Chapitre 3 La croissance économique en Europe, aux Etats-Unis et au Japon au 19
Chapitre 3 La croissance économique en Europe, aux Etats-Unis et au Japon au 19ème siècle : les voies nationales d’industrialisation 1-DES GÉNÉRATIONS DIFFÉRENTES. 11 Le modèle anglais. 111 « Britannia rule the waves » : apogée et déclin de la “superpuissance“. 112 Pourquoi l’Angleterre estelle la première ? Robert C. ALLEN, The British Industrial Revolution in Global Perspective, 2009 113 L’avance anglaise, un contexte différent pour les autres pays. 12 Les chemins des suiveurs : des voies nationales spécifiques ? 121 Le modèle du décollage (takeoff). Walt ROSTOW, Les étapes de la croissance économique, 1960 122 L’industrialisation s’étend à d’autres pays : Allemagne, EtatsUnis, Japon. 123 Les particularités de l'industrialisation tardive. Alexander GERSCHENKRON, Economic backwardness in historical perspective, 1962 2-DES BASES COMMUNES, MAIS DES VOIES D’INDUSTRIALISATION ORIGINALES POUR LES PAYS DE SECONDE GÉNÉRATION. 21 Le rôle de l’Etat : l’exemple du Japon de Meiji. 211 Le Japon préindustriel. 212 Les réformes de l’ère Meiji (après 1868) 22 Le rôle de l’agriculture et le poids déterminant des chemins de fer : l’exemple des EtatsUnis. 221 Une agriculture performante. 222 L’effet d’entraînement des chemins de fer à un stade précoce de l’industrialisation. 23 Le cas français : archaïsmes et modernité. François CARON, Histoire économique de la France XIXème-XXème siècle, 1995 231 Une histoire mouvementée : la Révolution française. 232 Le bilan d’un siècle de croissance : « un grand pays industriel faiblement industrialisé ». Chapitre 3 La croissance économique en Europe, aux Etats-Unis et au Japon au 19ème siècle : les voies nationales d’industrialisation 19ème siècle des historiens. questions : la diffusion de l’industrialisation. le mode d’industrialisation : modèle anglais ? différences nationales ? les rapports de force internationaux. 1-Des générations différentes. 1-1 Le modèle anglais. 1-1-1 « Britannia, rule the waves » : apogée et déclin de la “superpuissance“. •L’économie anglaise est déjà une économie largement tournée vers l’industrie qui emploie la moitié des actifs, mais ne doit pas être totalement identifiée au secteur “moderne“(des régions restent "comme avant", des secteurs peu modernisés…). L’agriculture a nettement reculé (22% de la PA en 1851), l’urbanisation progresse avec un exode rural désormais accéléré (2/3 des citadins sont nés à la campagne au recensement de 1851). La population est jeune, en plein dans la transition démographique (de 7 M d’habitants au milieu du 18ème siècle à 21 M en 1851). •L’économie anglaise possède une avance maximale vers 1850 : elle est encore la première puissance économique. elle est de plus en plus ouverte sur l’extérieur, exportatrice de produits de pointe (textile, rails par exemple) qui tirent la croissance, importatrice de produits bruts (agricoles, coton…). la GB poursuit une aventure coloniale mondiale. •Après 1875, apparaît un déclin industriel relatif et un déficit commercial. des concurrents apparaissent, tandis que les premières générations d’industrie, vieilles déjà de près d’un siècle, deviennent de plus en plus obsolètes. Les exportations industrielles se réduisent. l’agriculture est en déclin, notamment dans les années 1880 (11% d'agriculteurs à la fin de la période). Les importations de produits bruts s’accroissent. mais la GB reste de très loin la première puissance financière (flotte marchande pour d’autres pays, assurances et services bancaires et revenus des investissement) : elle est le banquier du monde… 1-1-2 Pourquoi l’Angleterre est-elle la première ? Robert C. ALLEN, The British Industrial Revolution in Global Perspective, 2009 •Mise en avant de plusieurs facteurs essentiels : agriculture, population, demande, institutions politiques, innovations technologiques. Mais facteurs pas proprement anglais : l’agriculture hollandaise a de bons rendements, elle est très commerciale avec une forte population urbaine. Le commerce international est développé. croissance démographique en France, avec un bon réseau de communications et des droits de propriété assez bien sécurisés. les explications culturelles sont également avancée : ouverture sociale de la noblesse, bourgeoisie entreprenante, minorités religieuses… •En fait, la GB présente l’ensemble de ces facteurs. Pour Allen, l’explication et l’originalité décisives sont à chercher du côté des facteurs de production : les salaires élevés à l’époque moderne et l’abondance de charbon peu coûteux conduisent à innover pour des combinaisons laboursaving plus capitalistiques et plus mécanisées. Il rejette l’explication culturelle et technologique (l’“esprit anglais“ ou la science pour la science), et montre que les nouvelles techniques étaient à la portée des autres (France par exemple) mais peu rentables compte tenu de la structure des coûts des facteurs de production.. 