réfutation Précis de Auteurs : John Cook, Global Change Institute, université d

réfutation Précis de Auteurs : John Cook, Global Change Institute, université du Queensland Stephan Lewandowsky, School of Psychology, université d’Australie occidentale Première publication en novembre 2011. 2e version publiée le 23 janvier 2012 Traduction d’Alexandre Hanin Pour plus d’informations, consulter http://sks.to/debunk Pour citer ce document dans une bibliographie: Cook, J., Lewandowsky, S. (2011), The Debunking Handbook. St. Lucia, Australia: University of Queensland. November 5. ISBN 978-0-646-56812-6. [http://sks.to/debunk] Réfuter le premier mythe sur la réfutation Il va sans dire que les décisions d’une société démocratiques devraient être basées sur des informations exactes. Pour de nombreuses questions, des informations erronées peuvent cependant prendre racine dans certaines franges de la communauté, spécialement lorsque des intérêts particuliers sont en jeu.1,2 Réduire l’influence de ce type d’informations est une tâche difficile et complexe. On croit souvent à tort que l’influence d’un mythe peut être supprimée simplement en accumulant plus d’information dans la tête des gens. Cette approche présuppose que les perceptions erronées du grand public sont imputables à un manque de connaissances, qu’il suffit de combler par des informations supplémentaires ; on parle, en communication des sciences, du « modèle du déficit d’information ». Ce modèle est faux : l’être humain ne traite pas l’information aussi simplement qu’un disque dur télécharge des données. Réfuter des informations erronées suppose d’affronter des processus cognitifs complexes. Pour transmettre des connaissances efficacement, les spécialistes de la communication doivent comprendre la façon dont l’être humain traite l’information et modifie son savoir existant et comment sa vision du monde influence sa capacité à penser de façon rationnelle. Ce qui compte n’est pas tant ce que les gens pensent que la manière dont ils pensent. Tirons d’abord au clair ce que nous entendons par « information erronée ». Nous utilisons ce terme pour qualifier toute information acquise qui se révèle être incorrecte, quelles que soient la raison et la modalité de l’acquisition initiale de cette information. Nous examinons les mécanismes cognitifs régissant la manière dont les personnes gèrent les corrections apportées à des informations préexistantes ; lorsqu’elles découvrent que ce qu’elles croient est faux, comment actualisent-elles leurs connaissances et leur mémoire ? Une fois que l’on tombe sous le joug d’une information erronée, il est très difficile de s’en libérer. Ceci a été démontré dans une expérience réalisée en 1994, dans laquelle des personnes étaient exposées à une information inexacte concernant un incendie d’entrepôt fictif, puis recevaient une rectification corrigeant les parties erronées du récit.3 Ces personnes, qui se rappelaient et acceptaient pourtant la correction, continuaient d’être influencées par l’information incorrecte lorsqu’on les interrogeait sur les évènements. Est-il possible d’éliminer complètement cette influence ? Les résultats des recherches indiquent que quelles que soient la vigueur et l’assiduité mises pour corriger l’erreur, par exemple en répétant inlassablement la correction, son influence reste détectable.4 Pour paraphraser Beaumarchais, « mentons, mentons, il en restera toujours quelque chose ». Un autre problème se pose. Les informations erronées ne sont pas seulement difficiles à supprimer : toute tentative de démystification risque en outre de les renforcer dans l’esprit de ceux qui y croient. Divers types d’« effets boomerang » ont été observés ; ils sont causés par une familiarisation au mythe,5,6 un excès d’arguments,7 ou des preuves menaçant une vision du monde particulière.8 La dernière chose que vous souhaitez, lorsque vous réfutez une information erronée, est d’aggraver encore les choses par maladresse. Le présent document a un but précis : celui de fournir des conseils pratiques pour réfuter efficacement les informations erronées et éviter les différents effets boomerang. Pour ce faire, il est nécessaire de comprendre les processus cognitifs impliqués. Nous présentons ainsi plusieurs études psychologiques instructives dans ce contexte et terminons par un exemple de réfutation efficace d’un mythe commun. Ce qui compte n’est pas tant ce que les gens pensent que la manière dont ils pensent Réfuter un mythe n’est pas chose aisée. À moins de procéder avec la plus grande prudence, toute tentative de réfutation peut involontairement renforcer les informations erronées que l’on cherche à corriger. Pour éviter cet « effet boomerang », une réfutation efficace requiert trois éléments fondamentaux. Tout d’abord, la réfutation doit se focaliser sur les faits essentiels plutôt que sur le mythe, afin d’éviter que les informations inexactes deviennent familières. Ensuite, toute mention du mythe doit être précédée d’avertissements explicites signalant au lecteur que l’affirmation à venir est fausse. Enfin, la réfutation doit fournir une explication alternative des aspects importants soulevés par l’information erronée initiale. 