Natalia Polosmak Henri-Paul Francfort Un nouveau kourgane à « tombe gelée » de

Natalia Polosmak Henri-Paul Francfort Un nouveau kourgane à « tombe gelée » de l'Altaï (rapport préliminaire) In: Arts asiatiques. Tome 46, 1991. pp. 5-20. Abstract In the summer of 1990, the Southern Altay Section of the Institute of Archaeology of Novosibirsk excavated a "frozen tomb" at Ak-Alakha (2500 m above sea level). The burial pit (5 x 5 m) and the funerary chamber were preserved. Nine sacrificed horses were found, with their horse trappings similar to Pazyryk. A man and a woman were buried in two wooden sarcophagi. Felt and fur dresses as well as daggers, bows and arrows were deposited in the sarcophagi. A carved piece of quiver depicted two tigers attacking a boar. The high and complex headdresses in felt, were decorated with birds and deer in wood gilted with gold foil. The saddles were decorated with ornaments representing fish. The representations of Ak-Alakha are similar to the royal kurgans of Tuekta, Bashadar and Pazyryk art, but belonged probably to people of the small nobility of a higher class than the deceased of Ulandryk, Justyd and Bashanta. Citer ce document / Cite this document : Polosmak Natalia, Francfort Henri-Paul. Un nouveau kourgane à « tombe gelée » de l'Altaï (rapport préliminaire). In: Arts asiatiques. Tome 46, 1991. pp. 5-20. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1991_num_46_1_1297 Natalia Polosmak Un nouveau kourgane à «tombe gelée» de l'Altaï (rapport préliminaire) Traduit du russe par Henri-Paul Francfort La culture de Pazyryk de l'Altaï (ve-me siècles avant J.-C.) a été révélée au monde par les fouilles, dans les années trente et soixante, des kourganes «royaux» à «tombes gelées»1. Dans la glace antique, des objets uniques en bois, en feutre, en cuir, en laine, avaient été conservés, ainsi que des étoffes et les corps momifiés des défunts. Des aspects inconnus jusqu'alors de la vie des anciens nomades sont apparus dans leur saisissante variété et toute leur splendeur. Tout un monde de représentations mythiques et de sujets semblait un art qui se révélait, comme un phénix naissant sous les yeux bouleversés des chercheurs. Dans ces inhumations des kourganes de l'aristocratie nomade, réparties à la périphérie des anciennes civilisations, se reflétait comme dans une goutte d'eau, le monde immense qui leur était contemporain ; en dehors des objets de leur propre production, les tombes renfermaient les plus anciens tissus et tapis de laine du Proche-Orient, des soies brodées et des miroirs chinois, et bien d'autres choses 2. Le contenu des « tombes gelées » de l'Al taï fut en vérité comme un dépôt « en or » effectué par l'archéo logie soviétique dans le trésor de l'art mondial. Plus de trente ans ont passé depuis les derniers travaux de S. I. Rudenko à Bashadar et à Tuetka, après quoi il fut possible à nouveau d'entreprendre des travaux sur les kourganes d'époque scythe à «tombes gelées». Une telle «pause» est due en grande partie au fait que les fouilles de ces kourganes, même de dimensions moyennes, nécessitent les efforts de divers spé cialistes, le rôle des restaurateurs étant primordial, car la conservation et la restauration d'une quantité énorme d'objets en bois, en cuir, de pelleterie, de feutre et de tissus est un problème fondamental dès le stade des recherches de terrain. La difficulté d'accès des régions de haute montagne de l'Altaï pose de nombreux problèmes, liés à l'approvisionnement de l'ex pédition et au transport du matériel découvert, y compris des billes de bois qui constituent la chambre sépulcrale, les cuves funéraires et les ossements. Le premier problème est muséolo- gique, c'est simplement celui de la bonne conservation des objets uniques, pour qu'ils soient accessibles pour la visite et le travail. La recherche portant sur les kourganes aux «tombes gelées » est une branche particulière de l'archéologie qui, ind épendamment du fait que les premiers kourganes de cette sorte ont été fouillés dès la fin du siècle dernier, est en train de naître. Il est douteux que le travail sur les « tombes gelées » puisse être appelé une fouille; c'est plutôt un «dégel», utilisant ses méthodes propres et un appareillage technique de haut niveau. L'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie de la branche sibé rienne de l'Académie des Sciences d'URSS a pris en charge tous ces problèmes, insurmontables pour un seul chercheur. L'été de 1990, la section de l'Altaï du Sud de l'Expédition Complexe de l'Asie Septentrionale de l'Institut d'archéologie et d'ethnographie de la branche sibérienne de l'Académie des Sciences de l'URSS a étudié un unique kourgane des ive- 111e siècles avant J.