Charlotte Maheu (20048370) NOTRE SYSTÈME ALIMENTAIRE MONDIALISÉ : TENTATIVE DE

Charlotte Maheu (20048370) NOTRE SYSTÈME ALIMENTAIRE MONDIALISÉ : TENTATIVE DE COMPRÉHENSION DU GASPILLAGE ALIMENTAIRE Travail de fin de session Dans le cadre du cours INT6040 « Gouvernance et Mondialisation » Travail présenté à Monsieur Guillaume Sauvé Département de science politique Université de Montréal Le 22 décembre 2019 NOTRE SYSTÈME ALIMENTAIRE MONDIALISÉ : TENTATIVE DE COMPRÉHENSION DU GASPILLAGE ALIMENTAIRE Si les théoriciens et théoriciennes de la mondialisation ne s’entendent pas tout à fait pour la définir ni sur la période où elle a commencé, la plupart s’entendent pour la concevoir comme une accélération des flux de personnes, d’idées et de marchandises commerciales, ayant entraîné un certain retrait de l’État et la multiplication d’acteurs se partageant le pouvoir. Il devient désormais très difficile de savoir qui décide, alors que personne ne semble être responsable des multiples conséquences qui découlent de cette décentralisation. La mondialisation entraîne ainsi des enjeux de gouvernance et souvent la création (ou du moins l’amplification) d’inégalités. Dans cette perspective, il apparaît très intéressant d’analyser notre système alimentaire mondialisé. Ayant évolué à une vitesse fulgurante au cours des dernières décennies, notre système alimentaire nous propose de plus en plus de produits variés, provenant des quatre coins du globe et dans une abondance inégalée. Ne connaissant que rarement la provenance de nos aliments, faisant face à la fois à des épiceries remplies et à des nouvelles à propos de la pénurie de bananes et d’avocats par exemple, on n’a l’impression de ne rien comprendre au système alimentaire… Au même moment nous fouettent des statistiques choquantes à propos de l’insécurité alimentaire vécues par des millions de personnes, alors qu’en parallèle on prend de plus en plus la mesure effroyable des pertes et du gaspillage alimentaires. Les grandes instances internationales telles l’ONU et la Banque mondiale nous martèlent de discours contradictoires ; alors qu’il faudrait absolument changer nos modes de production pour ne pas aggraver les conséquences des changements climatiques, une croissance soutenue serait pourtant nécessaire pour contrer la pauvreté et pouvoir répondre aux besoins alimentaires des 9 milliards de personnes qui se partageront la planète d’ici 2050. Sans gaspillage alimentaire on pourrait subvenir aux besoins de plus de personnes que celles déjà présentes sur Terre, mais il faut à tout prix produire davantage pour répondre aux besoins des personnes qui ne mangent actuellement pas à leur faim. L’agriculture représente un des principaux moteurs des changements climatiques, mais il faut cependant augmenter la surface et la productivité des terres agricoles. Bref, la situation de notre système alimentaire mondial présente des problématiques propres à la mondialisation et aux enjeux de gouvernance qui en découlent. Cet essai a ainsi pour but de mieux connaître les conséquences négatives liées au fonctionnement de notre système alimentaire et de comprendre les causes de ces problématiques. Le présent essai s’attardera donc d’abord à dépeindre plus en profondeur les problèmes de l’insécurité alimentaire, des 3 pertes et du gaspillage alimentaires et des externalités environnementales générées par notre système alimentaire. Un survol des causes aux différentes étapes de la chaîne alimentaire et des raisons systémiques plus profondes des pertes et du gaspillage alimentaires sera ensuite effectué. Bien que c’est le système alimentaire dans son ensemble qui sera analysé, le tout s’effectuera dans une perspective de lutte contre le gaspillage alimentaire. Bonne lecture ! Les problèmes de notre système alimentaire mondial L’insécurité alimentaire Suite à la crise économique de 2007-2008 qui a entraîné une crise alimentaire mondiale, la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) a sorti un premier rapport en 2011 sur la situation mondiale des pertes et du gaspillage alimentaire. (FAO 2011a) Puisqu’il n’y a pas eu d’autres études d’une telle ampleur, la majorité des données des études subséquentes se basent sur celles de ce rapport, avec toutes les limites qu’il contient.. Plus récemment cependant, la FAO a reproduit une étude avec de nouvelles données et une amélioration méthodologique. (FAO 2019b) Sommairement, la crise alimentaire peut s’expliquer par le fait que la crise économique a entraîné une instabilité dans les prix des produits de base, qui s’en est suivie d’une forte baisse des prix mondiaux dans les années suivantes. (Jacquet, Pachauri et Tubiana 2012) ; (FAO 2019a, 23) Or, 80% des pays qui ont subi un accroissement de la faim lors des dernières années sont des pays qui ont une forte dépendance à l’égard soit d’importations ou d’exportations des produits de base. (Ibid.) Cependant, ce sont surtout les pays les exportant qui sont le plus touchés, alors