1 Pour réfuter un mythe, vous devez en général le mentionner. Dans le cas contraire, comment pourrait- on savoir ce dont vous parlez ? Ceci crée cependant une familiarisation au mythe, augmentant la probabilité qu’il soit considéré comme vrai. Cela signifie-t-il que le fait de réfuter un mythe peut contre toute attente le renforcer dans l’esprit des gens ? Pour éclaircir cet effet boomerang, on a montré à des personnes un prospectus réfutant des mythes courants sur les vaccins contre la grippe.5 On leur a ensuite demandé de distinguer les mythes des faits. Lorsque les questions étaient posées juste après la lecture du prospectus, les personnes identifiaient correctement les mythes. 30 minutes après la lecture, certaines personnes répondaient cependant moins bien qu’avant d’avoir lu le prospectus. La réfutation avait renforcé les mythes. L’effet boomerang est donc bien réel. Il est dû au fait que la familiarisation accroît la probabilité qu’une information soit acceptée comme vraie. Immédiatement après la lecture du prospectus, les personnes se rappelaient les détails réfutant les mythes et identifiaient correctement ces derniers. Avec le temps, toutefois, la mémoire des détails s’effaçait et les personnes ne se souvenaient plus que du mythe, sans la « marque » l’identifiant comme erroné. Cet effet est particulièrement fort chez les adultes d’un certain âge, qui sont plus enclins à oublier les détails. Effet boomerang : la familiarisation Exemple de réfutation d’un mythe climatique Fait essentiel mis en évidence dans le titre Faits essentiels répétés dans le texte initial Mythe Expliquer en quoi le mythe est fallacieux (voir page 5 pour une explication alternative) Comment prévenir cet effet boomerang de la familiarisation ? L’idéal est d’éviter purement et simplement de mentionner le mythe lors de la correction. Lorsque vous cherchez à rectifier une information erronée, la meilleure méthode est de vous focaliser sur les faits que vous souhaitez communiquer. Il n’est pas toujours aisé de ne pas mentionner le mythe. Dans ce cas, la réfutation doit mettre l’accent sur les faits. La technique trop souvent observée consistant à rédiger une réfutation en prenant pour titre le mythe écrit en grands caractères gras est à éviter à tout prix. Insérez plutôt le fait essentiel dans le titre. Votre réfutation doit d’abord mettre en lumière les faits plutôt que le mythe lui-même. Votre objectif est de familiariser les personnes avec les faits. Le soleil et le climat évoluent dans des directions opposées Au cours des dernières décennies de réchauffement climatique, le soleil a affiché une légère tendance au refroidissement. Le soleil et le climat évoluent dans des directions opposées. Ceci a conduit de nombreux scientifiques à conclure de façon indépendante que le soleil ne peut être la cause du réchauffement climatique récent. L’un des mythes climatiques les plus courants et tenaces veut que le soleil soit la cause du réchauffement climatique. Ce mythe consiste à sélectionner minutieusement les données et à présenter des périodes passées où le soleil et le climat évoluaient de concert, tout en ignorant les dernières décennies de divergence. MYTHE FAIT FAIT FAIT FAIT FAIT FAIT FAIT FAIT MYTHE FAIT FAIT FAIT FAIT MYTHE FAIT FAIT FAIT FAIT FAIT FAIT FAIT 2 La meilleure approche consiste à se focaliser sur les faits que l’on souhaite communiquer. demande plus d’effort qu’en traiter quelques-uns. Un mythe simple est plus attirant, d’un point de vue cognitif, qu’une correction trop compliquée. La solution est de fournir des données s u c c i n c t e s , accessibles et faciles à lire. Pour faciliter l’assimilation de vos informations, vous devez utiliser tous les outils à votre disposition. Employez un langage simple, des phrases courtes, des sous-titres et des paragraphes. Évitez les formules outrancières et les commentaires désobligeants, qui peuvent braquer votre auditoire. Tenez-vous-en aux faits. Terminez par un message fort et simple que les personnes retiendront et communiqueront à leurs amis, comme « 97 climatologues sur 100 estiment que l’homme est responsable du réchauffement climatique » ou « Une étude montre que les vaccins ROR sont sans danger ». Illustrez votre propos par des graphiques chaque fois que c’est possible. Les scientifiques ont longtemps fait leurs les principes du modèle du déficit d’information, selon lequel les personnes ont des opinions erronées parce qu’elles manquent de données. Mais l’excès d’information peut être contre-productif. Adoptez plutôt la règle d’or suivante : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Effet boomerang : l’excès d’information Les vulgarisateurs scientifiques négligent souvent un principe, celui de l’accessibilité de leurs idées. Celles-ci doivent être faciles à lire et à comprendre et concises. Les informations assimilables aisément ont plus de chance d’être acceptées comme uploads/Geographie/ debunking-handbook-french.pdf

  • 40
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager