Multilinguales 1 | 2013 Pratiques littéraires, linguistiques, pédagogiques, did
Multilinguales 1 | 2013 Pratiques littéraires, linguistiques, pédagogiques, didactiques et médiations culturelles contemporaines Compétences initiales et transmission des langues secondes et étrangères au Cameroun Initial Competences and the Transmission of Second and Foreign Languages Case of Cameroon Julia Ndibnu Messina Ethe Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/multilinguales/3199 DOI : 10.4000/multilinguales.3199 ISSN : 2335-1853 Éditeur Université Abderrahmane Mira - Bejaia Édition imprimée Date de publication : 1 juin 2013 Pagination : 105-119 ISSN : 2335-1535 Référence électronique Julia Ndibnu Messina Ethe, « Compétences initiales et transmission des langues secondes et étrangères au Cameroun », Multilinguales [En ligne], 1 | 2013, mis en ligne le 01 juin 2013, consulté le 21 septembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/multilinguales/3199 ; DOI : https://doi.org/ 10.4000/multilinguales.3199 Ce document a été généré automatiquement le 21 septembre 2021. Multilinguales est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International Compétences initiales et transmission des langues secondes et étrangères au Cameroun Initial Competences and the Transmission of Second and Foreign Languages Case of Cameroon Julia Ndibnu Messina Ethe 1 Sous protectorat allemand, cédé ensuite à La France et au Royaume-Uni, le Cameroun présente une très grande variété de langues et de cultures. Il existe près de 248 langues autochtones et régionales (Dieu et Renaud, 1983 ; Bitjaa Kody, 2004), aux côtés de deux langues officielles, le français et l’anglais, et deux langues issues de leur contact, le camfranglais et le pidgin. 2 Dans un environnement de formation « plurilingue1 », et compte tenu des compétences linguistiques asymétriques des apprenants, les autorités éducatives du Cameroun ont reparti les écoles de formation des enseignants en deux grands cycles : le primaire et le supérieur. Les écoles des instituteurs concernées par l’enseignement des langues secondes, à savoir l’anglais et le français, excluent les langues régionales des programmes. Le cycle supérieur s’occupe de la formation des enseignants des lycées. Ils sont formés à l’enseignement du français, de l’anglais et des langues régionales. Les langues régionales sont intégrées au secondaire depuis 2008. Ce succès est redevable au Programme Opérationnel pour l’enseignement des langues au Cameroun (PROPELCA), mis sur pied par l’Université de Yaoundé et l’Association Nationale des Comités de Langues Camerounaises (ANACLAC), depuis 1982. 3 Les langues française et anglaise évoluent et se régionalisent : le français a donné lieu à une nouvelle variante le camfranglais2, l’anglais a engendré le pidgin-english3 (Biloa, 2003). Ces deux variantes altèrent les performances et les compétences communicatives langagières de l’ensemble des apprenants : élèves, étudiants et futurs professeurs. Mais les cours de français, d’anglais et des langues régionales ne tiennent pas compte de cette donnée dans les contenus des enseignements et les tâches proposées aux Compétences initiales et transmission des langues secondes et étrangères au C... Multilinguales, 1 | 2013 1 apprenants. Comment transmettre le savoir sans envisager ces préalables ? Quels sont les principes maîtres d’une bonne gestion des séances de cours de L2 ? 4 Cet article mettra l’accent sur les statuts des langues enseignées au Cameroun, la présentation des écoles de formation et des objectifs pédagogiques opérationnels qui conduisent à une formation initiale exemplaire en L2. Statuts des langues au Cameroun 5 Au Cameroun, les statuts des langues sont de plusieurs ordres. Nous n’en retiendrons que quatre, en nous référant à la définition d’Adopo et al. (1997) : « [Le statut est] l’ensemble des données juridiques, politiques et économiques relatives à la langue. Ces données nous permettent de déterminer l’importance sociale de la langue » (13). 6 L’anglais et le français, langues officielles, sont susceptibles de coexister avec des langues régionales, des langues secondes et des langues maternelles (LM). 7 Les maternelles représentent éventuellement des langues véhiculaires, des langues régionales et surtout, comme dans cet article, des langues secondes. Pour assumer des rôles véhiculaires, à l’exemple des langues régionales, il faut que les LM jouissent d’une reconnaissance avérée, d’un nombre de locuteurs élevé et d’études scientifiques (Fishman, 1976). Le schéma suivant dépeint la stratification des langues au Cameroun. Figure 1 : différents groupes de langues au Cameroun 8 Les intersections indiquent les connexions existant entre les différents groupes, comme les éclaircissements ci-dessous le relèveront. 9 A) Les langues officielles : Shell et Wiesemann (2000 : 39) assurent que les langues officielles sont « la ou les langue(s) européenne(s) utilisée(s) pour les affaires du gouvernement et aussi comme langue(s) principale(s) de l’éducation ». Pour Adopo et al. (1997 : 13), les langues officielles incarnent » les langues qu’un État utilise pour l’ensemble de son fonctionnement aux différents niveaux (administration, justice, Compétences initiales et transmission des langues secondes et étrangères au C... Multilinguales, 1 | 2013 2 armée, éducation, activités nationales et internationales ». Le système éducatif en Afrique subsaharienne adopte généralement les langues officielles en tant que langues de certaines disciplines et langues d’enseignement. C’est le cas au Gabon, au Tchad et au Cameroun avec le français. Le Cameroun se singularise par son bilinguisme avec des sections qui offrent des enseignements dans lesdites langues, en tant que langues secondes, aussi bien dans les grandes écoles de formation que dans les écoles primaires et secondaires. 10 B) Les langues régionales : au Cameroun, les langues régionales représentent les langues auxquelles le gouvernement a octroyé un statut officiel, celui de langues nationales. Les langues régionales correspondent aux langues de grande communication au sein du pays et dans des régions précises à savoir le duala dans la Région du Littoral, le beti-fang dans les régions du Sud et du Centre, le fulfulde dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord. Considérées comme langues secondes depuis 2008, elles sont enseignées dans les établissements du secondaire. 11 C) Les langues secondes : la langue seconde est celle que les locuteurs utilisent quotidiennement dès qu’ils sont en âge d’être scolarisés, dans le commerce, les communications interpersonnelles incluant des langues et des cultures régionales différentes. Elle est apprise à la suite de la langue première. Aussi, les créoles telles que le pidgin-english et le camfranglais sont considérés comme des langues secondes au même titre que le français et l’anglais en milieu monolingue rural. 12 D) Les langues maternelles : la langue maternelle est celle que l’enfant acquiert et utilise en famille. Son statut se limite à la cellule familiale ou clanique. C’est par elle que l’éducation traditionnelle est transmise aussi bien dans les villages que dans les zones urbaines. Le pidgin-english et le français deviennent au fil des ans des langues premières (ou maternelles) des jeunes qui deviendront plus tard des enseignants de langues secondes. Ils maîtrisent partiellement leurs langues maternelles et les langues à enseigner. Les écoles de formation sont en principe chargées de renforcer les savoirs acquis en français, anglais et langues régionales. Elles se doivent dès lors de fixer des objectifs susceptibles de combler les attentes des apprenants. Mais, au vu de tous les groupes de langues sur le territoire camerounais, il est pertinent de savoir quels sont les objectifs pédagogiques opérationnels que se fixent les Écoles de formation pour l’enseignement des L2. Ecoles de formation et objectifs d’enseignement 13 Il existe plusieurs écoles professionnelles destinées à la formation des élèves enseignants à savoir les ÉNIEG (École Normale des Instituteurs de l’Enseignement Général), les ÉNIET (École Normale des Instituteurs de l’Enseignement Technique) pour les élèves maîtres, l’ENS (École Normale Supérieure) et l’ENSET (École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique) pour les élèves professeurs. 14 A) École normale des instituteurs de l’enseignement général (ENIEG) : l’ÉNIEG forme des enseignants pour le cycle primaire. Les objectifs linguistiques poursuivis au cours de la formation des élèves – instituteurs de l’enseignement général sont : - permettre aux futurs maîtres d’acquérir une meilleure maîtrise du français (pour les francophones) et de l’anglais (pour les anglophones) pour mieux transmettre les savoir- faire en grammaire, conjugaison, vocabulaire, rédaction. Compétences initiales et transmission des langues secondes et étrangères au C... Multilinguales, 1 | 2013 3 - initier les élèves enseignants à la transmission des données orales en français, en anglais, en langues régionales actuellement enseignées (fufulde, mungaka, duala, basaa, beti-fang) afin que leurs écoliers puissent communiquer oralement quel que soit le milieu environnant. - recourir aux approches pédagogiques en vigueur, à savoir la Nouvelle Approche Pédagogique, l’Approche par Compétence et l’approche par l’action. 15 B) École normale des instituteurs de l’enseignement technique (ENIET) : déceler les objectifs de la formation des élèves instituteurs nous paraît difficile. Au primaire, les deux seules activités techniques contenues dans les programmes d’enseignement au primaire (2000) sont le travail manuel et les activités pratiques. Il ne comporte aucun cours de langue, ni première ni seconde. 16 Au sortir de leur formation, les élèves instituteurs enseignent dans les écoles primaires d’enseignement général. Aucune performance préliminaire en langue ne leur est exigée, excepté au cours du concours d’entrée en sixième qui comprend une épreuve de dictée-questions ou de compréhension de texte en français et en anglais. Les langues maternelles en tant que langues secondes sont absentes tout au long de leur formation. 17 C) École normale supérieure (ENS) : les ENS ont en charge la uploads/Geographie/ multilinguales-3199.pdf
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- Publié le Jul 01, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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