Histoire de la ville de Caen depuis Philippe Auguste jusqu'à Charles IX : nombr
Histoire de la ville de Caen depuis Philippe Auguste jusqu'à Charles IX : nombreux documents inédits / par Pierre Carel A MES CONCITOYENS ERRATA Page 9, au lieu d'éthymologie, lisez étymologie. Page 11, au lieu de après la bataille, lisez après les batailles. Page 36, au lieu de le sr de Guesdonnière, lisez le sr de la Guesdonnière. Page 140, au lieu de mais son nom est resté, lisez mais elle est restée. Page 142, au lieu de particulièrement fiers, lisez particulièrement fier. Page 312, au lieu de officials, lisez officiaux. [p. 1] PRÉFACE L'histoire de la ville de Caen peut être divisée en trois parties : 1o Caen sous les Ducs ; 2o Caen sous les Rois ; 3o Caen pendant la Révolution. La première partie a été savamment traitée par M. Barthélemy Pont. Nous l'avons donc complètement négligée et nous nous sommes uniquement attaché à l'étude de l'histoire de la ville de Caen sous les Rois et pendant la Révolution. L'histoire de notre ville sous les Rois doit être elle-même divisée en trois parties : 1o Caen depuis Philippe-Auguste jusqu'à Charles IX ; 2o Caen depuis Charles IX jusqu'à Louis XIII ; 3o Caen depuis Louis XIII jusqu'à la Révolution. [p. 2] Chacune de ces divisions sera l'objet d'un ouvrage. Dans celui que nous présentons aujourd'hui à nos concitoyens, nous avons jugé bon de passer tout d'abord en revue les nombreuses hypothèses sur l'origine du mot Caen sorties de l'imagination des étymologistes, et de noter quelques faits généraux de notre histoire locale avant la conquête de la Normandie par Philippe-Auguste. Ces notes fort restreintes n'ont d'autre but que de préparer notre entrée en matière. Nous avons tenté de combler les lacunes et de relever les erreurs que renferment les travaux de nos devanciers, au moyen des nombreux documents que possèdent la Bibliothèque et les Archives nationales, les Archives du Calvados, les Archives et Bibliothèques étrangères, et surtout les Archives municipales de Caen. Une chose nous a vivement frappé dans le cours de nos travaux, c'est l'inaltérable fidélité des habitants de la ville de Caen à leurs Rois légitimes jusqu'à la Révolution, fidélité sur laquelle nous pouvons jeter un regard plein de fierté ; car, jamais la ville de Caen n'a trahi [p. 3] le Roi aux heures de l'infortune et alors que les villes voisines se révoltaient. Les habitants de Caen comprenaient alors fort bien que la cause du roi et celle de la France étaient inséparables, que la grandeur de l'une assurait la prospérité de l'autre, et que servir le Roi avec fidélité, c'était servir la patrie avec honneur et loyauté. Aussi avaient-ils inscrit sur leur hôtel de ville cette belle devise qui exprime si bien l'unité française : Un Dieu, un Roy, une Foy, une Loy. Il nous semble qu'elle est autrement resplendissante que les trois mots modernes qui sont maintenant gravés sur tous les monuments publics, à moins que l'esprit éclairé, s'aidant de la vieille devise pour interpréter ces trois mots, ne leur restaure leur véritable signification et ne proclame hautement la Liberté par le Roi, la Fraternité dans la Foy, l'Egalité devant la Loi et devant Dieu. Oui, la ville de Caen peut revendiquer son antique fidélité à ses Rois comme un titre d'honneur et de gloire. Si notre cité a lutté avec courage contre [p. 4] l'Anglais en 1347 et en 1416, elle n'a pas montré moins d'énergie pour repousser et les essais de propagande en faveur de la Jacquerie, et les tentatives des factions rivales, pendant la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons et les menées du prince Charles pendant la guerre dite du Bien public, et les propositions de Rouen révolté sous Henri IV, et les intrigues du parti des Princes sous Louis XIII. Les Rois d'ailleurs surent la récompenser par une foule de privilèges. Un conseiller du Parlement de Rouen dans un rapport en date de 1631, disait : « La ville de Caen est tellement royale qu'elle a l'honneur de porter enfermé de lys dans ses armoiries. » En qualité de bonne ville, Caen avait le privilège de se faire représenter par son maire au sacre des Rois. La place du maire de Caen était marquée dans la cathédrale de Reims. 5 août 1886. PIERRE CAREL. [p. 5] INTRODUCTION HYPOTHÈSES SUR L'ORIGINE DE CAEN 1re Hypothése. — Caen vient de Caïn qui après avoir tué Abel, vint se fixer sur les bords de l'Orne où il fonda une ville. — Donc, ou bien le déluge n'aurait jamais existé, ou il n'aurait pas été universel et notre ville privilégiée n'aurait pas été éprouvée par ses eaux. Ridendum ! 