’est imposée avec évidence et son influence s’est faite sentir largement au-delà des cercles purement éducatifs. Elle a en tous cas fascinée Aurélien Froment, qui a découvert le pédagogue par hasard, aux Etats-Unis, en constatant que la fondation Frank Lloyd Wright commandait à une petite entreprise de jeux en bois du Michigan la réédition de ses jeux éducatifs. Et elle l’a lancé dans une longue recherche qui aboutit aujourd’hui à une exposition présentée à la Villa Arson de Nice, où elle a d’autant plus de sens que le Centre d’art est accolée à une école, avant d’être montrée au Plateau à Paris à la rentrée. Une exposition ou plutôt une application rigoureuse des principes de la méthode de Fröbel (d’où son titre : Fröbel Fröbeled, « Fröbel fröbelé »), car tout y part de la fameuse boîte qui en est la matrice et la pièce inaugurale. A partir d’elle, Froment a en effet déployé dans l’espace une dizaine de tables sur lesquelles il a installé les « dons de jeux » que le visiteur peut manipuler lui-même ou à l’aide d’un médiateur. Et il les a fait dialoguer avec des photos qu’il a réalisées et qui sont autant de possibilités de constructions à partir de ces jeux et de ces structures. Il y a enfin ajouté des gravures et des peintures empruntées au Musée Chéret de Nice qui sont des témoignages des sciences de l’éducation au XIXe siècle, ainsi que des documents qui montrent le région d’Allemagne dont est originaire Fröbel, le contexte dans lequel il a évolué, etc. Tout l’art d’Aurélien Froment est là, dans cette mise en abyme, dans cette habileté à investir les interstices, dans cette manière de créer du sens en juxtaposant les œuvres et les médiums. Le monde tient dans une boîte, cette boîte est aussi la source de l’exposition et elle distribue les rapports entre l’œuvre, le public et l’institution en faisant de ce qui est d’ordinaire à la marge (le département éducatif) devienne le centre du travail. Si les constructions manuelles de Fröbel ont aussi pour but de saisir les opérations abstraites de l’esprit, leur mise en perspective par Froment permet de comprendre un processus intellectuel brillant, parfois un peu sec dans sa réalisation, mais toujours pertinent. La Republique de l’Art 14.05.2014 3/4 A propos de processus intellectuel, des récits ordinaires, l’exposition présentée conjointement à la Villa Arson (qui propose aussi une nouvelle mouture de L’Encyclopédie des guerres de Jean-Yves Jouannais, les trois expositions ayant pour point commun de mettre la transmission et l’oralité au cœur de leurs préoccupations), n’est pas uploads/Geographie/ aurelien-froment-presse-web1118.pdf

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