1-1-3 L’avance anglaise, un contexte différent pour les autres pays. •Les autres pays démarrent dans un contexte marqué par l’avance anglaise, donc dans des conditions nécessairement différentes de celle de la GB. C’est à la fois un atout (free lunch, rattrapage) et un inconvénient (concurrence très en avance). Cela pose donc une nouvelle question, celle de l’endogénéité ou de l’exogénéité du développement des suiveurs. •Une part est exogène, avec des transferts de technologies : ils sont d’abord prohibés : les sorties d’ouvriers et artisans sont interdites jusqu’en 1825, les exportations des machines jusqu’en 1843. Cela n’empêche pas une certaine diffusion des techniques, par l’espionnage, les voyages clandestins, les plans et les machines démontées puis copiés … (ex de Le Turc). les transferts même légaux sont de toutes façons difficiles au début, à cause d’un savoirfaire peu formalisé dans un langage scientifique (ex de la sidérurgie) qui impose la migration des techniciens. De très nombreux entrepreneurs continentaux font le pèlerinage sur l’île au 19ème siècle. Ex : coulée de fonte par Wilkinson au Creusot en 1785, patronat normand parfois d’origine britannique, contrats de vente accompagné de la fourniture de techniciens pour les machines de Boulton et Watt… •Ensuite la formation de techniciens et les innovations locales, dés les années 18401850 notamment pour les machines (ex la France commence à exporter des locomotives vers l’Espagne…), permettent un développement plus endogène, avec un sentier propre. Mais les mêmes difficultés se posent pour les transferts de technologie internes à un pays et ils sont de toute façon conditionnés à un niveau de formation, un contexte mûr. 1-2 Les chemins des suiveurs : des voies nationales spécifiques ? 1-2-1 Le modèle du décollage ( take-off ). Walt ROSTOW, Les étapes de la croissance économique, 1960 •Rostow a construit un modèle célèbre, autour de l’idée que toutes les économies développées passent par une succession de cinq étapes : la société traditionnelle, les conditions préalables, le takeoff (puis la maturité et l’ère de la consommation de masse ensuite). Il écrit à un moment où les pays en développement nouvellement indépendants cherchent leur voie de développement. La recherche des causes, du contexte… de la RI amène forcément à se poser la question des préalables qui sont pour Rostow : des gains de productivité dans l’agriculture, des infrastructures de transport, une nouvelle élite qui change d’attitude envers l’économie. Ces prerequites sont assez larges, assez aisément constatables, mais peuvent revêtir des caractéristiques variées et jouer un rôle plus ou moins grand. •Surtout, Rostow défini un moment, celui du décollage, déclanché par des stimuli variés dans un contexte mûr (politique au Japon, technique en GB…). Sa chronologie est fondée sur un indicateur, le taux d’investissement qui doit doubler.Cela permet de dater le début de la RI sans se perdre dans le temps long des changement structurels, et même si croissance et progrès techniques sont effectivement modérés au début. C’est une discontinuité historique majeure après laquelle la croissance s’enclenche sans retour, autosoutenue et cumulative, ce que confirme l’expérience historique : aucun pays ne s’est désindustrialisé après avoir démarré. GB : vers 1780 Allemagne, EtatsUnis : vers 1860 France : vers 18401860, lent Japon : vers 1880 1-1-2 L’industrialisation s’étend à d’autres pays : Allemagne, Etats-Unis, Japon. •En Allemagne. la croissance est forte : 2,5% à 2,9% par an entre 1850 et 1913, sans fléchissement à la fin du siècle, soit un produit national multiplié par 5 mais une population presque doublée. La performance impressionnante en termes de puissance économique (vive concurrence avec la GB sur les marchés mondiaux, par exemple dans l’Empire ottoman pour les chemins de fer) et politique (marine marchande et militaire notamment à partir des années 1890). •La croissance étatsunienne à démarré avant 1860 mais la fin de la Civil War (18611865) constitue un tournant. Les EtatsUnis sont la première puissance mondiale indiscutable en 1914 (notamment les industries lourdes mais aussi les industries nouvelles) avec un contexte particulier : la démographie. Les facteurs sont à la fois attractifs (travail, pays neuf… et publicité des compagnies de navigation) et répulsifs (difficultés européennes), ces derniers semblant l'emporter : les grandes vagues coïncident avec les crises économiques européennes. L’immigration est adulte, jeune et active : c’est un immense transfert de "capital humain" même si elle est souvent non qualifiée, surtout pour la seconde vague venue d'Europe centrale et méditerranéenne. Elle est employée dans des conditions très dures. Les maxima sont atteints dans les années 1900 (1,3 million d’entrées en 1907), pour un total de 33 M de personnes dont 25 M après 1880. Mais il y a aussi un flux de retour assez important et rarement évoqué (10 M, 1/3 des entrées ?). •On considère que le Japon entre dans la révolution industrielle après 1868, même si le phénomène uploads/Geographie/ chap-3-croissances-19eme 1 .pdf
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- Publié le Sep 14, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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