Bonaparte maître de la France (les grandes étapes de son règne) Le Consulat est
Bonaparte maître de la France (les grandes étapes de son règne) Le Consulat est une république gouvernée par trois consuls et quatre assemblées ou conseils. Mais en fait, Napoléon, Premier consul, réunit presque tous les pouvoirs. II l'emporte sur ses deux collègues; il choisit la majorité des conseillers ; il propose seul les lois. Il nomme, dans les départements et les arrondissements, des fonctionnaires qui ont tous pouvoirs pour administrer en son nom : les préfets et les sous-préfets. II signe avec le pape un accord, un Concordat, qui lui donne le droit de nommer les évêques ; ceux-ci doivent obéir aux lois, soutenir le régime. CHEF DES ARMÉES ET GÉNÉRAL PRESTIGIEUX Bonaparte vainqueur amène l'Autriche puis l'Angleterre à signer la paix (1801 et 1806) La France retrouve ses colonies perdues, conserve la Belgique et les territoires de la rive gauche du Rhin. Bonaparte apparaît comme un sauveur. En 1802, il est nommé consul à vie et en 1804 empereur, sous le nom de Napoléon 1er. Sur 3'524’254 votants, il y eut seulement 2’579 non. Mais il fallait voter en signant sur un registre... Et deux électeurs sur trois n'étaient pas venus. L'EMPIRE : 1804-1814 Napoléon règne comme un monarque absolu. La police surveille tout, paroles et écrits. L'Université impériale forme dans les lycées les cadres militaires et civils puisés dans la bourgeoisie. Grognard de la garde impériale Chasseur à cheval A LA CONQUETE DE L'EUROPE La guerre recommence en 1803. Napoléon songe à débarquer en Angleterre. Mais celle-ci jette contre la France successivement les puissances du continent et elle écrase la flotte française à Trafalgar (1805). Napoléon bat les diverses coalitions, Autrichiens, Prussiens et Russes. Pour atteindre l'Angleterre, il défend a tous les États du continent de lui acheter et de lui vendre ; il pense ainsi l'affamer : c'est le blocus continental. Mais l'Angleterre reçoit des approvisionnements d'Amérique, certains États n'appliquent pas le blocus, il y a une active contrebande. Pour obliger l'Espagne à appliquer le blocus, Napoléon s'engage dans une guerre meurtrière de cinq ans, où il subit ses premières défaites (Baylen 1808). En 1810, l'Empire français compte 130 départements. Le long de ses frontières (v. carte p. 2), Napoléon a créé une série d'États vassaux où règnent ses lieutenants ou ses parents. En 1810, il épouse la fille de l'empereur d'Autriche. En 1811, il a un fils, le roi de Rome. Il se croit alors le maître tout-puissant de l’Europe. REVERS ET DÉCLIN L'Angleterre n'est toujours pas vaincue. Et la Russie reprend la lutte. La Prusse et l'Autriche attendent une occasion de revanche. La Campagne de Russie (1812) s'achève par une retraite désastreuse de Moscou en Prusse. La grande armée se bat pied à pied au cours de la campagne d'Allemagne (1813) où elle est vaincue à Leipzig en Saxe. Enfin, la campagne de France (1814), malgré plusieurs victoires françaises, conduit les ennemis jusqu'à Paris. Napoléon doit capituler, et partir à l'île d'Elbe pour l'exil que lui ont imposé les Alliés. Le frère de Louis XVI, Louis XVIII, devient roi de France. C'est la première Restauration. Les cent jours : mars - juin 1815 L'année suivante, Napoléon s'échappe et débarque en France près de Nice. On l'accueille avec enthousiasme. C'est une marche triomphale par Gap, Grenoble, Lyon et Paris (le vol de l'Aigle). Louis XVIII s'enfuit. Mais les Alliés reprennent les armes. L'empereur doit faire face à un contre deux. La bataille suprême, à Waterloo, près de Bruxelles, s'achève, malgré l'héroïsme de la Vieille Garde, par la défaite des Français (18 juin 1815). Après cet intermède des Cent·Jours, Napoléon doit abdiquer de nouveau. Les vainqueurs lui imposent l'exil dans l'île lointaine et malsaine de Sainte-Hélène où il mourra six ans plus tard. Louis XVIII rentre à Paris (seconde Restauration). La France est ramenée à ses frontières de 1790. L'ennemi occupe 58 des départements, jusqu'à paiement d'une lourde indemnité de guerre. Documents extraits de Histoire de l’antiquité à nos jours (Delagrave 1971) p. 3 Le ministre de l’intérieur présente à Bonaparte du sucre de betterave (gravure de David) Documents extraits de Histoire de l’antiquité à nos jours (Delagrave 1971) p. 4 Réfractaires et déserteurs Un peu partout, surtout après 1806-1807, de