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U: TRAITÉ Df: LA fLEUR D'OR DU SUPRÌ:\~f: UN (T'ai-yi kin-houa tsong tche) l~TRODUCTI0:-.1 Il est malaisé de situer dans le temps le 1"ai-yi kin-houa tsong tche, dont nous présentons ici la Yersìon françaìse annotée (I). An moins peut-on faire ù ce sujet quelques remnrques, après avoir distingué le texte du commentaire nnonyme qui l'nccompagne. Celui-ci, qui parnit rcflétcr une longue ll'<1dition intcrprétative du prernier, date prolwble- ment des dernières années de K'ien-long (fin X VIlle siècle). Fnut-il, de lù, remonter jusqu'aux T'sang, pour y re:1contrcr cc :\fa!tre Liu-tsou, né cn 7!)5 ù Yen-lo (Chen-si), sous le Jl(~m de Lit.I Yen ou Liu Tong-pin, et qui figure ensuite par- llll Ics Htllt Immortels taolstes ? Certains éléments pour- raient y incliner, notamment l'apparition, ù cette èpoque, des sectes bouddhiques T'ien-lai et Tchen-yen lson{J (plus connucs s_ous leurs formes Japonaises ; Tendai et Shingon). La rédactwn de l'ouvrage est assun':ment plus tardive, m eme si elle a pu faire suìte à une transmission orale plus ou moins Jongue. Il est bien qucstion de Liu Ton<r-pin dès !es T'ang, mais sa biographie, et la doctrine « dt~ Ming et du .. )'ing » qui lui est attribuée, so n t surtout connues par d es ouvrages des Song et des Yuan (XIIIe siècle). Cette méme période, qui marque un véritable « palier » dans l'évolu- tìon du cycle traditionnel, est ù la fois celle du « néo- confucianisme » triomphant et de l'épanouissement du Bouddhisme Ch'an, celle aussi d'un « néo-U!o"isme » qucl- que peu « syncrétisant » et de la réévaluation - ou de l'explicitation --de l'alchimie spirituelle, par Sou Tong-p'o, Ko Ch'ang-keng et quelquts autres. La conjonction de ces éì~!":• 1:11b è~l i.rup reHe ici pour rC .. mite-r du ll:J.s~rd. Pl'lr aiiJeurs, la /(fn-tan kiao, (Ecole, sede du Cinabre d'Or), organisation dont notre traité constitue le « livre secret >, (l) Gr:i.ce à l'aimable autorisation des Ed. Rascher, auxquelles nous adressons nos rernerciements. Une étude sur l'édition allemande dc Richard Wilhclm a paru ici ·mème sous la piume d'André Préau en 1931 (La J.'leur d'Or et le Taoi"sme sm1s Tao), 12 LE TRAITÉ DE LA FLEUR D'OR DU SUPREME UN est considérée camme une émanation de la Pai-lien houei (Société du Lotus Blanc), officiellement apparue au XIIe siècle (2). Il semble possible de· délimiter ainsi une époque de foisonnement intellectuel à laqu_elle notre ou- vrage ne saurait etre étranger. Mais Ies dates ne sont p<ìs essentìelles. Car l'enseigne- ment secret du Maìtre est en fait rapporté à Yin-hì. le « Gardien de la pnssr » auquel Lao-Ts:-!u conf!a le Tao-te- king, et dont le Lie-sien tchouan nous r1ssure qu'il était « versé dans la scicnce ésotérique » : c'esi le ramener aux fondements mèrnes de la doctrine taolste, ce que fait aussi, pour sa part, l'alchimie. Héritier, don c, de l'époque T'ang, mais contemporain pro- baLle des Song, le Traité de la Fleur d'Or n'est pas un exposé doctrinal systématique, mais la notation, par des disciples qui pem'ent n'ètre pas des auditeurs imrnédiats, des eléments et des conditions d'une méthoòe. La syn- thèse s'y établit entre quatre données : une technique de rnéditation qui doit beaucoup au Bouddhisrne, mais s'or- donne il une fin qui n'est pas bnuddhiquc; un « tan- trisme » lié au contròle de la respiration, pare n t il est \'l'ai. d es sources hindoues, mais autant peut-&tre d es pra- tiques taolstes des Han ; une alchimie purement intérieurc et symbolique (nci-tan) qui se veut résultantc des deuX éléments précédents ; enfin, une interprétation «specula- tive» des pa-koua selon la meilleure traditi~)n des cornrnen- tateurs ésotériques du Yi-king. La connaissance, enseigne le T'ien-tai, s'obtient pnr « arrèlf~:· et réaliser ». << Arrètcr » (le f!ux menta l et Ics pcr- ceptions extérieures), c'est ici la « contemp!at~on fixantc » (tche-kouan), dont le l\-laitre souligne justement qu'elle est une méthode houddhique bien connue. C'est mème une méthode hindoue classiquc, puisque tche-kouan traduit as- ser hien dluìranlì. « H.