LES MONNAIES D'ARGENT DE RHEGIUM FRAPPÉES ENTRE 4,61 ET LE MILIEU DU IVe SIÈCLE
LES MONNAIES D'ARGENT DE RHEGIUM FRAPPÉES ENTRE 4,61 ET LE MILIEU DU IVe SIÈCLE AV. J.—C. INTRODUCTION Rhegium ou Rhegion, l'actuelle Reggio Calabria, située sur la rive italienne du détroit de Messine, fut dans l'Anti- quité l'un des établissements grecs les plus importants de l'Italie méridionale. Le monnayage de la ville a commencé dès la fin du vie siècle. La drachme la plus ancienne présente encore un caractère purement italique. Sous la tyrannie d'Anaxilas et de ses fils, qui étendirent leur domination sur la ville sici- lienne de Messana, les types monétaires des deux cités correspondent exactement les uns aux autres. Elles té- moignent d'une étroite relation de Rhegion avec la Sicile, sur le plan économique comme sur le plan politique. E. S. G. Robinson, tout récemment, a traité avec maî- trise des frappes monétaires de la ville jusqu'à la chute des tyrans en 461. Cette étude était nécessaire, car les anciennes publications des séries monétaires de Rhegion par Carelli, Garrucci et Sambon sont incomplètes et ne suffisent plus aux exigences modernes. Giulio Emmanuele Rizzo dans son ouvrage monumental 26 IIERZFELDER intitulé Monete Gi'eche della Sicilia, nous offre une remar- quable vue d'ensemble sur l'art monétaire de la Sicile jus- qu'à la fin du Ve siècle. Il n'a pas eu le loisir de publier un second volume qui lui eût permis d'examiner à fond la portée artistique de tout le matériel précédemment décrit. Si nous considérons l'étroite union de Rhegion et de la Sicile, il parait important de joindre à une étude complète des monnaies grecques de Sicile, celle du monnayage de Rhegion. Comme la chronologie de ses anciennes émissions est désormais fermement établie par E. S. G. Robinson, et comme ses types monétaires correspondent à ceux de Mes- sana, il nous a semblé superflu de décrire une fois de plus par le détail les émissions de cette époque. C'est pourquoi la présente publication se borne aux émissions de Rhegion qui ont eu lieu après 461. La description minutieuse de tous les coins, de même que leur séquence fondée sur l'observation de détails peu apparents, peut sembler inutile aux historiens d'art. Elle seule pourtant permet de fixer à leur place réelle les coins gravés par des maîtres dans la suite chronologique des mon- naies. C'est seulement l'examen de ces ouvrages d'artistes éminents qui autorise à tracer un tableau des conquêtes artistiques sans cesse renouvelées. Les productions d'arti- sans moins habiles, ou de graveurs attardés, incapables de suivre la rapide évolution du style contemporain, ne sau- raient rien nous enseigner sur les tendances variables de l'art de la Grande-Grèce. Seule la publication de toutes les séries monétaires, un examen approfondi des trésors et des surfrappes, peut nous mettre en mesure de tracer une image précise de l'art monétaire, en nous fournissant un point d'appui pour les études historiques. C'est la coordination de ces trois sortes LES MONNAIES D'ARGENT DE RHEGIUM 27 d'enquêtes qui permettra d'établir une base incontestable pour le travail d'ensemble dont Rizzo avait entrevu la réali- sation. Je me suis abstenu, à dessein, d'établir des comparaisons avec les autres branches des arts plastiques. Ces compa- raisons ne pourront pas être vraiment utiles avant qu'un examen général ait pu être mené à bien, et que nous ayons acquis des bases solides pour la chronologie et l'évolution stylistique des monnaies. 28 H. HERZFELDER HISTOIRE DE LA VILLE DE RHEGION TABLE CHRONOLOGIQUE 461. Les fils d'Anaxilas, qui avaient tenu sous leur tyran- nie les villes de Rhegion et de Messana, sont expulsés. Les discordes des habitants ont pour conséquence la dissolution des liens qui unissaient les deux cités, où s'établit le régime démocratique (Diop., XI, 76 ; Jus- TIN, IV, 3). 433-432. Alliance avec Athènes, parente de Rhegion par la race (Corp. Inscr. attic., Berlin, 1873, fol. 33, p. 16). Le but de l'alliance est sans aucun doute de s'assurer un appui, au cours des luttes perpétuelles avec la ville voisine de Locres (cf. THuc., IV, 1. 24). 431-430. Au début de la guerre du Péloponnèse, Rhegion, de même que les villes chalcidiennes de Sicile, se déclare en faveur d'Athènes, mais sans prendre part immédia- tement aux hostilités. Les cités doriennes de l'île, à l'ex- ception de Caniarina, sont alliées des Lacédémoniens. 427. Rhegion, après le déchaînement de la guerre en Sicile, soutient Leontini, menacée par Syracuse. Appelée à l'aide par une ambassade des Léontins, une flotte athénienne aborde à Rhegion, et y établit une base. Le principal but d'Athènes, outre l'appui qu'elle fournit à ses alliés, est d'empêcher les livrai- sons de blé de la Sicile aux Lacédémoniens, et d'as- surer sa suprématie sur la Sicile et sur les voies maritimes (THuc., III, 86 ; DIOD., XII, 54). 