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LES LÉGENDES GRECQUES DES SAINTS MILITAIRES AIÎBEVILLE. — IMPRIMERIE F. PAILLAR

LES LÉGENDES GRECQUES DES SAINTS MILITAIRES AIÎBEVILLE. — IMPRIMERIE F. PAILLART LES LÉdlNDES GHECOUES DES SAINTS MILITAIRES HippoLYTE DELEHAYE UOI.l. VNDISTE J'iihlif' (iiH'c le concours de l'Académie des iiiscriitlions cl lîcUcs Lcllrc. IHEOLOGÏ UQK.r PARIS LIBRAIRIE ALPHONSE PICARD ET FILS . DKS AKCIIIVKS NATIONALES ET DE l,A SOCIETE DE .'.. DES C.llMtlK: S2, ruo lk)na parle, S2 7^727 A Monsieur Henri OMONT Membre de l'Institut. PREFACE Le dépouillement des manuscrits hagiographiques des grandes bibliothèques de l'Europe et les recher- ches préparatoires à une nou^elle édition de notre Bïbliotheca hagiographica graeca (Bruxelles, 1895) nous ont fait constater, une fois de plus, combien certains textes, très populaires au moyen-âge, ont été négligés et se montrent rebelles à un classe- ment logique ; à quel point aussi le morcellement et la dispersion des matériaux compliquent l'étude d'une série de légendes que l'historien, non moins que le philologue, rencontre souvent sur sa route. En dépit de l'activité des chercheurs d'inédit, race d'hommes que nulle tâche ne semblait capable de rebuter, plusieurs versions de ces vieux récits ne sont point encore accessibles au grand nombre des curieux. Elles continuent à rester confinées dans un domaine réservé, et seuls, de rares lecteurs privilégiés, placés dans le voisinage des plus riches dépôts de manuscrits, peuvent en faire l'objet d'une étude approfondie. Une bonne édition des Passions des martyrs les plus célèbres, qui furent si souvent copiées dans leur langue originale et successÎA^ement traduites VIII PREFACE dans tous les idiomes modernes, rendrait à l'éru- dition un service considérable et répondrait à un besoin urgent. Mais il faut n'avoir jamais abordé ce genre de travaux pour se dissimuler les diffi- cultés de l'entreprise. Si l'on doit attendre l'homme qui, avec l'abnégation requise, aura les loisirs et les ressources nécessaires à l'accomplissement de cette ingrate besogne, on fera bien de renoncer indéfini- ment à éclaircir certaines questions d'hagiographie auxquelles ni les savants ni même le grand public ne se montrent indifférents. La difficulté d'atteindre du premier coup l'idéal entrevu ne doit point décourager les efforts et nous avons cru rendre service en publiant dès maintenant le résultat de nos recherches sur un groupe de légendes dont l'importance, au point de vue litté- raire, est considérable, et sur lesquelles l'historien ne se prononce qu'avec hésitation. L'hagiographie grecque est à l'origine de toute cette littérature. Nous essayons de classer les textes qu'elle nous livre directement, à l'exclusion des dérivés ; et pour éviter d'embrouiller davantage un sujet déjà très compliqué de sa nature, nous éla- guons les questions subsidiaires qui viennent trop souvent, en pareille matière, tenter la curiosité du chercheur et entraîner le critique à des digressions peu favorables à la clarté. Le problème littéraire, toujours capital lorsqu'il s'agit de textes hagiographiques, nous occupera donc de préférence. Toutefois, nous n'hésiterons pas à formuler les conclusions historiques qui découle- ront, comme d'elles-mêmes, de la comparaison des documents. L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a bien voulu entendre la lecture de ce mémoire, et en a rendu possible la publication par son généreux et bienveillant concours. Les membres de la Commis- sion des Travaux littéraires qui ont proposé à l'Aca- démie de prendre cette publication sous son patro- nage et tous ceux qui nous ont encouragés à divers titres, spécialement MM. Henri Omont et Paul Meyer voudront bien agréer l'expression de notre vive reconnaissance. Bruxelles, 2'» décembre 19u8. LES LÉGENDES GllI^^GOUES DES SAINTS MILITAIRES CHAPITRE PREMIER INTRODUCTION Le nombre des saints de l'Eglise Grecque qui, d'après leurs Actes, ont été engagés dans le service militaire, et que les artistes représentent avec la cuirasse, le bon- clier et la lance, est relativement considérable. A côté des célèbres |)balanges des quarante martyrs de Sébaste, des mai'tvrs de Mélitène conduits par S. Hiéron', de la troupe des compagnons de S. Maurice '^ et d'autres groupes moins nombreux, comme ceux des SS. Probus, Tara- chus, Andronicus-^, des SS. ,ln\entin et Maximin *, des SS. Sergius et Racclius•"•, la liste des saints comprend I. Passio s. Ilieroni^ et soc. dans Mi^nc P. (., ... ioq-iîo. i.a Passion lapins ancionno de S. llioron rsl inrdilo, ol sera pnbliée dans les Krid Sdiiclorum, an 7 du mois de novendjre. >.. Pniisio S. Mauricii et soc. LXA^ dans P. G., l. (A\, p. li'iG^:^. 