BEVIN ALEXANDER SUN TZU OU L’ART DE GAGNER DES BATAILLES Saratoga, Waterloo, Ge
BEVIN ALEXANDER SUN TZU OU L’ART DE GAGNER DES BATAILLES Saratoga, Waterloo, Gettysburg, La Marne, La bataille de France, Stalingrad, La Normandie, La Corée Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Bersani TALLANDIER Titre original : Sun Tzu at Gettysburg. Ancient Military Wisdom in the Modern World © Bevin Alexander, 2011 W.W. Norton & Company, Inc. Éditions Tallandier, 2 rue Rotrou 75006 Paris www.tallandier.com © Éditions Tallandier, 2012, pour la traduction en langue française Cartographie : Flavie Mémet d’après création cartographique Jeffrey L. Ward Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo EAN : 979-1-02100-017-9 TABLE DES CARTES La bataille de Saratoga, 1777 La bataille de Waterloo, 15-19 juin 1815 Le théâtre de la guerre à l’est, 1861-1865 La campagne de Jackson dans la vallée de la Shenandoah, 1862 La bataille des Sept Jours, 26 juin-2 juillet 1862 La seconde campagne de Manassas, 19 juillet-1er septembre 1862 La seconde bataille de Manassas, 29-30 août 1862 La campagne d’Antietam, 3-20 septembre 1862 La campagne de Gettysburg, 10 juin-14 juillet 1863 Bataille de Gettysburg, 1er-3 juillet 1863 Le plan Schlieffen, 1914 La conquête des Pays-Bas et de la France, 1940 La percée de Sedan, 13 mai 1940 Stalingrad, 1942 Le débarquement de Normandie et la libération de la France, 1944 Le débarquement d’Incheon et l’intervention chinoise en Corée, 1950 INTRODUCTION POUR ÉVITER CE QUI EST FORT, FRAPPER CE QUI EST FAIBLE Sur la façon de mener une guerre un seul ouvrage s’impose vraiment. Il fut composé il y a 2 400 ans par un sage chinois nommé Sun Tzu 1. Son petit livre, L’Art de la guerre, énonce sans ambiguïté aucune un certain nombre de principes universels liés à la nature de la guerre et ces principes sont encore valables aujourd’hui 2. Le présent ouvrage a pour but de montrer que les chefs militaires qui, durant les deux derniers siècles, lors d’affrontements majeurs, ont suivi sans le savoir les axiomes de Sun Tzu ont connu le succès, tandis que ceux qui ne les respectaient pas étaient voués à la défaite, et quelquefois à des désastres ou à des catastrophes conduisant à la perte pure et simple de la guerre. Les principes de Sun Tzu peuvent s’appliquer à n’importe quelle situation, depuis la plus petite escarmouche jusqu’à la plus vaste campagne. D’autres responsables, en d’autres temps, découvrirent un certain nombre de ces principes, mais seul Sun Tzu sut exposer d’une manière concise et exhaustive les éléments essentiels qui permettent de l’emporter à la guerre. C’est cette contribution unique à notre compréhension des conflits armés qui a conduit Basil H. Liddell Hart, un spécialiste anglais réputé dans ce domaine, à dire de l’ouvrage de Sun Tzu qu’il représentait « la quintessence de la sagesse en matière de guerre 3 ». Le livre de Sun Tzu a profondément influencé pendant plus de deux millénaires l’art oriental de la guerre, mais il ne devint largement connu des Occidentaux que dans les années 1970. Cela tient essentiellement au fait que la France et les États-Unis eurent tour à tour à faire face, au Vietnam, à des adversaires qui menaient contre eux une guerre de guérilla inspirée des axiomes de Sun Tzu. En dépit du très faible potentiel militaire qui était le leur, les communistes vietnamiens réussirent à neutraliser les forces beaucoup plus puissantes que leur opposaient les Français et les Américains et à les chasser du pays. Jusqu’à cette reconnaissance tardive de L’Art de la guerre, les responsables militaires occidentaux durent s’en remettre aux considérations faites par tel ou tel à titre individuel et aux conclusions qui en étaient tirées au fil des siècles. Même si certains de ces penseurs étaient arrivés, indépendamment les uns des autres, à retrouver quelques-uns des axiomes qu’avait su formuler si clairement Sun Tzu, aucun n’était parvenu à proposer sur la guerre une théorie d’ensemble. On trouve par exemple dans la Bible (2 Samuel, 5, 23-25) l’injonction faite par Iahvé à David de porter des coups indirects à l’ennemi, mais cet axiome est comme étouffé par le vaste récit dans lequel il prend place : la guerre qui éclate entre les Juifs et les Philistins. Homère nous raconte, dans un magnifique poème, comment la beauté d’Hélène, enlevée à son époux Ménélas, a fait se précipiter un millier de vaisseaux contre Troie, mais il nous en apprend très peu sur le déroulement de la guerre qui s’en est suivie. Si Hérodote et Thucydide nous rapportent des histoires fascinantes sur les anciens Grecs, ils ne nous donnent presque aucun détail sur la façon dont ils gagnaient ou perdaient les guerres dans lesquelles ils se trouvaient engagés. L’anabase, cette longue remontée de dix mille Grecs jusqu’à la mer, est l’une des plus grandes aventures de tous les temps, mais Xénophon, qui la relate, s’il fait des allusions tout à fait passionnantes à la façon dont les Grecs parvinrent à surmonter les obstacles (traverser, par exemple, des montagnes infestées d’ennemis), fournit peu d’informations sur les théories auxquelles ils recouraient pour mener une guerre à bien. À partir de récits composés bien après leur mort, nous pouvons nous faire une certaine idée de la façon dont Alexandre le Grand a conquis l’Empire perse et de celle dont Hannibal a fait « trembler Rome derrière ses portes ». Mais ni l’un ni l’autre de ces grands capitaines ne nous renseigne sur les conceptions militaires qui étaient les siennes. On trouve dans trois traités dus à trois empereurs byzantins – le Strategicon de Maurice Ier (578), les Tactica de Léon VI le Sage (900) et le De Velitatione de Nicéphore II Phocas (dans le courant du Xe siècle) – des indications pratiques sur l’art de la guerre qui ont permis à l’Empire romain d’Orient de se maintenir pendant plusieurs centaines d’années. Entre cette époque et la nôtre, les responsables militaires se sont rarement exprimés, et il n’existe aucune théorie d’ensemble. Robert Ier d’Écosse (1274-1329) laissa un « testament » recommandant vivement aux Écossais d’éviter la guerre à visage découvert contre les Anglais et de préserver leur indépendance en pratiquant plutôt une manière de guérilla dans les collines et les marais. Le général français Pierre-Joseph de Bourcet (1700-1780) proposa le concept stratégique de l’« organisation en branches » : il s’agissait de diviser une armée en plusieurs colonnes et de les faire marcher sur des objectifs séparés, forçant ainsi l’ennemi à diviser ses forces et permettant de se concentrer sur une ou plusieurs positions mal défendues. Napoléon Bonaparte ne prit jamais la peine de s’expliquer sur les principes qu’il avait adoptés, mais ses campagnes montrent qu’il misait sur l’offensive, poursuivait l’ennemi après l’avoir défait, comptait sur la vitesse pour gagner du temps et s’efforçait de concentrer sur le champ de bataille des forces supérieures. Pour le Prussien Carl von Clausewitz (1780-1831), la guerre est « le prolongement de la politique par d’autres moyens » et non pas une fin en soi. Idée essentielle, mais que vient affaiblir l’accent mis par l’auteur sur la guerre totale et le bain de sang auquel elle conduit. Si la guerre est le prolongement de la politique, seul devrait compter le but que l’on se propose. En privilégiant la victoire, cependant, Clausewitz cessait de s’intéresser à la guerre une fois celle-ci terminée. Il ne s’occupait pas de la paix qui allait s’ensuivre. On pourrait évoquer enfin Thomas J. Jackson (1824-1863), qui avait coutume de dire : « Toujours égarer, mystifier, surprendre l’ennemi […]. Ne jamais se battre si les chances sont trop minces 4. » Ces exemples montrent que, même s’il est arrivé que tel ou tel chef militaire fasse des remarques pénétrantes sur le sujet, personne en dehors de Sun Tzu n’a fait preuve d’une compréhension véritablement approfondie de la guerre dans tous ses aspects. Seul le maître chinois est parvenu à proposer un guide cohérent et complet sur la façon de conduire une guerre. Avant de nous précipiter dans des difficultés irrémédiables, nous pouvons prendre aussi son avis sur tel ou tel problème spécifique : veiller, notamment, à ce que nos soldats soient bien nourris, nous assurer de l’importance et de la nature de l’ennemi que nous nous apprêtons à affronter, réunir les informations essentielles sur le terrain où nous allons devoir progresser. * Le présent livre passe en revue un certain nombre d’opérations militaires qui ont marqué l’histoire moderne. Toutes ont eu un caractère décisif : la bataille de Saratoga en 1777, qui marqua le tournant de la guerre d’Indépendance américaine, les batailles « pivotales » de Waterloo en 1815 et de Gettysburg en 1863. L’étude s’étend jusqu’à la guerre de Corée en 1950, quand les États-Unis s’engagèrent aveuglément dans un conflit terrible, coûteux et superflu avec la Chine rouge. On analyse la façon dont ces différentes opérations ont été réellement conduites et l’on se demande à chaque fois si leurs responsables ont suivi ou non les principes universels énoncés dans L’Art de la guerre. Les axiomes de Sun Tzu s’appliquent à n’importe quel contexte militaire, dans n’importe quelle guerre. « Pour éviter ce qui est fort, frapper ce qui est faible uploads/Geographie/ l-x27-art-de-gagner-de-batailles.pdf
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- Publié le Mar 09, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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