Mamadou Samb De pulpe et d'orange Autobiographie d’une prostituée dans une vill

Mamadou Samb De pulpe et d'orange Autobiographie d’une prostituée dans une ville ouest-africaine Coédité par : Enda Tiers Monde Complexe SICAP Point E; Bâtiment B, 1er étage; Avenue Cheikh Anta Diop X Canal IV BP : 33 70 Dakar (Sénégal) Email: se@endatiersmonde.org Tel : (221) 33 869 99 48 / 49 Fax : (221) 33 860 51 33 Site Internet : http://www.endatiersmonde.org Et Nouvelles Editions Numériques Africaines (NENA) Villa n° 9653 4ème Phase, Rue 41, Sacré-Coeur 3, Dakar, Sénégal BP 25231 Dakar Fann, Dakar, Sénégal Division commerciale de Senervert SARL au capital de 1 300 000 FCFA. RC : SN DKR 2008 B878. www.nena-sen.com / infos@nena-sen.com / www.librairienu- meriqueafricaine.com Avec le soutien du CNL Publication d’origine : Enda, Dakar, Décembre 2011. Date de publication : 2015 3/136 Collection : Littérature d’Afrique ISBN 978-2-37015-420-0 © 2015 Nouvelles Editions Numériques Africaines (NENA) 4/136 Licence d’utilisation L'éditeur accorde à l'acquéreur de ce livre numérique une licence d'utilisation sur ses propres ordinateurs et équipements mobiles jusqu’à un maximum de trois (3) appareils. Toute cession à un tiers d'une copie de ce fichier, à titre onéreux ou gratuit, toute reproduction intégrale de ce texte, ou toute copie partielle sauf pour usage person- nel, par quelque procédé que ce soit, sont interdites, et constituent une contrefaçon, passible des sanctions prévues par les lois de la propriété intellectuelle. L’utilisation d’une copie non autorisée altère la qualité de lecture de l’œuvre. Préliminaires Auteur Actuellement Conseiller Technique et consultant, Mamadou SAMB est Inspecteur de l’Animation du développement. Au-delà de ses activités professionnelles, Mamadou SAMB se passionne pour l’art, la musique, le théâtre, pour les activités as- sociatives et surtout, pour l’écriture : il a actuellement produit plusieurs œuvres romanesques et est lauréat du Grand Prix lit- téraire des Lycéens du Sénégal édition 2011 avec son roman « Le Regard de l’Aveugle ». Note de l'auteur Celle qui a eu le courage d'avoir confiance en moi pour que je parle de sa vie, ne constitue en rien un exemple. Elle n'est que l'une des nombreuses femmes qui ont tant souffert et qui, mal- gré la lutte acharnée qu'elles mènent pour survivre dans ce bour- bier qu'est leur existence, continuent de peiner sous les regards impassibles, indifférents et même dédaigneux de ceux qui sucent leur sang ! Elle m'a demandé de parler de sa vie, mais en respectant cette souffrance qu'elle veut intime, personnelle. Pour ne pas la trahir, j'ai changé des noms, des lieux, et même souvent modifié cer- taines situations pour éviter toute comparaison blessante. Des situations qui existent dans une société comme la nôtre bien qu'elles puissent paraître difficilement vraisemblables. Cependant, malgré tous ces aménagements apportés au récit, celle dont la vie est relatée ici, après avoir lu ce texte, m'a tout juste avoué qu'elle se retrouvait à travers toutes ces lignes. Alors je dirais à toute personne qui s'identifierait à l'un des nom- breux personnages qui ont façonné l'existence et la personnalité de cette femme, devenue aujourd'hui responsable, que toute ressemblance, n'est en rien une accusation, mais devrait - c'est mon souhait - être le début d'une autocritique positive. Résumé Ce Roman qui a connu un grand succès, est à sa troisième réimpression. Cette autobiographie d’une fille-mère, étudiante et prostituée, transposée avec tact par Mamadou SAMB exprime à la fois les difficultés d’un certain contexte social et, chez Nabou, la volonté de s’en sortir, pour elle-même et pour son fils. Ce n’est pas un mince mérite que d’avoir su, de la longue histoire d’une vie, faire émerger l'essentiel, tout en gardant au récit, sa vérité et sa saveur. 7/136 Exergue « On a assigné à la femme un rôle de parasite : tout parasite est nécessairement un exploiteur; elle a be- soin du mâle pour acquérir une dignité humaine, pour manger, jouir, procréer; c'est par le service du sexe qu'elle s'assure de ses bienfaits; et puisqu'on l'enferme dans cette fonction, elle est tout entière un instrument d'exploitation ». Simone de BEAUVOIR Dédicace Quel que soit le jugement que l'on porte sur Thomas Sankara, un chef d'État qui fut une personnalité marquante au Sahel, on ne saurait oublier qu'il s'adressait un jour à une délégation de pros- tituées en ces termes « Femmes, je vous respecte ». Ce roman est dédié à toutes les femmes d'aujourd'hui, écartelées entre le passé et l'avenir, croulant sous le poids des contraintes sociales, cul- turelles, économiques et politiques, afin qu'elles n'endossent plus, seules, toute