POUR ou CONTRE LA VIE EN VILLE Dissertation rédigée à partir de copies d’élèves

POUR ou CONTRE LA VIE EN VILLE Dissertation rédigée à partir de copies d’élèves Longtemps les grandes villes furent considérées comme les symboles de la civilisation et du progrès technique. Combien de fois ne nous a-t-on montré les gratte-ciel new-yorkais, ces immenses tours de verre, ces hardiesses de l'architecture humaine, pour souligner la ri- chesse et la suprématie des Etats-Unis? Et partout la population afflue dans le milieu urbain. Mais depuis la multiplication des alertes au smog dans bon nombre de grandes villes, beau- 5 coup de gens ne voient plus dans la concentration urbaine „la couveuse du progrès et la condi- tion de prospérité", comme naguère encore Gaston Defferre. Et ils commencent à regretter la vie à la campagne, plus proche de la nature. Regardons pour commencer de plus près les indéniables avantages qu'offre la vie en ville. Tout d'abord beaucoup de gens préfèrent la ville à la campagne, parce qu'ils ap- 10 précient les différents atouts qu'a le milieu urbain: nombreux cinémas, théâtres, concerts, ex- positions, cafés, etc. La ville offre donc une meilleure possibilité d'enrichissement culturel, de divertissement et de rencontres sociales. De plus la ville présente davantage de confort. Tou- tes les maisons ont le courant électrique et l'eau courante, ce qui en certains endroits idylliques de la campagne n'est pas toujours le cas. En outre la proximité de grands magasins permet 15 une nette économie de temps et d'argent. Ensuite les villes fournissent l'unique solution ration- nelle au problème du logement. Le nombre sans cesse croissant de la population trouve un ap- partement dans les grandes tours d'habitation des villes. Et finalement les grandes villes sont une nécessité pour sauvegarder la nature. En effet, si tout le monde voulait vivre dans une mai- son individuelle, ce serait le „mitage" de la nature. Les terres agricoles, ainsi que de larges par- 20 ties des „poumons verts" que sont les forêts disparaîtraient sous le béton. 2 Mais la vie en ville pose également des problèmes considérables. Tout d'abord l'accumulation de milliers, voire de millions, de gens sur un espace relativement restreint en- traîne des conséquences néfastes. Ainsi la vie en ville est bruyante, agitée et stressante, alors que la vie à la campagne est tout le contraire et qu'on n'y trouve guère les troubles auditifs, 25 l'agressivité, les tensions nerveuses, les névroses et les crises cardiaques, maladies typiques de la vie en milieu urbain. De plus, si à la campagne on trouve encore souvent un air sain et tonifiant, celui des villes est devenu irrespirable à cause des multiples formes de pollution (gaz d'échappement des voitures, fumées nocives et toxiques provenant du chauffage domestique et des usines, etc.). Par conséquent le taux de cancer est nettement plus élevé en ville qu'à la 30 campagne. Cette pollution de l'air est encore aggravée par le fait qu'on enlève dans les villes presque toutes les zones de verdure qui pourraient purifier un peu l'air pollué. Ainsi les parcs cèdent de plus en plus la place à des parkings, et pour éviter les accidents de la circulation, on abat les arbres. Souvent aussi la vie en ville signifie une vie à l'ombre, non seulement parce que le soleil est souvent voilé par un dangereux smog, mais également parce que les immen- 35 ses buildings cachent le soleil aux maisons avoisinantes. En outre, et cela semble paradoxal, on se sent souvent seul dans une grande ville. Mais ce manque de contact s'explique aisé- ment, vu que la plupart des gens ne se connaissent et ne se parlent pas. Malgré les nombreux divertissements, la solitude hante ces mégalopoles. Et cette solitude entraîne souvent des dé- pressions nerveuses pouvant aller jusqu'à la folie et au suicide. Ce sentiment est encore ag- 40 gravé par la monotonie de l'architecture. Partout on voit de grands blocs de béton, tous identi- ques. (La vie à la campagne offrirait par contre tout ce qui semble manquer aux villes: silence apaisant, rythme de vie plus lent, air sain et contacts humains plus intensifs. Mais on pourrait discuter, si c'est vraiment un avantage, si tout le monde connaît tout le monde et que par con- séquent tous vos gestes et paroles soient connus une heure plus tard par tout le voisinage...) 45 Pour terminer, rappelons qu'on avait dit plus haut que la ville présenterait la solution idéale au problème du logement. Mais à ce moment on n'avait pas parlé de la qualité de ce logement. En effet l'habitat en ville est souvent médiocre, voire inhumain. Souvent les appartements sont pe- tits, trop petits, les loyers par contre bien élevés, les enfants n'ont pas de place pour jouer, la rue commence à la porte de l'immeuble, de sorte que le risque de se faire écraser par une voi- 50 ture est grand. 3 Que dire en guise de conclusion? La civilisation et la démographie en sont à un stade où il est impossible de vouloir revenir en arrière. Il serait donc illusoire de rêver d'un retour en force à la campagne. En effet un tel exode urbain ne signifierait rien d'autre qu'une urbanisation de la campagne et par conséquent une destruction supplémentaire de la nature 55 par le béton. Pourquoi donc ne pas rester en ville et chercher des solutions pour résoudre les problèmes que pose actuellement la vie en milieu urbain? Actuellement des millions de gens sont bel et bien forcés de vivre dans la ville qui leur assure du travail. Aller vivre à la campagne est devenu un luxe réservé à une élite de riches. Que faire pour les autres? On pourrait par exemple „reverdir" les villes, c'est-à-dire créer des espaces verts partout où des terrains vagues 60 le permettent encore. On pourrait ensuite davantage promouvoir l'aménagement de zones pié- tonnières et améliorer les trottoirs pour donner une plus grande sécurité aux piétons. De plus il faudrait lutter plus énergiquement contre les différentes formes de pollution: épurer les rivières nauséabondes, forcer les usines polluantes à filtrer les fumées nocives, nettoyer régulièrement le chauffage domestique, contrôler les émissions de gaz nocifs par les voitures, etc. On pourrait 65 également lutter contre le bruit en améliorant l'isolation sonore des bâtiments et en favorisant les transports collectifs, ce qui enlèverait beaucoup de véhicules bruyants et polluants de la cir- culation... De nos jours, la solution réaliste ne me semble donc pas la fuite à la campagne, mais une vaste campagne d'«humanisation» de la vie urbaine. 70 (1995) uploads/Geographie/ dpcvieville-pdf.pdf

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