INTRODUCTION Madagascar est comme on l’a toujours dit, un « sanctuaire de la na
INTRODUCTION Madagascar est comme on l’a toujours dit, un « sanctuaire de la nature »1 en ce qui concerne la biodiversité. A vrai dire, la grande île de l’Océan indien est mondialement connue pour la grande variété de sa flore ainsi que de sa faune unique au monde. Cependant, la dégradation progressive de l’environnement devient actuellement un problème majeur auquel l’Etat malgache est confronté. Les cataclysmes naturels et surtout l’exploitation abusive de la nature en constituent les principales causes. En effet, la majeure partie de la population malgache puise leurs ressources dans la nature pour leur survie. Les gens se contentent parfois d’exploiter sans se rendre compte de ce qu’ils feront si ces ressources ne seront plus disponibles dans quelques années, ou même de quoi vont vivre leurs descendants ? La mise en place de la politique environnementale sur le mode de gestion des ressources renouvelables est donc née de la prise de conscience par l’Etat malgache de la dégradation progressive de l’environnement. Dans un premier temps, la remise en conscience de la population malagasy par l’utilisation de slogan : « Zay mandoro tanety mandoro Tanindrazana »2 et des interdictions directes, n’ont pas aboutit à un résultat satisfaisant. Avant, le plan conçu par l’Etat n’était pas programmé avec les engagements de la population concernée par la dégradation. Mais aujourd’hui, la stratégie pour la conservation de la nature essaie de combiner conservation et développement du moins sur le plan théorique. L’adoption de la Charte de l’environnement malagasy en décembre 1990 (Loi n°90-033), a permis la mise en place du plan national d’action environnementale malagasy. La charte affirme comme principe fondamentale que la conservation est indissociable du développement ; la conservation devrait être le fruit d’un développement rationnelle en harmonie avec la nature3. Néanmoins, la dégradation persiste et l’Etat se trouve contraint à mettre en place des mesures d’accompagnement pour la gestion efficace des ressources naturelles. Quelques années plus tard, la GELOSE ou GEstion LOcale SEcurisée des ressources renouvelables a été instauré afin d’intégrer totalement la population dans le processus de protection de l’environnement et de les inciter à l’exploitation rationnelle de cette ressource. Mais, est-ce qu’elle peut être la solution optimale pour la protection de l’environnement ? 1 Phillippe Oberlé, 1987, « Madagascar, un sanctuaire de la nature », page 7 2 proverbe malgache qui signifie que celui qui brûle la brousse brûle sa propre patrie. Académie malagasy, « Ohabolana malagasy ». 3 ONE, octobre 1994, Programme Environnemental phase II, page 1. 1 Pour mieux appréhender le concept « GELOSE », on va voir, en première partie, l’approche théorique de la Gestion Communautaire des Ressources Naturelles Renouvelables et, en deuxième partie, l’apport de la GELOSE au niveau d’une localité. 2 Partie I : Approche théorique de la gestion communautaire des ressources naturelles renouvelables Pour apporter une lumière à la contribution de la GELOSE à la protection de l’environnement, il est important de définir le cadre conceptuel et théorique de la GELOSE en se référant à des théories se rapportant à la Gestion Communautaire des Ressources Naturelles Renouvelables. Chapitre 1 : Tragédie des communaux Pour aborder ce chapitre, on doit se référer aux hypothèses de Garret Hardin concernant l’institution des communaux, et voir, par la suite, les limites de celles-ci. I. Hypothèses de Garret Hardin 1) La population et les biens : Selon Malthus, la population tend à se développer exponentiellement. Or, les ressources (naturelles) existantes tendent à diminuer par suite d’exploitation à fond née de l’augmentation des besoins de survie de la population. Un monde fini peut seulement soutenir une population finie. Est-ce que le but de Bentham4 « du plus grand bien pour le plus grand nombre » sera-t-il réalisable ? On dispose de deux variables : la population et le bien. Si on veut maximiser la population, on ne doit manger aucun repas gastronome, ne faire aucune vacance, aucun sport , aucun loisir ,.....De ce fait, ce qui maximise la population ne maximise pas les biens. Or, pour aboutir à ce but de Bentham, on doit maximiser ces deux variables à la fois, ce qui s’avère impossible5. Chaque individu veut acquérir le maximum de bien6. Mais qu’en est-il de ce maximum ? jusqu’où peut-on dire que c’est le maximum ? En fait, les biens sont non-mesurables et comparer un bien à un autre est alors impossible. Naturellement, un taux de croissance positif de la population montre que cette dernière