f L I B R A R Y APR 12 187? THE ONTARIO INSTITUTE FOR STUDlES IN EDUCATION B020
f L I B R A R Y APR 12 187? THE ONTARIO INSTITUTE FOR STUDlES IN EDUCATION B0205228A LA CRISE DE L'ÉCOLE LAÏQUE L'École et la Famille LA CRISE DE L'ÉCOLE LAÏQUE L'Ecole et La Famille D. GURNAUD Avocat à la Cour d'Appel de Paris MANUELS SCOLAIRES. — CONFLITS AUTOUR DE L ÉCOLE ASSOCIATIONS DE PÈRES DE FAMILLE PROJETS DE LOIS SCOLAIRES. — LA FAMILLE ET L'ENSEIGNEMENT PARIS L I B R A I R I E A C A D É M I Q U E PKRRIN ET C"\ LIBRAIRES-ÉDITliURS 35, QUAI DI3S OHANDS-AI T.USTINS, 35 1 0 0 9 Tous droils do reproduction cl do Irndurlion réserves pi tous pays. AVANT-PROPOS Il n'est pas inutile que je m'explique ici en quelques lignes sur le plan et sur l'idée maîtresse de cet ouvrage. 11 était naturel qu'étudiant la crise de l'école laïque j'en recherche d'abord les symptômes, les manifestations — c'est l'objet des deux premiers chapitres du livre — et que j'observe et présente ensuite un des remèdes par lesquels on essaie de la conjurer, l'association des pères de famille — c'est l'objet du troisième chapitre. Mais le remède est discuté, comme la crise elle- même. Où nous voyons une maladie des plus graves de l'organisation scolaire, d'aucuns voient les effets attendus d'une heureuse évolution. L'attitude des familles leur apparaît comme une menace pour l'école et les projets déposés par le gouvernement ont été comme une réponse à un AVANT-PROPOS prétendu « défi » des pères de famille. L'étude de ces projets devait logiquement former notre quatrième chapitre. Le cinquième n'est qu'un trop rapide coup d'oeil jeté sur l'enseignement, ou, pour mieux dire, sur le rôle qu'y a joué la famille et sur celui qu'elle revendique aujourd'hui dans le domaine scolaire. Il est le complément naturel d'une étude où il est souvent question de la famille et qui même n'a pas de raison d'être en dehors d'elle. Une question y domine toutes les autres et, toujours présente à notre esprit, s'y pose à chaque instant : notre législation scolaire assure-t-elle aux parents l'entier exercice de leur droit d'éducation? Les nouveaux projets ne sont-ils pas une atteinte nouvelle à ce droit? Si l'association des familles est un remède efficace à la crise scolaire, n'est-ce pas parce qu'elle tend à restituer aux parents le contrôle de l'école ? Et la cause même, la cause initiale de la crise n'est-elle pas le mépris constant du législateur pour le droit familial? Ainsi l'idée dominante du livre, celle qui fait son unité, c'est que l'école est impuissante à remplir son œuvre, si les lois ne l'entourent pas de la surveillance attentive et de la collaboration vigilante des parents. Quelque soit le mérite de l'ouvrage, je serai satisfait si le lecteur veut bien le considérer comme 11 une œuvre de bonne foi, inspirée par le désir sincère d'une réforme pacifique et d'un progrès dans l'enseignement. Paris, mai 1909. LA CRISE DE L'ÉCOLE LAÏQUE Pour étudier l'esprit de l'école laïque, il n'est pas de meilleur document que le manuel. C'est là, d'abord, dans les livres dont elle dispose pour son œuvre d'éducation, le livre d'histoire, le livre de morale et le livre de lectures, que j'ai voulu le saisir, pour qu'on ne m'accusât pas d'édifier ma critique sur un fondement incertain. Et si les leçons du manuel ont paru moins abusives, si, malgré leur nocuité certaine, elles ont fait moins de bruit que certains gestes ou certaines paroles, c'est que le manuel, retenu dans l'école, échappe presque partout au contrôle des familles. Voici l'Histoire de France, cours moyen, par Calvet1, agrégé d'histoire, censeur du lycée Michelet. Je ne l'ai pas choisie à dessein pour l'intérêt de cet I MANUELS SCOLAIRES LE MANUEL D'HISTOIRE « Je sais que, dans vos écoles, vous observez strictement la neutralité confessionnelle. » Le préfet de la Marne aux instituteurs de son dé- partement, 20 avril 1908. ouvrage. Elle m'est signalée par un père de famille, cultivateur à Ville-en-Tardenais, commune de l'arrondissement de Reims; elle était aux mains de son fils, qui l'a reçue de l'instituteur. Ce père de famille, peu lettré, mais honnête et vigilant, a lu le petit manuel. Indigné des leçons qu'il renferme, il m'a fait part de son ferme dessein de poursuivre le retrait d'un livre aussi funeste. J'ai lu Calvet. J'ai été frappé du peu de place qu'il accorde au récit des événements militaires. Six lignes racontent la guerre de Trente ans, deux pages les guerres de Louis XIV. Des omissions, des lacunes aggravent ces inquiétants raccourcis. Elles mettent hors de l'Histoire des souverains