© Cairn.info 2020 | Conditions générales d'utilisation | Conditions générales d

© Cairn.info 2020 | Conditions générales d'utilisation | Conditions générales de vente | Politique de confidentialité   Connexion     Mon cairn.info Revues Que sais-je ? / Repères Ouvrages Magazines Accueil Que sais-je ? / Repères Ouvrage Chapitre Introduction Agnès Bénassy-Quéré et Benoît Cœuré Dans Économie de l’euro (2014), pages 3 à 14  Citer ou exporter  Ajouter à ma bibliographie  Article Plan Auteurs Sur un sujet proche Feuilleter Une longue histoire Comment rejoint-on l'euro ? L'entrée d'un pays dans l'euro est décidée après examen de cinq critères de convergence (art. 140.1 du Traité) qui portent sur le déficit et la dette des administrations publiques (qui doivent être inférieurs respectivement à 3 % et se rapprocher de 60 % du PIB du pays), l'inølation (qui ne doit pas dépasser de plus de 1,5 point de pourcentage la moyenne des trois pays où elle est la plus basse), les taux d'intérêt à long terme, la stabilité du taux de change pendant deux ans, sans dévaluation, au sein du mécanisme de change européen, et l'indépendance de la banque centrale. Un pays satisfaisant à ces di÷férents critères s'intégrera en principe plus facilement dans l'union monétaire, car ses prix relatifs par rapport aux partenaires sont stables, et ses finances publiques en ordre ne feront pas pression à la hausse sur les taux d'intérêt de la zone. La situation des di÷férents pays au regard des critères fait l'objet de rapports de la Commission européenne et de la BCE. Le Royaume-Uni et le Danemark ont obtenu de choisir le moment où ils adopteront la monnaie unique. Les autres États membres de l'Union n'ont pas cette possibilité : ils rejoignent en principe l'euro dès lors qu'ils respectent les critères. Après vérification des critères, l'euro a été adopté par onze États le 1 janvier 1999 puis par la Grèce en 2001, la Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la Slovaquie en 2009, l'Estonie en 2011 et la Lettonie en 2014. Au 1 janvier 2014, la zone euro compte donc 18 membres, sur 28 États membres de l'Union européenne. Dans ces 18 pays, l'euro est devenu la monnaie o÷ficielle ; il a remplacé les monnaies nationales pour toutes les transactions économiques. Dans les onze États de la première vague, les pièces et les billets libellés en euro n'ont été introduits qu'à l'issue d'une période de transition, le 1 janvier 2002. Imprimés par les banques centrales, les billets sont les mêmes partout dans la zone euro, tandis que les pièces, frappées par les gouvernements, comportent une face di÷férente selon les pays. Entre 1999 et 2002, les monnaies nationales ont subsisté comme subdivisions non décimales de l'euro, la politique monétaire étant déjà unifiée et les taux de change irrévocablement fixés. La zone euro en bref Tableau 1. La taille de la zone euro en 2013 — Source : Banque de France, Zone euro :principaux indicateurs économiques et financiers, 16 février 2014. Finalement, pourquoi l'euro ? : Graphique 1. Taux d'ouverture des économies de la zone euro en 2012 pour les échanges de biens et services (en % du PIB) — Source : Eurostat, calculs des auteurs (février 2014). : Graphique 2. Taux d'intérêt réels à court terme dans la zone euro, 1999-2012 (en %) — Source : base de données Ameco de la Commission européenne (septembre 2013). Notes 'Union monétaire européenne constitue une expérience unique de partage de souveraineté monétaire. Les autres unions monétaires existant dans le monde concernent soit des États fédérés (les États-Unis, par exemple), soit des pays ayant un arrangement particulier avec un pays tiers (Union économique et monétaire ouest-africaine, Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale) ou avec une monnaie tierce (Union monétaire des Caraïbes orientales). Notons que les pays ayant adopté la monnaie d'un autre pays (Équateur, Kosovo, Zimbabwe) ne peuvent être considérés comme étant en union monétaire. Dans ce cas, en e÷fet, la souveraineté monétaire n'est pas partagée avec le pays ancre ; elle est simplement abandonnée. 1 L Créée en 1999 à l'issue d'un processus de convergence par étapes, l'Union monétaire européenne a connu une crise profonde à partir de 2009. Déclenchée par la crise financière mondiale, cette crise de la zone euro a mis en évidence les faiblesses d'une construction européenne hybride, dont l'euro constitue, avec la politique commerciale et la politique de la concurrence, le seul dispositif réellement fédéral. Les Européens se sont alors attelés à compléter le dispositif à l'aide d'un fonds de secours aux États en di÷ficulté et par l'unification de la surveillance des banques. La question du fédéralisme budgétaire a également ressurgi à l'occasion de cette crise. 