 1 LE COMMERCE ÉLECTRONIQUE AU TEMPS DE LA PANDÉMIE DE COVID-19 © OCDE 2020 7

 1 LE COMMERCE ÉLECTRONIQUE AU TEMPS DE LA PANDÉMIE DE COVID-19 © OCDE 2020 7 octobre 2020 Cette synthèse s’intéresse à la façon dont la crise liée au COVID-19 accélère l’expansion du commerce électronique vers de nouvelles catégories d’entreprises, de consommateurs et de produits, processus qui laisse augurer une réorientation à long terme de la vente en ligne des produits et services de luxe vers des produits de consommation courante. Elle montre également comment les décideurs peuvent optimiser les possibilités offertes par la transformation numérique dans le commerce de détail et les secteurs apparentés pour soutenir l’adaptation des entreprises et faciliter la distanciation physique, tout en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. Le commerce électronique au temps de la pandémie de COVID-19 2  LE COMMERCE ÉLECTRONIQUE AU TEMPS DE LA PANDÉMIE DE COVID-19 © OCDE 2020 Principaux messages  La crise liée à la pandémie de COVID-19 a accéléré l’expansion du commerce électronique vers de nouvelles catégories d’entreprises, de consommateurs et de produits. Cet essor a permis aux consommateurs d’accéder à une large gamme de produits tout en restant confortablement et prudemment chez eux, et aux entreprises de poursuivre leurs activités malgré les restrictions sur les contacts physiques et autres mesures de confinement.  Malgré des différences persistantes entre pays, la pandémie a apporté un surcroît de dynamisme au paysage du commerce électronique dans l’ensemble des pays et étendu le périmètre du commerce en ligne à de nouvelles catégories d’entreprises, de consommateurs (par exemple les personnes âgées) et de produits (produits alimentaires par exemple). Parallèlement, dans beaucoup de pays, les transactions de vente en ligne se sont en partie réorientées des produits et services de luxe vers les produits de consommation courante, utilisés par de nombreuses personnes.  Certaines de ces modifications du paysage du commerce électronique seront sans doute amenées à perdurer en raison de l’arrivée possible de nouvelles vagues de la pandémie, du caractère pratique des nouvelles habitudes d’achat, des coûts d’apprentissage et de l'intérêt pour les entreprises de rentabiliser leurs investissements dans de nouveaux circuits de vente.  Malgré les efforts déployés par certains gouvernements pour encourager le commerce en ligne pendant la pandémie, celui-ci reste hors de portée pour certains groupes en raison de fractures numériques tenaces. En outre, les réglementations qui ne sont pas adaptées au commerce électronique peuvent créer des obstacles pour les entreprises, comme l’illustre le cas des modèles de vente omni-canal émergents ou des nouveaux modes de livraison. Bien qu’un grand nombre de ces défis soient antérieurs à l’apparition du virus, la crise actuelle et le rôle nouveau que revêt le commerce électronique pour les consommateurs et les entreprises rendent plus impérieuse la nécessité d’une action publique. o Pour les consommateurs, les défis systémiques liés à la connectivité, l’inclusion financière, les compétences et la confiance (par exemple la sécurité numérique, la protection de la vie privée et la protection des consommateurs) ont acquis une acuité particulière. Pour remédier à ces problèmes, les pouvoirs publics pourraient étendre l’accès à des connexions haut débit abordables et de qualité aux régions rurales et mal desservies, améliorer l’inclusion financière et renforcer la confiance et l’acquisition de compétences permettant d’utiliser le commerce électronique. o Pour les entreprises, les décideurs devraient réduire l’incertitude réglementaire pour encourager l’adoption de modèles économiques innovants, en tenant compte, par exemple, des relations de plus en plus complémentaires qui existent entre les stratégies de vente hors ligne et en ligne. o Les gouvernements doivent également pourvoir aux besoins particuliers des PME, notamment en garantissant l’équité des règles du jeu dans le contexte des services d’intermédiation (sur les plateformes numériques par exemple). Autre point crucial : veiller à ce que la concurrence dans le commerce de détail soit suffisante et à ce que le commerce électronique bénéficie d’un environnement d’appui efficace, que ce soit sur le plan des services de communication, de la logistique ou des échanges commerciaux.  