FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL LES SAVOIR-FAIRE DU POINT

FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL LES SAVOIR-FAIRE DU POINT DE LUNÉVILLE ET DE LA BRODERIE PERLÉE ET PAILLETÉE Travail en point de Lunéville sur métier à broder.© Conservatoire des Broderies de Lunéville François- Remy, 2018. Travail en broderie perlée et pailletée sur métier à broder.© Conservatoire des Broderies de Lunéville François- Remy, 2018. Haut de robe brodée par l’atelier Nehlig et Gouillard, Lunéville, vers 1980. © Conservatoire des Broderies de Lunéville François- Remy, 2018. Description sommaire Le Point de Lunéville désigne une technique de broderie créée dans la ville du même nom, Lunéville (Meurthe-et-Moselle), au début du XIXe siècle. Cette broderie s'exécute sur un support de tulle de coton, en utilisant du fil de coton qui sert à confectionner un point de chaînette. Le travail se fait au moyen d’un crochet spécifique dit « crochet de Lunéville ». Jusque dans les années 1940, cette broderie est utilisée dans la confection de nombreux effets vestimentaires et décoratifs. Aujourd'hui, cette technique se perpétue à but artistique ou en appoint à d'autres techniques de broderie. La broderie perlée et pailletée est la fille du point de Lunéville. Utilisant le savoir-faire des « Lunévilleuses », appellation officielle d'époque des brodeuses exécutant le point de Lunéville, les perles ont été pré-ajoutées sur le fil servant à faire la chaînette. À chaque formation d’une boucle de chaînette, une perle est engagée dans cette boucle, et ainsi de suite. Cette nouvelle broderie, mise au point toujours à Lunéville vers 1865, a pris la dénomination de broderie perlée et pailletée. Cette technique de pose de perles et de paillettes au sein d’une broderie est aujourd’hui en usage dans la mode et la haute couture. 1 FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL I. IDENTIFICATION DE L’ÉLÉMENT I.1. Nom Les savoir-faire du point de Lunéville et de la broderie perlée et pailletée I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO Savoir-faire lié à l’artisanat traditionnel I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique Cette technique est pratiquée par des brodeurs spécialisés, formés le plus souvent au Conservatoire des broderies de Lunéville François-Remy (désormais CBLFR), qu’ils résident en France ou à l'étranger, à titre professionnel ou par loisir. Au sein du CBLFR, l'école de broderie d’art accueille en effet des apprenants principalement originaires du territoire français, mais aussi de l’étranger : pays européens limitrophes, tels que la Hollande, l’Espagne et le Portugal, et autres pays du monde, dont le Japon, la Russie et le Brésil. Le point de Lunéville est surtout pratiqué par les femmes, les hommes restant minoritaires (5 %), surtout à la recherche d’une activité de loisir, mais pas uniquement. Globalement, la tranche d’âge est aussi très large. Des jeunes filles souhaitent découvrir cette discipline, dans l’optique d’une éventuelle orientation professionnelle. D’autres cherchent un complément de compétences dans le cadre de leur activité propre ou encore une véritable formation professionnelle pour une reconversion. Beaucoup plus répandue et très largement exécutée en France et à l’étranger, la technique de la broderie perlée et pailletée est pratiquée : - en ateliers spécialisés, travaillant pour la mode, la haute couture, le spectacle, etc. ; - par les auto entrepreneurs et/ou les entreprises dans le cadre d’une activité de création et de confection de vêtements ; - par des particuliers, comme loisir artistique. I.4. Localisation physique Lieu(x) de la pratique en France L’école de broderie d’art du Conservatoire des broderies de Lunéville (Meurthe-et-Moselle, région Grand Est) assure en exclusivité l’enseignement du point de Lunéville. Les apprenants, d’horizon géographique très divers, mettent ensuite en pratique les connaissances acquises dans le cadre de leur activité ou loisir, afin de réaliser des ouvrages brodés partiellement ou en totalité en point de Lunéville. Pratique similaire en France et/ou à l’étranger La technique spécifique de la broderie perlée et pailletée est pratiquée dans de très nombreux pays, au moins à titre amateur. Elle fait en outre l’objet, ces dernières années, de la mise en ligne nombreux tuto sur internet (Youtube), en français, japonais, russe, arabe, portugais, etc. 2 FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL I.5. Description détaillée de la pratique La broderie est une technique consistant en l’art de décorer un tissu en y ajoutant un motif plat ou en relief, fait de fils simples, parfois en intégrant des matériaux. Elle se différencie en cela de la dentelle, tissu sans trame ni chaîne, généralement en fil de soie, lin, nylon ou fibres plus riches selon les cas, exécuté