The Project Gutenberg EBook of Les vivants et les morts, by Anna de Noailles Th
The Project Gutenberg EBook of Les vivants et les morts, by Anna de Noailles This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net Title: Les vivants et les morts Author: Anna de Noailles Release Date: July 12, 2007 [EBook #22054] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES VIVANTS ET LES MORTS *** Produced by Pierre Lacaze, Laurent Vogel, Hugo Voisard and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Biblioth que nationale de France (BnF/Gallica) COMTESSE DE NOAILLES LES VIVANTS ET LES MORTS L' me des po tes lyriques fait r ellement ce qu'ils se vantent de faire. Platon. PARIS DU M ME AUTEUR POESIES LE COEUR INNOMBRABLE (Ouvrage couronn par l'Acad mie fran aise.) 1 vol. L'OMBRE DES JOURS 1 vol. LES EBLOUISSEMENTS 1 Vol. ROMANS LA NOUVELLE ESPERANCE 1 vol. LE VISAGE EMERVEILLE 1 vol. LA DOMINATION 1 vol. COMTESSE DE NOAILLES LES VIVANTS ET LES MORTS L' me des po tes lyriques fait r ellement ce qu'ils se vantent de faire. PLATON. PARIS ARTH ME FAYARD & Cie, EDITEURS 18-20, rue du Saint-Gothard, 18-20 _A MA M RE_ I LES PASSIONS EUPHORION.--Je ne veux pas plus longtemps tenir terre; laissez mes mains, laissez mes boucles, laissez donc mes v tements, ils sont moi... HEL NE ET FAUST.--O p tulance! d lire! On dirait un cor qui sonne sur la vall e et sur le bois. A peine un jour serein donn tu tends t' lancer, du point o le vertige t'a pris, dans un espace plein de douleurs... Goethe. TU VIS, JE BOIS L'AZUR... Tu vis, je bois l'azur qu' panche ton visage, Ton rire me nourrit comme d'un bl plus fin, Je ne sais pas le jour, o , moins s r et moins sage, Tu me feras mourir de faim. Solitaire, nomade et toujours tonn e, Je n'ai pas d'avenir et je n'ai pas de toit, J'ai peur de la maison, de l'heure et de l'ann e O je devrai souffrir de toi. M me quand je te vois dans l'air qui m'environne, Quand tu sembles meilleur que mon coeur ne r va, Quelque chose de toi sans cesse m'abandonne, Car rien qu'en vivant tu t'en vas. Tu t'en vas, et je suis comme ces chiens farouches Qui, le front sur le sable o luit un soleil blanc, Cherchent retenir dans leur errante bouche L'ombre d'un papillon volant. Tu t'en vas, cher navire, et la mer qui te berce Te vante de lointains et plus br lants transports. Pourtant, la cargaison du monde se d verse Dans mon vaste et tranquille port. Ne bouge plus, ton souffle impatient, tes gestes Ressemblent la source cartant les roseaux. Tout est aride et nu hors de mon me, reste Dans l'ouragan de mon repos! Quel voyage vaudrait ce que mes yeux t'apprennent, Quand mes regards joyeux font jaillir dans les tiens Les soirs de Galata, les for ts des Ardennes, Les lotus des fleuves indiens? H las! quand ton lan, quand ton d part m'oppresse, Quand je ne peux t'avoir dans l'espace o tu cours, Je songe la terrible et fun bre paresse Qui viendra t'engourdir un jour. Toi si gai, si content, si rapide et si brave, Qui r gnes sur l'espoir ainsi qu'un conqu rant, Tu rejoindras aussi ce grand peuple d'esclaves Qui g t, muet et tol rant. Je le vois comme un point d licat et solide Par del les instants, les horizons, les eaux, Isol , fascinant comme les Pyramides, Ton troit et fixe tombeau; Et je regarde avec une affreuse tristesse, Au bout d'un avenir que je ne verrai pas, Ce mur qui te r siste et ce lieu o tu cesses, Ce lit o s'arr tent tes pas! Tu seras mort, ainsi que David, qu'Alexandre, Mort comme le Th bain lan ant ses javelots, Comme ce danseur grec dont j'ai pes la cendre Dans un mus e, au bord des flots. --J'ai vu sous le soleil d'un antique