2e Hypothése. — Caen n'a pas été fondé par Caïn, mais simplement par Cham, fils de Noë. — Donc, c'est une erreur de croire que nous descendons de la race de Japhet ; et notre ville existait avant la Tour de Babel. Le patois normand serait-il par hasard antérieur à la confusion des langues ? [p. 6] 3e Hypothèse. — Caen a une origine hébraïque, son nom dérive de Cademoth ou de Cadumium. — On n'hésite pas à citer saint Gérôme pour justifier cette origine. Saint Gérôme, en effet, dans sa traduction de l'Onomasticon d'Eusèbe, parle d'un certain lieu qu'il appelle Cadomi. Cademoth était une ville, et Cadumium, un torrent de la Terre-Sainte ! 4e Hypothèse. — Nous lisons dans M. de Bras : « Plusieurs estiment la dénomination de la ville de Caen, procéder de Cadmus Phénitien, inventeur des caractères et lettres grecques, pour l'affinité et éthimologie du terme latin d'icelle qui est Cadomus, lequel pourrait avoir passé par ce pays pour certaine occasion qui ne se trouve écrite, y délaissant néantmoins les marques de son nom. » — Donc, notre ville serait sortie de terre plus de 1,500 ans avant J.-C. On confond ici Caen avec la Cadmée, l'acropolis de Thèbes. 5e Hypothèse. — Caen a été fondé par les Cadètes. — Aucun géographe de l'antiquité ne parle de ce peuple. Seul, Jules César en fait mention : il a voulu désigner les Calètes. 6e Hypothèse. — Caen est né sous les auspices de Kaius, chevalier de la Table-Ronde, sénéchal du roi Arthus. [p. 7] — C'est l'opinion de Guillaume le Breton, un poète. 7e Hypothèse. — Le mot Caen n'est qu'une figure de langage. C'est une onomatopée, une imitation du cri du canard sauvage, Kan-Kan, qui avait une prédilection toute particulière pour les marais avoisinant la ville. — C'est encore l'opinion d'un poète. Il faut excuser la Muse de M. de Segrais, qui cherchait partout dans la nature l'harmonie imitative. On dit que de son cri, choquant, rude, ennuyeux Il a si constamment persécuté ces lieux. Qu'enfin les Neustriens notre ville en nommèrent. 8e Hypothèse. — Caen tire son nom de Catheim, trou au chat. Cette dénomination lui aurait été donnée par les Saxons, lors de leur établissement en Neustrie. — Enigme ! 9e Hypothèse. — Caen dérive de Cani (cheveux blancs), à cause de la salubrité de l'air qui conserve les habitants jusqu'à l'âge le plus avancé et leur permet de mourir la tête couronnée de cheveux blancs. — Cette étymologie nous paraît légèrement tirée par les cheveux ; elle est d'ailleurs en contradiction complète avec l'histoire qui nous montre la peste presque à l'état permanent dans notre contrée. [p. 8] 10e Hypothèse. — Cadomus signifie casta domus, ville chaste, « pour la continence que gardaient les citoyens, hommes et femmes, en pudicité. » M. de Bras ajoute à ce propos : « Je désire que cette éthimologie luy fut demeurée comme véritable. Ces deux belles abbayes de Sainct-Etienne et de Saincte-Trinité, l'Hôpital et les quatre monastères furent fondés et faictes bastir à cette intention ; s'ils en abusent, ils se acquièrent un mauvais renom et une note qui ne se peut effacer. » — Autres temps, autres mœurs ! 11e Hypothèse. — Robert Cénalis, docteur en théologie et évêque d'Avranches, fait venir le mot Caen de Campodomus, maison de campagne « d'autant que la ville a de grandes campagnes autour d'elle. » — Généralement les villes sont entourées de campagnes ! 12e Hypothèse. — Caen a une origine normande. Certains auteurs placent sa fondation entre les années 912 et 944. — Malheureusement Guillaume-le-Conquérant cite dans ses chartes notre cité comme une ville très ancienne. Elle devait donc avoir plus de 150 ans d'existence ! 13e Hypothèse. — Les amis de la langue grecque font dériver Caen de Kainos domos, nouvelle demeure. [p. 9] Selon eux des Massaliotes auraient établi des maisons de trafic dans nos contrées. — Nul texte ne fait mention du séjour des grecs sur les bords de l'Orne. Cette opinion ne peut invoquer comme preuve que l'éthymologie qu'elle imagine. 14e Hypothèse. — Les amis de la langue latine veulent que Caen tire son nom de Caii domus, maison de César. — Nous pouvons leur opposer le silence absolu des Commentaires. — 15e Hypothèse. — La ville de Caen a une origine franque. (C'est notre opinion.) Tout d'abord citons les plus anciennes dénominations de uploads/Geographie/ histoire-de-la-ville-de-caen.pdf
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- Publié le Fev 21, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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