COLLAGE CITY, (1878) Colin ROWE (1920-1999) & Fred KOETER (1938) UNE « THERAPIE
COLLAGE CITY, (1878) Colin ROWE (1920-1999) & Fred KOETER (1938) UNE « THERAPIE » DE LA VILLE MODERNE : On pourrait résumer le propos de Collage city dans l’idée d’une re cherche de thérapie de la ville du mouvement moderne. Suite à l’ob servation récurrente au cours de la deuxième partie du XXème siècle de ses dysfonctionnements évidents avec son penchant de la ville « tradi tionnelle », l’objectif est donc d’aboutir à un moyen, un processus, pour assurer une réconciliation entre ces différentes formes de ville. Le Corbusier, Paris, Plan Voisin, 1925. Maquette et Plan d’emprise au sol IDENTIFIER ET CONFRONTER LES EXTREMES : QUELS OUTILS ? Pour identifier et confronter ces deux tendances Rowe et Koeter utilisent un outil relativement simple : la comparaison. Ils consti tuent des groupes d’opposés, associant une notion de l’agence ment spatial à son contraire, tel que « plein/vide ». C’est un moyen efficace de mettre en évidence une notion par la confrontation sur le papier avec son opposé. Les diverses strates de la ville (bâti, li mites, voirie, etc…) sont ramenées sur le même plan, avec la même représentation : FIGURE / FOND. Les auteurs ne cherchent pas à renier l’architecture moderne (ils ne sont pas opposés aux formes architecturales qu’elle propose), mais lui re prochent son caractère d’idéal, qui l’empêchent de réagir en réponse au contexte urbain dans lequel elle va prendre forme. Un exemple explicite serait celui du plan Voisin de Le Corbusier, où le modèle idéal/fonctionnel de la ville de 3000 habitants nie radicalement le contexte chargé d’histoire et de sens dans lequel elle s’implante. Le propos n’est donc pas de rompre radicalement avec la ville moderne, mais de l’accommoder avec une sorte d’opposé (la fameuse ville « his torique » dont elle a voulu se séparer), liaison ou confrontation dont les rapports conflictuels et compétitifs soient un stimulant à la découverte, à l’expérimentation, au métissage. Ainsi les deux modèles sont clairement identifiés par le couple OBJET / TEXTURE. Cette distinction constitue ainsi le propos dans la comparaison du plan de masse pour le projet de la ville de Saint Dié de Le Corbusier, avec le plan masse de la ville de Parme. Objet : le bâtiment en tant qu’objet scénarisé/magnifié au sein d’un ensemble plus vaste d’autres objets architecturaux. Dans la logique moderne où l’extérieur est le résultat d’un intérieur rationnel, l’objet exprime sa fonction. Grande quantité de vides dans un plein peu travaillé. Texture : une des qualités de la ville traditionnelle, le tissu qua siment continu du bâti apparaît comme une « matrice ». « (Elle) ne ressent aucun besoin de compléter ou d’exprimer sa fonction » (p.96) puisqu’elle est incorporée à la continuité du bâti. Grande quantité de plein dans un vide peu travaillé. Donc une réflexion de la confrontation entre ce qui tend à s’exclure ou se nier. Une fois bien introduits ces idées de texture et d’objet, Rowe et Koeter font in tervenir le concept de « Collision City ». C’est un modèle de ville où coexistent ces couples opposés. Ils prennent l’exemple de la Rome antique (photographies de maquettes et plan des « collisions »), où les objets de l’empire rencontrent brutalement la texture de la ville. La « collision » et le « bricolage » (faire avec ce qui est sur place) sont finalement des occasions de sauvegarder la ville et ses ambigüités, ses multiples identités, contre la réduction d’une pensée unique. LE COLLAGE COMME ATTITUDE EXPERIMENTALE : Finalement, les auteurs dépassent Collision City pour arriver à la ville « idéale » : Collage City, une ville sans forme idéale fixe et unique mais confrontant une multitude de fragments, de « pièces rapportées », liées entre elle par les seules contraintes du temps présent et de l’espace de la ville. Le terme de « Collage » est à comprendre ici dans son sens cubiste : de la même manière que pour La nature morte à la chaise canée de Picasso, un objet est emprunté au monde réel (à cause de ses propriétés physiques : aspect, texture, proportions…) pour prendre un sens nouveau lorsqu’il est transposé dans un nouveau contexte, un nouveau support (ici l’espace de la toile). L’objet est donc valorisé pour ce qu’il est physiquement comme pour ce qu’il a signifié, ce qu’il signifie aujourd’hui. Picasso, Nature morte à la chaise cannée, 1911-12 Le procédé est le même pour Collage City, la ville (la texture) devient le support à la pièce rapportée (l’objet), qui lors de sa confrontation avec le contexte (différent) changera de rôle, de signification vis-à-vis de sa situation précédente. Le collage a donc 3 dimensions : Le sens de l’objet : il met en avant le fait que le sens (le rôle/l’usage/l’image) des objets puisse évoluer à travers le temps. Chaque objet peut donc avoir plusieurs sens. Par exemple : l’évolution du rôle du Collisée dans la ville de Rome à travers le temps (de l’arène au monument touristique). La portée politique : oppose la ville collage à la ville totali taire. Collage city est une ville qui reflète la démocratie, de part le métissage et les intérêts conflictuels qu’elle propose de faire coexister. A l’opposé se situe la ville totalitaire (ville moderne par exemple, ou Versailles…) qui, malgré toutes les bonnes volontés, refuse cette coexistence et passe cette di versité sous silence au profit d’un idéal. Une posture EXPERIMENTALE, par exemple pour le projet : une recherche de combinaisons imprévisibles… Comme une « cadavre exquis » architectural sur le Jeu des plans.une façon d’interroger la situation actuelle, de la com parer et la confronter avec d’autres références et d’autres «objets», empruntés au réel. C’est dans l’idée de constituer une sorte de catalogue d’objets « à coller » que Rowe nous offre dans le dernier cha pitre Excursus une liste de « pièces » transposer. CONCLUSION : Collage City est donc autant un ouvrage sur la philosophie et la politique de la ville que sur l’urbanisme et l’architecture. Ainsi il détaille avant tout l’idée d’une attitude à avoir face à l’évolution complexe de la ville au cours du XXème siècle, et non pas une « solution miracle » dont le succès serait certain. Les outils fournis qui nous concernent sont donc ceux du projet et de l’analyse comparative : le collage (posture comparative et expérimentale) et « collision city ». Comment retrouver « collision city » dans nos lieux ? Surtout, quelles en sont les conséquences ? On peut donc réutiliser ce mode de représentation figure/fond (ou en rechercher d’autres) pour identifier, dans nos lieux, les collisions/confrontations entre les couples opposés : Grand/Petit, Collectif/Individuel, Proche/Distant, Géo métrie/ »Bricolage ». Wiesbaden, vers 1900, Plan d’emprise au sol Matrice de Rome du XVIIème siècle, d’après le plan de Bufalini de 1551. Abouayoub Fahad - Liette Lucas / Studio Léna-Pommier / Collage City uploads/Geographie/ collage-city-fiche-de-lecture.pdf
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- Publié le Jul 30, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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