HOBAL, ALLAH ET SES FILLES Un petit dictionnaire des 360 dieux de la Jahiliyya

HOBAL, ALLAH ET SES FILLES Un petit dictionnaire des 360 dieux de la Jahiliyya Viens me conter fleurette ! me dit-elle. -Non, lui répondis-je ; ni Allah ni l'islam ne te le permettent. N'as-tu pas vu Muhammad et ses gens, lors de la conquête, le jour où les idoles étaient brisées ? On voyait alors resplendir la lumière d’Allah, alors que le polythéisme se couvrait de ténèbres. Radhid ibn Abdallah as Sulami.1 § 102. — Présentation. Autrefois, et durant des siècles, une quantité innombrable et prodigieuse de puissances divines a été vénérée en Arabie, sans provoquer aucun trouble, sans générer aucune catastrophe, tant pour l’Arabie que pour les régions voisines et pour le reste de l'humanité. En vérité, elles n’exhortaient pas à la guerre, et aucune tête ne fut jamais tranchée en leurs noms, et par les soins de leurs sectateurs. Les 360 idoles2 qui s’empressent autour de la seule Ka’ba mecquoise donnent une première idée de la taille de ce panthéon méconnu. Il suffit de se rappeler qu’il existe en outre d’autres Ka’ba sur le territoire arabique3. L’Arabie centrale, celle des étendues désertiques, a suscité une telle foule : les bédouins confronté à la solitude et à l’immensité avait besoin de peupler son monde quotidien. Le système entendait répondre aux questions et aux angoisses de gens assoifés et inquiets du lendemain: il était appuyé sur la classique confrontation des puissances de la terre et du ciel4 , et combinait l'existence -et la confusion - entre la multiplicité et l'unité du divin, l'aspect topique des puissances et leur universalité. Mais c’est au nord et au sud, au sein de sociétés arabes plus organisées et matériellement plus avancées que le monde des dieux est connu dan son exubérance : les dieux urbains de Palmyre et Pétra, les sanctuaires monumentaux de Saba et d’Himyar. Il a structuré la vie des êtres humains durant des siècles5, leur a donné espoir et morale, jusqu’à la destruction radicale opérée par Muhammad et ses troupes. Les sources documentaires permettant de reconstituer des pans entiers du panthéon arabe sont à la fois nombreuses et variées, et négligées néanmoins6 . L’état des connaissances est en constante amélioration, à la suite de découvertes archéologiques7. Il y a d’abord les sanctuaires, de mieux en mieux connus, et qui font apparaître que le très célèbre site mecquois est pas un modèle isolé, et qu’il existe de nombreux autres liux sacrés dans ce territoire. Il est inutile d’ajouter que ces recherches sont particulièrement délicates à mener, et que les autorités les surveillent avec une suspicion redoublée : qu’on en vienne à découvrir une idole nommée Allah… Il y a ensuite les inscriptions, des graffitis sur les rochers, rédigés par les mains maladroites des pasteurs, aux immenses textes sud-arabiques, à l’alphabet si spectaculaire. Il y a enfin les textes musulmans (et chrétiens)8 , qui s’aventurent à mentionner, au détour de leur travail d’érudition, les dieux du paganisme, pour les dénigner, pour ridiculiser les cultes, et pour mépriser leurs fidèles. Mais cette littérature d’essence polémique a paradoxalement permis la survie des dieux dans les mémoires et dans la science. Il n’est pas exclu que les auteurs (et leurs publics) n’aient pas ressenti une inavouable attirance envers les puissances disparues, qu’on leur avait enlevées. C’est justement le cas d’Ibn al Kalbi9 , dont l’oeuvre capitale le “Livre des Idoles”, a n’été découvert qu’au milieu du XXème siècle. A §. —103. A. Cette simple initiale désigne chez les Thamoudéens la divinité stellaire Attar10. ABAB. Le dieu peut être isolé à partir du nom d’un sanctuaire, appelé aussi Ghabghab, et dédié à Manat. Il s’y trouve en effet un bétyle qui devait être originellement l’objet du culte11. (Yaqut, Géographie III 772-3). … le lieu où on égorgeait les victimes des sacrifices 12 à Mina ; c'est une petite montagne13 On a dit que les Banu Muattib ibn Qays avaient un sanctuaire14 appelé Ghabghab, auquel ils se rendaient en pèlerinage, comme ils rendaient à l'illustre sanctuaire15. On a dit également al Ghaghab était l'endroit où on égorgeait les victimes des sacrifices à al Lat et à al Uzza à Ta’if et où l'on déposait16 les offrandes qui leur étaient faites. On a dit que c'était un sanctuaire17 à Manaf, l'idole qui était vis-à-vis de la Pierre Noire et qui avait deux Ghabghab noirs en pierres, entre lesquels étaient immolées les victimes. Le Ghabghab est une pierre que l'on dresse 18 devant l'idole… semblable à la pierre milliaire dressée à une distance de