-C, possédant une «tombe gelée». Il se trouve dans le district de Kosh-Agach du territoire autonome Fig. 1. Carte de situation du cimetière d'Ak-Alakha. Fig. 2. Reconstruction d'une partie des harnais de chevaux (ornements de bois). Fig. 3. Reconstruction d'une partie des harnais de chevaux (ornements de bois). Fig. 5. Griffons de bois ornant les harnais de chevaux. Fig. 4. Griffons de bois ornant les harnais de chevaux. *«V« ""Si© Fig. 6. Reconstruction d'une enveloppe de selle en feutre. Fig. 7. Détail d'une enveloppe de selle en feutre. du Gorno-Altaï, dans le bassin de Bertek, sur la rivière Ak- Alakha, à 14 km de la frontière avec la RPC (fig. 1), à une alt itude de 2 500 m au-dessus du niveau de la mer. Le kourgane étudié était le plus grand d'un groupe de six, disposés en une « chaîne » pas tout à fait droite, caractéristique de la culture de Pazyryk, d'orientation générale N-S. A l'est du remblai se dressaient deux balbals [stèles anthropomorphes d'époque turque, n.d.t.] en dalles gris-noir, hauts d'environ 1 m. A l'ouest s'étendait la chaîne de sept cercles funéraires se touchant l'un l'autre, faiblement marqués par leurs construc tions de pierre, d'un diamètre de 5 m. Le kourgane mesurait 17 m du nord au sud et 18 m de l'ouest à l'est, il était haut de 70 cm au-dessus de la surface actuelle du sol ; on l'a fouillé à la main sur toute sa surface, ce qui a donné la possibilité d'observer la construction du tumul us. Il était renforcé par trois rangs de grosses pierres calées dans la terre, en partie plates, mais complètement arrachées. La partie supérieure du tumulus était en petites pierres surmontant de gros blocs et des pierres moyennes. La faible hauteur du tumulus est en partie due au fait que les rejets de la fosse funéraire, qui constituent l'essentiel du remblai, étaient peu importants, dans la mesure où la plus grande partie servit au rebouchage de la fosse. La fosse funéraire mesurait 5 X 5 m ; elle était profonde de 3 m, orientée NO-SE. Pratiquement depuis le bord, les parois de la fosse funéraire furent renforcées par de minces rondins, sur neuf assises vers le bas, parce que le sol était mouvant (couches alluviales) et ne se solidifiait que lorsqu'il était gelé. La merzlota commençait à une profondeur de 50 cm. La fouille de la fosse funéraire consista à déblayer les grosses pierres qui la comblaient jusqu'à la couverture de bois de la chambre sépulcrale. A une profondeur de 180 cm du bord, la fosse était occupée par une cage en rondins de mélèze sur toute sa surface. Elle était en poutres non équarries et se composait de sept assises. Cette cage en poutraison était couverte par des solives provenant d'une habitation polygonale démontée : les mortaises à l'extrémité des poutres étaient taillées en angle et nullement reliées à la construction de la chambre sépulcrale ; il s'agit là d'un trait original qui n'avait pas encore été rencontré. Cette couverture n'existait pas au nord-est de la fosse, où se continuait le remplissage de pierres. Cette partie nord-est de la chambre était occupée par des chevaux, au nombre de neuf d'après le décompte des crânes. Le pelage subsistait ainsi que huit queues tressées. A vrai dire, une partie des chevaux furent enterrés bridés, mais on ne peut l'assurer qu'en ce qui concerne quatre d'entre eux qui avaient des mors de fer dans la bouche. On a trouvé sept assemblages complets d'ornements de bois pour les harnachements (fig. 2, 3). Cinq d'entre eux furent trou vés sur la tête des chevaux (fig. 4 et 5), les autres simplement posés à côté. Quatre petits écussons de bois rectangulaires gisaient avec les selles, dont ils faisaient probablement partie. Ces selles étaient conservées en l'état qu'elles avaient lors qu'elles étaient sur les chevaux. Par leur agencement, elles répètent celles qui sont connues par les kourganes de Pazyryk : deux coussins cousus ensemble, bourrés d'herbe et de laine3. Les enveloppes de feutre des selles sont ornées d'appliques colorées, les pommeaux et les troussequins sont rehaussés par des «médaillons» de feutre à ornements découpés représentant des griffes ornementales variées, et ils sont renforcés par des arceaux de bois. A l'enveloppe sont cousus des découpages de feutre représentant des poissons et des loups (deux représentat ions de chaque côté) (fig. 6 et 7). Après l'enlèvement des solives de la couverture supérieure, on découvrit la construction de rondins intacte, occupant la partie sud-ouest de la chambre, de 2,40 X 3,40 m. Cette construction de rondins était comme enveloppée uploads/Geographie/ polos-x27-mak-ukok-artas.pdf

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