L’islandais – ancien et moderne à la fois – 2 La communauté linguistique island

L’islandais – ancien et moderne à la fois – 2 La communauté linguistique islandaise 300.000 personnes environ connaissent l’islandais et la plupart d’entre elles vivent en Islande. L’islandais est la seule langue officielle de la république d’Islande. Le lien entre les habitants et la langue nationale s’impose avec évidence puisqu’il s’agit de la langue maternelle de la plupart d’entre eux (environ 97%). L’Islande est un pays presque dépourvu de patois, or il est très rare, pour ne pas dire unique au monde qu’un pays si vaste et dont la population est si dispersée, ne soit pas divisé en zones correspondant à des dialectes régionaux. L’islandais a été parlé en Islande depuis le peuplement du pays, à la fin du 9e siècle, et a relativement très peu changé depuis lors. Utilisation de la langue L’islandais est employé à tous les niveaux de la vie quotidienne en Islande: dans l’administration, les écoles, les entreprises, les sports, les médias etc. Si bien des langues vivantes présentent une différence considérable entre les langues parlée et écrite, 3 cette différence est relativement minime en islandais. Dans les échanges de tous les jours, on s’adresse la parole de manière informelle, le vouvoiement n’existe plus et les gens s’appellent par leur prénom. Parenté avec d’autres langues L’islandais est une des langues qui se rattachent à la branche nordique des langues germaniques au sein de la famille des langues indo-européennes. Il a le plus de parentés avec le féroïen et quelques dialectes de l’ouest de la Norvège et est plus éloigné du danois et du suédois. D’autres langues germaniques apparentées à l’islandais sont notamment l’anglais, le néer- landais et l’allemand. L’alphabet islandais Aa Áá Bb Dd Ðð Ee Éé Ff Gg Hh Ii Íí Jj Kk Ll Mm Nn Oo Óó Pp Rr Ss Tt Uu Úú Vv Xx Yy Ýý Þþ Ææ Öö Les accents au-dessus des voyelles ne sont ni toniques ni d’al- longement mais représentent un phonème différent de la lettre correspondante sans accent. Ainsi A se prononce [a], tandis que Á est la diphtongue [au]. Les lettres les plus étranges de l’alphabet islandais sont Þ et Ð. Þ se prononce comme le th du mot anglais think et Ð comme le th du mot anglais they. Þ a été employé en islandais depuis les origines. Les Islandais en ont emprunté l’écriture au modèle anglais, mais la lettre était connue dans l’alphabet runique utilisé par les Norrois avant qu’ils n’adoptent l’alphabet latin. La lettre Ð a été également empruntée à l’écriture anglaise. Elle était utilisée en vieil anglais et en vieux saxon et il en existe des exemples dans les écrits islandais du 13e siècle. 4 Le système de la langue islandaise L’islandais a de nombreuses catégories de mots flexionnels et de verbes. Substantifs, adjectifs, pronoms et numéraux car- dinaux et ordinaux de 1 à 4 se déclinent en quatre cas. Les noms existent en trois genres. Les adjectifs, la plupart des pronoms et les adjectifs numéraux de 1 à 4 se déclinent égale- ment en trois genres. Les verbes se conjuguent en temps, per- sonne, nombre, mode et aspect. Óskar er svangur og dapur [ouskar E˘r svauNkOr ç˘ƒ ta˘pOr] Helga er svöng og döpur [hElka E˘r svøyNk ç˘ƒ tø˘pOr] Barnið er svangt og dapurt [partneD E˘r svauN*t ç˘ƒ ta˘pOr8t] «Óskar/Helga/L’enfant a faim et il/elle/il est triste» Ég ber [jE˘ƒ pE˘r] «Je porte» Þú berð [Tu˘ pErD] «Tu portes» Við berum [ve˘D pE˘rOm] «Nous portons» L’ordre normal des mots en islandais est: sujet – verbe – com- plément, mais du fait des désinences variables, l’ordre des mots peut changer librement. Les phrases suivantes ont la même signification en islandais: Bróðir minn (mon frère) keypti (a acheté) bókina (le livre). Bókina (le livre) keypti (a acheté) bróðir minn (mon frère). 5 La coutume islandaise des noms de personnes En Islande on décline toujours son identité par référence à son père ou à sa mère et l’on se fait appeler par son prénom et non par son patronyme. Celui-ci est formé du prénom du père (cas le plus fréquent) ou de la mère (beaucoup plus rarement) au génitif, auquel s’ajoute le suffixe -son (fils) ou -dóttir (fille). Les mêmes prénoms reviennent souvent dans la même famille. Le père d’Óskar Eiríksson se nomme Eiríkur Haraldsson. Le patronyme d’Óskar (c. à d. Eiríksson) donne simplement à connaître que le prénom de son père est Eiríkur. La femme d’Óskar s’appelle Helga Bjarnadóttir du fait que son père se nomme Bjarni Ólafsson. Même après son mariage avec Óskar, Helga ne change pas de nom. Eiríkur Haraldsson & Sigríður Þráinsdóttir Óskar Eiríksson Bjarni Ólafsson & Gyða Björnsdóttir Helga Bjarnadóttir 6 Óskar et Helga ont quatre enfants qui