Le Globe. Revue genevoise de géographie Noms de lieux et de peuples Paul Oltram
Le Globe. Revue genevoise de géographie Noms de lieux et de peuples Paul Oltramare Citer ce document / Cite this document : Oltramare Paul. Noms de lieux et de peuples. In: Le Globe. Revue genevoise de géographie, tome 41, 1902. pp. 97-108; doi : https://doi.org/10.3406/globe.1902.4813 https://www.persee.fr/doc/globe_0398-3412_1902_num_41_1_4813 Fichier pdf généré le 09/05/2018 S» 2. BULLETIN EXTRAIT DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DE LA SO Fin de la session 1901 -1902. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1902 Présidence de M. Arthur de Claparède. Présid Le Président donne lecture de la circulaire du d'initiative (présidé par M. Senart, de l'Institut de F secrétaire général M. Henri Cordier M. C.) du international des orientalistes qui doit avoir lieu à en novembre ou décembre 19021. Communication de M. le prof. Paul Oltramare Noms de lieux et de peuples On peut étudier les noms géographiques à un point de vue, dans leur forme et dans leur vale étudier dans leur forme, c'est en déterminer l'étym rechercher les circonstances dans lesquelles ils 98 BULLETIN. C'est de ce côté-là que se sont en général des savants. Et à juste titre, car l'étym géographiques fournit de précieux re l'ethnographie, à l'histoire, à la dialec même à la science des institutions. Ce sont de tout autres questions qui se deuxième cas. Les noms existent. Quelle emploient y attachent-ils ? Et pourquoi voir autre chose que de simples étiquet fluence enfin certains noms exercent-ils indirectement sur les collectivités humain tent ? Les problèmes qui s'offrent ici à l'at dans ce qu'on peut appeler la psycholo collective. Il y a là des faits qu'il est d'aut tant de constater que leur existence rend recherche de l'origine des noms géograph voit à combien d'accidents un mot peut êt naissance, on se rend compte que l'ethno torien font bien de redoubler de précauti seoir de vastes théories sur une base souv C'est sur ce côté spécial de la toponomast drais présenter quelques observations. Les accidents auxquels je viens de faire en définitive qu'un cas particulier d'un versel dans le langage. Une langue ne se signes incolores, neutres en quelque sorte qui empêchent le langage d'être adéquat à disent les logiciens, que les mots ont, de p de par l'emploi qu'en ont fait les écrivain les poètes, toute espèce de sons harmoniq tuent leur timbre, et qui, aux dépens delà de l'idée exprimée, leur donnent une vale morale. Au lieu d'être des jetons servan aux échanges intellectuels, les mots devi dailles qui ont quelque chose de plus qu PROCÈS-VERBAUX. A première vue, il semblerait que les noms géo ques aussi fussent de simples étiquettes. Sans dou ont des étymologies, mais pour la plupart d'entre sens originel n'est plus présent à l'esprit de ceux ■emploient : Genève, Jura, Salève, Rhône, Arve — si indifférent que c'est à peu près comme s'ils n' pas d'étymologie : le Mont-Blanc, le Mont-Rose. s'en faut de beaucoup que ce soit toujours le cas. B faits prouvent que souvent les noms géographique ment en quelque sorte une valeur morale. S'il en es c'est qu'instinctivement le peuple qui les emploie, et l'objet nommé et l'idée qu'il se fait de cet obj mot par lequel il désigne cette idée, au point q enrichissement de l'idée profite au mot lui-même, •de signe celui-ci devient un symbole. Voyons, au moyen d'exemples, comment se ma cette tendance à faire vivre d'une vie propre les n localités et de peuples. I. C'est déjà un fait significatif que certains n localités aient été remplacés, non pas parce qu'on i qu'il y eût quelque désignation antérieure, mais scie parce qu'on voulait éveiller ou consacrer certaine auxquelles on attachait du prix. Il s'agit ici sur noms de villes. D'une manière générale, les noms d présentent une ténacité extraordinaire, et c'est po justement qu'il est souvent difficile d'en retrouver mologie, et si instructif de la déterminer là où la est possible. Un nom comme Genève a survécu à u gue série de changements dans les conditions eth phiques et politiques de la population établie dan région. S'il est vrai que son nom soit ligure, et id à celui de Gênes, il remonte à l'époque préhistor notre pays était occupé par la race petite et trapu couvert pendant un temps une grande partie de l' occidentale. Il s'est maintenu quand les Allobroge 100 BULLETIN. vieux nom est demeuré, et ce qui don histoire si mouvementée, c'est, plus q ce nom, dépositaire de tant de tradi nous sont chères. D'autres noms ont une histoire en sont comme tels des témoins précieux Des désignations de villes, comme Leyde. Liegnitz), Carrodunum (sur l