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Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication Tous droits de'traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays, y compris la Russie. Copyright by Librairie Gallimard, 1942. Extrait de la publication AVIS AU LECTEUR Ce livre n'a qu'une prétention faire connaître aussi fidèlement que possible la conception behavioriste de Watson. Behavior signi fie « comportement ». Le Beha- viorisme est donc une psychologie du comportement, ou plus exactement, une science du comportement. Beaucoup d'auteurs se prévalent de la conception beha- vioriste. Cependant, Watson seul l'a développée d'une façon radicale. C'est pourquoi nous avons cru possible de rapporter ses idées sans nous préoccuper directe- ment des diverses écoles qui lui ont emprunté, et qui d'ailleurs sont mieux connues; des critiques qui lui ont été adressées, nous avons juste retenu ce qui était indispensable à un exposé actuel. Nos matériaux sont puisés avant tout dans ses deux ouvrages La psycho- logie du point de vue d'un behavioriste (1919-1929), et Behaviorisme (1930), non traduits en français. Conformément à l'allure de ces deux livres, l'exposition est restée aussi accessible et simple qu'il a été possible de le faire. John Broadus Watson (né le 9 janvier 1878 à Green- ville) a été Professeur à l'Université John Hopkins et directeur du Laboratoire de Psychologie, et Professeur à la New-York School for Social Research. En 1924, il devint Vice-Président de la Compagnie J.-W. Thomson. Il fut l'éditeur des Behavior Monographs et du Journal of Animal Behavior (1911-1917), du Journal of Expéri- mental Psychology (1915-1926), puis du Pedagogical Seminary and Journal of Genetic Psychology et du Journal of General Psychology. Il a été Président de Extrait de la publication LA PSYCHOLOGIE l'American Psychological Association, et membre de l'Académie Américaine des Arts et Sciences. Sa renommée est devenue mondiale depuis ses communications au Congrès International de Psychologie en 1921, et la psychologie de comportement se répandit rapidement. En France aussi, elle trouva un terrain déjà préparé. Dans l'époque contemporaine, Ribot et Pierre Janet avaient posé plus d'un jalon solide. Des savants aussi éminents que MM. Piéron, Wallon, Guillaume, Lher- mitte, ont noté l'importance des thèses behavioristes. M. Guillaume a pu écrire « qu'une grande partie du mouvement psychologique contemporain s'inspire de cette tendance (le behaviorisme), même chez les auteurs qui ne s'en réclament pas expressément ». Nous sommes donc assurés qu'un accès plus direct aux thèses wal- soniennes était éminemment souhaitable. C'est à le faciliter que se consacrent les pages qui suivent. Extrait de la publication CHAPITRE PREMIER QU'EST-CE QUE LE BEHAVIORISME ? La psychologie introspectionniste. « Conscience » et comportement. Origine du behaviorisme. L'école de Pavlov et la psychologie animale. Qu'est-ce que le comportement ? Introspection et témoi- gnage. La notion de comportement est évidemment pius ancienne que le « behaviorisme ». Watson a eu des prédécesseurs, sans toujours s'en douter (Appen- dice A). En fait, toute étude scientifique de la vie humaine, de la conduite, de l'attitude des individus et des groupes fut toujours inspirée par une préoccu- pation « comportementiste ». Les méthodes des sciences physiques et naturelles tournaient autour du « comportement » des objets. Pourquoi les pré- tendues sciences de « l'esprit » n'en feraient-elles pas autant ? Cependant, sur cette voie, la psychologie devait tomber dans une impasse. Les méthodes objectives, de plus en plus fréquemment utilisées, entraient en contradiction avec leur objet même. En effet, pour la majorité des psychologues, l'objet de la science était < la conscience ». Comment la saisir par des méthodei scientifiques, qui supposent la mesure ? N'était-il pas plus tentant de se servir d'une méthode adaptée Extrait de la publication LA PSYCHOLOGIE à cet objet si particulier ? A défaut d'intuition mys- tique, on se rabattait sur a l'introspection ». De fait, la psychologie est divisée en deux cou- rants la psychologie introspective ou subjective, et le behaviorisme, ou psychologie objective. Ce der- nier n'a trouvé sa pleine expression en Amérique qu'en 1912, avec le développement des travaux de J.-B. Watson. En réalité, c'est au behaviorisme seul que doit être réservé le nom. de psychologie, pour autant qu'on veuille désigner par là une science naturelle. « E.-B. Titchener et William James, dit Watson, furent les leaders éminents de la psychologie intros- pective dans la première décade du xxe siècle. La mort de James en 1910, et celle de Titchener en 1927, laissèrent la psychologie introspective sans direction spirituelle. Bien que la psychologie de Tit- chener différât en bien des points de celle de William James, leurs attitudes fondamentales étaient les mêmes. Ils estimaient tous deux que la conscience est le domaine de la psychologie. Le behaviorisme, au contraire, prétend que le domaine de la psychologie humaine est le comportement de l'être humain. Le behaviorisme estime que la conscience n'est un con- cept ni défini ni utilisable. C'est pourquoi le beha- viorisme, qui se propose l'expérimentation, considère que la croyance en l'existence de la conscience nous ramène aux anciens jours de la superstition et de la magie ». L'appréciation est sévère, mais ne vaut pas seule- ment pour les États-Unis. La psychologie bergso- nienne s'est très facilement muée en mystique. La psychologie de la « forme » prête le flanc à des cri- tiques analogues. Mais les psychologues introspec tionnistes, bien qu'ils prétendent voir « au dedans d'eux-mêmes », ne font le plus souvent que répondre aux désirs du public. Le public, la masse, est toujours avide de superstition et de magie. Watson n'a pas craint d'insister sur ce point dans un pays qui s'était placé par ailleurs à la tête de la civilisation indus- SCIENCE DU COMPORTEMENT trielle et capitaliste.• Toutes les époques ont leur nouvelle magie, noire ou blanche, et leurs nouveaux magiciens. Mofse était magicien il changeait l'eau en vin et ressuscitait les morts. Coué avait sa parole magique. Mrs. Eddy en a une toute semblable. > La magie vit toujours. Avec le temps, les légendes passent dans le folk-lore populaire. Elles ont eu parfois une expérience pratique comme origine,,mais elles ne se maintiennent vivantes que comme souvenir de pou- voirs surnaturels. Le folk-lore est une des bases des religions. Celles-ci font partie de la trame politique et économique du pays elles servent d'instruments. Le public repasse ses explications aux enfants de ses enfants. Sortis de leurs laboratoires, bien des phy- siciens et des biologistes éminents retombent dans le folk-lore religieux. Cet état d'esprit fut toujours un des plus puissants obstacles au développement de la psychologie scientifique. Qu'elle le veuille ou non, la psychologie introspec- tionniste s'appuie sur la métaphysique « dualiste » chaque individu a une âme distincte du corps, et unie à lui dans certaines conditions. 'Cette âme est une émanation d'un être divin. Bien que le mot fonc- tion ait remplacé le mot faculté, le dualisme s'est conservé intact depuis la plus haute antiquité. Mais, des deux termes, l'un est observable c'est le corps. L'autre, personne ne l'a jamais observé, ni vu, ni touché, ni expérimenté. Ce qu'on en a dit et écrit n'est connu que par l'activité corporelle. Et pourtant le scepticisme à l'égard de l'âme, cette inconnue, fut longtemps taxé d'hérésie on pouvait y laisser sa tête, note Watson, et d'ailleurs, pas un homme public n'oserait, même aujourd'hui, mettre son existence en question. Ainsi, la psychologie piétinait, parce qu'elle s'occu- pait soi-disant d'objets non matériels, à une époque où toutes les autres sciences se constituaient sur une base objective. Dès la Renaissance (et il ne faut pas oublier maint savant de l'antiquité, surtout préso- cratique), les hommes parvenaient à détacher l'âme LA PSYCHOLOGIE des corps célestes et de leurs mouvements puis des corps terrestres ce n'était pas là une mince con- quête. Les psychologues du xixe siècle, comme Wundt ou Ribot, qui furent les pionniers de la psychologie expérimentale, ne se dégagèrent cependant point totalement de la philosophie dualiste. Leurs travaux résultèrent à la fois de contradictions et de com- promis. La conscience et les états de conscience remplacèrent l'âme, mais furent tout aussi soustraits à l'observation que celle-ci. Bergson et James pro- fitèrent jusqu'au bout de ce fait. Introspection et intuition se disputèrent, à travers mille nuances, le droit exclusif d'exploiter les soi-disant « états de conscience ». La définition de James est valable pour toute la psychologie introspectionniste « La psy- chologie, écrivait-il, est la description et l'explication des états de conscience comme tels ». La plupart des ouvrages classiques français ne s'expriment pas autrement. Le résultat de cette attitude, c'est qu'il y a autant de psychologies qu'il y a de psychologues. Comment décrire objectivement ce que vous seul pouvez « voir » et précisément par les yeux de l'esprit ? La défini- tion introspectionniste de' la psychologie affirme d'abord une existence qu'il lui faut prouver. Elle tombe ainsi dans un cercle vicieux elle échappe à toute épreuve expérimentale. Affirmer que l'on est « conscient », dit-on, c'est par exemple sentir, perce- voir, penser, vouloir, proposer, désirer. Mais les actions, rapportées au sujet (et l'introspection ne peut se rapporter qu'au sujet), échappent à toute définition objective, communicable, valable uploads/Geographie/ la-psychologie-science-du-comportement.pdf

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