éaliser » s'avère par con tre ici plei- nement originai, gràce à un procédé de « révolution de la Lumière » moins proche du Hathayoga que des vicìlles notions tao"istes de << circulation du souftle », entre d es « centres subtils » qui sont plutòt « champs de cinahre:) (fan l'ien) que chakra. Encore faut-il noter que l'« arret ~ . produit une « non-intervention », puis une « non-interven- tion » typiquement tao"istcs, après quoi la « réalisation ~ se développe spontanément ; car c'est le « non-agir» qui fai t <, toutnn la Luli1ière >;, exactçmt:nl b la façon don t le ,.: v id:~ du moycu fui t tu'.lr''ter i.a rou~:.. La « Lumière » est con tenue dans les deux yeux, qui (2) Si certaines traditions relatent une fond:Hion beaucoup plus ancienne de la Kin-lan kiao an Lou-chan, ce peul etre pour créer une confusi o n ·d~libérée avec l'autre 4: Lotus lllanc > - amidb;te, celui-l.'t - fondé en cc mCme lieu au IV6 siècle. 13 ÉTUDES 'I'RADITIONNELLES sont le Soleil et la Lune (car je (SQJeil) + yue {lune) = ming (lumière). La faire tourner autour ùu « cceur céleste » (?jntì~chakra, ou c~eou~ts,'ouen), c'~st créer le cerci e à par- hr de son centre lmmoblle. La « flxer », c'est transformer le ce_rcle en spire ìnvoJutive, le réintégrer en son centre, ouvnr en meme temps le « troisième ecU» ù la vision inté- rieure. Le mouve1nent de « retour », qui est celui du Tao, s'effec:tue de l:l périphérie vers le centre de l'ètre, vcrs le ~V! de du cceur » où brille la vraie «lumi& re céJeste ». La réìnfégr:ttion, le retour ù J'unité première -- ù l'étnt primordial - s'exprime, et non seulement en Chine, par le douhle symbolisme de l'alchimie et de I'embrvologie. Le retour à la matrice s'effectue dans le creuset : P<irucelse n'enseigne pas autrc chos(!, C'est, dit-on iC-i, ìa reunion du Ming et du Sing, les deux constituantes de l'étre, sépa- rées à la naissance comme se séparent les deux moitiés noire et bianche du 1''ai-ki. Au niveau corporei, la corré- lation s'établìt entre k'i et lsing, le « souffJe » et I'« essen- ce>, qu'il s'agit d'unir dans Je creuset intérieur. /{'i et lsin.Q sont aussi le Soleil et In Lune, le Feu et l'Eau, l'influence céleste et I'influence terrestre, Ies trigrammes li et k'an, le yany et le yin. Leur union, se lo n le lan- gage du Traìté, c'est la pénétration de la Terre pnr le Ciel cn vue de la naissance de l'« Embryon de J'Immortel », mais c'est aussi la résolution du binòme Ciel-Terre : retour à l'état antérìeur à la séparation du Ciel et de la Tene (an;l!ogiquement du Sing et du lrliny), c'est-à-dire à la poten- tialité première; retour ù l'indistinction du T'ai-ki, c'est- l't-dire au Suprème Un. On court ici le risque de certaines confusio•1s : il semblc en effet nécessaire de distinguei· entre l'éclosion de h Fleur ct•or et l'apparition du Fruit, entre la formation du kin~tan, c'est-à~dire de l'amrita ou de l'Elixir de Vie, et celle de l'Embryon. Si l'on en croit le commenttlire, ln première opération serait consécutive à la purificatìon du tsing, donc à la « suhlimation » et à la remontée de l'éner~ gie séminale qui, de toute évidence, joue un ròle essentiel. C'est seulement après la formation du kin-tan que celui-ci s'unit au k'i « cristaiJisé », en vue de Ja procréation de I'« Embryo~ ». Le processus embryologique· rapporté par d'autres tra1tés tao'istes, comme le T'ai-si-king, ne se déve~ loppe apparemment pas en deux étapes distinctes. Si l'on se rappelle toutefois le symbolisme hermétique, on peut tenter de rapprocher la pllase de. renHmtée de 1' ,~essen ce» de l'..r reuvre au noir ». cp.Jle. rie s:-: ~ di.:;sol;,tivii ~' dur.s le ctP:U~e: 6~ i'i: i2Uvre aò. blanc », celle àe l'union de 1' «teU- vre au rouge ». Et l'on notera ces étranges correspondan- ~(>s : le noir est la couieur de l'élément Ea.u et des reins ; le blanc celle de l'élément Métal, de l'Or, et par consé- quent du kin-tan ; le rouge est la couleur de l'élérnent .Feu, ceJle donc du k'i, et bien entendu de l'union alchi- mique. 14 f l l LE TRAITÉ DE LA FL8UR D'OR DU SUPRéME UN Si l'on poussait l'analogie jusq.l!'à s?n terme, il fau,drait ajoutcl' que l'atteinte de la preimere .etape, celle de l éc.Io- sion de Ja Fieur d'Or, correspond a l ét_at de Tchen-Jen (Homme véritable), celle de la formati?n _de 1'.« E,t;Jbryon mystérieux » et dc so n retour au Pnnc1pe, a l eta t de CÌICn-jen (1-Iomme tr:.mscendant) (:H. <{ Immortel terrestre» et « Immortel céleste », suggérent d'autres ouvrages, car c'est bi e n de cela qu'il. s~agi~ en effet.' Selon. lts t.extes tao"is!es d es Han, la « dtvH!.Ite », I e (/ Un ~ qm_ hab1te l_e Champ de Cinahre médian, est appelé '(chen-Jell. A mi- chemin entre le «Ciel» et la uploads/Geographie/ 1965-grison-fleur-d-or.pdf

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