s’appellent Sigríður, Gyða Björk, Daði et Bjarni. Les trois premiers ont choisi de se référer à leur père, Óskar, et le quatrième à sa mère, Helga. Près de la son- nette de la porte d’entrée figurent les noms de tous les membres de la famille: Helga Bjarnadóttir Óskar Eiríksson Sigríður Óskarsdóttir Gyða Björk Óskarsdóttir Daði Óskarsson Bjarni Helguson Cette famille de six personnes utilise cinq patronymes dif- férents. La plupart des Islandais ont des noms formés de cette façon, mais il existe aussi quelques noms de famille fixes. Les Islandais n’utilisent jamais le patronyme seul. Il ne viendrait à l’idée de personne de se présenter sous le seul nom d’ «Eiríksson» ou de «Bjarnadóttir». Il faut soit utiliser les prénom et nom au complet (Óskar Eiríksson, Helga Bjarnadóttir etc.), soit se contenter du seul prénom. Les Islandais attachent donc beauoup moins d’importance au patronyme que les ressortissants d’autres pays et dans l’annuaire téléphonique, les abonnés sont répertoriés alphabétiquement d’après leur prénom et non leur patronyme: Guðjón Baldursson Guðjón Þór Baldursson 7 Guðjón Baldvinsson Guðjón Benediktsson Guðjón Bragi Benediktsson La politique linguistique islandaise Elle comporte deux aspects principaux: d’une part la préserva- tion continue de la langue (système et lexique de base) et d’autre part l’évolution de la langue, notamment en veillant à ce que le lexique soit toujours suffisant pour rendre compte des réalités nouvelles et que l’islandais soit utilisé dans la plupart des domaines. Les Islandais se sont fait un point d’honneur à pouvoir par- ler et écrire sur tous les sujets dans leur langue maternelle et le statut de l’islandais en tant que langue nationale requiert que l’on puisse l’utiliser dans toutes les sphères d’activité. On forge constamment des mots nouveaux pour suivre les développe- ments technologiques et scientifiques. Les autorités islandaises viennent de lancer une campagne de technologie linguistique visant à mettre au point un logiciel et des appareils qui permettent d’utiliser l’islandais dans le matériel informatique et les appareils dirigés par ordinateur. Il y a dans le pays un concensus sur cette politique linguis- tique et l’intérêt manifesté par le public est à la base des efforts faits pour entretenir la langue. Nombreux sont ceux qui aiment 8 s’essayer à forger des mots nou- veaux. Cette activité est loin d’être l’exclusivité des institutions ou d’être soumise à des décisions officielles. Le Conseil de la langue islandaise a, p.ex., essentiellement un rôle de con- seil et d’information sur le bon usage de la langue et sur les néologismes. L’idée que les autorités puissent produire des mots nouveaux et obliger le public à les employer n’a pas cours en Islande! La création des termes de métier Des associations et des individus exerçant une activité dans de nombreux secteurs spécialisés s’occupent du lexique islandais et des glossaires variés sont publiés dans des domaines touchant p.ex., aux ordinateurs, à l’ingénierie, aux voitures, à la médecine, à la révision des comptes, à la psychologie etc. L’islandais a d’ailleurs été une langue des sciences dès le début, car de nom- breux savants islandais du Moyen-Âge ont écrit sur leurs travaux dans leur langue maternelle et pas seulement en latin. Le lexique Le lexique islandais du début s’est accru d’un grand nombre de mots, comme on peut s’y attendre au cours d’une période aussi longue, où la vie de la population a changé radicalement. Certains vieux mots ont acquis une nouvelle signification supplémentaire. Mais la plupart des mots courants sont les mêmes qu’il y a 1100 ans, comme p.ex. höfuð (tête), auga (œil), himinn (ciel), haf (mer), þú (tu/toi), kýr (vache), gras (herbe), móðir (mère), faðir (père), ganga (marcher) etc. La langue s’est enrichie depuis d’une foule de néologismes, en particulier aux 19e et 20e siècles, 9 pour répondre aux besoins des temps modernes. La plupart des néologismes sont forgés à partir de mots ou de parties de mot existant antérieurement. Par analogie avec la protection de l’en- vironnement, on peut parler de recyclage du lexique! Transparence des mots nouveaux La formation des néologismes se fait le plus souvent en reliant entre eux de manière nouvelle des mots ou parties de mots pré- existants. De l’association des mots veður et fræði (temps et science) est issu le mot veðurfræði (météorologie). Avec les mots bíll et skúr (voiture et hangar) on a formé bílskúr (garage). En ajoutant le préfixe al- (tout) au mot næmi (vulnérabilité), on a obtenu alnæmi uploads/Geographie/ la-langue-islandaise-sous-toutes-les-coutures.pdf

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