l'immoralité de nos sociétés. L'Auteur 8/136 Préface Ce récit a une allure de vérité qui ne trompe pas, des accents africains, dans sa fibre, dans sa texture, dans le coloré de son langage, et est tellement biaisé en même temps : par un parti- pris de perfection du style, en décalage avec ce qu'il porte; et, surtout, par une intériorisation qui va toujours de pair avec le ré- cit d'événements extérieurs, par un individualisme poussé à l'outrance, une solitude qu'on avait, il y a seulement quelques années, peine à imaginer en milieu dakarois En fait, ce récit exprime à la fois une société et sa dérive. Il va au- delà du monde des femmes libres, souvent évoqué, parfois décrit, par les romanciers ou les cinéastes au- delà du monde des belles de nuit, qui constitue, pour l'essentiel, une manière de vivre et de survivre, qui ne coupe ni le contact convivial avec les autres, ni la perspective d'autres métiers et d'une autre existence. La putain, « cette marchandise qu'on achète pour un plaisir de courte durée », est issue d'un type et d'un style particuliers. A la différence de la femme libre, partageant la vie quotidienne des couches populaires et des classes moyennes, il s'agit là d'un type de prostituée répondant précisément à la demande et aux at- tentes d'une élite coupée, beaucoup plus qu'elle ne l'imagine elle- même, de ses racines et de ses liens familiaux, s'abandonnant parfois aux fantasmes qui l'agitent, estimant comme allant de soi la domination à la fois physique et intellec- tuelle qu'elle voudrait s'assurer sur les filles qu'elle paie : Cette manière d'user et de mépriser signale bien, dans le contexte ouest- africain d'aujourd'hui, une catégorie sociale marginale, qui s'identifie à une partie de la couche dirigeante. Face à cette situation, Seynabou DIAGNE - ou celle qui se cache sous ce nom- prend la décision d'en tirer quelque profit pour son confort personnel et pour l'éducation de son enfant, mais en re- fusant d'être prisonnière du masque qu'elle se donne, en gardant ses distances, en analysant - parfois d'une manière qu'on peut juger trop intellectuelle - et en poétisant les choses. Ce qu'elle vit dans son corps, et cette part de complicité morale qu'elle ne peut refuser, n'éteignent jamais un attachement fa- rouche à ce qu'elle est, elle- même, en tant que Seynabou et, au- delà, au respect de la femme, dont elle souffre si douloureuse- ment qu'à travers elle, il se trouve si constamment bafoué. Le détour par ces quelques hommes et ces quelques comporte- ments que met à nu le roman, signifie qu'ils ont une importance statistique, mais révèle la distance qui s'établit par rapport à la vie quotidienne des peuples, et le sens de l'évolution qui s'amorce. Seynabou se révèle porteuse d'une volonté farouche de se battre, de se tirer d'affaire. Elle retrouve, là, cette constante qui con- stitue, dans les différentes métropoles africaines, l'un des fer- ments de l'espoir : l'élan du vouloir- vivre, à travers le processus de mort et de renaissance des valeurs. Parce qu'il éclaire un pan souvent masqué de la société et parce qu'il décèle la dynamique douloureuse qui, souvent, broie ceux qui veulent s'en sortir, ce récit méritait qu'ENDA le publie{1}. Pour que les lecteurs, certes, s'enrichissent d'un roman 10/136 intéressant, mais aussi comme un appel à tous ceux qui réfléchissent sur la ville, pour la mieux comprendre, et pour agir autrement. Feu Jacques Bugnicourt Secrétaire Exécutif ENDA tiers- monde 1972 - 2002 11/136 Une nuit parmi tant d'autres Je venais de me réveiller, après une nuit terrible remplie de cauchemars. J'avais encore devant les yeux le sang de cette jeune fille, une prostituée comme moi, littéralement égorgée avec le goulot d'une bouteille cassée par le souteneur à qui elle devait remettre de l'argent. La veille, comme j'avais l'habitude de le faire, j'étais sortie faire mon tour, à la recherche des clients. C'était le vingt-deux du mois, juste après la Tabaski. L'argent manquait et avoir un client en ces temps était une vraie prouesse. Il fallait employer tous les moyens pour charmer un homme et lui soutirer ce qu'il a dans le portefeuille. Je quittai ma chambre vers onze heures et pris un taxi avec le peu de sous qui me restait. La corniche ouest était calme, mais je n'avais pas du tout peur, bien que notre métier comporte d'énormes risques qu'aucune femme, en dehors de nous, n'oserait affronter. Le taximan s'étonna de me voir descendre seule, mais ne me posa pas de questions, car mon apparence et mon habillement ne permettaient aucun doute sur mes intentions. Debout sur le trottoir, j'attendais le uploads/Geographie/ de-pulpe-et-d-orange-mamadou-samb.pdf

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