nombreux conscrits refusent de partir. En 1810, on avoue que 160 000 réfractaires ont été condamnés. Des désertions se multiplient. Il faut presque une armée pour en recruter une autre. Les remplaçants, payés 500 francs en 1802, s'achètent à 4000 francs. Malgré les mesures sévères des préfets et de la police, les désertions ne font que s'accroître. Voici la lettre d'un maire au préfet : « Il n'est pas à ma connaissance que, Claude Chanroux, conscrit de 1810 de la commune de Condat, déserteur du 96e de ligne, ait paru dans ladite commune... Je ne sais pas du tout où il est et je ne vois aucun moyen de le faire rejoindre. Son père, son oncle, ses cousins et un étranger ont payé 1’415 francs 30 centimes de frais de force armée et de colonne mobile. Le père a été mis en prison par rapport à son fils. Tout cela n'a rien produit. Le père est mort depuis 5 à 6 semaines, la mère est errante, les parents les plus proches ont quitté la commune. Si la force armée séjourne encore ici, je me verrai forcé de la faire payer par les vingt plus imposés, ce qui les ruinera fort inutilement. Ainsi je vous prie de rayer le plus tôt possible Claude Chanroux de 1a liste des hommes à poursuivre vous promettant de faire tout pour découvrir sa retraite et le faire arrêter si cela est possible. » Napoléon refuse une occasion de paix (Entrevue avec le ministre autrichien Metternich, à Dresde en Saxe, en 1813,) « …Huit heure durant, Napoléon accable Metternich de menaces, d'imprécations, de reproches amers. « Voulez-vous me dépouiller ? je ne céderai pas un pouce de terrain, je ne vous donnerai rien parce que vous ne m'avez pas battu... J'ai grandi sur les champs de bataille et un homme comme moi ne se soucie pas de la vie d'un million d'hommes. » Huit heures durant, ils se promènent de long en large. « La paix et la guerre sont entre vos mains, dit Metternich. Le sort de l'Europe, son avenir et le vôtre dépendent de vous seul. Aujourd'hui vous pouvez encore conclure la paix, demain il sera trop tard...; ce ne sera pas l'Europe qui succombera dans la lutte...; vous voulez immoler un million d'hommes : ouvrons les portes et les fenêtres pour que l'Europe entende ces paroles ! » Ces exhortations ne font qu'accroître la colère de Napoléon. Incapable de se dominer, il lance dans un coin du salon son chapeau que jusqu'alors il avait tenu à la main. Et Metternich reste imperturbable, appuyé sur une console, entre les deux fenêtres : « Vous êtes perdu, Sire, lui dit-il, avant de prendre congé. j'en avais le pressentiment en venant ici. Maintenant que je m'en vais, j'en ai la certitude... » G. de Grünewald : La vie de Metternich. Calmann- Lévy, éd. 1939, p. 118 et suivantes. Les adieux de Fontainebleau Napoléon part pour l'exil de l'île d'Elbe Il prend congé de la Garde impériale dans la cour du palais de Fontainebleau. Une scène célèbre que raconte un témoin : « ... Il fait signe qu'il veut parler. Tout le monde se tait et, dans le silence le plus religieux, on écoute ses dernières paroles : « Soldats de ma vieille Garde, je vous fais mes adieux. Depuis vingt ans, je vous ai trouvés constamment sur le chemin de l'honneur et de la gloire... Vous n'avez cessé d'être des modèles de bravoure et de fidélité. Avec des hommes tels que vous, notre cause n'était pas perdue; mais la guerre était interminable. C'eût été la guerre civile et la France n’en serait devenue que plus malheureuse. J'ai donc sacrifié nos intérêts à ceux de la Patrie. Je pars; vous mes amis, continuez de servir la France... Adieu, mes enfants ! Je voudrais vous presser tous sur mon cœur. Que j'embrasse au moins votre drapeau ! » A ces mots, le général Petit, saisissant l'aigle, s'avance. Napoléon reçoit le général dans ses bras et baise le drapeau. Le silence d'admiration que cette grande scène inspire n’est interrompu que par les sanglots des soldats. Napoléon dont l'émotion est visible, reprend : « Adieu, encore une fois, mes vieux compagnons ! Que ce dernier baiser passe dans vos cœurs ! » dit-il, et, s'arrachant au groupe qui l'entoure, il s'élance dans la voiture, au fond de laquelle est déjà le général Bertrand. » Baron Fain : « Souvenirs de la campagne de France » Librairie académique Perrin. Documents uploads/Geographie/ napo-03.pdf
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- Publié le Jul 22, 2021
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