HTE N° 155 MARS 2013 24 INTRODUCTION Depuis toujours, l’histoire de Fès a été i
HTE N° 155 MARS 2013 24 INTRODUCTION Depuis toujours, l’histoire de Fès a été intimement liée à la présence de l’eau dans cette ville. Ses premiers bâtis- seurs n’avaient-ils pas choisi le site de la ville à cause du passage de l’Oued Fès et de la proximité d’une rivière abondante, l’oued Sebou ? Ce dernier, riche en flore et en faune, véhiculait un débit tellement important que des petits bateaux y circulaient jusqu’à l’océan Atlantique. L’eau à Fès a constamment fait partie intégrante de la vie sociale et culturelle des habitants de la ville. Figure n° 1 : Oued Fès au début du XXè siècle Le système de collecte des eaux usées dans la ville était conçu de sorte que les oueds en amont transitaient une eau propre alors que les rejets déversaient en aval dans l’oued Boukhrareb. La densification importante qu’a connue l’ancienne Mé- dina, ainsi que l’implantation de quartiers sociaux à la périphérie de la ville de Fès ont engendré : • D’une part, des rejets importants des eaux usées dans le milieu récepteur, en l’absence d’infrastructure per- mettant leur collecte. • D’une autre part, des flux de pollution considérables dans l’Oued Sebou. Les eaux usées y sont en effet déversées sans aucun traitement. Cette situation a eu des effets néfastes sur l’environne- ment de la ville de Fès dans la mesure où les oueds sont devenus des égouts à ciel ouvert, induisant ainsi diverses nuisances (olfactives, prolifération de rongeurs, etc…). Par ailleurs, les substances chimiques rejetées directe- ment dans l’Oued Sebou ont précipité la destruction de sa faune et sa flore et compromis sérieusement l’utili- sation des eaux de tout le bassin du Sebou (prise d’eau pour AEP, irrigation, etc…). Face à ce contexte alarmant, le Conseil de la Commu- nauté Urbaine de Fès a chargé la RADEEF, en Janvier 1996, de la gestion de l’assainissement liquide de la vil- le. Les objectifs principaux de cette tâche sont : • la collecte de toutes les eaux usées rejetées par la ville de Fès, • le traitement de ces effluents avant leur rejet dans le milieu naturel. Le présent article a pour objectif de décrire la situation de l’assainissement liquide dans la ville de Fès à travers un aperçu historique d’une part et la gestion du secteur par la RADEEF d’autre part. L’accent sera mis en particulier sur le traitement des eaux usées pour lesquelles une station d’épuration sera prochainement mise en service par la RADEEF, qui sera la plus importante à l’échelle nationale et qui contribue- ra largement à éliminer la pollution de l’oued Sebou. Les perspectives de développement futur du secteur se- ront également explicitées pour faire face à l’extension importante de la ville de Fès, et satisfaire des exigences environnementales de plus en plus contraignantes. 1 – GÉNÉRALITÉS SUR LA VILLE DE FÈS 1.1 – Cadre socio-économique La ville de Fès, capitale spirituelle du Maroc a été im- plantée dès le IXè siècle sur les berges de l’Oued Fès. Située à un croisement de plusieurs axes routiers impor- tants menant vers le Nord, l’Est ou l’Ouest du Maroc sur la plaine du Saïss, elle a connu un développement continu au vu des nombreux atouts que son site offre aux citoyens. GERER LE RESEAU D’ASSAINISSEMENT DE LA VILLE DE FES COLLECTER, TRAITER, VALORISER Safae AMARTI RIFFI 1 1 Chef du Département Investissements / RADEEF 25 HTE N° 155 MARS 2013 La population actuelle s’élève à 1.100.000 habitants et devrait atteindre 1.500.000 habitants en 2030. La ville représente le noyau des activités économiques de la Ré- gion Fès-Boulemane, dont les principales sont : - Le tourisme, qui s’est développé autour de l’ancienne médina, cité impériale qui a été classée au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco en 1981 et qui tire sa notoriété de son enchevêtrement de ruelles ain- si que de ses nombreux édifices religieux, culturels ou résidentiels. - L’artisanat, qui fait de Fès l’un des plus importants centres artisanaux du Maroc et qui emploie près de 17% de la population active de la ville. Les princi- pales branches sont le cuir, la dinanderie ou bien le textile. - L’industrie, qui génère près de 25.000 emplois. La ville comporte six zones industrielles avec près de 1400 lots. Face à la demande croissante, de nouvel- les zones sont en cours d’équipement notamment à Ras El Ma. Les principales activités industrielles sont l’agro-alimentaire, le textile, le cuir ou bien la métal- lurgie. D’un autre côté, la ville de Fès présente de très fortes déclivités ; la topographie variant de 500 et 520 mNGM au Sud et au Nord, à 240 mNGM à l’Est de la ville. Elle comprend par ailleurs un réseau hydrographique