est au-dessous de son optimum7. En effet, les populations qui croissent les plus rapidement sur terre sont aujourd’hui les plus malheureuses8. Prenons le concept d’Adam Smith9 de « La main invisible ». Il sous-entend : l’idée qu’un individu qui prévoit seulement son propre gain est mené 4 Garret Hardin, 1968, « La tragédie des terrains communaux », page 2 5 J. Von Neumann et O. Morgenstern, 1974, « Theory of games and economic behavior », page 11, in Garret Hardin, 1968, Op.cité, page 2 6 Garret Hardin, 1968, Op.cité, page 2 7 Garret Hardin, 1968, Op.cité, page 2 8 Garret Hardin, 1968, Op.cité, page 2 9 Adam Smith, 1776, « La richesse des Nations », page 423, in Garret Hardin, 1968, Op.cité, page 2 3 par cette main invisible pour favoriser l’intérêt public. Cela signifie que « les décisions prises individuellement seront les meilleures pour une société entière ». Si cette hypothèse est correcte, l’on supposera que les hommes commanderont individuellement leur fécondité. On aboutira à la production de la population Optimale. 2) La tragédie de la liberté des terrains communaux : La tragédie est le destin inévitable illustré en termes de vie humaine par les incidents qui impliquent la tristesse, comme le dit Whitehead en 183310. La tragédie des terrains communaux se développe comme suit : soit un pâturage ouvert à tous, chaque fermier garde autant de bétail que possible sur le terrain communal. Un arrangement valable pour tout fermier peut fonctionner juste pour quelques temps. Mais, viendra le jour où, comme tout homme rationnel, le fermier tend à maximiser son profit en minimisant ses coûts. C’est-à-dire que si l’un d’eux décide d’ajouter un animal à son troupeau, son revenu tend à augmenter, et ce sera lui seul qui en bénéficiera, alors que l’effet du surpâturage qu’il engendre sera supporté par tous les fermiers. Et c’est ce qui se traduit par « Tragédie ». Donc, on y aboutira, si chacun veut augmenter son utilité. En effet, chaque individu a besoin d’augmenter son troupeau sans limite dans un monde limité. D’où, l’intérêt individuel n’apporte pas l’intérêt général ; ce qui revient à dire que la liberté dans un communal apporte la ruine pour tous, la société entière souffre au bénéfice d’un individu. Nous ne devons plus alors traiter tel endroit de « communal » sinon cela n’aura plus de valeur pour personne11. Quelles solutions pourra-t-on avancer ? Nous devons les vendre comme des propriétés privées ou même les garder en tant que propriétés publiques mais leur accès seraient payant. On en déduit que le libéralisme risquerait d’entraîner la ruine des terrains communaux, c’est-à-dire la tragédie. 3) La pollution : Un autre aspect de la tragédie est la pollution. Ce n’est pas par le fait de prendre quelque chose dans le terrain communal mais d’en y jeter : déchets, produits chimiques, fumées dangereuses et toxiques dans l’air, signes gênants dans les yeux. Et la solution à mettre en œuvre dans ce cas là est le processus de purification des déchets avant de les jeter. Alors que l’entrepreneur, étant un homme rationnel, trouve que le coût de déchargement des déchets qu’il 10 A.N. Whitehead, 1948, « Science and the Modern world » , page 17, in Garret Hardin, 1968, Op.cité, page 3 11 Garret Hardin, 1968, Op.cité, page 3 4 produit dans le communal est plus petit que ce qu’il doit payer pour purifier ces déchets avant de les jeter. C’est financièrement bénéfique mais cela revient à infecter sa propre demeure. Nous avons énuméré dans « Tragédie de la liberté des terrains communaux »les solutions pour les communaux : celle de la propriété privée et du système de péage pour l’accès aux propriétés publiques. Or, l’air et l’eau ne peuvent pas être clôturés. Alors cela incite un mode de prévention : la punition et la taxation qui font que, pour un pollueur, le coût de traitement de ces déchets est moins cher que le coût de les décharger sans être traités. Cela les incite à purifier d’abord ces déchets avant de les jeter, ce qui diminue la pollution. 4) La liberté de reproduire : Dans un autre point de vue, la tragédie des communaux est liée au problème de la population. La question qui se pose, c’est : combien d’enfants une famille doit avoir pour ne pas être un problème social ? D’une part, il se peut que les parents qui ont beaucoup d’enfants ne pourront faire vivre que peu de descendants car ils ne pourront pas s’occuper d’eux adéquatement. Et d’autre part, on pourra rencontrer le cas contraire. D’après le premier cas, on pourra tirer une conclusion : si tout le uploads/Geographie/ mini-memoire-gelose-14-corrige.pdf
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- Publié le Mar 02, 2022
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