par les dentelliers à la main ou à la machine, à l’aide de points semblables ou non formant un dessin, à bords dentelés ou non. La technique de broderie dite « point de Lunéville »se réalise sur un tulle de coton, préalablement tendu sur un métier à broder. L’opératrice a les deux mains libres. Une main est affectée à la tenue et à l’usage du crochet de Lunéville, au-dessus du métier, tandis que l’autre guide le fil en dessous (ill. 1). À partir de cette position, le crochet passe dans une maille du tulle. Le fil, situé sous le tulle, est accroché par l’encoche du crochet, puis le crochet est remonté, de sorte qu’il soit « en l’air », en maintenant toujours « accroché » le fil, qui forme une boucle. Sans lâcher le fil, le crochet est ensuite dirigé vers une seconde maille du tulle (ill. 1), puis l’opération se répète. Elle forme ainsi ce que l’on nomme le « point de chaînette ». Ill. 1. Exécution du point de Lunéville. © Conservatoire des broderies de Lunéville François-Remy, 2019. Ce point de chaînette est la base du travail. Il est exécuté en suivant un tracé droit ou courbe afin d'obtenir une ligne. Une ligne pourra être simple ou multiple (deux lignes ou plus, côte à côte), selon l’effet recherché, pouvant servir si nécessaire au « remplissage ». Le point de chaînette est également à la base du « point riche », technique mise en œuvre sur les contours d’un motif, qui permet de découper le tulle et d’assurer un bon maintien des alvéoles périphériques. On appelle « jours » la technique qui permet de créer un effet visuel de remplissage, aspect qui différencie le tulle d'origine, servant de support, avec la zone que l’on souhaite faire ressortir (ill. 2). Ces jours sont réalisés par une combinaison plus ou moins complexe de points de chaînette. Ils donnent au produit fini toute sa valeur artistique et représentent donc une grande part du savoir-faire. On utilise couramment une quinzaine de jours différents, sans compter toutes leurs variantes. 3 FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL Ill. 2. Détail d’un ouvrage ancien utilisant la technique des jours. © Conservatoire des broderies de Lunéville François-Remy, 2019. La broderie perlée et pailletée, également d’origine lunévilloise, qui consiste à poser des éléments ajoutés, reprend le principe de base du point de Lunéville, auquel on intègre, en outre, des perles ou des paillettes. Celles-ci sont placées sur le fil utilisé pour faire la chaînette. Les perles ou paillettes sont glissées le long de ce fil, de manière à être emprisonnées dans chaque boucle de chaînette. Dans la technique de broderie perlée et pailletée, le travail fini est donc situé sous le métier, contrairement au point de Lunéville dont la face achevée (ill. 3) est située sur le côté supérieur de l’étoffe. Ill. 3. Broderie perlée et pailletée : vue de détail. © Conservatoire des broderies de Lunéville François-Remy, 2019. I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique Français I.7. Éléments matériels liés à la pratique Le métier à broder L’utilisation d’un métier à broder positionné sur des tréteaux permet d’exécuter la broderie au point de Lunéville sur un tissu de tulle tendu, en laissant les deux mains libres. 4 FICHE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL Ill. 4. Métier à broder le point de Lunéville. © Conservatoire des broderies de Lunéville François-Remy, 2019. Composé de deux barres principales et parallèles, munies chacune d'une bande de toile, qui permet de fixer le tissu à broder au moyen d'une couture, ce cadre en bois est réglable. Deux lattes perforées coulissent dans les mortaises des barres principales, ce qui permet d’adapter la largeur à la dimension voulue. Les métiers employés au Conservatoire des broderies de Lunéville François-Remy mesurent 1,20 m, mais certains ont d’autres dimensions. La fabrication de ce métier à broder est confiée à un artisan menuisier. Le crochet de Lunéville L’outil peut être utilisé indifféremment par les droitiers et les gauchers. Sa forme a évolué avec le passage du point de Lunéville à la broderie perlée et pailletée, mais sa fonction n’a pas changé : passer à travers les mailles du tulle, aller chercher le fil sous le tissu et le remonter, en forme de boucle, au-dessus du tissu. L’extrémité de la pointe comporte un dispositif d’accrochage ou de retenue du fil. Ill. 5a. Extrémité d’un modèle ancien de crochet de Lunéville, en usage pour le travail sur tulle uniquement. © Conservatoire des broderies de Lunéville François-Remy, 2019. Ill. 5b. Extrémité d’un modèle actuel de crochet de Lunéville, permettant de transpercer les tissus pour pratiquer la broderie perlée et pailletée. © Conservatoire uploads/Geographie/ les-savoir-faire-du-point-de-luneville-et-de-la-broderie-perlee-et-pailletee 1 .pdf

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