2 L'idée d'une monnaie unique remonte à la fin des années 1960 [Patat, 2005] [1]. Le système de change fixe mis en place à Bretton Woods après la Seconde Guerre mondiale, organisé autour du dollar, est fragilisé par la guerre du Vietnam, qui creuse le besoin de financement américain, et par le mécontentement croissant vis-à-vis des États-Unis. C'est alors que les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté européenne demandent à Pierre Werner, le Premier ministre du Luxembourg, de dessiner les contours d'une union économique et monétaire en Europe. Le rapport Werner, remis en 1970, propose une unification monétaire en plusieurs étapes, devant s'achever en 1980. Mais le désordre monétaire issu de la dislocation du système de Bretton Woods à partir de 1971, puis du premier choc pétrolier fait voler en éclats la coordination naissante entre les pays membres. Le « serpent monétaire » européen, créé en 1972 pour protéger les taux de change intra-européens de l'instabilité croissante du dollar, se révèle être un échec. 3 [1] Les références entre crochets renvoient à la bibliographie en… La coordination monétaire reprend sérieusement en 1979 sous l'impulsion de Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, avec la création du mécanisme de change du système monétaire européen (SME). Il s'agit d'organiser une zone de stabilité monétaire en Europe en limitant les øluctuations des taux de change entre pays membres. Une unité de compte européenne, l'European Currency Unit ou Ecu, est créée. C'est l'ancêtre de l'euro. L'Ecu n'est pas une véritable monnaie mais un simple « panier » dont la valeur est mécaniquement plus stable que celle des monnaies qui la composent, la faiblesse de telle ou telle monnaie étant compensée par la force de telle autre. L'Ecu servira d'unité de compte aux banques centrales et aux institutions européennes, et aussi à libeller les emprunts de certaines institutions et gouvernements européens. Sa création constitue une rupture pour le système monétaire international : dans toute une région du monde, la stabilité monétaire n'est plus définie par rapport à une référence externe, le dollar, mais par rapport à une référence interne et gérée en commun. 4 Après des débuts di÷ficiles, le SME vit un « âge d'or » de cinq années (1987-1992) durant lesquelles les monnaies sont stables et le système s'élargit (la peseta le rejoint en 1989, la livre sterling en 1990, l'escudo en 1992). C'est au cours de cette période que la libéralisation complète des mouvements de capitaux à l'intérieur de l'Europe est décidée et mise en œuvre. Les artisans de l'intégration monétaire européenne savent bien que, une fois les mouvements de capitaux complètement libéralisés, l'unification monétaire deviendra urgente. La raison en est simple : il est impossible de concilier la stabilité des taux de change, la mobilité des capitaux et l'autonomie des politiques monétaires nationales – c'est le fameux « triangle d'incompatibilité » identifié dans les années 1960 par Robert Mundell et rappelé par l'économiste italien Tommaso Padoa-Schioppa en 1987. En l'absence de contrôles des changes, tout écart de taux d'intérêt se traduit par des mouvements de capitaux vers le pays où ceux-ci sont les plus élevés ou dont la politique est la plus crédible aux yeux des marchés – en l'occurrence, l'Allemagne. Ce mécanisme impitoyable a joué en Europe en 1992-1993 au profit de l'Allemagne, en 1997-1998 au détriment des monnaies des pays émergents, et à nouveau en 2008 au détriment de plusieurs pays européens non membres de la zone euro. 5 Face à ce triangle, trois solutions : accepter le pilotage économique d'un seul pays, l'Allemagne ; revenir en arrière en restreignant les mouvements de capitaux ; geler définitivement les taux de change. C'est la troisième option, la plus ambitieuse, qui est choisie. Les chefs d'État et de gouvernement demandent à Jacques Delors, le président de la Commission européenne, de proposer une stratégie pour unifier les monnaies européennes. Jacques Delors s'entoure d'experts et de banquiers centraux, et remet, en 1989, un rapport qui présente des similitudes avec le rapport Werner : nécessité d'une convergence préalable des politiques économiques, unification monétaire par étapes... Le transfert de souveraineté monétaire qui sera finalement consenti rend nécessaire de rédiger un nouveau traité. Ce traité, qui complète le traité de Rome instituant la Communauté européenne, est adopté par les chefs d'État et de gouvernement à Maastricht, aux Pays-Bas, en décembre 1991. Il décrit la nouvelle institution en charge de la monnaie, la Banque centrale européenne (BCE), les étapes du processus d'intégration monétaire uploads/Geographie/ introduction-cairn-info.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager