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CHAPITRE 5 : LES MOTS POUR DIRE Avertissement Ce fichier est constitué du texte numérisé du chapitre 5 de : Anglade, Georges : Cartes sur table Volume 2, ERCE, Montréal 1990 (ISBN 2-920-418-07-6) Il s'agit d'une longue note de lecture de Jean-François Tardieu : « Au sujet de deux atlas d'Haïti », texte relu par Anglade avec un commen- taire introductif et des notes de marges. jftardieu@gmail.com 1 VOLUME II : CONVERGENCES & DIVERGENCES 2 CHAPITRE 5 : LES MOTS POUR DIRE Chapitre 5 Les mots pour dire ATLAS CRITIQUE D’HAiTI par Georges Anglade Groupe d'Etudes et de Recherches Critiques d'Espace et Centre de Rechetches Caraibes Université du Québec à Montréal et Université de Montréal 18 planches en quadrichromie. 80p. (Les planches générales sont au millionième) Parution décembre 1982 ATLAS D’HAÏTI dit des Français directeur Paul Moral et coordonnateur Christian Girault Centre d’Études de Géographie Tropicale de Bordeaux 3 CEGET-Talence, France 32 planches en quadrichromie, l46p. (Les planches générales sont au millionième) Parution octobre 1985 C’est avant tout avec des mots que l’on travaille et c’est avant tout sur les mots que l’on travaille aussi. Ces particularités de la production de connaissances nouvelles sont d’autant plus évidentes que l’on est en période de changement des conceptions généralement admises; C’est le passage d’un paradigme à un autre. Il faut alors pratiquement redéfinir tout l’appareil conceptuel que l’on utilise, à tout le moins faut-il préciser le sens accepté pour chacun des termes. De tous les commentaires retenus comme représentatifs des convergences et divergences, c’est chez Jean-François Tardieu que la sen- sibilité à cette dimension du travail sur les concepts est la plus évidente. D’où ce titre. II va être nécessaire quelque part dans les dix prochaines années que soit produite une sorte d’ossature capable de tenir ensemble par leurs multiples in- 283 Jean-François Tardieu, trois livraisons AU SUJET DES DEUX ATLAS D'HAïTI. La première dans Le Nouvelliste du lundi 28 octobre 1985 concerne l’Atlas Critique d’Haîti (1982) de Georges Anglade; c’est en fait une reprise d’un compte rendu déjà publié dans ANTHROPOLOGIE ET SO- CIETE, vol,8 no.02, numéro spécial Caraïbes, 1984, pp.221-223, Québec. La seconde livraison qui est publiée dans Le Nouvelliste du 13 novembre 1985 aborde "L’Atlas dHaïti" (1985) publié par les Français du CEGET de Bordeaux. La troisième livraison des samedi 28 et dimanche 29 décembre 1985 est une analyse comparative des deux atlas. VOLUME II : CONVERGENCES & DIVERGENCES terdépendances la totalité des expressions du travail sur l’espace. Ceci pour la discipline géographique en général. Évidemment, cette réalisation de synthèse ne sera que l’aboutissement des multiples déblayages, en cours dans de mul- tiples cas depuis une décennie, sur les concepts de la nouvelle géographie. Donc pour y arriver, il serait souhaitable que soit préalablement procédé au montage de l’ARBRE TERMINOLOGIQUE qui a été travaillé dans le cas particulier haïtien. Ce dernier s’est trouvé, plus que la plupart des autres cas, en pleine turbulence des transformations à titre d’exemple, d’illustration, de laboratoire, de champ clos des affrontements, etc., d’une discipline entière. Pour qu’un cas puisse rester à la hauteur de ce privilège d’avoir été des objets particuliers à partir desquels se construisent les théories générales, il lui faut en plus, Surtout quand cette discipline prétend déboucher sur l’interven- tion, être la preuve que les mises en application Ont conduit à des résultats probants. En clair, si dans ce foutu cas haïtien on arrive à un changement si- gnificatif dans les dix prochaines années par la méthode proposée, dans les six donnes, de partir des formes de base de la géographie et de l’emboîtement des quatre entités du nouvel espace haïtien, etc., etc., les preuves seront faites. Et bien faites. L’enjeu est de taille et suppose en cette matière de trouver le chemin étroit par lequel passer, pour arriver dans cette société à faire bouger les appli- cations. N’étant pas plus naïf qu’un autre, je sais que cette mission est (quasi) impossible. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour s’arrêter en si bon chemin et en aussi agréable compagnie. Si la politique restera la dimension absolument incertaine de cette mise en application, le travail scientifique de cette mise en application sait par contre de manière absolument certaine que le changement est au bout du concept. La RELANCE, vers un pays normal, est dans l’articulation (toujours aléatoire) de ce politique à ce scientifique. Au fond, l’ensemble des six donnes des Cartes sur table est un long tra- vail sur les mots pour arriver à proposer une architecture nouvelle du pays à partir d’une vigoureuse rénovation. Les mots pour le dire actuellement, telle que nous le disons dans ces trois volumes, sont au bout d’un long processus de façonnement depuis le temps où les bilans prenaient formes pédagogiques (1974-1978), les re-lectures donnaient naissance à l’atlas (1978-1982), les pa- roles d’application informaient nos (nombreux) programmes politiques (1983- 1987) et le retour au terrain des échelles locales commandait (1986-1990) des épreuves d’avant la mise à feu. Nos mots ont ainsi une Histoire Locale. 