427-426. Unis aux forces de Rhegion, les Athéniens, avec une fortune diverse, mènent une guerilla sur mer et LES MONNAIES D'ARGENT DE RHEGIUM 29 sur terre. Leur seul succès sérieux est la conquête de la forteresse de Mylae 1 , qui entraîne la capitulation de Messana (Txuc., III, 88, 90, 99, 103). Lachès, le général en chef des Athéniens, semble agir sous l'in- fluence de Rhegion ; en effet, toutes ses initiatives ne se comprennent que vues sous cet angle, mais il ne soutient que d'une façon assez indolente les alliés sici- liens contre Syracuse. Ceux-ci envoient une ambas- sade à Athènes, et obtiennent la promesse de secours plus actifs. L'avant-garde des renforts athéniens arrive à Rhegion à la fin de 426. Pythodoros, qui remplace Lachès au commandement en chef, subit une défaite au cours d'une attaque sur Locres (THUG., III, 115). 425. Syracuse et Locres déclenchent une offensive pour devancer l'arrivée du gros de la nouvelle flotte athé- nienne. Tandis que la flotte des Syracusains, sur l'invi- tation des habitants de Messana, reprend la ville, les Locriens attaquent par terre, et occupent le territoire de Rhegion. Partis de Messana, les Syracusains tentent de conquérir la ville elle-même, mais ils sont repoussés dans le détroit par les flottes de Rhegion et d'Athènes réunies. Au cours de divers combats en Sicile, aucun des partis ne parvient à gagner un avantage décisif. L'arrivée des forces principales des Athéniens, sous le commandement d'Eurymedon et de Sophocles, qui établissent à Rhegion leur camp et leur centre d'ap- provisionnement, ne change rien à la situation (TRUC., IV, 1, 24, 25). 424. Fatigués de la guerre, les Grecs de Sicile, réunis en congrès à Gela, sous l'influence prépondérante du Syracusain Hermocrates, décident de cesser les hosti- lités. Les chefs athéniens se soumettent aux décisions du congrès, et retournent chez eux avec leur flotte. 30 H. HERZFELDER Rhegion n'est pas citée spécialement parmi les parti- cipants du congrès mais il est clair que la cité, en qualité d'alliée d'Athènes, souscrivit au traité de paix générale (THUc., IV, 58 à 65). 415. A l'occasion de la seconde expédition athénienne en Sicile, Rhegion interdit aux Athéniens l'accès de la ville, et se déclare neutre (THuc., VI, 44, 50 à 51). 404. Rhegion envoie une flotte de secours aux adversaires du tyran Denys Pr (DIOD., XIV, 8). 399. Inquiète à la suite de l'anéantissement des villes chalcidiennes de Sicile, par Denys Ier , et aiguillonnée par les émigrants syracusains, Rhegion tente de mener une guerre préventive contre le tyran. Soutenue d'abord par les troupes de Messana, elle est abandon- née par celles-ci avant le début des hostilités. Les Rhegiens se retirent sans combat (Diop., XIV, 44). 398. Rhegion repousse la proposition de Denys Ier qui voudrait épouser une citoyenne de la ville, et par ce moyen établir avec la cité des rapports amicaux. Pour obtenir la neutralité de Rhegion, la guerre étant immi- nente avec Carthage, Denys Ier , par le moyen d'un mariage, s'allie avec Locres, d'où Rhegion peut être menacée à revers (Dion., XIV, 44). 395-394. Messana, reconstruite par les partisans de De- nys Pr , après sa destruction par Himilcon, est consi- dérée comme une menace par Rhegion. Après avoir établi en Sicile, une base à Mylae, occupée par les habitants des villes chalcidiennes chassés de chez eux, une armée de Rhegion attaque Messana, sous le com- mandement de l'émigré syracusain Heloris. L'attaque ayant échoué, Mylae doit être de nouveau évacuée (Dion., XIV, 87). 393. Denys Ier attaque à l'improviste avec une flotte consi- LES MONNAIES D'ARGENT DE RHEGIUM 31 dérable ; Heloris parvient à empêcher la chute de la ville. Denys Ier dévaste le pays, mais conclut ensuite une trêve (Dion., XIV, 91). A la suite de cette attaque, une alliance défensive est conclue entre les Hellènes de Grande-Grèce (Dion., XIV, 91). 390. Nouvelle attaque de Denys Ier qui avait abordé à Locres amicalement disposée en sa faveur. Soutenus par une flotte de Grande-Grèce, et favorisés par le temps, les Rhegiens sont victorieux. Denys Ier se replie sur Messana, et conclut une alliance avec les Lucaniens (Diop., XIV, 100). 389. Une flotte syracusaine s'empare, près des îles Lipari, de dix vaisseaux de Rhegion. Denys Ier aborde près de Caulonia, avec une nouvelle armée, bat une armée crotoniate sur l'Eleporos, et réussit à isoler Rhegion d'une partie de ses alliés uploads/Geographie/ catalogue-des-tetradrachmes-et-drachmes-de-rhegion-environ-461-350-av-j-c-hubert-herzfelder 1 .pdf
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- Publié le Sep 10, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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