Reinach, Joseph (1856-1921). Histoire de l'affaire Dreyfus. 1901. 1/ Les conten
Reinach, Joseph (1856-1921). Histoire de l'affaire Dreyfus. 1901. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. 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Sorti le second de l'École polytechnique, il avait fait, sous Bazaîne, la campagne du Mexique et celle de Metz. Général de brigade en iSS$, directeur des ser- vices administratifs en iSSS, divisionnaire en 1S85,il venait d'être promu au commandement d'un corps d'année. H avait la réputation d'un officier intelligent, laborieux, réfléchi, ennemi des routines; – peut-cire, en véritable polytechnicien, trop enclin aux théories absolues, sur le papier. Les récentes n:anœuvres de l'Oise, où il avait eu l'avantage sur le général Billot, l'avaient désigné à l'attention. Marié- à une Anglaisd de religion protestante, bien qu'il fûl lui-même catholique, • il passait pour favorable aux idées libérales, et, sinon républicain, du moins affranchi de toute attache avec CHAPITRE PREMIER MERCIER t 2 HISTOiRE DE I.'aFFAIHE DRKYFI'S les partis monarchiques. Il était lié d'amitié avec le général de Galliffet. Son avènement au ministère de la Uuerre fut accueilli, par le corps d'officiers, avec satisfaction, On le dirait un vrai militaire, nullement politicien. Ala Chambre, il était inconnu. Le premier jour où il s'assit au banc des ministres, il me confia qu'il ne connaissait pas dix députés. Ce qui le recommandait à la confiance, c'état d'avoir été choisi par Casimir-Perier dont on savait le; goût pour les choses de l'armée. Celait un grand homme maigre, de belle tenue, l'as- pect froid, sévère, les traits accentués, la figure comme taillée à la serpe, le sourire des lèvres un peu forcé, qui s'est contracté plus tard en un rictus violent, les yeux presque toujours mi-clos, gênant par leur absence de regard. Hélait poli, réservé, concentré on le sentait éner- gique. Il suivait avec attention, non sans quelque éton- nement d'abord, les débats de la Chambre, étudiant ce terrain nouveau pour lui. Le jour oùl'anarchiste Vaillant lança une bombe,char- gée de clous, dans l'enceinte des députés, j'étais assis derrière lui. Un clou rebondit de mon pupitre sur le sien. Il le ramassa au milieu de la fumée et dubruit, me le lendit « Cela vous revient. » Pas un muscle de sa face immobile n'avait bronché. H I Sou dN)l1l à latribune, au cours d'une inlcr~~ellatien de Lockrüy.( « sur tVtatde la marine (il, fut un succès. (t)t~'f<~U~ft1?~. NKRCIKR S Leministère de la Guerre avait été mis en cause à propos de la défense des côtes. Il expliqua la législation qui répartit cette défense entre les deux administrations do la marine et de la guerre, la difficulté d'établir les points de soudure, la nécessité d'une direction unique, «l'une mémo volonté rassemblant dans un effort har- monieux les forces de terre cl de nier, les travaux en cours dans l'Ile de Corse, ceux de la presqu'île du Cotentin. Il parlait avec facitilé, trouvant, sans avoir l'air de les chercher, les formulcs nettes, un peu roiJe, mais sans embarras, sur de lui, les mains derrière le dos, comme un vieil habitué de la tribune. La forte ordonnance do son discours, l'apparente m.Mti-ise qu'il avait de son sujet, son allure militaire, conquirent, du premier coup, la Chambre. Mais, sur* tout, ses affirmations optimistes enchantèrent, succé- dant aux prévisions sombres des inlcrpcllatcurs el à un faible discours, à peine entendu, de l'amiral Lcfivrc. Les députés, qui volent 5a ns compter milliards sur milliards pour la défense national, aiment à entendre dire, d'une bouche autorisée, que l'argent des contri- buables a été employé utilement, que l'armée est pré- parée a toutes les éventualités, que la mobilisation deses énormes forces est organisée partout. Mercier ne se fit ç>as faute do produire ces affirmations. Xos côtes étaient nrmees, la situation delà Corso formidable. « AllezI monsieurle ministre, lui criait un dépuléde la droite (1), cela fait du bien de vous entendre 1 » Les applaudis- sements crépitaient. Merciertermina par un couplet qui souleva encore les bravos « Si l'ennemi avait l'ins- piration malheureuse de frapper du pied, n'importe oh, le sot de notre'palrie, il en venait surgir des légions (i) Levicomte «leMonlforl. 4 HISTOIRE HE l/AFFAlRE DREYFUS tout armées, toutes commandée?, tout organisée?, et munies de tout ce qui leur serait nécessaire pour déployer et faire valoir les admirables qualités mili- taires de notre race !» » Cette phrase, d'une banalité redondante, sonna mal à quelques oreilles, inquiéta dé rares esprits trop clair- voyants. Jules Guesde, député socialiste et grand- prêtre du marxisme français, traduisit cette impression d'une phrase brutale « C'est le maréchal Lebœuf qui vient de parler 1Les protestations éclatèrent le pré- sident Dupuy rappela Guesde à l'ordre. Mercier, en fait, n'avait réfuté aucune des assertions de Lockroy. Les révélations courageuses, vraiment pa- triotique?, de quelques hommes de mer, sur le désordre de la défense navale, avaient produit récemment une sa- lutaire anxiété. Cemouvement d'opinion, le discours de Mercier l'arrêta. Il lui avait suffi de jeter à la Chambre des phrases vibrantes, la proclamation solennelle qu'au- cun des instruments nécessaires de combat ne man- quait, que tout était prêt. L'humiliation de Fachoda c^t dans ce cliquetis de mots. Le jour où surgira brus- quement la possibilité d'un conflit avec l'Angleterre, ap- parailra en meine temps l'impossibilité de préserver nos côtes, nos plus gr..nds ports, Dieppe, « qu'un simple vaisseau détruirait méthodiquement comme dans un exercice de tir (t) », Cherbourg, le Ilavre, Marseille et Nice sans défenses sérieuses. Maisla Chambre, alors, était à la joie de ses alarmes dissipées. Rien de plus dangereux que ces faciles victoires de tribune pour les militaires, incapables de résister àl'at- mosphrre des assemblées, vile grisé?. Le soldat d'hier (i) Amiral Botsc.eoî?,ta Défense d?i CCUi.– Cf.I.ocnnov, Défeite navale, p. iS3, MERCIER 5 ne sera plus demain qu'un intrigant, expert aux roueries de la politique, sans scrupule, presque naïf en son cynisme. Peu de jours avant la chute du ministère Casimir' Perîer, le général Mercier défendit, devant la Chambre, un projet de loi relatif aux modifications de l'artillerie et du génie. Le rattachement des pontonniers au gé- nie était raisonnable il permettait surtout la consti- tution de 28 batteries d'artillerie montées qui faisaient défaut. Mercier expliqua sa réforme dans un discours, vigoureux, topique, où il s'éleva aux idées générales. Le projet fut adopté à une forte majorité, (1) III Ce nouveau succèsleconsacra,rimposaàDupuyquand la succession de Casimir-Perier échut au président de la Chambre qui redevenait président du Conseil (a). D'un gouvernement présidé par un homme d'État qui avait ses faiblesses, mais était préoccupé seule- ment du bien publie, il tombait dans un cabinet mené par un politicien retors, sans principes, Machiavel de réfectoire. S'il s'en aperçut, ce fut, gÀté qu'il était déjà, pour s'en réjouir et se sentir plus à l'aise. uploads/Geographie/ n0075082-pdf-1-1dm.pdf
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- Publié le Mar 21, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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