3. AclaSS., ocl.. I. V, p. 5C)C)-S\. \. Le seul lexLe que Ton possède sur ces sainls est riioniélie de S. Jean (^hrysoslome, Montfaucon, t. Il, p. 578-83. ). \('la SS., oel., l. III, p. 833 (S3 ; Analcrhi lioUandinnn. (. \j\. p. 373 ()). •2 LÉGENDES (.HECQLES DÉS SAINTS MILITAIRES une longue série de soldais isolés, Théodore, Menas ^ Aré- Ihas-, Artéinius *^ Callislrale '^ et beaucoup d'autres qui sont assez coiiuus. soit par leur légende, soit par leur image traditionnelle. Cette proporlion d'uniformes dans le chœur des mar- tyrs a frappé plus d'un historien et l'on a cherché à se rendre compte du succès de la ])ropagande chré- tienne dans les camps. 11 n'y avait donc pas, comme on l'a répété, incompatibilité entre le métier des armes et la religion du ClirisI : et l'Eglise ne portait pas sur l'état militaire les sévères jugemenls de quelques moralistes j'igides. En même temps que l'on étudiait les causes de la rapide diffusion du christianisme dans l'armée, on tentait de définir le rôle de l'armée dans la difl'usion du christianisme parle monde•"•. Ces questions assurément intéressantes et non encore sulfisamment éclaircies, nous n'entreprenons pas de les résoudre ici. Tout au plus pouvons-nous prétendre à jeter quelque lumière sur certains côtés du problème en essayant d'apprécier à leur exacte Aaleur, les Actes de quelques saints guerriers choisis parmi les plus célèbres. On distingue, en effet, dans le groupe des saints appar- tenant à la milice, une sorte d'état-majoi-, choisi parmi les plus populaires d'entre eux: ce sont les saints militaires 1. Les textes relatifs à S. Menas son! nombreux el diniciles à classer. Cf. Aiialecta Bollandinna, t. \MH, p. '|()0-4o7 ; K. Kiilmiîaciieu, Miscellen zii Ronianos, aus den Abiiaisdlunc.en dkk K. Iîayeiuschkn Akademie, I Kl. XXIN , Bd., III. Abt., 19(37, p. 3i-34. 2. AclaSS., oct., t. \, p. 721-59. 3. Ada SS., oct. t. Vlll, p. 85{)-8/|. ^. Passio S. Callistrati dans P. G., t. CXV, p. 881-900. 5. A. BiGELMAiR, Die Beteihmg der Christen am offefdUchen Leben. (Miinchen, 1902), p. 1G4-201 ; A. Uaw^sxck, Die MissioniindAusbreitung der Christentums in den ersten drei Jahrhimderten, 2" AuHage (1906), 1. 1, p. 267 et sui^ ; t. II, p. hi-po ; Id., Militia CJiristi, Tiibingen, 190.'» ; K. H. E. DE ., Dientsmeigering hij de onde Christencn, Loidon. 190;"). INTRODUCTION 3 par excellence, auxquels les Grecs donnaient le nom de (.) jjiapT'jptov -, \ et dont le Pseudo- Codinus dresse la liste dans le texte suivant : " r/ojv tjLsyayaov( ,, , '/(.) "", )'. '. '-. S. Cieorges, qualifié habituellement de -•.'.. apparaît ici comme le chef de cette troupe d élite formée [)ai• les deux Théodore, Démétrius etProcope. Ils sont fréquemment représentés sur les mosaïques, les fresques, les ivoires, les sceaux, tantôt isolés, tantôt en groupes et ces groupes sont diversement composés. Sou- venl les grands guerriers (pie nous Acnons de citer y figurent seuls: d'autres fois ils sont en CDinpagnie de soldats moins illustres, tels que les saints Mercure, Eus- lathius•^ Sergius, Bacchus, Aréthas, Euslratius, ^eslor, ou encore d'autres saints étrangers à l état mililaire. Voici, par exemiDle, sur un bas-relief, les saints Démé- trius, Théodore le stratélate, Georges et Procope* ; sur un médaillon d'or les SS. Théodore, Démétrius et Georges•''; sur un ivoire S. Théodore et S. Georges: sur T. Constantin Poiumiyrocénkti:. De Caerimoniis, app. ad Mb. 1, éd. do lk)nn, l. T, p. /|cSi. M. De offiriia, Ihid., ]i. f\8. 3. Sur iiiio anipoulo du lîrilish Miisoiun sont rcprcscnfés deux saints luililairos debout, armés do la lance el du bouelier. On a cru lire dans le clianip les nonis et ^:. (). M. Dalton, Catalogue o/ early Christian antuinities... of tlie British Muséum (Lon- don, 1901), n. 997, p. 171). Il n'y a i)as do doufo pour le nom de S. (ieorjios. M. Dallon idoidiiie l'aulre saint avec un des quaraide martyrs dv Sébaste, Aélius ((]|". Synasariuni vcclesuw. Constantinopoli- taïKie, j). 5:^1). Mais outii^ ([ue ce mailNr, so|)aré do son gioupe, ne jouit d'aucune notoriété, il est dinicile d'admettre ([ue son nom ait été écrit au lieu de .:, même |)ar nii «xravour ignoraid. La lecture doit être roctiliée très probablement. f\. (. Sc.iiu MiiKiuiF.u, L'épojx'e hy:(mliiH' à l'ijin du A*' siècle, t. III, p. 80. ô. //).. L'épopée hyzauHiie. I. i, p. )8). 4 LÉGENDES GUECQUES DES SAINTS MILITAIRES une croix pectorale S. Théodore, S. Georges, S. Démé- trius avec la Vierge et S. Jean-Baptiste^. Une mosaïque de la cathédrale de Cefalii montre alignés les SS. Théodore, Georges, Démétrius, Nestor- ; à la Martorana à Palerme, on voit S. Tliéodore, S. Mercure, S. Procope^ ; une fresque de Saint-Paul du mont Athos réunit S. Démétrius, 8. Procope, S. Artémius^ Les célèbres triptyques du Louvre, du Vatican, de la Minerve fournissent les séries les plus uploads/Geographie/ delehaye-hippolyte-les-legendes-grecques-des-saints-militaires.pdf