284 CHAPITRE 5 : LES MOTS POUR DIRE PREMIERE LIVRAISON l’atlas critique de georges anglade Le Nouvelliste, du lundi 28 octobre 1985 L’atlas d’Anglade s’inscrit dans un courant qui privilégie l’étude de la participation des masses à la construction du social haïtien: remise en valeur des savoir-faire locaux. L’atlas tourne autour de deux axes fondamentaux. Il s’agit de l’analyse des étapes de l’évolution de l’espace haïtien et de l’analyse originale des contradictions sociales. * Les structures dominantes d’espace Anglade perçoit l’évolution historique à partir de ce qu’il appelle les «structures dominantes d’espace». Dans le cas d’Haïti, de l’époque coloniale au XXe siècle, le pays est pas- sé d’une structure de morcellement (jusqu’à l’indépendance) à une structure de régionalisation (jusqu’aux environs de 1915) et enfin à une structure de centralisation (qui a encore cours aujourd’hui). Pour comprendre l’espace de Saint-Domingue, il faudrait donc étudier avant tout la plantation qui est l’«entité structurante de l’espace» de l’époque, chaque plantation étant indépendante des autres et directement liée à la France. Au xIxe siècle, l’entité structurante devient la région: “chacune des onze ville portuaires abrite de puissants groupes de propriétaires terriens, de com- merçants et s’active dans l’import-export” (p. 15). Au xxe siècle, c’est la centralisation où la “République de Port-au- Prince” mène définitivement le bal. L’entité structurante devient le pays (dia- spora incluse) qui n’était auparavant que la juxtaposition de onze régions avec leurs capitales, leurs armées, leurs oligarchies respectives. Cette évolution correspondrait, du côté des organisations paysannes, à la séquence: case à nègres (liens de servitude de l’espace morcelé), lakou (liens familiaux de l’espace régionalisé), bourgs-jardins (liens de voisinage de l’es- pace centralisé). * Noyaux et réseaux Tout au cours de cette évolution, les contradictions sociales se mani- festent selon Anglade à travers “les réseaux de prélèvement qui vont per- mettre l’accumulation des richesses à un pôle de la société et les noyaux construits par les masses pour résister et survivre aux prélèvements (p. 36). 285 VOLUME II : CONVERGENCES & DIVERGENCES C’est une chose dont Rodrigue Jean semble ne s’être pas rendu compte lors- qu’il affinne que l’espace dont parle Anglade est sans contradictions sociales’. L’intérêt de la perspective d’Anglade est qu’elle permet d’étudier des pro- blèmes bien réels que la plupart des chercheurs -même ceux qui n’ont pas ou- blié “l’aspect essentiel de toute société depuis la commune primitive: la divi- sion en classes antagonistes”’- ne sont pas arrivés à pénétrer. La contradiction vivres (de consommation locale)/denrées (d’exportation) en est un exemple. * La méthode Anglade procède à sa démonstration en abordant tour à tour six thèmes: 1) L’évolution qui analyse les trois étapes: morcellement, régionalisation, centralisation; 2) La métropolisation qui étudie la “République de Port-au-Prince” dans l’espace centralisé; 3) L’articulation qui tente de dire ce qui crée la cohérence de l’Espace haï- tien; 4) La dégradation qui, à travers une “géographie sociale de la terre et de la nature” (p.50), présente la crise de la relation homme nature que vit le pays, le désastre écologique: érosion, sécheresses... 5) L’organisation qui interroge les relations de l’espace aux pouvoirs; 6) La marginalisation qui, à travers le cas du Nord-Ouest, cas limite au ni- veau régional, du problème national de la pauvreté, résume les thèmes 3 à 5 et montre la nécessité d’une certaine décentralisation. Les thèmes sont regroupés deux à deux et chaque thème est illustré par trois cartes qui sont à la fois synthèse et complément du discours écrit. Pour important qu’il soit, l'Atlas Critique d’Haïti n’est pas sans pré- senter quelques faiblesses ou défauts. Il en est trois sur lesquels je me suis particulièrement arreté: le manque de précision du cadre conceptuel, la fai- blesse de l’analyse des changements, le “géographisme”. 286 Le résumé de l’Atlas que vient de faire J-F Tardieu est Caractérisé par son style court, elliptique et haché. Ce qui fait souvent sa force, car il sait aller vite à l’essentiel (cf. son mémoire de Msc. publié en juillet 1986 Port-au-Prince); mais, ce type d’écriture joue aussi &s tours: il vient à manquer de développement à l’argumentation uploads/Geographie/ motspourdire-pdf.pdf

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