Thomas Bizien Master 2 Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la forma

Thomas Bizien Master 2 Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) Parcours histoire-géographie ESPE Paris / Université Paris VII – Diderot Année universitaire 2015-20 Mémoire de master professionnel Sous la direction de Gilles Fumey et de Laurent Porcheret Séminaire de géographie culturelle UE 3 – Recherche et pratique professionnelle ENSEIGNER LA GÉOGRAPHIE AVEC LE COURANT HUMANISTE Notes pour un réenchantement de la classe 2 3 Thomas Bizien ENSEIGNERLA GÉOGRAPHIE AVEC LE COURANT HUMANISTE Notes pour un réenchantement de la classe ESPE Paris / Université Paris VII – Diderot 4 REMERCIEMENT Ce travail doit beaucoup à la figure du géographe phénoménologue Augustin Berque. Le fondateur de la mésologie a su se rendre disponible pour une conférence au sein du séminaire de master 2 « Les images en géographie » de l’ESPE Paris, et a pu répondre par courriel à mes nombreuses questions dans l’élaboration de ce mémoire, ouvrant ainsi ma réflexion sur de nouveaux horizons. Qu’il en soit vivement remercié. Le mémoire a été encadré par deux professeurs de géographie de l’université Paris IV-Sorbonne. Je remercie Gilles Fumey et Laurent Porcheret de l’attention qu’ils m’ont accordé et de leurs encouragements cordiaux. Ils ont su me faire partager l’estime qu’ils ont de la recherche universitaire et m’indiquer toute l’ambition de ce travail. Je leur suis très reconnaissant d’avoir su m’accompagner, me soutenir, et me relire tout au long de ce parcours. Ma reconnaissance va enfin à Marike Therry, ma compagne architecte qui me donne l’envie d’être humaniste. 5 SOMMAIRE RESUMÉ…………………………………………………………………………………...... p : 6 AVANT-PROPOS …………………………………………………………………………. p : 7 PREMIÈRE PARTIE LIMITES D’UNE DIDACTIQUE PRÉ-HUMANISTE I. Géographie française et élèves amérindiens : étude d’un cas limite….p : 23 II. Conflits symboliques autour de l’identité du lieu……………………….... p : 29 III. Vers un paradigme pédagogique………………………………………………..p : 46 DEUXIÈME PARTIE LA GÉOGRAPHIE HUMANISTE : PERSPECTIVE ÉPISTÉMOLOGIQUE I. Histoire de l’humanisme en géographie………………………………………. p : 54 II. Approche de la mésologie…………………………………………………………. p : 71 III. Humanisme et ethnogéographie………………………………………………. p : 81 TROISIÈME PARTIE ÉLÉMENTS POUR UNE DIDACTIQUE HUMANISTE I. Construire un savoir géographique à partir des représentations des élèves………………………………………………………………………………………….. p : 92 II. L’usage des cartes mentales en géographie…………………………………. p : 98 III. Proposition d’activités…………………………………………………………….. p : 100 CONCLUSION……………………………………………………………………………… p : 111 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………. p : 115 6 RESUMÉ Ce mémoire professionnel de master 2 relate l’essai d’un professeur d’histoire-géographie de mettre en pratique un enseignement humaniste de la géographie dans ses classes du collège. Le courant humaniste en géographie, autrement appelé courant phénoménologique, se défini ici comme l’ensemble des études qui portent sur le rapport subjectif des individus à l’étendue terrestre, en somme à l’espace psychologique. Le terme subjectif ne devant pas seulement être compris dans son opposition avec l’objectif puisque le réel n’est ni l’un ni l’autre mais le sujet en tant qu’il est saisi par les sens, la pensée, la parole et l’action. Le réel est trajectif. (Berque, 1986) Ainsi chaque élève se représente le lieu de la géographie scolaire dans un rapport à chacun singulier et différent. Partir de ces représentations plurielles pour construire le discours savant et concevoir des outils pour soutenir cette nouvelle approche de la pédagogie, sont les propositions qui seront discutées et mises en pratique dans ce mémoire. Mots clefs : Didactique de la géographie, épistémologie de l’humanisme en géographie, mésologie, géographie des représentations, écologie humaine. 7 AVANT-PROPOS L’exercice proposé par le titre de ce mémoire auquel je me propose par ailleurs bien volontiers comporte plusieurs pièges. Je tomberais dans un certain nombre d’entre eux mais mon propos tentera de ne pas imiter le discours pseudo-savant et j’assumerais le fait de n’être soutenu que par le strict nécessaire en terme de notes bibliographiques. L’approche humaniste en géographie, autrement appelée géographie phénoménologique, prône une revalorisation de l’expérience subjective de l’individu dans sa spatialité. J’en ai conclu qu’il était dans ma méthode d’écriture plus éthique de discuter des perspectives offertes par ces recherches d’une manière qui prenne en compte les contextes d’élaboration de ma pratique professionnelle d’enseignent pour au moins trois raisons. Être professeur d’histoire-géographie et écrire un mémoire sont deux pratiques différentes qui doivent gagner à s’inscrire dans une conjointe dynamique. C’est d’ailleurs la lettre et l’esprit qui encadre la rédaction de ce travail, que le mémoire universitaire s’enrichisse de la pratique d’enseignant, pour qu’en retour, les