très important, rejoignant l’oued Fès à son aval. Cette configuration facilite l’écoulement gravitaire des eaux usées et pluviales à travers la ville. L’alimentation en eau potable de la ville de Fès est as- surée par des ressources souterraines (70%) - forages ONEE/BR et RADEEF - dans la zone Sud de la ville et par des eaux superficielles traitées par l’ONEE/BE à partir de la prise d’eau située au niveau du pont portu- gais. 1.2 – Extension de la ville Fès a connu une expansion démographique très impor- tante à partir des années 1961, sa population ayant pres- que triplé en trente années. Le taux d’accroissement enregistré (2,4%) est nettement supérieur à la moyenne nationale (1,3%). Graphe 1 : Evolution de la population Graphe 2 : Evolution de la surface urbanisée Dès 1990, la ville a enregistré une extension considéra- ble due à : - L’exode rural qui s’est traduit par l’implantation de plusieurs quartiers sous équipés à la périphérie de la ville ( Bensouda, Jenanates, Sahrij Gnaoua…) - La création de nombreux lotissements équipés pour faire face au besoin croissant en logements ; ce der- nier étant induit par l’augmentation de la population d’une part et la dédensification de l’ancienne médina d’autre part. HTE N° 155 MARS 2013 26 - Enfin, plusieurs pôles urbains se sont implantés à par- tir de 2006 dans les communes limitrophes de la ville, et qui constituent de ce fait le prolongement du péri- mètre urbain de l’agglomération. Cet élargissement considérable de l’agglomération s’ac- compagne nécessairement par le renforcement et l’ex- tension des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales de la ville. Figure n° 2 : Fès pendant les années 1960 Figure n° 3 : Vue aérienne actuelle 2 – HISTORIQUE DE L’ASSAINISSEMENT DANS LA VILLE DE FÈS La construction de la ville de Fès sur un site où les res- sources en eau sont abondantes, a favorisé le développe- ment des systèmes de distribution d’eau et d’assainisse- ment dans la ville, et ce, dès le XIè siècle. Par conséquent, les réseaux d’acheminement des eaux étaient constituées 1 : - d’un réseau d’eaux propres, assurant l’alimentation des édifices religieux, des maisons et des bains, ainsi que l’irrigation des jardins ou le fonctionnement des moulins ; ce réseau était issu du répartiteur de Bab Boujloud ; Figure n° 4 : Répartiteur de Bab Boujloud - d’un réseau d’assainissement, constitué de canalisa- tions souterraines dénommées sloquias, passant sous les maisons et qui déversaient directement dans les oueds Boukhrareb, Zhoun, rejoignant la rivière de Sebou en aval à l’extérieur de la ville. Il assurait éga- lement le charriage des ordures ménagères qui étaient facilement dégradables dans l’eau. Ce réseau a connu progressivement des défaillances im- portantes à cause de plusieurs facteurs : • l’expansion démographique et l’augmentation des rejets d’eaux usées, rendant les ouvrages de collecte insuffisants ; • la sécheresse des sources et des rivières, diminuant ainsi le pouvoir auto-épurateur des oueds en aval ; • l’utilisation par les activités artisanales de produits nocifs, engendrant une pollution importante du mi- lieu naturel ; • la disparition progressive des maîtres artisans, qui assuraient l’entretien des réseaux anciens. 1: L’eau à Fès, symbole d’une civilisation urbaine – revue HTE n° 126 27 HTE N° 155 MARS 2013 D’un autre côté, avec la création de la nouvelle ville et des nouveaux quartiers résidentiels, le réseau d’assai- nissement s’est progressivement étendu vers les zones urbanisées ; la municipalité de la ville en assurant la ges- tion. Toutes les eaux usées, domestiques et industrielles, étaient directement rejetées dans l’oued Sebou aval. 3 – SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR 3.1 – Intervention de la RADEEF La Régie Autonome Intercommunale de Distribution d’Eau et d’Electricité de Fès (RADEEF) a été créée en 1969 en remplacement de la Compagnie Fassie, prenant en charge la distribution d’électricité dans la ville en 1969 et celle de l’eau potable en 1970. C’est un établissement public, doté de l’autonomie fi- nancière et placé sous la tutelle des ministères de l’Inté- rieur et des Finances. La RADEEF assure également la distribution de l’eau dans les villes de Sefrou, Bhalil, les communes de Ain Chkeff, Sidi Harazem ainsi que les centres du plateau de Bénisadden. 3.2 - Présentation générale de la RADEEF La Régie Autonome intercommunale de Distribution d'Eau et d'Electricité uploads/Geographie/ gerer-le-reseau-d-x27-assainissement-de-la-ville-de-fes-collecter-traiter-valoriser.pdf
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- Publié le Mai 25, 2021
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