que la chute des prix de leurs principales productions entraîne une faiblesse économique conduisant au chômage et à la baisse de revenus. (FAO 2019a, 27) Plus particulièrement en Afrique, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aurait augmenté de 8% pendant cette période de crise. (FAO 2011b) Bien que l’insécurité alimentaire, et particulièrement la faim, se concentrent surtout dans les pays en développement, au niveau mondial, ce sont plus de 820 millions de personnes qui ont faim. (FAO 2019a, 4) Or, à ces statistiques (qui ne considèrent que l’insécurité alimentaire grave), s’ajoutent les 1,3 milliards de personnes qui vivent en situation d’insécurité alimentaire modérée, c’est-à-dire qui n’ont pas un accès régulier à des aliments nutritifs et sains en quantité suffisante. Ainsi, en combinant les deux indicateurs, ce sont environ 2 milliards de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire dans le monde, ce qui correspond à 26,4% de la population mondiale. (FAO 2019a, 14) De plus, selon la 3 Banque Mondiale, considérant que d’ici 2050 la productivité agricole doit augmenter de plus de 60% pour nourrir les 9 milliards d’êtres humains, la proportion des populations en malnutrition risque de passer de 25% à 90% dans certains pays. (Lemieux 2018) Or, cette situation n’est pas vécue au même degré selon la région du globe. Si à l’heure actuelle en Europe et en Amérique du Nord la proportion est d’environ 8%, dans la majorité des régions d’Afrique Subsaharienne, la sous-alimentation atteint 20% et environ 12% en Asie de l’Ouest. (FAO 2019a, 4) Dans l’Union européenne, les chiffres atteindraient 40 millions de personnes menacées par l’insécurité alimentaire. (Stuart 2012, 10) Dépendamment des groupes sociaux, ces statistiques peuvent varier au sein d’un même pays. Le rapport de la professeure et chercheuse Marie Marquis de l’Université de Montréal souligne par exemple qu’environ 11% des étudiant.es de cette université ne mangent pas à leur faim. À ce fâcheux relevé s’ajoute les chiffres du Bilan-Faim 2017 des Banques alimentaires du Québec, qui dévoile que 7% des utilisateurs de leurs services sont des étudiant.es, soit un chiffre qui a augmenté de 2,4% en une année à peine. (Lemieux 2018) Si ces chiffres sont alarmants, certains d’entre eux ne comprennent pas non plus les problèmes d’excès pondéral et d'obésité, qui croissent dans toutes les régions du monde et de manière préoccupante chez les enfants. Ainsi, en 2016, 131 millions d’enfants âgés de 5 à 9 ans étaient en surpoids. (FAO 2019a, 4) Ces problèmes peuvent à la fois êtres liés à la faim, à la pauvreté et au fonctionnement de notre système alimentaire de façon plus générale. Dans un cas comme l’autre, il s’agit d’un problème de malnutrition étroitement lié au problème de sous-alimentation. Par exemple, face à la nécessité de modifier leur mode de consommation suite à une baisse de leur pouvoir d’achat, les ménages risquent d’abandonner des aliments sains riches en nutriments essentiels au profit d’aliments à intensité énergétique élevée. (FAO 2019a) La logique est simple ; en comparant les coûts, un aliment riche en gras et en sucre apportera plus d’énergie qu’un fruit ou un légume, ou « en matière de calories par dollar, une barre de chocolat est une meilleure affaire qu’une carotte » comme l’a souligné Équiterre ! (2007b, 35). En additionnant les problématiques de sous-alimentation et de malnutrition, environ une personne sur trois aujourd’hui serait mal nourrie (Development Initiatives, 2017). Si la tendance continue, d’ici 2030 ce pourrait être une personne sur deux. (GloPan, 2016) 5 Depuis quelques décennies, des changements généraux dans notre alimentation nous encourageant à consommer de plus en plus de produits prêts-à-mangers, contenant moins d’éléments nutritifs et souvent davantage de calories. À cela s’ajoute le fait qu’en raison de l’ampleur de notre système alimentaire mondial, même les produits frais que nous mangeons contiennent moins de nutriments qu’auparavant. Selon Bender et Bender (2007), des pertes de riboflavine et de vitamines C, A et E sont perdues à travers le transport ainsi que la standardisation des aliments ; un fait également soutenu par Worthington (2001) qui souligne que les taux de minéraux et de vitamines dans les fruits ont diminué de façon alarmante depuis le milieu du XXe siècle. Les pertes et le gaspillages alimentaires Dans ce monde aux ressources abondantes mais néanmoins finies, où l’on constate avec épouvante que des centaines de millions, voire des milliards de personnes ont faim, alors qu’en parallèle des quantités astronomiques de nourriture sont jetées tous les jours dans nos sociétés occidentales on peut se demander jusqu’à quel point le gaspillage des pays riches est une problématique et quelles en sont ses conséquences. Des enjeux de définitions Récolter uploads/Geographie/ maheu-c-int6040-travail-final.pdf

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