KARTHALA Solofo Randrianja (éd.) Madagascar, le coup d’État de mars 2009 MADAGA
KARTHALA Solofo Randrianja (éd.) Madagascar, le coup d’État de mars 2009 MADAGASCAR, LE COUP D’ÉTAT DE MARS 2009 KARTHALA sur internet: http://www.karthala.com (paiement sécurisé) Couverture : 30 mars 2009, Razily, armé d’un sac d’écolier et du drapeau national défie l’armée, cyber héros des internautes malgaches. Collection privée. © Éditions Karthala, 2012 ISBN : 978-2-8111-0605-8 Solofo Randrianja (éd.) Madagascar, le coup d’État de mars 2009 Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris Carte 1. Les principales villes citées Source: dhttp: //www.lib.utexas.edu/maps/madagascar.html?p=print « Ce que je défends, c’est la possibilité et la néces- sité de l’intellectuel critique. Il n’y a pas de démocratie effective sans vrai contre-pouvoir critique. L’intellec- tuel en est un, et de première grandeur ». Pierre Bourdieu, 1992. Les auteurs Mboara ANDRIANARIMANANA, journaliste. Ndimby ANDRIANAVALONA, éditorialiste politique de Madagascar-Tribune. com. Blogueur sur http://fijery.wordpress.com. Mathilde GINGEMBRE, université Paris 1 (La Sorbonne). Université d’An- katso (Madagascar). Patrick RAKOTOMALALA (Lalatiana PITCHBOULE) Madagoravox.word press.com. Juvence F. RAMASY, Chercheur en science politique, Institut d’études poli- tiques de Toulouse, France. Laboratoire pluridisciplinaire, Université de Toamasina, Madagascar. Vony RAMBOLAMANANA, avocate. Hery Randriamalala, Cybervert. Solofo RANDRIANJA, université de Tamatave. JUSTINE RANJANITA, juriste. Raymond RANJEVA, ancien vice-président de la Cour internationale de Justice. Lucienne WILMÉ, Missouri Botanical Garden, Madagascar Research and Conservation Program. Patrick O. WAEBER, Forest Resources Management, UBC Forestry, Vancouver, Canada. Avertissement Nos remerciements vont aux centres de documentation, aux nombreux individus, aux organisations et autres institutions qui ont permis la rédac- tion des contributions. Chaque contribution peut se lire de manière indépendante et leurs auteurs respectifs assument la responsabilité de l’élaboration et de l’écri- ture. Les noms des villes sont donnés en franais en dépit de leur malgachi- sation. Se rendre à Londres plutôt qu’à London paraît plus conforme à la langue franaise. Solofo Randrianja a rassemblé les contributions, assuré la coordination et rédigé l’introduction. 1) Ancienne province de Tananarive région d’Itasy (3) région d’Analamanga (4) région de Vakinankaratra (5) région de Bongolava (6) 2) Ancienne province de Diego Suarez région de Diana (1) région de Sava (2) 3) Ancienne province de Fianarantsoa région d’Amoron’i Mania (14) région de Haute Matsiatra (15) région de Vatovavy-Fitovinany (16) région d’Atsimo-Atsinanana (17) région de Ihorombe (18) 4) Ancienne province de Majunga région de Sofia (7) région de Boeny (8) région de Betsiboka (9) région de Melaky (10) 5) Ancienne province de Tamatave région d’Alaotra-Mangoro (11) région d’Atsinanana (12) région d’Analanjirofo (13) 6) Ancienne province de Tuléar région de Menabe (19) région d’Atsimo-Andrefana (20) région d’Androy (21) région d’Anosy (22 Carte 2. Les 22 régions et les 6 anciennes provinces Introduction La genèse de cet ouvrage remonte aux réunions et aux discussions plus ou moins formelles, entre amis et collègues, sur le coup d’État de 2009 dans un environnement politique délétère. Autant pour conjurer le stress que pour s’échanger des informations, peu à peu s’élabora le projet d’écrire un ouvrage collectif qui pourrait servir de base de discussions à des groupes plus larges en vue des élections à venir. Par crainte surtout, plutôt que par lassitude et par découragement, par manque de temps aussi, dans un contexte d’appauvrissement et d’insécurité, beaucoup préférèrent laisser le projet en l’état. L’entreprise se poursuivit sur internet à travers les réseaux sociaux comme facebook. Le maillage des relations des uns et des autres permit la constitution d’un groupe à moitié virtuel. De fil en aiguille, le projet reprit forme et vigueur. L’ambition première de rassembler des réflexions sur les aspects multi- formes de ce que les médias appellent « la crise » est restée. Vocable neutre, la « crise » désigne globalement les causes immédiates, le coup d’État de mars 2009 et ses conséquences. Il en est de même de son extension, la « crise cyclique » qui, à elle seule, fait office d’explication. Le cycle comme les saisons correspond au fatalisme des Malgaches qui se contentent des mystérieuses voies du vintana et de l’anjara pour expliquer et supporter leur condition. Mais sans doute est-ce là tout simplement une manière de contourner les prises de positions partisanes, source de conflits interper- sonnels? Un de mes collègues, bien établi dans la communauté universi- taire, lors d’une soutenance de thèse, nous confia la difficulté qu’il éprou- vait à vivre sa condition de ray amandreny dans sa paroisse, au sein de la famille et dans d’autres cercles. Socialement considéré comme un « sage », il s’empêche d’exprimer le véritable fond de sa pensée pour éviter de briser ce qui reste de consensuel dans ces réseaux. La division n’épargne aucun groupe, aucune famille. Celle des politiques est la plus visible. Un exemple parmi tant d’autres: fille et fils du premier président de la République, Ruffine Tsiranana (71 ans) est dans un camp tandis que Pierre (60 ans) son frère a choisi l’autre1. C’est dire que le coup d’État, au delà de la rivalité opposant deux personnalités politiques et leurs partisans, a causé un profond traumatisme social. 