Vistule), et tant d'autres en durum, nent l'aire occupée par la race celtique survécu un seul nom romain dans l'an qu'il en a subsisté un grand nombre d fois la Rétie, la Pannonie et la Mésie, complète déromanisation de ce pays lo des barbares au IIIme siècle, et par con argument en faveur de la thèse d'ap mains de la rive gauche du Danube n cendants des colons de Trajan. Si la règle est donc qu'à travers to de régime, une ville conserve fidèlem a une fois reçu, les exceptions n'en so santes à relever. On sait qu'Alexandre ont, sur une grande échelle, changé conquises, pour consacrer des mémoi particulièrement chères. De là, dans d'Alexandries, d'Antioches, de Laodi d'Arsinoés, de Ptolemaïs. Un pareil perdu. Les empereurs Romains, qui à l air de conserver les traditions républ les provinces continuaient les traditions taux. ont fait comme les Ptolémées début, alors que la langue celtique es Gaule, on crée des noms hybrides com (Reauvais), Juliobona (Lillebonne), A t ) i bi tôt l l ti i bi PROCÈS-VERBAUX. changé les noms de localités, soit qu'on ait vou revivre de glorieux souvenirs, comme dans la Gr derne, — soit qu'on ait tenu à interrompre une t gênante, comme quand la Russie a imposé à la vil que allemande de Dorpat le nom de Jouriew. q depuis longtemps tombé en désuétude, — soit par préoccupations dynastiques ou antidynastiques, co fut le cas pour le chef-lieu du département de la V qui s'est appelé successivement Napoléon-Vendée bon-Vendée, la Roche-sur-Yon, puis de nouveau Na Vendée. et finalement la Roche-sur-Yon. II. Si les noms géographiques étaient dénués d valeur psychologique, on se garderait de les traduir langue dans l'autre, car la traduction ne peut qu drer des erreurs et des hésitations. Dans l'immens rité des cas, les noms de localités passent en ef modifications d'une langue à l'autre; la règle es près constante quand il s'agit de noms modernes York, San-Francisco. S'il s'agit de noms anciens langues différentes ont souvent pour le même lie dérivations indépendantes d'un même mot primiti et Sitten, Cologne et Koeln, Mayence etMainz, Boh Boehmen. On voit par ces exemples que les noms all rejettent volontiers l'accent sur la syllabe initiale, montre que le nom français de la ville de Bàle est la forme allemande, et non pas directement de la latine, Basilia. Pour Bâle, par conséquent, comm Fribourg, Londres, Copenhague, c'est le nom étran le français a adopté avec des altérations phonétiqu pres à en faciliter la prononciation. Cependant les traductions ne sont rares ni chez ciens, ni chez les modernes. On sait, par exemple, Grecs transposèrent dans leur langue un grand de noms d'origine phénicienne : ils appelèrent K l'ancienne Théra, et Pilyuse, l'île que leurs prédéc 102 BULLETIN. deux langues différentes, en français et Neucbâtel et Neuenburg, Deux-Ponts et Bois-le-Duc et Herzogenbusch, Mons et Ber ce sont des noms composés, l'un des élémen Délémont et Delsberg, Thionville et Diedenh évidemment point par un effet du hasard q tout de localités situées dans des régions de peuples et de langues. On a de même en tenberg et Kuttnahora ; en Amérique, Nouv New-Orleans. Il y a des lieux qui ont le douteux privilè deux noms différents; cela n'offre point d vénient quand il s'agit de noms appartenant différentes (Regensburg et Ratisbonne; Bu thoud ; Bellegarde et Jaun; Bude et Ofen) avoir davantage quand la concurrence s'é même langue : Sparte et Lacédémone; lac d Léman, deux exemples qui montrent comb historiques et les raisons de sentiment peu sion prévaloir sur des considérations d'oppo III. Il est si vrai que les noms disent qu cœur et à l'imagination que, pour établir un l'objet et le nom qui le désigne, on inven toutes pièces une étymologie ou une histo que les Grecs voyaient dans Marathon la vi dans Mekone la ville des pavots, dans Sicy concombres, alors que Marathon. Mekone, S en réalité trois anciens établissements phé taient des noms sémitiques. Et aujourd'hu souvent le nom d'Altona comme s'il était bas-allemand de allzunah (von Hamburg), probablement ce soit la déformation d'Al que porte encore le ruisseau qui sépare ce grande voisine. Mais ce sont les mythes « étiologiques PROCÈS- VERBAUX. Grecs avec leur ingéniosité ordinaire ont créé un de légendes pour expliquer tels noms exotiques o gènes qu'ils ne comprenaient pas ; ils ont, par ex vu dans Byrsa, citadelle de Carthage (birtha, cit un mot grec qui signifiait peau; par une légende, associé la mer uploads/Geographie/ noms-de-lieux-et-de-peuples-a-consulter.pdf
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- Publié le Nov 08, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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