connus, des faits d'armes populaires, Robert le Pieux et 1. La Revue de l'Enseignement primaire, dont l'éditeur est le même que celui de VHistoire de France de M. Calvet, a cru devoir affirmer à plusieurs reprises et notamment dans ses numéros des 30 août. 6 septembre et 13 septembre 1908, qu'il s'était déjà vendu dans les écoles primaires plus de ~2 millions d'exemplaires de cet ouvrage. Guillaume le Conquérant, les batailles de Tolbiac et d'Hastings. Certes, je porte l'intérêt qui convient à nos luttes civiles, mais je les vois à regret passer au premier plan dans le livre scolaire d'aujourd'hui : à lire Cah'et, un enfant retiendra que nous nous sommes souvent divisés et déchirés nous-mêmes, je défie qu'il comprenne l'admirable et patient effort tenté par nos pères pour développer jusqu'à ses limites naturelles le patrimoine de la nation. Nos guerres ne sont jamais représentées que comme un effet du caprice ou de l'orgueil des rois : « Louis XIV fit par ambition de nombreuses guerres », — « Louis XIV n'aimait pas les Hollandais, qui étaient républicains et calvinistes, il leur déclara la guerre ». Cependant cette dernière campagne fait de la Franche-Comté une province française. M. Calvet le déplore-t-il? Il n'a d'éloges que pour les « victoires de la Ré- publique ». Il écrit, à propos du traité de Campo- Formio : « En quatre années, la République atteint un résultat (pie nos rois avaient poursuivi sans succès pendant des siècles1 ». 11 convenait d'écrire qu'elle avait admirablement conquête l'œuvre de la monarchie. Charlemagne a fait la guerre. Il est flagellé : « En vrai barbare, il se plut trop à guerroyer contre 1. Calvet, Histoire de France, cours moyen, p. 208. les peuples voisins— Les guerres sont la partie la moins louable de son œuvre. Il les fit peut-être pour prévenir les attaques des autres barbares; mais il avait surtout l'idée de répandre la religion du Christ. Il fut ainsi amené à une lutte d'extermination contre les Saxons pour les forcer à abandonner leurs croyances. Rien de plus injuste qu'une telle guerre, car nul n'a le droit de contraindre la liberté d'autrui1 ». J'ouvre Lavisse et je lis : « Le rôle de Charlemagne est un des plus grands dont l'histoire fasse mention. Il fut le lut- teur vigoureux qui abattit les Saxons et disciplina le cœur des Francs et des Barbares — que la puissance romaine n'avait pas su dompter. Il eut la conscience de tous ses devoirs, si divers, et soutint jusqu'au bout son application à les remplir. 11 s'est donné un idéal et il y a cru. Il a voulu faire de son empire une communauté morale, une grande cité chrétienne. Par là s'est achevée sa gloire2 ». Je cherche quel souverain AL Calvet aurait par mégarde épargné. Saint Louis même ne trouve pas 1. Calvet, p. 12, 13. 2. Ernest Lavisse, Histoire de France, depuis les origines jusqu'à la Révolution. grâce devant ce contempteur systématique de l'ancien régime : « C'était un homme de bien », mais « d'une piété parfois excessive, comme lorsqu'il faisait percer la langue avec un 1er rouge aux blasphémateurs1 ». Le fait est exact peut-être. La visse ne le mentionne pas. Je lui sais gré de son tact. Du consentement universel, le xvne siècle porte le nom du monarque qui l'a illustré. Cela flatte mon patriotisme, mais offense l'esprit niveleur de nos pédagogues. Je lis dans l'histoire de Calvet ces lignes qu'eût désavouées Voltaire : « On a donné par abus au xvue siècle tout entier le nom de siècle de Louis XIV, comme si un souverain, aussi généreux qu'on le suppose, pouvait faire naître des écrivains2 ». Il a d'autres injustices. Il marque nos grandes figures nationales d'un relief insuffisant. Il les rapetisse, il les étriqué. Il omet de raconter la mort de Bayard, cette mort qui restera la plus grande leçon d'honneur de notre histoire. Il ôte à Jeanne d'Arc son auréole de vierge chrétienne ; les visions touchantes de Domrémy, l'équipement à Vaucouleurs, l'arrivée à Chinon où Jeanne distingue le roi, tout ce qui révèle dans cette humble fille l'envoyée de Dieu, tout ce (pie Lavisse a scrupuleusement noté dans son histoire faite pour les hommes, M. Calvet le raye de la sienne, écrite pour des enfants. Mais il y insère un badinage stupide sur les pompes qui entouraient le lever du Roi-Soleil, et, dans une gravure dont l'ironie est lourde, il nous présente le monarque, en uploads/Geographie/ gurnaud-la-crise-de-l-ecole.pdf
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- Publié le Nov 16, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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