1. « Chez les chefs de partis qui se réclament de la social-démocratie et de l’héritage de la Ire République, Ruffine Tsiranana est la seule qui milite aujourd’hui dans l’oppo- sition. Les autres comme Pierre Tsiranana... siègent dans le camp d’Andry Rajoelina et sont devenus des privilégiés de la transition ». http://afriquehebdo.com, mercredi 22 septembre 2010, 05: 27. 10 MADAGASCAR, LE COUP D’ÉTAT DE MARS 2009 La « crise » dépersonnalise et désincarne un conflit social dans lequel une des parties a délibérément choisi de se saisir du pouvoir le 17 mars 2009 et de s’y maintenir par la force depuis, faisant fi des règles établies et d’une culture démocratique en construction. Elle en révèle par la même occasion leurs imperfections. Ce faisant, elle oblige toutes les autres composantes à se définir d’une manière plus ou moins directe. Parler de traumatisme social n’est pas excessif, même si le mot ne rend pas pleinement compte de ses effets sur le quotidien de tout un chacun. Ils sont en train de déborder l’espace urbain et la capitale et ne s’estomperont pas de sitôt, même avec un retour à la « normale », si rapide soit il. La déresponsabilisation est un des autres effets recherché par l’utilisa- tion de mots dépassionnés. Or c’est aussi un important moteur de conflit, car la « crise » peut à tout moment dégénérer en conflits violents sur une échelle plus vaste. Car il faudra bien rendre des comptes un jour ou l’autre et les prises de position partisanes désignent les responsables avérés ou imaginés. Pour l’Organisation des nations unies (ONU), un véritable « tsunami silencieux » frappe la population à la suite du coup de force. En sus d’un accroissement de la déscolarisation, plus de 200 centres de soins ont dû fermer au mois de janvier 2011. « Madagascar figure presque parmi les derniers pays sur la liste des États ayant un taux de malnutrition chronique élevé des enfants de moins de 5 ans, avec un taux de 50,1%. C’est le plus élevé au monde après le Yémen et l’Afghanistan: près de 230 enfants meurent par jour, des suites de la malnutrition ou de maladies liées à la malnutrition »2. Les incidences des déchirements politiques qui ont lieu dans la capitale où vivent plus de deux millions de personnes, sur une population de 20 millions d’habitants dispersés sur plus de 587040km2, interpellent tout autant sur la centralisation et les institutions. Depuis l’in- dépendance, celles-ci semblent avoir permis une instabilité chronique. La population n’est pas la seule victime car, depuis le coup d’État, la vacance du pouvoir, des réglementations vagues et un pouvoir judiciaire aux ordres d’un exécutif corrompu ont encouragé l’exportation d’essences endémi- ques rares et l’abattage massif d’espèces animales3 protégées, à une échelle jamais atteinte auparavant4. 2. RFI, 27 juin 2011, « À Madagascar, la crise politique engendre pauvreté et sous- développement », www.rfi.fr 3. BBC Hannah McNeish, 28 June 2011, « Madagascar’s “tortoise mafia” on the attack. Madagascar’s poachers, known in conservation circles as “the tortoise mafia”, are increasingly hunting down the Indian Ocean island’s reptiles, threatening them with extinction. The tortoise mafia, who allegedly include corrupt government officials and smuggling syndicates, are satisfying a growing demand locally for tortoise meat and abroad for exotic pets and tortoise shells used in aphrodisiacs ». www.bbc.co.uk 4. « 26 novembre 2009, Un nouveau rapport de Global Witness et de l’Environmental Investigation Agency (EIA) révèle l’ampleur de l’exploitation forestière illégale dans les parcs nationaux et les zones protégées de la région Sava à Madagascar. Les deux organisa- tions à but non lucratif affirment que 150 à 250 mètres cubes de bois de rose précieux, d’une valeur estimée à 800000 $, sont chaque jour récoltés dans l’illégalité. Des membres INTRODUCTION 11 L’urgence a donc commandé la conception de l’ouvrage dont on criti- quera avec raison les lacunes, l’inégalité des contributions et l’étendue des domaines d’intervention. Mais celles-ci montrent aussi que leurs auteurs dans leurs cercles respectifs ne sont pas restés inactifs contrairement aux jugements péremptoires sur la défection des élites intellectuelles. En plusieurs lieux, dont évidemment des sites internet, les juristes ont discuté passionnément sur le coup d’État; les cybers verts uploads/Geographie/ madagascar-coupdetat-2009.pdf
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- Publié le Fev 03, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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