trois parasanges19 de la ville… Au sanctuaire d’al Uzza, il y avait un endroit où l'on égorgeait les victimes 20 qu'on lui offrait ; il s'appelait al- Ghabghab. Les viandes des victimes offertes 21 étaient distribuées aux présents. ABGAL. Le dieu (ou génie) est représenté comme un jeune homme à moustaches et cheveux longs, armé d’une lance. Il apparaît tardivement à Palmyre, où il représente le monde des steppes, en agissant comme protecteur des troupeaux.22 Protection divine (inscription de Khirbet Semrin).23 Faites que Yarhibol se souvienne qu’Abgal, ses frères et les membres de sa maison ont reçu l’autorité sur le village pour toujours par Yarhibol. Qu’on se souvienne de quiconque craint le dieu Abgal. ABIRILLU. Divinité ancienne des Arabes. (inscription d’Esarhaddon).24 J’ai réparé les idoles de Atarsamayn, Day, Nuhay, Rudaiu, Abirillu et Atarquruma, les dieux des Arabes… ABU QUBAYS. Montagne sacrée, que des hadiths présentent comme le tombeau d’Adam : une telle invention doit camoufler le caractère primitif de l’endroit : une montagne sacrée ou divine.25 Il est dit que les bétyles de la Ka’ba sont issus de cet endroit tout particulier26, ce qui confirme l’hypothèse. (ibn Battuta).27 Parmi les montagnes entourant La Mecque citons : La montagne Abu Qubays au sud-est de La Mecque c’est un des deux Akhshab et qui est la plus proche montagne de la ville. Elle se trouve en face de l'angle de la pierre noire. Au sommet, on voit une mosquée et les ruines d'un couvent et d'habitations qu’al Malik az Zahir aurait aimé restaurer. Abu Qubays domine la mosquée sainte et toute la ville. De ce point de vue, on peut admirer la beauté de La Mecque, la splendeur et la grandeur de la mosquée et la Ka’ba vénérée. On dit qu’Abu la première montagne créée par Allah qui y entreposa la pierre noire pendant le déluge. Les Quraysh l'appelait al Amin28 car elle remit à l'Ami d’Allah29, Abrabam, la pierre qui y était entreposée. On dit que la tombe d'Adam s'y trouve. C'est dans cette montagne que le prophète se trouvait lorsque la lune s'entrouvrit pour lui. (Zamakhshari, Tafsir 311). Alors Allah a ordonné à Abraham de la bâtir, et Gabriel lui a montré l’endroit. Il est dit qu’Allah a envoyé un nuage pour le couvrir et (Abraham) a du la construire dans son ombre sans excéder ou diminuer ses dimensions. (…) On dit qu’Abu Qubays a apporté (la pierre) (…) C’était un saphir blanc du Paradis, mais des femmes qui avaient leurs règles l’ont touché pendant la période d’ignorance, et elle est devenue noire.30 ADONIS. “Le Seigneur”, dieu syrien et phénicien de la jeunesse et de la vie31, bien connu dans le monde gréco-romain.32 AFUWW. Le dieu absoluteur à la Mecque33 . AGLIBOL. Dieu lunaire de Palmyre, associé au symbole du croissant de lune34 . AHAD. Le dieu présenté unique à la Mecque 35 . AHIR. Le dieu dit “premier”, à la Mecque36. AHIRAT. Divinité d'Arabie du sud.37 AHWAR. Dieu thamoudéen au nom de planète (équivalant à Jupiter)38. AYM. L’idole est vénérée par la tribu des Azd as Sarat39. (ibn Kalbi, Livre des Idoles 35 c). Les Azd as Sarah avaient une idole appelée Aym. Zayd al Khayr (…) en fait mention : Tu racontes à tout venant que tu les a mis en fuite. Mais tu ne connais même pas leurs enseignes, non, par Aym! (Celui qui parle est le prêtre de l’idole. prenez-y garde)40. AKTAB. Le dieu de l'écriture chez les Nabatéens, le "Scribe".41 Il est associé par les Grecs et Romains à Hermès/Mercure .42 al ALI. Le dieu “élevé” à la Mecque43 . ALLAH. A l’origine, c’est la simple contraction de El Illah : la divinité44 ; dans les langues sémitiques45, le mot évoque l’idée de primauté, de direction. Le “Premier”46 ou “le Fort”47 est présent partout, dans de nombreux sanctuaires, comme dieu local, ou terme générique désignant la divinité, bien avant l’apparition de Muhammad. Il existe aussi une formule plus développée pour le désigner : Al’Lah Um Ma48. C’est un dieu honoré pour toutes les tribus, qui le considèrent chaque fois comme spécifique et particulier, familier et quotidien49 . Il est aussi couramment associé à d’autres divinités. Cet aspect de la conception divine des Arabes n’est pas contesté par Muhammad dans ses premières “révélations” 50 : il n’aborde que bien plus tard la question de l’unicité divine51, sous l’influence des doctrines juive et chrétienne, et pour asseoir théologiquement la tribu d’avec sa tribu d’origine. Le Coran va même jusqu’à présenter dans plusieurs versets, rarement mentionnés, une autre forme d’Allah, celui des Mecquois, le uploads/Geographie/ hobal-allah-et-ses-fils 1 .pdf

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