Mon frère est mort, Nous étions comme deux étoiles dans un ciel pur. Il était s

Mon frère est mort, Nous étions comme deux étoiles dans un ciel pur. Il était semblable à moi, Brûlé par le soleil chaud, Dans le pays des douces brises, Des palmiers agités Et des fraîches rivières; Dans le pays où sont Plus d'ombres qu’ on ne peut compter; Des perroquets aux couleurs vives Et des oiseaux jaseurs; Où les cimes vertes des arbres Dansent dans le soleil radieux; Où sont les sables d'or Et les mers vertes et bleues. Où le monde vit à l'ombre du soleil, Où la terre est desséchée et brune, Où les vertes rizières Brillent dans les eaux bourbeuses, Où les corps bruns et luisants sont nus Et libres dans la lumière éblouissante. La mère allaite son enfant au bord de la route. Le temple s'élève près du chemin. Un amoureux fervent Offre des fleurs éclatantes. Un silence profond, Une paix immense. Il est mort. J'ai pleuré dans la solitude. Partout où j'allais, j'entendais sa voix Et son rire heureux. J'ai cherché son visage Dans le visage de chaque passant. A tous j'ai demandé S'ils avaient rencontré mon frère, Mais nul n'a pu me donner de consolation. J'ai adoré, J'ai prié, Mais les dieux ont gardé le silence. Je ne pouvais plus pleurer, Je ne pouvais plus rêver. Je le cherchais en toute chose, Sous tous les climats. Et les arbres en chuchotant M'appelaient à sa demeure. Dans ma recherche Je T’ ai trouvé, ô Seigneur de mon âme, En Toi seul J'ai vu le visage de mon frère. En Toi seul, ô mon éternel Amour, J'ai contemplé le visage De tous les vivants et de tous les morts ’. 1. Cahiers de l'Étoile, juillet-août 1929, p. 481-485. Par la suite, je cite­ rai cette revue ainsi : C.E. Certes, J'ai trouvé La demeure éternelle du bonheur. J'ai descellé La fontaine des durables joies. Je suis plus haut que le chagrin. Je suis libéré \ 1. C.E., mai-juin 1928, p. 261. Je suis l'être sans nom, Pareil au vent frais des montagnes. Et je suis sans asile, Pareil aux eaux capricieuses. Et je n'ai pas d ’ autel Comme en ont les dieux sombres, Pas plus que je ne suis Dans les temples profonds. Je n'ai pas de livres sacrés; J'ignore tout des traditions. Je suis l'adorateur et l'objet de mon culte; Je suis libre. Ma chanson est le chant du fleuve Qui réclame la pleine m er Toujours errant... Je suis la v ie 1 . 1. C.E., mars-avril 1929, p. 177. Comme toutes les rivières se dirigent vers l'océan, ainsi tous les hommes vont vers la libération5. Tous les hommes, quels que soient leur type et leur tempérament, entreront dans l'océan de la libéra­ tion 6. 5. C.E., janvier-février 1928, p. 61. 6. C.E., janvier-février 1928, p. 61. La vérité nous apparaît toujours sous un aspect qui diffère de celui déjà connu et c'est là sa grandeur, c'est là sa tragédie3. 3. C.E., janvier-février 1928, p. 60. Au-delà des apparences, il y a la vie éternelle, et cette vie est l'unité3. 3. C.E., mars-avril 1929, p. 178. Parce que j'ai trouvé le bonheur - et je suis ce bonheur -, parce que j'ai découvert la vérité - et je suis cette vérité -, je voudrais vous montrer le che­ min. Le chemin du bonheur est en votre cœur et votre esprit, et l'accomplissement est dans leur puri­ fication 1. C.E., mars-avril 1929, p. 179. Pendant bien des années, j'ai été en révolte contre tout - contre les traditions, contre les lois, contre les philosophies - car je n'en étais pas satisfait, je n 'y trouvais ni sérénité, ni paix, ni certitude; mais main­ tenant que j'ai trouvé la paix, maintenant que je suis moi-même cette paix, je désirerais, si possible, vous faire participer à mon propre sentiment de certitude, de paix et de tranquillité, vous faire cueillir le fruit de ma découverte 1. C.E., mars-avril 1928. Un amour lancinant Brûle mon cœur, Un désir passionné Consume tout mon être. Viens, Viens, ô monde I Fuis tes chagrins changeants, Fuis tes amours qui meurent. J'ai trouvé le chemin. Viens, Viens, ô monde! Fuis tes dieux infimes, Fuis ceux qui parlent pour eux! J'ai trouvé le chemin. Viens, Viens, Ô monde! Loin des agenouillements, Loin des mains tristes qui prient, Les murs des temples s'écroulent! J'ai trouvé le chemin. Je suis poussé Par une fièvre ardente A te délivrer De ta cage, Car j'ai trouvé le chemin! L'oiseau vole à tire-d'aile Et son chant gonfle mon cœur. Le vaste firmament, L ’ espace illimité Enveloppent mon être. Je suis ton seul amour, Je suis ton instructeur, Renonce à tout Pour me suivre! Car mon chemin Est celui de la liberté! Viens, Viens, Toi que j'aime, Assieds-toi près de moi, Je vais te montrer Le chemin du bonheur1 . Ainsi est mon amour Prêt à dissiper la noirceur qui t'entoure. C'est un torrent montagneux Qui descend, rugissant, dans la vallée. Ah! laisse-toi envahir par mon am our3. 