3 LE COMMERCE ÉLECTRONIQUE AU TEMPS DE LA PANDÉMIE DE COVID-19 © OCDE 2020 La crise liée à la pandémie de COVID-19 aura probablement des effets durables sur le commerce électronique On observe une réorientation de la demande des magasins physiques traditionnels vers le commerce électronique La pandémie de COVID-19 a amené les habitants d’un grand nombre de pays de l’OCDE à limiter fortement leurs interactions physiques. La distanciation physique que s’imposent les personnes pour éviter la contagion, associée aux mesures de confinement strictes appliquées dans de nombreux pays de l’OCDE, ont mis à l’arrêt, au moins temporairement, une grande partie des commerces physiques traditionnels (OCDE, 2020[1]). Aux États-Unis, les ventes du commerce de détail et des services alimentaires entre février et avril 2020 étaient en recul de 7.7 % par rapport à la même période de 2019. En revanche, les ventes des magasins alimentaires et des détaillants hors magasin (principalement des opérateurs de commerce en ligne)1 ont augmenté de 16 % et 14.8 % respectivement. Dans l’UE-272, les ventes de détail par correspondance ou par internet en avril 2020 étaient supérieures de 30 % à leur niveau d’avril 2019, tandis que les ventes de détail totales s’inscrivaient en recul de 17.9 % (Graphique 1). Il est probable que ces chiffres correspondent à une réorientation importante du commerce physique traditionnel vers le commerce électronique dans bon nombre de pays. Aux États-Unis, par exemple, la part du commerce électronique dans le commerce de détail total, qui s’était lentement hissée de 9.6 % au premier trimestre de 2018 à 11.8 % au premier trimestre de 2020, a grimpé à 16.1 % entre les premier et deuxième trimestres de 2020. On observe la même évolution au Royaume-Uni, où la part du commerce électronique dans le commerce de détail total est passée de 17.3 % au premier trimestre de 2018 à 20.3 % au premier trimestre de 2020, avant de s’envoler à 31.3 % entre les premier et deuxième trimestres de 2020. Des changements similaires ont été observés dans d’autres régions, parmi lesquelles la République populaire de Chine (ci-après désignée la Chine), où la part du commerce de détail en ligne dans les ventes au détail totales cumulées est passée de 17.3 % en août 2018 à 19.4 % en août 2019 puis à 24.6 % entre janvier et août 2020. 1 Les ventes effectuées en ligne ou par correspondance représentent environ 90 % du chiffre d’affaires total des détaillants hors magasin. Les autres circuits de vente hors magasin comprennent la vente par catalogue, le porte-à-porte et les distributeurs automatiques. 2 Les 27 États membres de l’Union européenne. 4  LE COMMERCE ÉLECTRONIQUE AU TEMPS DE LA PANDÉMIE DE COVID-19 © OCDE 2020 Graphique 1. La pandémie de COVID-19 a entraîné une augmentation de la part du commerce électronique dans le commerce de détail total Note : Pour les États-Unis, les données sont des estimations de la part en pourcentage du commerce électronique dans le commerce de détail total, fondées sur les données de la Monthly Retail Trade Survey et des registres administratifs. Les données portant sur le deuxième trimestre de 2020 sont des estimations préliminaires. Pour le Royaume-Uni, les données indiquent la part en pourcentage des ventes par internet dans les ventes au détail totales. Les données trimestrielles sont des moyennes simples calculées à partir des estimations mensuelles. Pour les 27 États membres de l’Union européenne (UE-27), les données indiquent la variation en pourcentage des ventes au détail par rapport à la même période de l’année précédente. Les ventes au détail totales ne comprennent pas les ventes de véhicules automobiles et de motocycles. Les ventes au détail par correspondance ou par internet recouvrent les activités de commerce de détail où l’acheteur fait son choix à l’aide de publicités, de catalogues, d’informations figurant sur un site web, de modèles ou de tout autre moyen publicitaire et effectue sa commande par courrier, téléphone ou internet. Seul ce dernier cas relève du commerce électronique selon la définition de l’OCDE. Voir (OCDE, 2019) pour une présentation des définitions du commerce électronique. Source : Graphique élaboré par l’OCDE à partir des données du Census Bureau des États-Unis, de l’Office for National Statistics du Royaume- Uni et d’Eurostat. Bien que l’on ne dispose pas de statistiques officielles pour la plupart des autres pays, les estimations indiquent que les commandes en ligne ont augmenté dans plusieurs régions au premier semestre de 2020, notamment en Europe, en Amérique du Nord et dans la région Asie-Pacifique (OCDE, 2020[2]). Dans les pays de la région Asie-Pacifique, le commerce électronique s’était déjà fortement développé au premier trimestre de 2020, tandis qu’en Europe et en Amérique du Nord, la hausse est intervenue plus tard, lorsque plusieurs pays de l’OCDE ont emboîté le pas à l’Italie et instauré des mesures de confinement, à intervalles très rapprochés les uns des autres. Le fait que les recherches Google sur les possibilités de livraison aient presque doublé dans certains pays avant même l’instauration des mesures de confinement (par exemple en Allemagne et au Royaume-Uni) illustre la relation étroite qui existe entre les attentes des consommateurs, les interventions gouvernementales uploads/Geographie/ le-commerce-electronique-au-temps-de-la-pandemie-de-covid-19.pdf

  • 26
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager