Chapitre 1 : Caractéristiques et gestion des formations forestières en Algérie
Chapitre 1 : Caractéristiques et gestion des formations forestières en Algérie Introduction : L’Algérie du Nord possède un véritable potentiel forestier qu’il est possible de mettre en valeur aussi bien pour la production de ressources ligneuses destinées au développement industriel et économique du pays que pour la protection de l’environnement et mêmes à des fins sociales à proximité des centres densément peuplés (Letreuch-Belarouci, 1995). Mais, en dépit des différents plans de développement, la forêt algérienne ne semble pas aujourd’hui être en condition de production et donc ne peut satisfaire les besoins de la société, vue les besoins énorme en matières première ligneuses liées à l’accroissement de la population, aux exigences de l’élévation de son niveau de vie, au développent industriel et économique du pays et principalement du fait du profond délabrement de ces forêts (Letreuch-Belarouci, 1995). Dans ce chapitre sera abordée la situation des forêts en Algérie, puis la description de la méthodologie du concept du préaménagement appliquée sur les forêts des monts de Dhaya- Saïda et une partie boisée des monts de Saïda. I/- Situation géographique de l’Algérie : L’Algérie joui d’une situation exceptionnelle, dixième pays du monde par sa superficie et le plus grand pays du continent africain après le Soudan. Il est bordée au Nord par la mer Méditerranée avec 1200 km de côtes, à l’Est par la Tunisie et la Libye, au Sud par le Niger et le Mali, au Sud-ouest par la Mauritanie et le Sahara occidental, à l’Ouest par le Maroc, elle est comprise entre les parallèles 18°58' et 37°05' de latitude Nord et 08°40' Ouest et 11°58' Est des longitudes avec une superficie total de 2381741 km², cette situation géographique lui confère une diversité climatique et écologique particulière. Ce vaste territoire est très diversifié par son climat, son relief, ses sols et ses végétations naturelles (Letreuch-Belarouci, 1995), ou en fonction de la géologie, de la lithologie et de la topographie notre pays s’organise en trois grandes unités structurales : le système tellien, les hautes plaines steppiques et le Sahara. 1/- Le système tellien : C’est un ensemble constitué par une succession de massifs formant un grand arc montagneux constituée de chapelets montagneux disparates et discontinus, côtiers et sublittoraux entrecoupé par des plaines, la zone réunit les affleurements calcaire, dolomitiques, marneux et gréseux, on y trouve aussi des schistes et des quartzites (Kadik, 1986), cet ensemble est subdivisée géographiquement comme suite : - Le Tell occidental est ordonné en alignements alternés de massifs de hauteur moyenne, dominés par une dorsale calcaire du Jurassique et du Crétacé (avec les monts de Chapitre 1 : Caractéristiques et gestion des formations forestières en Algérie Tlemcen, de Dhaya, de Saïda et les monts de Beni-chougrane) et de dépressions représentées par les basses plaines oranaises et la plaine du bas Chélif. - Le Tell central est constitué par une chaîne de massifs prolongeant le Tell occidental, où on retrouve les monts du Zaccar, l’Atlas blidéen et les massifs du Djurdjura dont l’altitude culmine à 2300 m, les roches du Crétacé sont constituées de schiste, de marnes et de calcaire marneux et la bordure littorale est dominée par une grande dépression formant la plaine alluviale de la Mitidja. - Le Tell oriental représente la partie la plus montagneuse de l’Algérie, il est disposé en chaînes parallèles et on distingue du Nord au Sud : les chaînes telliennes littorales, constituées de gneiss et de granite qui prolongent celles du Djurdjura, ce sont les massifs de Collo, Skikda et de l’Edough bordant la basse plaine d’Annaba et les chaînes telliennes externes, constituées par les monts des Babors (2004 m) et les massifs de la Petite Kabylie, qui reposent sur des socles du jurassique et de l’Eocène, les chaînes telliennes internes dominées par les monts du Hodna, du Belezma, le massif des Aurès et les monts des Némemchas. 2/- Les hautes plaines steppiques : Localisées entre l'Atlas tellien au Nord et l'Atlas saharien au Sud avec des altitudes plus ou moins importantes de 900 à 1200 m, elles sont parsemées de dépressions salées, chotts ou sebkhas qui sont des lacs continentaux formés au Pléistocène sous l’effet des pluies torrentielles et du ruissellement important qui en découle. On distingue deux grands ensembles : - Les steppes occidentales, qui sont constituées des hautes plaines sud oranaises et sud algéroises, dont l'altitude décroît du Djebel Mzi à l'ouest (1200 m) à la dépression salée du Hodna au centre occupé par des dépôts détritiques. - Les steppes orientales à l'est du Hodna, qui sont formées par les hautes plaines du sud constantinois où domine le Crétacé de nature calcaire et dolomitique. Ces hautes plaines sont bordées par le massif des Aurès et des Némemchas. 