280 REVUE DES ETUDES JUIVES BONJUSAS BONDAYIN Dans un ouvrage l analysé par la
280 REVUE DES ETUDES JUIVES BONJUSAS BONDAYIN Dans un ouvrage l analysé par la Revue, tome VII, p. 292, M. le D r Barthélémy donne la liste des médecins juifs de Mar- seille au xiv e et au xv e siècle. Parmi eux figure Bonjusas Bonda- vin, qui alla demeurer, en 1390, à Alghero, en Sardaigne. Nous croyons retrouver ce personnage dans une consultation du cé- lèbre rabbin Isaac ben Chéchet Barfat, vulgairement appelé Ri- basch. Cette consultation, la 171° du Recueil, porte l'adresse suivante : Y-p iVTSia ïi'mM'n •naiB'wa ûsnb -pbNp. Ce rabbin, maître Bonju- des Bondavi, appelé aussi, dans le corps de la lettre, du nom hébreu de Juda bar David et domicilié à Cagliari, est-il le même que notre médecin Bonjusas Bondavin? Probablement. Ce qui prouve d'abord que le destinataire de la lettre de Ribasch est un médecin et un médecin distingué, ce sont di- vers passages de cette lettre et déjà les compliments rimes du début : ... tr^ai p72^3 nib uni, que nous traduisons comme suit : « Si tu as passé la nuit dans la vallée des médecins 2 et si tu t'occupes de la santé des créatures. . ., néanmoins tu tiens ferme- ment à l'alliance et à la Thora... Ton pouvoir est grand Ta main gauche écarte la douleur et la violence des maladies, tandis que ta main droite rapproche le rabbinat qu'elle aime... Celui qui te trouve, trouve la vie. Tu le fais vivre doublement. Son corps, tu l'empêches de descendre au tombeau, et son âme voit la lumière au-dessus du ciel, sept fois aussi brillante que la lumière du soleil. » D'un autre côté, maître Boniudes dans la lettre qu'il avait adres- sée à Ribasch et que celui-ci a reproduite dans sa réponse, parle des portefaix juifs de Marseille, preuve qu'il était bien originaire de cette ville. Ribasch paraît l'avoir connu personnellement. En voyant ta lettre, lui dit-il, je croyais voir l'éclat de ta face et la lumière de tes traits : ^naijan nmn "ps n*7tt mans srrron. Où cette connais- sance a-t-elle pu se faire, si elle a eu réellement lieu? Je ne sache 1 Les médecins à Marseille avant et pendant le moyen-âge. Jeu de mot sur le mot hébreu Û'WD'l. NOTES ET MELANGES 281 pas que Ribasch ait jamais voyagé hors de l'Espagne avant sa fuite en Afrique. Il est plus probable que Bonjusas, pour se rendre en Sardaigne, qui appartenait alors à la couronne d'Ara- gon, alla s'embarquer à Barcelone, ou peut-être même à Valence. Ribasch, originaire de la première de ces villes, où il pouvait se trouver de passage, rabbin de la seconde 1 ,a pu fort bien con- naître, dans l'une ou l'autre, un étranger de marque qu'il prit en grande estime et qu'il appela même plus tard son égal : idi^n Bonjusas n'était pas seulement un habile médecin, mais encore un savant talmudiste. La communauté de Cagliari le choisit pour son rabbin. Le roi confirma sa nomination et étendit sa juridic- tion sur tous les israélites de la Sardaigne. Seul, dans toute l'île, il était muni d'une institution rabbinique régulière : 3HT 1 iina 13 aima n&o^-n "nw»»» wan wi» ^hn m Nba ^Nn nan *pNiu okî-î pnt bnn y*ù iDna jbttin nrrobapi rras m 'pou. Ces fonctions officielles lui valurent une grande considération ; et c'est probablement pour cela qu'il eut l'honneur, comme d'autres hauts dignitaires, de faire partie de l'entourage du roi de Sicile pendant tout le temps que ce prince séjourna à Ca- gliari. A quelle époque Bonjusas, qui avait quitté Marseille pour aller à Alghero, se fixa-t-il à Cagliari? Il est impossible de le dire. Mais il est du moins aisé de déterminer en quelle année il écrivit à Ribasch la lettre qui fournit de si intéressants renseignements sur son compte. Cette lettre s'occupe de la violation d'un règle- ment établi par la communauté. Elle nous apprend que cette vio- lation fut commise à l'occasion des fêtes célébrées en présence d'un roi de Sicile, qui passa plusieurs jours à Cagliari. C'est ce voyage royal qui nous permettra de trouver la date que nous cherchons. A une époque qui se rapporte au séjour de Bonjusas en Sardaigne, et dans un court laps de temps, deux rois de Sicile visitèrent cette île : Martin I le Jeune, qui s'y trouva en 1408 et 1 M. Graetz [Geschichte der Juden, VIII, p. 32), assure que Ribasch exerça, en der- nier lieu avant sa fuite, par conséquent en 1390, les fonctions de rabbin à Tortose. Il existe en effet à la bibliothèque de