rivage Qui subit la chaleur comme un c leste affront, Des squelettes l gers au fond des sarcophages, Et j'ai touch leurs faibles fronts. Et je savais que moi, qui contemplais ces restes, J' tais d j ce mort, mais encor palpitant, Car de ces ossements mon corps tendre et preste Il faut le cours d'un peu de temps... Je l'accepte pour moi ce sort si noir, si rude, Je veux tre ces yeux que l'infini creusait; Mais, palmier de ma joie et de ma solitude, Vous avec qui je me taisais, Vous qui j'ai donn , sans m me vous le dire, Comme un prince remet son p e au vainqueur, La gr ce de r gner sur le mystique empire O , comme un Nil, s' pand mon coeur, Vous en qui, flot mouvant, j'ai bris tout ensemble, Mes r ves, mes d fauts, ma peine et ma ga t , Comme un palais debout qui se d fait et tremble Au miroir d'un lac agit , Faut-il que vous aussi, le Destin vous enr le Dans cette arm e en proie aux livides torpeurs, Et que, r duit, le cou rentr dans les paules, Vous ayez l'aspect de la peur? Que plus froid que le froid, sans regard, sans oreille, Germe qui se rendort dans l'oeuf universel, Vous soyez cette cire cre, dont les abeilles Ecartent leur vol fraternel! N'est-il pas suffisant que d j moi je parte, Que j'aille me m ler aux fant mes hagards, Moi qui, plus qu'Andromaque et qu'H l ne de Sparte, Ai vu guerroyer des regards? Mon enfant, je me hais, je m prise mon me, Ce d testable orgueil qu'ont les filles des rois, Puisque je ne peux pas tre un rempart de flamme Entre la triste mort et toi! Mais puisque tout survit, que rien de nous ne passe, Je songe, sous les cieux o la nuit va venir, A cette ternit du temps et de l'espace Dont tu ne pourras pas sortir. --O beaut des printemps, alacrit des neiges, Rassurantes parois du vase immense et clos O , comme de joyeux et fid les arp ges, Tout monte et chante sans repos!... J'AI TANT R VE PAR VOUS... J'ai tant r v par vous, et d'un coeur si prodigue, Qu'il m'a fallu vous vaincre ainsi qu'en un combat; J'ai construit ma raison comme on fait une digue, Pour que l'eau de la mer ne m'envahisse pas. J'avais tant confondu votre aspect et le monde, Les senteurs que l'espace changeait avec vous, Que, dans ma solitude parse et vagabonde, J'ai partout retrouv vos mains et vos genoux. Je vous voyais pareil la neuve campagne, R ticente et gonfl e au mois de mars; pareil Au lis, dans le sermon divin sur la montagne; Pareil ces soirs clairs qui tombent du soleil; Pareil au groupe troit de l'agneau et du p tre, Et vos yeux, o le temps fl ne et semble en retard, M'enveloppaient ainsi que ces vapeurs bleu tres Qui s' chappent des bois comme un plus long regard. Si j'avais, chaque fois que la douleur s'exhale, Ajout quelque pierre quelque monument, Mon amour monterait comme une cath drale Compacte, transparente, o Dieu luit par moment. Aussi, quand vous viendrez, je serai triste et sage, Je me tairai, je veux, les yeux larges ouverts, Regarder quel clat a votre vrai visage, Et si vous ressemblez ce que j'ai souffert... L'AMITIE Je t'apporte le prix de ton bienfait... Mon ami, vous mourrez, votre pensive t te Dispersera son feu, Mais vous serez encor vivant comme vous tes Si je survis un peu. Un autre coeur au v tre a pris tant de lumi re Et de si beaux contours, Que si ce n'est pas moi qui m'en vais la premi re, Je prolonge vos jours. Le souffle de la vie entre deux coeurs peut tre uploads/Geographie/ les-vivants-et-les-morts-by-noailles-anna-de.pdf
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- Publié le Mar 05, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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