cours et les activités que je donne en classe puissent s’appuyer sur mon travail scientifique. J’ai voulu décrire ce processus qui consiste à faire marcher de pair ma 8 pratique de l’enseignement de la géographie en la conduisant sous l’égide d’une approche humaniste dans un style qui permette de montrer les cheminements de ma propre expérience vécue. Les étapes de ce parcours n’en seront que plus lisibles. Il m’a par ailleurs semblé qu’en étant un chercheur s’intéressant à la géographie des représentations et aux expériences spatiales subjectives des individus, il était impossible de cacher ma propre subjectivité derrière des démonstrations à prétention positiviste. Ce serait dénaturer le projet phénoménologique, qui de Bergson à Merleau-Ponty s’expose dans le « je ». J’ai découvert le courant de la géographie humaniste lors de ma préparation à l’épreuve orale de Châlons-en-Champagne du concours du CAPES. C’était un chapitre du livre Les concepts de la géographie humaine de Bailly. Je ne connaissais alors aucun des géographes cités dans ce courant, mais j’éprouvais immédiatement pour eux une profonde sympathie. Dans ma manie de toujours rapprocher ce que je découvre à ce que je sais, je me souviens d’avoir alors comparé la géographique humaniste au courant gonzo de la critique rock des mêmes années 1970. Certes entre la critique de l’œuvre de Lou Reed par Lester Bangs, et le Space and Place de Yi-Fu Tuan les objets différent. Mais les deux me semblaient apporter la même importance primordiale à l’expérience subjective des individus. Ils avaient la même ambition de retracer l’appréhension d’un milieu par l’homme. 9 Sans écrire nécessairement sur les mêmes sujets, ils partageaient également une forme de narration. Leurs textes retranscrivent la manière dont les auteurs accèdent à la connaissance dans un même souci de relater leur propre cheminement cognitif. C’est d’ailleurs un procédé narratif qui, me semble-t-il, donne plus de vraisemblance à l’essai. Il pousse à croire davantage au texte que l’on lit. De plus, ce procédé littéraire fait sortir le savoir décrit de sa seule dimension intellectuelle pour la faire rentrer dans la dimension du vécu et de la performativité. Je n’ai à ce titre ni lu dans ma jeunesse Lester Bangs, dans un hors série publié par le magasine Rock & Folk, ni lu, bien plus tard, Yi-Fu Tuan sous les néons jaunes de la bibliothèque d’étude de l’institut de géographie dans le seul but de m’instruire et de m’épanouir intellectuellement. Mon objectif était de rechercher des expériences qui me permettent d’agir dans la vie courante avec davantage d’humanité. L’idée de voir des géographes investirent les coulisses des concerts de glam rock américain avait ceci de séduisante que je décidais de m’intéresser davantage à la géographie humaniste. En France, je découvris vite qu’Augustin Berque est le principal représentant de ce courant qui prend ici plus souvent le nom de géographie phénoménologique. Au moment où j’écris l’introduction de ce mémoire, je ne saurais encore l’assimiler à Lester Bangs. Au fur et à mesure que je m’imprégnais de l’œuvre de ce géographe orientaliste, je 10 catapultais sa pensée dans la niche de ceux que ma mémoire appelle les « ouvreurs d’intellectualité potentielle », et qui chez moi vise à rassembler sous une même étiquette mentale tous les penseurs dont la lecture des œuvres modifient à jamais la perception que l’on se fait du monde vécu. Schopenhauer a écrit dans Le monde comme volonté et comme représentation que la lecture de Kant avait provoqué chez lui une « opération de la cataracte ». Si l’expression n’avait pas déjà été usitée, j’aurai emprunté la même pour décrire l’effet que provoqua chez moi l’œuvre d’Augustin Berque. Il mettait des mots sur ce que j’avais pu seulement pressentir, et en retour me faisait davantage ressentir ce que je n’avais pu mettre en mot. Il est toujours plus simple de définir a posteriori pourquoi l’on s’est intéressé à une lecture particulière, mais c’est d’abord le fait d’être happé par la lecture qui justifie sur le coup le fait qu’on y investisse de l’attention. L’écriture d’Augustin Berque m’a tout de suite interpellée et c’est pour retrouver ses qualités, que je n’avais lu jusqu’alors que par des citations, que j’allais m’enquérir de ces livres au rez-de-jardin de la BNF. Caché de mon voisin de table par la pile de livres que je venais de faire sortir, je choisissais d’entamer son œuvre par Ecoumène : Introduction à l’étude des milieux humains. Dans cet essai, Berque définit la géographie comme l’étude des rapports des sociétés à l’étendue terrestre. Ce rapport si kantien d’étude de la connaissance en tant que nous sommes capable de la connaitre qui m’avait jusqu’alors tant mis en haleine, je le 11 trouvais interrogé pour la première fois avec profondeur dans le champ de la géographie. Les aboutissants d’une telle uploads/Geographie/ enseigner-la-ge-ographie-avec-le-courant-humaniste.pdf

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