Leyde une consultation manuscrite correspon- dant au n° 268 des Consultations imprimées de Ribasch, et dans laquelle on lit ces mots : ÏIDIUIu) ÏTV^Ïl TQ^rû "ON \7l. Mais Ribasch De mentionne nulle part ailleurs Tortose parmi les communautés où il a résidé. Dans le n° 127 il les énumère toutes et Tortose n'est pas comprise dans le nombre : Z"l*!fàlp73 b'DÎ l^fïD *p1 Ï1D dm fcT&sbn Îltt0"lpn0 iTWlbst-D Û!"D \n^m2. La dernière résidence, in- diquée par le mot Ï"ÎD et postérieure à Valence, ne peut pas être Tortose, car la consultation dont il s*agit renferme des documents datés de 1399 et 1400, et à cette époque Ribasch était depuis longtemps à Alger. Il est probable que dans le ms. de Leyde il faut lire !-JL30^p*"!0 au lieu de îlôltt-m. 282 REVUE DES ÉTUDES JUIVES 1409, Martin II le Vieux, qui y vint en 1410. Dans la lettre de Bonjusas, il n'est probablement pas question de ce dernier, car il régnait sur rAragon aussi bien que sur la Sicile, et un rabbin de la Sardaigne, pays qui relevait alors de l'Aragon, se serait sans aucun doute servi de ce titre de roi d'Aragon, le principal et le plus compréhensif. C'est, du reste, ce que fit un correspondant du rabbin Simon Duran dans une occasion pareille (Voyez Tasclïbez, III. 9). Martin I, au contraire, était uniquement roi de Sicile. Lorsqu'il alla en Sardaigne, ce fut afin de réprimer une révolte pour le compte de son père, le roi d'Aragon. Il est fort probable que c'est de lui qu'il s'agit ici, et sans beaucoup s'aventurer, on peut affirmer que la lettre est de 1408 ou 1409. Voilà les détails que la consultation de Ribasch nous donne sur le médecin Bonjusas Bondavin. L'époque de sa mort est inconnue. Néanmoins, il semble résulter de la consultation de Simon Duran, citée plus haut, qu'il ne vivait plus ou tout au moins n'habitait plus la Sardaigne en 1425. En effet, durant cette année et la sui- vante, la communauté d'Alghero, où il s'était établi en arrivant dans l'île, fut troublée par la rivalité de deux juifs qui voulaient épouser la même jeune fille. Cette querelle donna naissance à une question de droit religieux qui fut soumise, par ordre du roi d'Aragon, aux autorités rabbiniques les plus renommées du de- hors. Or, si Bonjusas avait encore occupé ses fonctions de chef religieux de la Sardaigne, nul doute que cette affaire lui eût été dévolue avant de passer entre les mains de rabbins étrangers. Si la date attribuée à la lettre adressée par Bonjusas à Ribasch est exacte, elle peut servir à élucider un point obscur de la bio- graphie de ce dernier. Il règne, en effet, une grande incertitude sur l'année de la mort de ce célèbre rabbin. M. Graetz dit qu'il mou- rut vers 1406 *. Cette date est celle que porte un acte cité dans la consultation n° 170. Mais un document découvert il y a peu d'années est en contradiction avec cette conjecture. Une inscrip- tion hébraïque composée par un rabbin Abba Mari Ibn Kaspi pour la tombe de Ribasch et gravée actuellement sur le monument mo- derne de celui-ci aux portes d'Alger, indique qu'il est mort en 168 de la création, c'est-à-dire en 1408 de l'ère vulgaire 2 . Nous en avons trouvé une copie dans un recueil ms. d'élégies pour le 9 ab. Mais la date fournie par cette inscription, qui a probablement été rédigée longtemps après la mort de Ribasch, ne nous paraît pas 1 Graetz, Oreschichte der Juden, VIII, p. 31. 2 Voir le texte de cette inscription dans Monatsschrift , 1882, p. 86 et 1883, n° 3, et Revue, VI, p. 305. NOTES ET MELANGES 283 plus que celle de Grsetz absolument incontestable. Nous avons déjà établi que la lettre de Bonjusas à Ribasch est de 1408 ou 1409. Il s'agit maintenant d en déterminer la date d'une manière plus précise. Martin I débarqua enSardaigne en octobre 1408 l . D'après la lettre elle-même, il se trouvait à Cagïiari pendant les fêtes des Calendes N'^bp rmn nujbtt wa. Ces fêtes des Calendes ou des Fous se célébraient pendant l'octave des Innocents. Les Juifs de la ville assistèrent, en spectateurs, à des jeux de dés uriian 2 qui eurent lieu, à cette occasion, dans le palais du roi, et l'un d'eux fut invité à prendre part à ce divertissement le ven- dredi compris dans la période des fêtes ï-ûttîn uy mia uploads/Geographie/ bloch-bonjusas-bondavin-pdf.pdf
Documents similaires










-
29
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 17, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2865MB