3/- Le Sahara : Le Sahara forme une large barrière qui sépare le domaine méditerranéen au Nord du domaine tropical au Sud, constitué de plateaux (hamadas et tassili) où le massif volcanique du Hoggar culmine à 3000 m d'altitude, de plaines (regs et ergs) et de dépressions (sebkhas et gueltas). Cette diversité du paysage en Algérie, lui confère une diversité climatique et écologique particulière propice au développement d’une flore très riche et très diversifier, en effet, l’Algérie possède une des flores les plus diversifiées et les plus originales du bassin méditerranéen où elle compte 3139 espèces répartis dans près de 150 familles parmi Chapitre 1 : Caractéristiques et gestion des formations forestières en Algérie lesquelles 653 espèces sont endémiques, soit un taux de 12,6 % d’endémisme. En ne considérant que le secteur oranais, celui-ci conserve environ 1780 espèces végétales du total de la flore algérienne soit environ 57 % de la flore algérienne et 95 % de la flore méditerranéenne maghrébine (Kazi Tani et al, 2009). Mais malheureusement, ce territoire subi une dégradation très intense des terres et une désertification galopante qui en est le stade avancé, cette dégradation des milieux naturels se traduit par la réduction du potentiel biologique et par la rupture des équilibres écologiques et socio-économiques. Parmi ces éléments naturels, le milieu forestier demeure le milieu qui subit d'énormes pertes aussi bien sur le plan floristique que faunistique. Les contraintes majeures : Les contraintes pesant sur le territoire en Algérie sont d’origine naturelle et d’autres de nature anthropique, ces derniers sons de loin les plus importantes : - Erosion des sols : On considère que plus de 12 millions d’ha sont soumis à l’action de l’érosion hydrique ; le climat, la pente, la nature lithologique et le manque de couverture végétale expliquent que prés de 2000 à 4000 t/km2/an de sédiments sont arrachés des bassins versants de l’Atlas tellien (Roose et al, 1993), un taux d’érosion spécifique des bassins versant parmi les plus élevée du monde (Demmak, 1982), l’envasement des barrages on est la conséquence direct où le taux d’envasement des barrages en Algérie est supérieur à 50% en zones arides et de 30 à 40% en zones telliennes (MATE, 2003), avec une durée de vie de nos barrages qui ne dépassant guère trente à cinquante ans (Roose et al, 1993). - La déforestation et la désertisation : Malgré les campagnes de reboisement réalisées annuellement depuis l’indépendance, le taux de boisement en Algérie ne se situe qu’entre 10 et 12% seulement, ce couvert végétal est agressé annuellement par les incendies de forêt, les attaques parasitaires et par l’action négative de l’homme et ses troupeaux ou le surpâturage contribue pour une bonne part à la dégradation du couvert végétal principalement dans les écosystèmes fragiles les conduisant à la désertification, en plus, les nappes alfatières ont régressé de moitié en 70 ans et la désertification affecte l’ensemble des régions présahariennes et steppiques (MATE, 2003). - L’urbanisation anarchique : La démographie galopante de notre pays et l’exode rurale, ont engendré des phénomènes de concentration de la population vers une partie du territoire ; le plus souvent au Nord et ou autour des grandes villes, l’urbanisation contrôlée ou sauvage, s’est faite au détriment des meilleures terres agricoles (de la Mitidja et de Chlef pour le centre, de la Bounamoussa pour l’est et des plaines riches de l’Ouest), il en a été de même pour les oasis fertiles du sud (Biskra, Ghardaïa... etc.). Chapitre 1 : Caractéristiques et gestion des formations forestières en Algérie Finalement, en terme de bilan, l’Algérie a perdu au cours des trente dernières années plus de 4,35 millions d'ha de terres productives ; les pertes dues au déboisement sont de l’ordre de 1,5 millions d'ha, celles due à l'érosion hydrique sont estimées à 1,4 millions d'ha, à l'ensablement des terres à 1 millions d'ha, l'empiétement urbains, industriels et routiers à 250000 ha et la salinisation des sols à 200000 ha (Bennadji, 1997 .( Tous ces éléments indiquent l'urgence de la mise en place d'une politique nationale cohérente de gestion rationnelle du territoire d'une part et la nécessité d'une préservation des ressources phytogénétiques d'autre part (Abdelguerfi, 1989), les ressources naturelles (sol, plante, eau...) ne doivent plus être soumises aux multiples agressions qui se produisent à l'occasion des transformations des structures agraires (surpâturage, extension de la surface agricole utile..), de l'urbanisation et de uploads/Geographie/ chapitre1-kerrache-ghaouti.pdf
Documents similaires
-
16
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 14, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.4468MB