1. C.E. janvier-février 1928, p. 29-33. 3. C.E., mars-avril 1928, p. 115. Parce que j'ai atteint la libération, je voudrais vous nourrir, emplir votre sébile, mais sachant que le len­ demain elle sera encore vide, je préfère vous donner assez de pouvoir, de force, de vitalité, pour que vous puissiez accéder au saint des saints et pour que vous deveniez vous-mêmes des dieux1 . 1. C.E., janvier-février 1928, p. 62-63. ... la compréhension, l'intelligence à la foi aveugle2. 2. C.E., juillet-août 1928, p. 425. unes ndis En invitant le doute, en étant révolté et mécontent, en n'acceptant jamais l'autorité d'autrui, en acquérant la force dans la solitude, j'ai trouvé le bonheur3. Le doute est un baume précieux Qui brûle, puis apaise et guérit. Je te le dis, invite le doute Dans la plénitude de ton désir; Appelle le doute Au moment où ton ambition Dépasse les autres en pensée; Éveille le doute Quand ton cœur est rempli De la grande joie de l'amour. Car je te le dis, Le doute enfante l'éternel amour, Le doute purifie l'esprit de sa corruption; Ainsi, la paix durable de tes jours Sera fondée sur l'entendem ent4. 3. C.E., mars-avril 1929, p. 179. 4. C.E., septembre-octobre 1929, p. 658. Dans cette province de Madras et au Bengale, le mariage des impubères est pire que partout ailleurs2. 2. C.E., mai-juin 1928, p. 270. Abordons maintenant une autre question, celle du mariage des veuves. J'étais l'autre jour dans le saint des saints au temple de Meenaksbi, à Madura, quand je vis une jeune veuve. Elle se m it à chanter d'une voix extraordinairement suave et elle exprima ainsi — je ne comprenais pas les paroles - tout ce qu'elle avait souf­ fert, toutes les épreuves qu'elle traversait. De quoi s'agissait-il ? Elle ne pourrait pas avoir d'enfants; les plaisirs, les délices de la maternité lui étaient inter­ dits, l'amour et l'affection de son mari (choses si rares à obtenir!) n'existaient plus pour elle sur terre. Il ne restait que la tristesse d'un foyer stérile. Il lui faudrait désormais vivre seule toute sa vie ou se mettre au ser­ vice de quelqu'un, comme le font la plupart des veuves. Elle dut rentrer chez elle avec un cœur brisé, un esprit rempli d'inquiétude. Qui est responsable de cela ? Vous autres femmes portez la faute de cette angoisse en ne vous opposant point aux mœurs cruelles qui l'ont fait naître1 . Ah! la symphonie de ce chant! Le sanctuaire le plus intime Ne respirait plus que l'amour des fidèles. Les flammes vacillaient Au souffle des ferveurs. L'air s'aromatise de camphre brûlé, Le prêtre marmonne son chant habituel, L'idole étincelle et semble se mouvoir, Lasse d'un excès d'adoration. 1. C.E., mai-juin 1928, p. 270-271. De l'air, s'empare un paisible silence, Et soudain Le chant mélodieux d'un cœur infini Fait monter à mes yeux Des pleurs inconnus. En robe blanche, Une fem m e chante, Du fond de son amour Son désir déçu de maternité Et d'un rire d'enfant près de sa poitrine. Son hym en tôt flétri, Son chagrin d'un foyer stérile, La solitude des nuits placides, La vie inféconde sur la terre en fleurs. J ’ ai pleuré avec elle. Mon cœur devint son cœur. Elle quitta le saint enclos Dans l'ardente attente du prochain culte. Je la suis à travers le temps éternel. Oh! bien-aimé, Marchons donc, toi et moi, Sur la route ouverte du seul amour. Rien, désormais, ne peut nous désunir \ 1. C.E., juillet-août 1928, 419-421. Sur la grande surface des mers, le navire à vapeur, en sa puissante simplicité, est le fruit de luttes, d'incessantes expériences et d'échecs qui ont duré des siècles. Devenez donc aussi efficaces que ce navire des mers par la constante élimination des choses sans valeur, si vous voulez trouver le chemin paisible de la libération, si vous voulez ouvrir les barrières qui mènent au royaume du bonheur; débarrassez-vous de tout le superflu, de tout ce qui n'est pas nécessaire, de tout ce qu’ ont accumulé des siècles de combats uploads/Geographie/ les-cahiers-de-l-x27-etoile.pdf

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